22 : Les disputes dont il était l'élément déclencheur.


   Assise près de ma fenêtre, je regardais Ethel et Matteo se chamailler dans le jardin. Ils ne nous avaient toujours pas dit qu'ils étaient ensemble, pourtant cela sautait aux yeux de tout le monde. Nous fermions juste les yeux.

   Il faisait beau, comme presque là plupart des jours ici, en août. Une légère brise soufflait dans les pins et les décoiffaient légèrement. Un oiseau faisait tranquillement son nid sur une des branches. Depuis que je l'observais, il avait déjà fait cinq aller-retours. Il me faisait penser à l'oiseau que j'avais observé, assises dans l'herbe, après une soirée bien arrosée, il n'y a pas très longtemps.

La soirée a été cool sans l'être réellement. J'ai eu la chance de croiser mon ex qui était bien évidemment accompagné de mon ancienne très bonne amie. J'ai passé le reste de ma soirée à les éviter. Puis la fin de soirée s'est approchée, et avec mes nouveaux amis, je me suis assise dans l'herbe sous le ciel étoilé. Une bouteille de vodka et toute sorte de diluants circulaient entre nous, si bien que très vite la moitié du petite groupe que nous formions était bourrée. Quelques cigarettes circulaient également, et nous étions entourés de fumée, ce qui donnait presque l'impression d'être entouré de nuages et de faire partie du beau ciel.

J'ai toujours bu avec modération. Ne souhaitant pas perdre le contrôle de moi-même, je ne m'étais jamais bourrée la gueule. Je bois, mais pas n'importe comment. Et puis j'ai la chance de bien résister à l'alcool. Quant aux cigarettes, je n'y touche pas. Il m'est arrivé de prendre une ou deux taffes, mais je n'ai jamais recommencé. Je ne souhaite pas avoir des poumons qui ressemble à des morceaux de gruyère.

Mon téléphone a sonné et je suis allée à sa recherche le sourire aux lèvres.

De Oscar :
Tu surfes avec moi cette après-midi ?

Mon cœur s'est mis à battre beaucoup plus fort, et mes mains sont devenues moites. J'ai relu le message une bonne dizaine de fois puis j'ai tapé une réponse sans hésiter :

À Oscar :
Oui.

J'ai regardé l'heure, il était onze heures passé. Je me suis rapidement changée, pour être plus présentable et je suis descendue dans le jardin.

— Raoul est sorti avec Charlotte, m'a dit Noémie sans même relevé la tête de son portable.

— Je sais. T'as vu mes parents ?

— Ils sont en train de faire une partie de babyfoot avec Paola et Georges. Tu es toute jolie.

Je lui ai offert un sourire sincère et j'ai retrouvé mes parents dans la salle de jeu.

— Beckie ! s'est exclamé mon père tout content. Tu veux jouer avec nous ?

J'ai haussé les épaules en m'approchant du baby-foot. Mes parents menaient à trois contre zéro.

— Je peux aller surfer cette après-midi ?

— Oui, bien-sûr, a répondu ma mère sans demander l'avis de mon père.

— Tu ne rentres pas tard, on sort tous ensemble ce soir. On va dîner au restaurant.

Je n'ai même pas pris la peine de répondre, tant j'étais heureuse et j'ai quitté la pièce.

Je suis arrivée sur la dune, mes lunettes de soleil sur le nez, et les bretelles de mon sac de plage ajustée sur mon épaule. Le vent soufflait dans mes cheveux et m'attirait gentiment vers l'eau. Mes pieds s'enfonçant dans le sable réchauffé par le soleil, je cherchais Oscar. Il devait être arrivé, c'était sûr.

J'avais cette boule de stresse – ou peut-être d'excitation – dans le ventre. Je ne savais pas du tout ce que j'allais lui dire, ou même faire. Étions-nous de simples amis ou bien plus que des amis ? Entre nous, ça n'était pas souvent clair mais là j'étais complètement pomée.

À ce moment là, une main s'est posée sur mon épaule et m'a naturellement retourné. Le grand brun me regardait, avec un sourire légèrement arrogant, mais mignon, aux lèvres. Il s'est approché de moi pour me faire la bise et j'ai juste eu assez de temps pour reconnaître son superbe parfum. Cette odeur était devenue ma drogue et j'allais tout de suite mieux dès que je la sentais.

—  Ça va ? m'a-t-il finalement demandé.

Comme première phrase, j'ai trouvé ça bizarre. Il a mis du temps à me redonner des nouvelles et il revenait avec un simple « ça va ? ». Après tout, cela ne m'étonnait pas vraiment de lui. Je me suis donc contentée de lui répondre que j'allais très bien.

— T'as pas ta planche ? ai-je constaté.

Il a grimacé puis il m'a répondu :

— Je savais pas trop quoi faire pour te voir.

J'ai souri. Ayant peur que je refuse, il a fait exprès de me proposer l'activité qui me passionnait le plus. Il était malin, et cela me plaisait qu'il se casse la tête pour me voir.

— T'as un maillot au moins ?

— Ouais.

— Bon, bah on peut toujours se baigner et bronzer.

Pour le montrer que ma proposition lui plaisait, il a marché un petit peu avant de trouver une place parmi des groupes de jeunes. Il a étalé sa serviette et j'ai fait de même en veillant bien à ce qu'il n'y ait aucun grain de sable sur ma serviette. Je détestais que le sable se colle à ma peau mouillée, c'était une chose que je ne supportais pas.

J'ai enlevé mes vêtements et je me suis allongée sur ma serviette sans dire un seul mot. Oscar n'était pas très bavard et cela me dérangeait. Quant à moi, je préférais ne pas l'ouvrir auquel cas il se fera un malin plaisir à me contredire ou m'envoyer des piques.

— Pour être franc, ce maillot-là c'est le plus beau que tu as.

J'ai jeté un coup d'œil à l'ensemble que je portais et je n'ai pas pu m'empêcher d'exploser de rire quand j'ai remarqué qu'il ne s'agissait pas de n'importe quel maillot de bain. C'était celui qui m'a valu de nombreuses critiques de la part du brun. Celui qu'il trouvait affreux.

—  Tu rigoles ? me suis-je exclamée.

—  Non. Il te fait un beau cul.

J'ai roulé des yeux, déçu qu'il ne trouve que ça à me dire. Il n'y avait pas pire comme justification.

—  Et puis il te va bien.

—  Pourquoi tu m'avoues soudainement que tu le trouves beau ?

—  Parce que.

—  D'accord.

Je n'ai pas cherché à en savoir plus, sachant pertinemment qu'il ne me répondrait pas. J'ai préféré lui proposer de m'accompagner nager, et à ma plus grande joie, il a accepté. Nous nous sommes alors tous les deux approchés de l'eau. Elle était fraîche mais la chaleur qu'il faisait me pousser à rentrer dedans. J'ai jeté un coup d'œil à Oscar, qui lui contrairement à moi, avait du mal à se mouiller. Le voir grimacer et reculer au moindre contact avec l'eau me faisait sourire. C'est donc pour cela que je n'ai pas pu m'empêcher de l'éclabousser.

— T'es sérieuse ? s'est-il exclamé de sa voix grave après avoir compris que je venais de lui envoyer de l'eau.

Je n'ai même pas eu le temps de répondre, qu'il a foncé sur moi et qu'il m'a envoyé une incroyable quantité d'eau dans la tronche. Je l'ai donc imité, n'ayant absolument pas peur de lui.

— Tu continues en plus ?

— Évidemment, ai-je répondu avec arrogance.

Il a alors appuyé ses deux mains sur mes épaules et m'a enfoncé dans l'eau sans que je m'y attende. J'essayais tant bien que mal de me débattre sous l'eau mais c'était quasiment impossible. Il avait trop de force et puis moi, je commençais à fatiguer. Heureusement, il m'a laissé remonté à la surface, m'admirant avec un sourire triomphant. Je lui ai, quant à moi, lancé un regard rempli de haine et je lui ai ensuite tourné le dos. J'ai essayé de reprendre une respiration à peu près normal.

— Tu boudes ? m'a-t-il demandé en m'attrapant par les hanches.

Je n'ai pas répondu et je l'ai laissé me retourner pour lui faire face. Il m'observait avec un demi-sourire et des yeux brillants de je ne sais quel sentiment.

— J'arrivais plus à respirer ! T'es malade ou quoi ! ai-je commencé à m'énerver.

Il a pouffé de rire avant d'hausser les épaules.

— Oh ça va, t'es restée trente secondes sous l'eau Becca.

Je ne sais pas si c'était parce que je n'arrivais pas à lui faire la tête ou bien parce qu'il avait employé ce surnom que seul lui me donnait, mais j'ai souri et je n'ai pas répliqué. Il m'a fait un clin d'œil et s'est entièrement laissé tomber dans l'eau. Une assez grosse vague s'est abattu sur lui,  et s'en ai suivi un véritable fou rire de ma part.

  Nous avons passé le reste de l'après-midi dans l'eau, dans les vagues, à rire et à s'embêter. Puis nous avons décrété qu'il était l'heure de rentrer. Nous sommes donc retournés sur la plage, nous nous sommes séchés et nous nous sommes dirigés vers la sortie de la plage. L'air commençait lentement à se refroidir et le soleil était de plus en plus bas dans le ciel rosé.

Nous avons regagné ma maison dans la bonne humeur et étonnamment, je n'ai pas trouvé Oscar désagréable.

— J'ai passé une super aprem, l'ai-je informé lorsque nous nous sommes arrêtés devant mon portail.

Il m'a souri puis il m'a dit à son tour :

— Moi aussi. C'était cool.

J'ai acquiescé puis s'en ai suivi un silence. La tête baissée, je regardais mes pieds ainsi que les fissures de la routes goudronnée. Je sentais qu'Oscar était nerveux et trouvait difficilement quelque chose à me dire.

—  Becca... Je... Tu me manques...

J'ai brusquement relevé la tête et nos yeux se sont croisés. L'intensité de son regard m'a retourné l'estomac et comme aimantée, je me suis rapprochée de lui. Ses mains se sont posées sur mes hanches et j'ai enroulé mes bras autour de son cou. J'ai posé ma tête sur son épaule et je n'ai rien dit. Nous sommes restés silencieux pendant un long moment. Puis j'ai osé me détacher légèrement de lui pour l'observer. Mes yeux ont dévoré les traits de son visage de presqu'adulte. Et ils ont fini par se poser sur sa bouche fine qui m'appelait. Je n'ai pas pu résisté, c'est pourquoi, que sans réfléchir, j'ai laissé mes lèvres s'écraser sur les siennes.

Notre baiser regroupait de nombreux sentiments. Un baiser passionnelle, violent, et désespéré. Ses mains ont resserré leur emprise sur mes hanches quand sa langue est venue retrouver la mienne. Cette saveur me manquait et la retrouver me remplissait de bonheur.

Il a mis fin à notre baiser. Nos regards se sont accrochés l'un à l'autre et nous avons tous les deux souris.

—  Je t'aime, lui ai-je soufflé.

Il m'a souri, a grommelé quelques mots puis s'est détaché de moi.

— Bon... J'y vais, ai-je déclaré à contre-cœur.

Il a lentement acquiescé. Je lui ai timidement souri. Il a brutalement posé ses lèvres sur les miennes. Puis après m'avoir soufflé un « au revoir », il s'est enfui.

Je suis entrée dans la maison, et je me suis retrouvée face à mon cousin. Il me regardait d'un mauvais œil, sa mâchoire était contractée et il donnait l'impression qu'il souhaitait me tuer sur place.

—  Euh...Qu'est-ce qu'il y a ?

—  Je rêve ? Dis-moi que je rêve ? a-t-il dit en serrant les dents.

J'ai froncé les sourcils pour faire mine que je ne comprenais strictement rien.

—  Me prends pas pour un con Rebecca !

Entendre mon prénom sortir de sa bouche, au lieu de mon diminutif, m'a fait frissonner. Raoul ne m'appelait jamais Rebecca. Et en plus de ça, il ne m'hurlait jamais dessus. Raoul m'appelait Beckie et me parlait d'une voix douce ou moqueuse.

—  Tu lui as pardonné ? Tu te fous de moi ?

Mon cœur commençait à s'affoler et mes membres, à trembler. Je n'aimais pas me disputer avec mon cousin. Cela n'arrivait jamais.

—  Raoul... Je suis désolée de pas t'en avoir parler avant...

Il a haussé les sourcils avant de reprendre :

—  Tu me déçois ! Il te traite comme une merde et toi tu retombes dans le panneau ! T'es vraiment conne Beckie !

Les larmes me sont rapidement montées aux yeux et je me suis tant bien que mal efforcée à ne pas pleurer.

—  T'es dégueulasse de me dire ça ! T'as pas le droit !

—  C'est dommage parce qu'en plus de le dire, je le pense !

A ce moment-là, j'avais juste envie de vomir toutes mes tripes. Ses mots étaient plus que blessants et je ne comprenais pas pourquoi il était aussi dur. Je l'ai foudroyé du regard, avec mes yeux remplis de larmes, je l'ai poussé et je suis montée dans ma chambre.

   Dans le fond, je savais que Raoul avait raison. Je ne l'ai juste pas compris sur le moment.

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