14
JK
La souffrance physique n'a pas de secrets pour moi. À dix-neuf ans, j'ai été laissé pour mort à l'angle d'une rue. On m'a récupéré dans un sale état, après un passage à tabac en règle. J'ai mis trois semaines à m'en remettre, et j'en porte encore les stigmates sur les flancs.
On m'a tiré dessus à vingt ans. La base pour un fauteur de troubles. J'en garde deux impacts : un juste au-dessus de la clavicule, l'autre à l'épaule droite. À ça, je pourrais ajouter les bagarres de fin de soirée, ou les coups pris par manque d'agilité pendant les rixes.
Mon corps est habitué à la douleur. Il la considère comme des courbatures, rien de plus. Il se répare, se refait avec le temps.
Malheureusement, il n'a pas
encore appris à soigner les plaies plus profondes.
Jimin est endormi depuis un moment. Son lit, qui a accueilli notre dernière étreinte, a retrouvé une allure normale. J'ai replacé la couette sur lui pour qu'il n'ait pas froid, et glissé un oreiller sous sa tête.
J'entends un ronflement et ne peux retenir un sourire. Il est paisible. Tant mieux.
J'aurais dû quitter son appartement il y a déjà une heure. Dès l'instant où il s'est assoupi, il aurait fallu que je me rhabille et que j'aille retrouver les miens.
Sauf que je n'en trouve pas la force. J'aime ce garçon depuis toujours. Je suis accroché à lui de toutes les façons possibles et imaginables.
Peut-être qu'il tirera un trait sur ce qui s'est produit cette nuit, je le lui souhaite d'ailleurs... De mon côté, c'est impossible.
Park Jimin représente tout ce que je n'ai pas le droit d'avoir. Il est intelligent, droit, beau. Bordel... il est sublime. Dans une autre vie, je l'aurais fait mien. J'aurais été ce mec idéal, sorti des films sentimentaux : Costard chic, sourire en coin. Quelques soirées passées dans des lieux idylliques, des confessions alcoolisées, un peu de sexe....beaucoup de sexe.
La souffrance émotionnelle est monstrueuse à subir. J'ai l'impression de me prendre des coups de poignard dans le bide sans interruption.
Il ne sera jamais à toi.
Contente-toi de l'éphémère.
J'abandonne le rebord de la fenêtre et, en silence, dépose son ancien cadeau sur la table de chevet. Si cette babiole peut lui rappeler les bons moments passés, alors je mets tous mes espoirs en elle.
— Excuse-moi. Je ne t'ai jamais aimé de la bonne façon.
Je contemple son visage encore quelques minutes, aussi désespéré qu'un alcoolique en face de sa boisson de prédilection. Il me manquera, c'est une évidence.
Une dernière caresse sur sa joue, et je m'en vais. J'ai une affaire qui m'attend. Dégager nos cargaisons de nos cachettes. Disparaître. Duper la police et continuer nos deals.
C'est bizarre... ça me paraît superflu.
_____
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top