︾dernière chute︾
Le lendemain matin, le tsunami des émotions de Jisung s'abattit avec fracas, emportant toutes ces certitudes.
Et si c'était une erreur ?
Avait-il eu raison de dire oui à Minho ?
Serait-il capable d'en assumer les conséquences ?
À côté du danseur il se sentait si petit, si faible...
Il regarda l'autre côté du lit, vide.
N'était-ce pas mieux ainsi ?
Il se redressa difficilement, il se rhabilla comme il put. Il avait des courbatures partout. Cette nuit était magique. Une parenthèse dans un monde où les choses sont bien plus complexes.
Il traina jusqu'à la cuisine boire un verre d'eau. Il avait la bouche pâteuse à force d'avoir crié. Un sentiment de vide profond l'envahit. Allait-il tout gâcher ?
Le tintement du digicode de la suite vint rompre le silence ambiant. Jisung avança jusqu'à l'entrée de la suite, la tête baissée. Le danseur avait un grand sourire et les mains bien chargées.
« Minho... Je ne suis pas sûr de pouvoir te suivre aux États-Unis...
L'éclat dans le regard du danseur s'éteignit. Il lâcha le sachet de pâtisseries et d'americano qu'il était parti chercher. Le fracas fit relever la tête de Jisung.
— Je suis désolé... Je suis pas sûr d'être prêt... Mais sache que je t'...
— Non, le coupa Minho.
Le blond le regarda penaud.
— Je t'interdis de prononcer ces mots.
Sa voix était aussi tranchante que le métal.
— Tu ne pourras que me les dire que le jour où tu t'assumeras. Tu as le droit de ne pas faire ton coming out. Je dois respecter tes choix. Je comprends que tu veuilles ne pas le dire. J'avais été un connard d'insister. Car même si tu ne dis jamais que tu es gay au grand public, ça n'efface pas qui tu es. Tu montres une vraie facette d'Han Jisung, celle s'appelant J.One. Je n'avais pas le droit de dire que tu mentais.
Reprenant son souffle, il continua sur sa lancée. Dans le corps et la tête de Jisung, tout le poussait à crier, mais il resta là, immobile, dans son mutisme.
— Mais, tu peux comprendre que j'aimerais que tu respectes mes choix, mes limites et mes envies. Je ferai de même avec les tiennes. Je ne veux pas d'une relation à distance ou secrète. Je ne me suis jamais caché, je ne compte pas le faire aujourd'hui. Je veux pouvoir tenir la main de mon copain dans la rue, l'embrasser à la vue de tous, me marier avec, et peut-être même fondé une famille. Malheureusement, ce n'est pas un avenir possible en Corée du Sud.
Le rappeur sourit, mais ses yeux restaient vides.
— Je comprends. Merci pour tout.
— De rien ? Merci à toi Jisung. Prends soin de toi.
— Bon, bah, je vais y aller. »
Il attrapa sa grosse doudoune, son portefeuille, ses clefs et son téléphone sûrement déchargé et il quitta la suite le cœur lourd, l'impression que leur histoire n'aurait jamais pu voir le jour.
Il n'était qu'un lâche.
Il l'avait toujours été.
Il le resterait.
Le claquement de la porte résonna dans tout l'étage de l'hôtel signalant de départ d'Han Jisung de la vie de Lee Minho, et c'était sûrement mieux comme ça.
︾
Il était parti depuis déjà 9 semaines. 9 longues semaines, où Jisung s'était laissé dépérir.
Il avait tout coupé.
Là, tout de suite, il n'était plus capable de rien.
Et le pire, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. C'était sa faute. Peut-être que s'il avait été plus courageux, plus honnête, envers lui-même et les autres, peut-être alors qu'à l'heure qu'il était il serait en Californie à se dorer la pilule sur un transat à côté de Minho.
Jisung n'a jamais été quelqu'un de brave, au contraire, il était plutôt du genre à piquer les devoirs de ses amis, à recopier son voisin de classe lors d'un contrôle, à voler l'argent de ses parents plutôt que de leur demander, à dire qu'il connaissait un truc alors qu'il n'en avait aucune idée.
Oui, Jisung était tout ça. Alors, il avait encore une fois de plus pris peur. Mais peur de quoi ? Peur d'avoir peur ?
Ne serait-il pas plus heureux en étant lui-même ?
Au final, en faisant ce clip, il avait encore mis un masque. Ce n'était qu'un putain d'hypocrite.
De grands coups contre la porte de son appartement le coupèrent dans ses pensées. Il ne voulait voir personne, surtout quand il ne pouvait plus se regarder dans une glace. Il avait bien trop honte.
« Jisung !
Seungmin...
Il était sûrement là pour le raisonner, l'emmener à l'agence, pour qu'il rallume son portable, pour qu'il reprenne sa vie. Pour quoi faire quand plus rien n'a de goût ? Quand plus rien ne le fait vibrer.
La seule chose qui l'anime était la vision de Minho lorsqu'il fermait les yeux.
— Jisung !!! JISUNG !!! Jisung, réponds-moi...
Il resta là, las, couché sur son canapé, le bras dans le vide.
— Jisung, je t'en supplie. Je viens en tant qu'ami pas manager. Ouvre-moi. Je veux pas te perdre. Je ne sais même pas si tu es en vie, si tu t'alimentes correctement, si tu dors...
Poussant un soupir que Seungmin avait dû entendre malgré la porte, Jisung se leva harassé. Il tapa son code machinalement, remerciement intérieurement que Seunmin ne l'ait pas fait. En effet, son manager avait son code, il aurait très bien pu débouler et crier sur Jisung, mais il ne l'avait pas fait.
— Oh Jisung !
Le brun d'habitude peu tactile fonça sur le rappeur et le prit dans ses bras. Il le serra comme si sa vie en dépendait. Il avait réellement eu peur pour Jisung. Même lors de ses périodes les plus sombres, le châtain (devenu blond) ne s'était jamais enfermé aussi longtemps.
— Tu tiens le coup ?
Seungmin ayant entraperçu l'appartement se doutait de la réponse vu son état, mais il ne put s'empêcher de poser la question.
Jisung haussa les épaules. Il ne savait plus vraiment lui-même. Tout ce qu'il faisait était espérer que ça passerait.
— Je suis désolé d'avance, j'apporte de mauvaises nouvelles.
— Au point où j'en suis, soupira-t-il.
— Close a créer un nouveau scandale. Certains disent que tu utilises la notoriété et la position de Minho dans la communauté queer pour laver ton image.
— Ce qui n'est pas si faux.
— Ce n'est pas tout. Ils disent que Lee Know est tombé bien bas en s'associant avec un rappeur homophobe et sexiste. Depuis, Minho fait fasse à un bad buzz monumental. Des détracteurs, ou plutôt terroristes, ont interrompu une de ses prestations avec une fusillade entraînant deux morts et une vingtaine de blessés.
— Une fusillade ?! Pourquoi tu n'as pas commencé par ça ?!
— Parce que-
— Minho va bien ?!
— Oui, il n'est p-
— Oh putain ! Faut que j'aille le retrouver !
— JISUNG !
Le brun secouait Jisung l'empêchant de tourner en rond.
— Il va bien. Il n'a pas été blessé. Mais son père s'est reçu une balle. Il va bien, mais il séjourne à l'hôpital depuis.
— C'est ma faute.
— Mais non Ji.
— Si. Tu l'as dit. Ces gens l'ont attaqué parce qu'il a été associé à moi.
— Jisung, Minho s'était fait attaqué il y a 3 ans aussi. Ce n'est pas de ta faute. Tu sais qu'être LGBTQIA+ publiquement, militanter pour ces droits, dire tout haut et tout fort ce que beaucoup de personnes pensent entraine automatiquement la haine. Ce n'est pas de ta faute.
— Pourtant j'ai l'impression que si.
— Puisque je te dis que non.
— Il faut que j'aille le retrouver.
— N'y va pas.
Jisung fusilla du regard Seungmin.
— Pourquoi ça ? demanda-t-il froidement.
— N'y va pas si tu ne restes pas là-bas. Tu sais très bien que cette histoire vous a fait du mal. Ça lui donnerait de faux espoirs. Sois sûr de toi.
— Je le suis.
— Non tu dis ça, car tu es dans le feu de l'action, la panique de le savoir affecté par la fusillade.
— Ma place est à son chevet.
— C'est son père qui est blessé Jisung.
— Au chevet de son père avec lui, c'est pareil.
Il tira la langue comme un gamin. Mais au bout d'un moment, il soupira et capitula.
— 72 heures.
— Quoi 72 heures ?
— Laisse-moi 72 heures. Si dans ces 72 heures je n'ai pas changé d'avis même en y réfléchissant et en laissant cette nouvelle tomber, laisse-moi partir le retrouver.
Seungmin sourit.
— Je l'aime.
— Je sais.
Jisung regarda le paysage, voyant Séoul sous la pluie battante.
— C'est d'accord. Mais prends vraiment ces 72 heures pour réfléchir.
— Merci Seungminnie !
Il lui sauta au cou, faisant rire le brun.
— Sérieusement Jisung.
— Oui, promis.
Seungmin pour la deuxième fois se laissa aller dans un câlin, caressant tendrement le dos du rappeur.
— Merci, chuchota Jisung.
— Avec plaisir. »
Ils restèrent un moment-là, dans cette étreinte.
Il avait vraiment envie d'essayer.
Il aimait Minho.
Et c'était surtout un con.
︾
Après la galère interminable de la douane américaine, il sortit de LAX, l'aéroport international de Los Angeles, sa grosse valise à la main et son sac sur son dos.
Oui, Jisung n'avait pas prévu de repartir.
Seungmin s'occupait de vendre son appartement luxueux, et ses autres biens. JYP entertainment avait été surpris quand il avait débarqué dans le bureau du PDG pour déposer sa lettre de démission.
Pas de chômage pour lui, mais il avait bien assez d'économies pour survivre, il n'avait pas tout claqué, ça, c'était plus le cas du J.One du début.
Le PDG avait voulu renégocier son contrat, lui offrir une augmentation, de nouveaux droits, mais rien n'avait su convaincre Jisung. Il partait en Californie retrouver son bien aimé, pour une nouvelle vie.
Comprenant qu'il ne résonnerait pas l'artiste, le PDG avait rendu ses droits contre une sacrée somme. Jisung n'en ayant rien à faire accepta. Peut-être que le patron de JYP entertainment aurait dû demander plus, bien plus.
Ce retrait sur son compte ne l'impacta presque pas. Et puis, il pouvait bien devenir pauvre, il s'en fichait, il vivrait d'amour et d'eau fraiche.
Enfin.
Si Minho voulait bien de lui après tout ça.
C'était une toute autre histoire.
Malgré ces doutes au coin de sa tête, le blond était plutôt confiant.
Il avait un drôle de look avec ses racines châtain qui avaient repoussé. Ses petits yeux, ses cernes prenant toute la place sur son visage, les quelques boutons dus au manque de sommeil et la mauvaise alimentation. Oui, Jisung était loin d'être frais, et encore moins pimpant.
Hélant un taxi, il se fit la réflexion qu'il ne connaissait pas l'adresse de l'hôpital où le père Minho. Quel con. Lui qui voulait lui faire une surprise.
Peut-être que Seungmin serait sa dernière chance ?
︾
Minho était au chevet de son père, en train de discuter tranquillement. Sa mère était sur le fauteuil en plein mots croisés. Ils furent interrompus par un blond tout essoufflé, bien chargé débarquant dans la chambre avec fracas.
« Ji...Jisung ? Mais que fais-tu ici ?
— Je viens à Los Angeles pour être pleinement moi-même.
Le regarde du danseur se troubla à l'entente de ses mots.
— Minho ? Qui est ce jeune homme ?
La mère du danseur s'était redressée et avait posé son magazine sur la table de chevet.
— C'est l'homme de ma vie.
Jisung se décomposa. Des larmes roulèrent le long de ses joues, sans pouvoir les arrêter. Minho voyant ça fonça vers le coréen le serrant fortement entre ses bras musclés. Il caressa tendrement le haut de sa tête.
— Désolé de t'avoir demandé de tout quitter.
— Merci à toi de m'avoir poussé à le faire.
Ils se séparèrent au bout d'un long moment, sentant le regard des parents dans leur dos.
Jisung s'inclina presque jusqu'au sol.
— Bonjour. Désolé de vous interrompre dans ce moment familial. Je me présente, je m'appelle Han Jisung et je suis amoureux de votre fils.
— On s'est rencontré en Corée dans le cadre d'un tournage pour le clip d'une de ses chansons. Je dansais dedans. Jisung est rappeur.
— Oh. C'est super ça !
Jisung se rapprocha du père de Minho.
— Quand j'ai appris pour la fusillade, j'ai sauté dans le premier avion et j'ai tout quitté. J'espère que vous allez bien Monsieur Lee.
— Très bien, merci mon garçon.
— J'aimerais pouvoir fréquenter votre fils dans l'optique d'un futur mariage. Je sais que je suis sans emploi depuis peu ayant quitté mon pays et mon travail, mais je compte postuler dans une agence ici, parvenir aux futurs besoins de notre famille à Minho et moi, si vous me donnez votre bénédiction.
Le blond s'agenouilla devant les parents de Minho. Ces derniers éclatèrent de rire. Jisung releva la tête, complètement dans l'incompréhension.
— Relève-toi... Jisung. Si nous sommes partis de Corée, c'est parce que nous étions en désaccord avec certaines traditions archaïques. Tu n'as pas besoin de notre bénédiction. Tant que Minho le veut et est heureux, nous respecterons ses choix. C'est un adulte libre. Si son futur c'est toi, avec plaisir nous viendrons à votre mariage.
— J'accompagnerais Minho jusqu'à l'autel » sourit Monsieur Lee.
Jisung soupira, soulagé, il allait pouvoir vivre son idylle avec Minho.
Bien sûr, rien n'était simple et ne le serait, mais s'ils communiquaient, se respectaient, s'aimaient, alors même en subissant la chute la plus torrentueuse, ils la surmonteraient. Car quand on était prêt à tout perdre pour un être cher, même la mort ne nous fait pas peur. Jisung la regarde dans les yeux et l'attend. Il aura le plaisir de mourir en étant lui-même.
La main de Minho vint attraper la sienne et la serra fortement. Jisung croisa son regard et partagea un sourire avec l'homme qui avait tout chamboulé.
Il n'avait plus peur.
︾︾︾
Bonsoir tout le monde !
J'espère que vous allez bien 😌
Personnellement, je suis à bout. Ça fait des semaines que je pousse le bouchon toujours plus loin et fort.
Je bossais sur un projet secret, la création de mon entreprise, j'ai aussi fait le NaNoWriMo, que j'ai réussi.
Bref, ça fait beaucoup.
Surtout que je me fou de ouf la pression avec les illustrations de Find a way. J'ai peut-être pris une décision par rapport à ça d'ailleurs.
Dans tous les cas, après ce soir, je prends une pause, j'en ai besoin, autant physiquement que mentalement.
Juste pour Noël vous aurez bien l'OS Jeongchan que j'ai quasiment terminé 🎄❤️
J'espère que la fanfic vous plaît toujours autant, on se retrouve tout de suite pour l'épilogue !
Pleins de bisous 😘
Camille 💙
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top