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[ Pour plus d'immersion, lire en écoutant le morceau ci-dessus ]
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J'aime l'automne. Cette période de bouleversement où les saisons semblent se perdre, se désorienter, et se rassembler au hasard, parfois plusieurs dans un même jour.
Pluie, chaleur, ouragan,... Tans de changements en un si court laps de temps où les nuages, pris dans cette folie générale, se métamorphosent au gré de ces fluctuations
J'aime les nuages. Ces formes cotonneuses qui se teintent de toutes les nuances de l'horizon. Insaisissables. Imprévisibles. Jolis décors d'un bleu ciel de beau temps, ou redoutables présages gris annonciateurs de tempête.
J'aime la tempête. Cette force colossale que les coïncidences de la physique lancent sur une partie du globe où elle se déchaîne. Regarder le rideau sombre et gris venir d'au delà la mer et couvrir peu à peu la voute me donnent à songer de la grandeur des choses, et me fais sentir ma propre petitesse.
Ainsi, il me plait à la contempler dans son entièreté, de la chaleur et la platitude qui avertissent de son arrivée, jusqu'en son sein pluvieux et venteux qui emporte tout, nettoie la terre, renouvelle l'air, gorge le sol de cette eau si précieuse aux moissons, par moment un peu trop.
Et pourtant... Rien ne me réjouis plus que de sentir cet air pur et froid flageller mes joues ou de respirer la fraiche odeur de l'herbe humide.
Et quand la tempête n'apporte pas la pluie et vient pleine de sable et de bourrasques sèches et dévastatrices, je ne quitte pas mon poste d'observation pour autant. Je reste à contempler les tourbillons dorés où les éclairs s'enchevêtrent avant de gronder, jusqu'à ce que mes yeux se ferment d'eux-mêmes aveuglés et asséchés.
La fureur des tempêtes est terrible, crainte de tous les êtres vivants, mais malgré tout elle me fascine. Rien n'attise mieux mes sens que le grondement grave du tonnerre ou le doux clapotement de la pluie contre les carreaux. Rien pour moi n'est plus réjouissant que de m'imaginer emportée par la tornade, soulevée au dessus de tout, regarder la terre sous mes pieds tourner, m'envoler vers les profondeurs insondés du plafond gris duveteux.
Parfois, je pense à ce qui peut bien résider au-delà des nuages. Ces figures si compactes, si solides d'apparences, au relief si sublime... Ceux-là ne peuvent être qu'un vulgaire amas de gaz!
Peut-être qu'en volant assez haut, je pourrai les atteindre, découvrir tout un autre monde d'aventures et de rêves secret loin du béton sali par l'humidité de mon toit.
Tout en réfléchissant ainsi, je suis des yeux l'évolution de ce dragon en coton transformé en navire vers l'après-midi, je cotoie chaque mouvement, je traverse avec Mars le noir ciel d'Octobre, je souris à la lune et à ses visages lumineux, et je me laisse plonger dans le magma ocre et bleu dont se pare l'horizon aux premières clartés de l'aube.
Je suis moi-même née en automne, exactement à l'heure de l'équinoxe.
C'est sans doute un signe, car ce n'est que pendant ses trois mois que tout mon être se régénère, respire, rêve, ressens... se remet à vivre de nouveau. A nouveau vivante au milieu des cyclones qui surgissent tels des géants des temps anciens réveillés pour me rappeler à la vie.
Cependant tous les mots du monde demeurent incapables de décrire toute cette vague d'émotions, si intenses mais si courtes, qui me submergent avant que la voix de la réalité ne m'appelle du bas des escaliers et me force à quitter le spectacle grandiose de la nature, en automne.
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Merci à tous ceux qui ont lu jusqu'au bout !
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