Décidemment, ce Slenderman me plaît. Enfin, je décide de jouer le rôle de la victime innocente pour le moment... Je me laisse empoigner brutalement par Masky, les pieds ancrés dans le sol. Je dissimule mon sourire. Il a peur de refaire une mauvaise chute...?

Il me pousse alors vers la seule porte de sortie. Le Slenderman ne me quitte pas des « yeux », bien qu'il n'en possède pas... Masky m'entraîne dans un couloir, il y a de quoi se perdre ici, un vrai labyrinthe ! Et pourtant, j'avais l'impression que de l'extérieur c'était plus petit. Alors que je manque de trébucher, je geins :

-Arrête ! Tu vas trop vite !

Il ne me laisse pas le temps d'argumenter et accélère le pas. Je grommelle. Ça doit l'amuser. Ses doutes se dissipent me concernant. C'est parfait. Dans le couloir, nous croisons un adolescent au sourire tracé sur les joues à vif. Je le dévisage, impressionnée et dégoutée. C'est un humain, mais son esprit semble tellement détraqué que je le classe d'office dans mes créations. Sa fiche indique qu'il se nomme Jeffrey Woods, ou Jeff The Killer. Il a tué sa famille après un accident qui l'a dévisagé, mais il a empiré les choses avec son couteau de cuisine, qui est, par ailleurs, son arme fétiche. D'accord... Il me percute à l'épaule et m'assène une pique désagréable :

-Regarde où tu vas, la mocheté.

Oh. Je n'avais pas fait attention à la partie indiquant qu'il était égocentrique, fier, et qu'il se trouvait, je cite « magnifique »... Je n'ai pourtant pas choisie une apparence qui me nuirait. Je retiens de lui répondre, me contient, et inspire alors qu'il nous dépasse. Je ne vais pas me faire marcher longtemps sur les pieds. D'autant plus que je dois passer inaperçue pour l'instant. Ce n'est pas en agressant l'une de mes créations que je vais passer pour une victime faible et innocente. Masky force sur sa poigne et je me retrouve au sol. Bah voilà, il a réussi, je suis tombée. Et juste devant la « chambre d'ami » apparemment. Il dit d'un ton neutre :

-C'que t'es lente. A ce rythme-là, tu ne risques pas de réussir le test.

Je bouillonne intérieurement, mais je ferme les yeux quelques secondes, souffle profondément, et m'apaise. Bien. Calme. Je me relève et pénètre dans la chambre en question. C'est... Gris. Et vide. Et assez limité comme espace. Et abimé. C'est... c'est...

-WOAW ! Mais c'est GÉNIAL !

M'écriais-je. Masky me dévisage. Peut-être que ma réaction est excessive. Mais quand même, c'est la première fois que je vais vivre dans un espace si restreint, comme chez les humains ! Ce sera une expérience fascinante je pense. Je toussote légèrement. Et pas à cause de la poussière, je tente de me rattraper.

-Je veux dire... C'est cool que vous me laissiez dormir ici !

Il ne parait toujours pas convaincu. Sûrement que les gens, d'ordinaire, ne sont pas content de dormir ici... Bah. Je suis l'exception ! Masky se retourner et commence à partir, mais avant je le rattrape :

-Au fait, tu t'appelles comment ?

Fais-je d'une voix volontairement timide. Je dois montrer que je suis une ignorante, une simple VICTIME. Les choses sérieuses débuteront dans quelques jours, ou heures, cela dépendra de combien de temps je pourrais tenir ici, avec leurs piques insolentes et leur comportement agressif. De quoi faire tomber un humain dans la dépression. Il semble se ficher totalement de moi, et s'avance d'un pas assuré vers la seule porte de sortie. Puis, alors qu'il est dos à moi, il lance :

-Tu peux m'appeler Masky.

Je suis stupéfaite qu'il m'adresse la parole. C'est... curieux. Vraiment. Il semblerait qu'il m'accorde une petite chance de devenir l'un des leurs. C'est presque mignon, mais aucune empathie envers les petites personnes comme elles. C'est ma règle. Il s'en va définitivement, mais je lui cri sur un ton vif :

-MOI C'EST EDNA !

Au moins je suis certaine qu'il m'a entendue... Je me retourne de nouveau vers ma « chambre ». Brrrr. Elle est froide quand même. Il n'y a qu'un lit à moitié rouillé, sans draps, et une commode tellement vieille qu'elle a l'air d'avoir plus de cents ans ! Bon j'exagère...

En fait, je ne sais pas. Je n'ai jamais vécu dans ce genre d'endroit, alors comment réagirais quelqu'un de normal dans ce monde... ?