23 : Ses mots qui me blessaient continuellement.
Vous avez déjà été en froid avec une personne qui vous est indispensable ? Une tension tellement palpable que tout le monde remarque que quelque chose cloche ? Un froid si glacial que vous en tremblez ?
Voilà ce qu'il se passe entre Raoul et moi depuis quelques jours.
Depuis notre fameuse dispute d'il y a trois jours, nous ne nous adressons plus la parole. J'étais montée dans ma chambre en larmes et en colère contre lui, et il n'avait pas réagi. Lorsque je suis redescendue pour manger, il ne m'a même pas regardé. Je sentais simplement toute sa haine qu'il contenait et qu'il éprouvait envers moi. Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Même toutes mes histoires du lycée ne m'ont pas rendu aussi malheureuse. Je me suis donc couchée, en étant en froid avec la personne la plus importante de ma vie. Il n'est pas venu me voir pour s'excuser, il est sorti prendre l'air. Le lendemain matin, nous nous sommes retrouvés que tous les deux dans la cuisine. Ne supportant plus cette horrible tension, j'ai, tant bien que mal, essayé de lui parler, de lui dire des choses sans importance, afin de m'assurer qu'il avait laissé tomber. Il ne m'a même pas répondu, il m'a royalement ignoré, m'a regardé de façon méchante et il est monté dans sa chambre. Depuis, je ne fais plus d'effort. Il m'a brisé le cœur, lui aussi. Et je suis malheureuse sans mon cousin.
Toute notre famille a remarqué que l'on ne s'adressait plus la parole, pourtant ils essayaient de ne pas s'en mêler. D'un côté, je suis heureuse qu'ils ne s'occupent pas de nos histoires débiles puisque cela m'obligerait a étalé ma vie sentimentale catastrophique. D'un autre, l'aide venant de n'importe qui me serait utile simplement pour me réconcilier avec Raoul.
— Beckie ? m'a appelé Ethel. Tu nous accompagnes faire les courses ?
J'ai tourné la tête vers elle et l'idée de l'accompagner elle et Matteo me semblait plutôt bonne. Certes je tiendrai la chandelle, mais ça allait me changer les idées.
— Ouais !
— T'es prête ? m'a demandé Matteo après m'avoir reluqué.
J'ai jeté un œil aux vêtements que je portais puis j'ai relevé la tête vers mon oncle et ma tante. J'ai haussé les épaules et Ethel a roulé des yeux.
— T'es très belle, il est juste aveugle quand il s'agit de regarder de belles choses.
J'ai pouffé de rire et mon oncle a écarquillé les yeux et a commencé à revendiquer :
— Je suis pas du tout d'accord avec toi ! Je sais autant voir les belles choses que les choses horribles.
Ethel s'est approchée de la porte, l'a ouverte pendant que mon oncle s'énervait et nous sommes tous les trois sortis de la maison.
— Toi, par exemple, tu es très belle et je te vois très bien.
J'ai cessé de rire, trouvant les paroles, si sincères de mon oncle, adorables. La rousse s'est retournée, toute joyeuse et lui a offert un magnifique.
Nous sommes montés dans la voiture d'Ethel et j'ai laissé Matteo s'assoir à l'avant. Ils ont tous les deux commencé à se chamailler parce que Matteo mettait plein de sables dans la voiture et qu' Ethel venait tout juste de la nettoyer à l'aspirateur.
Quand nous avons enfin démarré, il était déjà plus de trois de l'après-midi. L'heure à laquelle il n'y avait personne dans le Leclerc.
— Pourquoi vous n'officialisez pas votre couple ? ai-je demandé d'un seul coup. Tout le monde le sait, on s'empêche juste d'en parler par peur de détruire votre début de relation.
Matteo s'est étranglé avec sa propre salive et Ethel est devenue toute rouge. J'ai remarqué ses mains se durcirent autour du volant et ses yeux éviter tout contact avec le rétroviseur par peur d'affronter mon regard.
— Je suis si contente pour vous, depuis le temps que je rêvais de vous voir ensemble.
Ethel a esquissé un petit sourire et c'est Matteo qui a eu le courage de me répondre :
— Merci ma Beckie.
J'ai souri, et j'ai préféré abandonné le sujet, sentant qu'il les mettait terriblement mal à l'aise. Mon téléphone a sonné dans ma poche et je me suis empressée de le sortir.
De Oscar ♡ ♡ :
Coucou ma chérie tu fais quoi ?
À Oscar ♡ ♡ :
Coucou, dans la voiture pour aller faire les courses. Et toi ?
Sa réponse n'a pas tardé et m'a rendu encore plus souriante.
De Oscar ♡ ♡ :
Je matte une série...mais je pense trop à toi, ça me déconcentre.
— Beckie ? m'a appelé ma tante en cassant le silence gênant.
— Ouais ? ai-je dit après avoir tapé une réponse rapide.
J'ai relevé la tête et j'ai croisé son regard dans le rétroviseur.
— Il se passe quoi avec Raoul ? a complété mon oncle.
J'ai difficilement avalé ma salive, j'ai rangé mon portable dans ma poche. Une boule d'angoisse s'est formée dans ma gorge, mes mains sont devenues moites et j'ai presque cru que les larmes allaient me monter aux yeux.
— On a remarqué que c'était très tendu entre vous, et que vous ne vous parliez plus.
— Je...On... C'est un énorme con.
Ethel a fait un mouvement brusque ce qui a laissé Matteo pousser un cri effrayant.
— Ethel ! Putain ! On a failli se prendre la voiture !
— Oh ça va ! Tu crois quoi ? Que je l'ai fait exprès !
— Vous disputez pas vous non plus ! me suis-je énervée.
Étrangement, ils se sont immédiatement calmés.
— Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Vous vous entendiez si bien pourtant !
— C'est trop compliqué...ai-je répondu.
— Beckie, m'a sermonné la rousse.
— Il supporte pas que je pardonne Oscar alors qu'il m'a trompé ! Du coup il me balance que je suis conne et que je le déçois ! C'est bon vous êtes contents maintenant !
Après avoir prononcé ma dernière phrase, je me suis rendue compte du ton méchant que je venais d'employer. Ils n'ont rien dit, et je m'en suis encore plus voulue.
— Désolée, j'aurais pas dû vous hurler dessus comme ça. Vous n'y êtes pour rien.
— C'est pas grave Beckie... On comprend tu sais.
Je n'ai pas répondu, n'étant pas vraiment d'humeur. Ethel s'est stationnée sur le parking du Leclerc et nous sommes tous descendus. Ils sont tous les deux venus m'attraper et m'ont serré dans leur bras.
— Vous allez vous réconcilier, ne t'inquiète pas.
J'ai hoché de la tête et ils m'ont tous les deux souri.
— T'as le droit de choisir tout ce que tu veux, on te l'offre ! s'est exclamé Matteo.
J'ai claqué la porte d'entrée et je me suis empressée de rejoindre le centre-ville. L'air était frais, la nuit était noire. Les bruits classiques de dîner entre famille résonnaient dans les rues. Je venais de si bien manger que ça me ralentissait dans ma marche qui devait être rapide.
Une fois arrivée au point de rendez-vous, mes yeux l'ont cherché. Et c'est quand je l'ai vu assis sur ce banc, une cigarette dans la main que j'ai souri. Je l'ai retrouvé et je me suis timidement assise à ses côtés.
Nous n'avons pas parlé, je l'entendais simplement recracher sa fumée. Nous fixions cette église qui s'imposait devant nous. Elle était belle sous la lumière du clair de lune.
— Ça va ? ai-je finalement demandé.
— Ouais, m'a-t-il répondu de sa voix grave.
Il a posé sa main chaude sur mon genoux et j'ai laissé tomber ma tête sur son épaule. Les passants nous regardaient parfois avec de beaux sourires, parfois avec de drôles d'air. Peut-être qu'ils trouvaient cela bizarre qu'une fille comme moi aime un mec comme lui ?
C'est ce jour-là que nos différences m'ont frappé. Nous étions si opposés.
J'ai tourné la tête vers lui et je l'ai surpris en train de me regarder. Il avait l'air heureux. Il semblait ne penser à rien seulement à m'observer. Il n'a pas souri. Il a simplement posé sa main sur ma joue et m'a embrassé. Sa langue avait un goût de fumée mais je ne m'en suis pas formalisée.
— T'en veux ? m'a-t-il demandé en m'indiquant sa clope.
J'ai secoué la tête, marquant mon refus.
— Je fume rarement, m'a-t-il dit comme pour se justifier.
— Sûrement, lui ai-je dit. Je ne te juge pas. Je n'aime juste pas ça.
— Je comprends.
Puis il s'est de nouveau tût et nous avons continué à observer cette jolie place pleine de charme. Il a jeté sa cigarette d'une façon assez incroyable puis il s'est levé. Il m'a fait signe de me lever puis il m'a dit :
— Tu viens ? On va se balader.
J'ai souri, en me levant. Et nous avons marché sous le clair de lune en oubliant tout nos problèmes pour nous concentrer sur notre bonheur.
Les jours sont ensuite passés. Raoul et moi, ça ne s'est pas vraiment arrangé. On échange juste pour se demander la boite de céréales ou un rouleau de PQ. Je suis passée voir Charlotte et elle m'a promis qu'elle faisait tout pour arranger ça. J'ai croisé Pierre deux, trois fois, on a prévu quelques sorties. Georges, sa femme et Cobain sont repartis. Et moi j'angoissais puisque je repartais dans quasiment une semaine.
J'avais de moins en moins de nouvelles du presqu'adulte dont j'étais amoureuse depuis notre balade nocturne. Il ne me parlait plus, prétextant tout un tas d'occupations qui l'empêchait de me parler. Sauf que je n'étais pas aussi stupide pour croire qu'il surfait à vingt-trois heures. Ce qui a entraîné une violente dispute. J'ai même eu le droit à un « tu me fais chier Beckie ».
Nous n'arriverions donc jamais à nous aimer normalement ?
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