Chapitre II : Perdition (2)
[ Linkin Park - In The End ( Mellen Gi & Tommee profitt remix) ]
Je respirais avec difficulté, tant bien que mal. La réponse me vint alors comme une illumination. On m'avait drogué. Chose fréquente dans les soirées de ce genre. Je ne demeurais plus complètement maître de mes mouvements. J'étais soumise aux effets secondaires. J'eu un instant de panique en envisageant la suite. J'appréhendais le fait que l'on puisse si facilement abuser de moi dans cet état là.
L'envie de vomir me prit aux tripes mais à mon plus grand malheur, rien ne vint. Ma vue se brouilla et je ne discernais bientôt plus rien. Je constatai que des ombres s'avancèrent dans ma direction. En moins de temps qu'il n'en fallut, me voilà entourée de silhouettes noires. Les yeux mi-clos, je ne pus percevoir leurs visages. De grandes mains entourèrent mes avant-bras. Je me raidis à leur toucher et voulus m'extraire de leur emprise mais ils resserrèrent leur prise. Je me retrouvais piégé.
Alors que je croyais que s'en était fini pour moi, un élément – ou plutôt une personne – s'ajouta à l'équation. Tout se passa très vite. La force qui me maintenait jusqu'à présent rompit le contact.
Restreinte, aussi bien physiquement que mentalement, je me laissais faire. De grands bras robustes me soulevèrent sans effort. J'atterris à mon plus grand étonnement dans les bras de mon sauveur, venu épancher les dégâts, ma tête nichée dans son cou.
Je sentis le cuir froid sous mes cuisses et cette même personne attacher ma ceinture de sécurité. Une portière claqua puis un instant de silence s'en suivit. J'ouvris les yeux lorsque j'entendis les vrombissements du moteur. Je visualisais de façon trouble sa carrure derrière le volant.
Les seules choses dont je me souvins furent ses cheveux d'or avant de ne sombrer un peu plus encore dans les abîmes de l'inconscience. Je venais d'éviter une situation qui s'annonçait pourtant inéluctable.
❧
Je m'éveillai en sursaut, haletante. Je me redressai et épongeai mon front du dos de ma main. Observant autour de moi, effrayée, je percutai que je me trouvais dans mon lit. Dans ma chambre universitaire. J'eus dans un premier temps un trou de mémoire et je mis quelques minutes à me rappeler de ce qu'il s'était passé. Les évènement de la vieille me revinrent en tête au fur et à mesure que je mon mal de crâne s'intensifiait. Je fixais les draps blancs un laps de temps indéfini puis toussotai. Ma gorge sèche me faisait atrocement mal.
J'ôtai l'épaisse couverture recouvrant mes jambes nues et constatai avec soulagement que je portais toujours ma robe. Je glissais de l'autre côté du lit, toujours assise, et mes pieds nus rencontrèrent la raideur du plancher.
Mon regard croisa le corps avachi de ma colocataire sur son matelas. Je frottais énergiquement mon visage avant d'entreprendre de me lever. Je chancelai, prise d'un léger vertige puis continuai mon chemin vers la salle de bain. Dans ma commode, j'usurpais au passage un sous-vêtement ainsi qu'un jogging gris et un large t-shirt noir.
Devant la glace, je découvris ma mine fatiguée. Des cernes violettes soulignaient le dessous de mes yeux. Mon teint d'une pâleur extrême et mes pupilles faiblement rouges me firent tressaillir.
J'actionnai l'eau de la douche et attendis qu'elle se réchauffe. Une fois le cas, j'entrai dans la petite cabine. L'eau brûlante détendit aussitôt mes muscles engourdis et je lâchai un râle de plaisir. Je restais un long moment sous le pommeau de douche avant de n'en sortir. J'essuyai la buée du miroir et m'examinai à nouveau. Ma chair reprit des couleurs.
Je songeais à la nuit d'hier. Je ne possédais toujours pas la vérité sur ce qu'il s'était réellement passé. Je n'avais pas connaissance de l'identité de la personne m'ayant drogué et son but. Ni celles des personnes qui m'eurent – potentiellement - voulu du mal ou bien le visage de mon protecteur. Je ne pouvais m'empêcher de penser que l'objet de cette manigance aurait pu être l'homme qui m'avait offert ce cocktail, mais comment aurait-il fait ? Ou alors est-ce le serveur, peut-être étaient-ils de mèche ? Je m'en voulais de mon imprudente.
Enfin propre et habillée, je décampai de la salle de bain, désirant me faire un café. Je m'emparai d'un mug dans le placard et fis couler le café noir à l'intérieur. La tasse fumante en main, je bus une longue gorgée qui me fit un grand bien. Rien de mieux qu'une boisson chaude pour se revigorer.
Je m'assis sur l'un des fauteuils en cuir et allumai la télévision, en veillant à ce que le volume ne soit pas trop fort pour ne pas tire ma colocataire de son sommeille. Après quelques minutes, elle s'étira en poussant un petit cris. Je tournai la tête dans sa direction et admirai son visage endormi. Ses cheveux bruns étaient emmêlés, elle bâilla avant de ne me remarquer.
Elle plissa les yeux et ramena ses genoux à sa poitrine qu'elle entoura de ses bras.
- Tu es passée où hier soir ? Me reprocha–t–elle d'une voix croassante. Matt et moi t'avons cherché pendant au moins deux heures ! On a cru que tu t'étais faite enlevée ou quelque chose comme ça... Le minimum aurait été de nous prévenir tu ne penses pas ?
Le ton utilisé se voulut accusateur.
Je portais ma tasse à mes lèvres puis la posai sur la petite table. Je massai mes tempes puis soupirai.
- J'aurais bien voulu si j'avais su ce qui allait arriver.
Elle me scrutait avec une lueur d'incompréhension dans le regard. Elle m'incita à poursuivre.
- Comment ça ? Je comprend vraiment rien à ce que tu me racontes !
Je délibérais intérieurement, pour jauger la situation. Je cherchais les mots justes, pour alléger les événements d'hier. La dernière chose que je souhaitais fut d'inquiéter mon amie. Je voulus me rétracter mais le regard qu'elle me lança me fit comprendre que j'en avais déjà trop dit.
- Il n'y a pas de quoi s'alarmer, détends toi ! Je marquai un temps d'arrêt puis continuai. On dansait, tu t'en souviens ? J'avais chaud alors je suis allée me chercher un autre cocktail – qui ma d'ailleurs été offert par un client du bar dans lequel je bosse.
Ellie hocha la tête de haut en bas, absorbée par mon récit.
- Donc ensuite j'y suis restée un moment avant qu'un homme arrive et s'installe à côté. Je le connaissais de vue, il était déjà passé un soir sur mon lieu de travail, accompagné de toute une bande de motards. On a juste discuté un instant puis il est reparti.
Je déglutis et ma colocataire me coupa la parole.
- Ok, mais ça ne m'explique pas pourquoi tu es partie précipitamment...
- Alors écoute jusqu'à la fin. Je disais que j'ai bu mon cocktail et que je suis retournée danser – avec le client du bar. Puis soudain je me suis senti bizarre. J'avais chaud et ma tête tournait. C'est comme si j'avais été droguée.
Ses yeux s'arrondirent de surprise, il faut dire que ce n'était pas courant.
- Tu crois ou tu en es sûre ?
- Quasiment certaine. Quand je suis allée prendre l'air dehors, j'étais déjà presque entièrement dans les vapes. Je me souviens que plusieurs personne, un groupe, on essayé de m'enlever je suppose ou une merde dans le genre. Par chance, un homme m'a défendu et j'ai donc évité le pire, expliquai-je d'une petite voix.
- Oh mon Dieu Cara ! Mais comment ça se fait que tu ais atterri ici ?
- Très bonne question, je ne me rappelle de rien. Seulement des cheveux blonds de mon sauveur et après black out...
Elle m'envoya un sourire compatissant.
- L'important c'est que tu sois là, saine et sauve. De toute façon je t'ai trouvé assoupi ici quand je suis revenue. J'avais d'abord pensé que tu étais partie en compagnie d'un mec... Ah oui j'allais oublier ! Vu que j'ignorais où tu te trouvais, j'ai récupéré tes affaires aux vestiaires. Ton sac et ton téléphone sont sur le meuble à l'entrée, précisa-t-elle.
Je suivais son indication et trouvai comme convenu, mes effets personnels disposés devant moi.
- Merci beaucoup ! T'es un ange !
Je vérifiai mon cellulaire et vis une dizaine d'appels manqués de mes deux amis et ma mère également, il fallait que je la recontacte.
Ellie se leva à son tour et s'enferma dans la salle de bain. J'attrapai mon ordinateur sur mon bureau et m'enfonçai un peu plus dans le fauteuil. J'ouvris le moteur de recherche et tapai dans la barre des mots-clés. Nimporte quoi qui pourrait m'informer de la signification de cette chevalière. Celle appartenant à ce mystérieux individu. À force de me perdre de pages en pages, je finis par tomber sur ce symbole. La page de ce blog, sur fond noir, indiqua que le nom était « satanisme théiste ». Cette gravure détenait pour but de vénérer les anges déchus et leur chef, Satan, d'après les dires du site.
Cela me refroidit, peut-être était il un fanatique du diable ou membre d'une secte ? Cette hypothèse plausible, ne me paraissait pas folle en repensant au groupe de motards.
J'abandonnai mes recherches et sélectionnai un bon bouquin sur mon étagère, de quoi me détendre.
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