6 : Mon ressenti : il était drôle, il surfait bien, mais il était chiant.
Nous rentrions tous d'une randonnée dans la forêt, qui se situait autour d'un lac. C'était comme une espèce de rituel de début de vacances d'été. On partait en "famille" marcher sous les pins et pique-niquer près du lac. J'avais pris de jolies photos avec Raoul car la lumière d'aujourd'hui était magnifique. Et pour une fois, nous étions beaux tous les deux, il fallait fêter cela. En temps normal, nous restions jusqu'aux heures tardives afin de pouvoir admirer le coucher de soleil se reflétant sur l'eau du lac. Aujourd'hui, nous avions décidé de rentrer dîner à la maison car Noémie et ma mère étaient fatiguées.
— Vous voulez manger quoi ce soir ? nous a demandé Charles.
— Tout sauf des raviolis, l'ai-je imploré.
Raoul a pouffé de rire et cela l'a encore plus amusé quand j'ai tenté de le foudroyé du regard.
— Tu devrais prendre des cours avec Ethel, m'a-t-il conseillé.
J'ai arqué un sourcil, il s'apprêtait à m'expliquer le sens de sa phrase quand il a été interrompu.
— Surtout ne me répondez pas, s'est énervé Charles.
— Moules-frittes ?
Nous avons sagement attendu la réponse de mon oncle et quand il a hoché de la tête, nous avons poussé un cri de joie. Les soirées moules-frittes du Sud étaient clairement les meilleures : nous nous installions tous sur la terrasse pour manger, puis on finissait avec une partie de jeu. Tout simplement mes soirées préférés.
— Vous deux, vous allez chercher les frittes. On s'occupe du reste.
Raoul s'est levé et je l'ai imité. Nous sommes montés dans nos chambres pour aller chercher un pull et nous sommes aussitôt redescendus. Ethel et Matteo étaient venus aider Charles à préparer les moules. Enfin, aider, c'était un grand mot. Ils étaient plutôt en train de se chamailler. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire et de me dire que la prochaine fois que je les verrai tous les deux, ils auront peut-être enfin décidé de se mettre ensemble. Cela pouvait paraître égoïste, Stan était mort et nous ne devions pas l'oublier. Mais je souhaitais qu'Ethel soit heureuse et aille de l'avant. J'aimerais qu'elle fonde une famille, qu'elle aime de nouveau, puis cela crevait les yeux que Matteo était dingue d'elle. Ma mère m'avait dit que ça avait toujours été le cas, qu'il l'avait toujours discrètement dévorer des yeux.
Charles a donné de l'argent à son fils pour qu'on puisse acheter des frittes au centre et nous sommes donc sortis de la maison. Nous nous sommes dirigés vers la baraque à frittes et j'ai enclenché une conversation :
— Tu penses qu'Ethel cédera un jour ?
— J'en sais rien, m'a répondu Raoul en shootant dans un caillou.
— Ça me fait de la peine pour Matteo.
— Je pense qu'il est habitué depuis le temps qu'ils se connaissent.
J'ai haussé les épaules, il avait raison, au bout de quinze, cela devait lui paraître normal.
— Il est comme toi dans le fond.
— C'est-à-dire ? a-t-il répliqué en tournant la tête vers moi.
— Je sais que tu n'as pas embrassé Charlotte sur la plage, la dernière fois. Tu ne lui avoueras jamais tes sentiments. Tu ne feras jamais le premier pas. C'est dommage.
Il m'a fixé, d'un air surpris, et n'a pas essayé de me contredire. Il savait que je n'avais pas tord. Il s'est contenté d'hausser les épaules alors j'en ai rajouté une couche :
— T'es un mec super, tu devrais tenté ta chance.
— Tu t'entends bien avec Oscar ? m'a-t-il demandé pour changé de sujet.
J'ai haussé les sourcils. Je n'avais toujours pas digéré ce qu'il s'était déroulé sur la plage. J'avais eu envie de l'embrasser et il l'avait très bien senti. Cela m'agaçait de ne pas réussir à savoir s'il avait fait exprès de faire comme si de rien était, quand j'étais partie. Cette question me rongeait de l'intérieur.
— Sans plus, ai-je menti. Il est drôle, il surfe bien mais il est chiant.
Raoul a esquissé un sourire et a passé son bras sur mes épaules.
— Tu te rends compte que grâce à toi, je vais avoir cinquante euros de la part de notre Ethel ?
— Qui te dit que je ne vais pas faire exprès de sortir avec lui pour que tu sois obligé de donner cinquante euros à Ethel ?
Il m'a coulé un regard blasé avant de rétorquer :
— Le fait qu'il ait pecho une fille à la soirée de la plage, juste après qu'on soit parti.
Je me suis décomposée et mon ventre s'est noué. J'étais dégoûtée, écœurée. J'ai essayé tant bien que mal de sourire pour que mon cousin ne se doute de rien, mais c'était compliqué. Je ne savais pas mentir et je détestais dissimuler mes émotions. Cela me faisait du mal ensuite. Pourtant j'étais obligée, je ne voulais pas que mon cousin imagine que j'avais des sentiments pour son connard de super pote.
Je ne savais plus quoi penser. D'un côté, je m'y attendais, je ne le connaissais que très peu, j'étais simplement la cousine gamine de Raoul. Mais ce petit moment qu'on avait passé à la plage m'avait fait croire que j'étais différente. Je me sentais idiote.
J'ai chassé ces mauvaises ondes quand nous nous sommes approchés de la baraque à frittes. Claude, le propriétaire prenait les commandes de deux jeunes qui avaient l'air d'avoir à peu près mon âge.
— Salut Claude, l'a salué mon cousin.
Le vieux a relevé la tête vers nous et sa moustache a laissé apparaître ses dents abîmées par le temps. Il semblait content de nous voir.
— Beckie et Raoul ! Je vous attendais !
J'ai souri, malgré le fait que je trouve sa phrase bizarre. Claude disait toujours des choses bizarres, c'était ce qui le rendait extrêmement attachant. Les jeunes de la ville adoraient ses frittes et toutes les autres choses qu'il proposait dans son espèce de menu, et il y avait toujours une queue devant sa baraque blanchâtre. J'ai tiré le tabouret à côté d'un des deux garçons, le plus blond, pour m'assoir et j'ai posé mes coudes sur le comptoir. Mon cousin m'a imité, et il a commandé.
— Vous voulez quoi comme sauce avec les frittes ? a demandé Claude aux jeunes à nos côtés.
— Ketchup.
Je ne savais pas si je voulais me prouver à moi-même que je me fichais d'Oscar, mais je n'ai pas réussi à m'empêcher d'intervenir :
— Très mauvais choix, la sauce barbecue est meilleure. La mayo est pas mal aussi.
Le plus blond des deux s'est tourné vers moi en esquissant un sourire.
— Je prends note pour la prochaine fois, m'a-t-il répondu.
J'ai souri à mon tour et mon regard s'est baladé sur son visage d'ange. Sa peau était hâlée et légèrement pelée sûrement à cause des coups de soleil, il avait des yeux noisette qui pétillaient de bonheur, un joli sourire et des mèches blondes cachant son front. Il était vraiment mignon.
— Tenez les gars, leur a dit Claude en me sortant de ma contemplation.
L'autre garçon a attrapé la barquette et le blond a continué de me fixer en souriant. Ce dernier m'a fait un signe de la main assez discret et ils se sont tous les deux éloignés.
Mon cousin s'est raclé la gorge et j'ai immédiatement tourné la tête vers lui.
— N'essaie pas de me faire perdre mes cinquante euros, avec ce mec que tu ne connais même pas, m'a-t-il prévenu.
J'ai levé les mains en l'air et ai arboré un sourire innocent. Claude, qui avait sûrement dû nous écouter, a lancé :
— Tu vas gagner combien cette année Raoul ?
J'ai roulé des yeux, à croire que toute la ville était au courant que mon cousin arrivait à se faire de l'argent grâce à moi.
— Cinquante euros, a répondu ce dernier avec fierté.
— Ça a doublé, par rapport à l'année dernière, non ?
— Ouais ! Heureusement que j'ai une cousine incroyable !
Claude a tourné la tête vers moi, et voyant que je boudais, il m'a souri avant de me dire :
— À ta place, je me vengerais.
Je lui ai envoyé un petit clin d'œil mâlin. Si mon cousin pensait une seule seconde que j'allais le laisser, une fois de plus, se faire de l'argent sur mon dos, il se trompait. Cette année, c'est Ethel qui gagnera, même s'il faut que je sorte avec le mec le plus moche de la côte basque.
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