V. Run V.
Comme la journée était passée vite! D'habitude.. Elle était infiniment longue.
Il avait l'esprit ailleurs. Il voulait se changer les idées.
La monotonie du quotidien lui pesait.
Dehors, il pleuvait. Le ciel pleurait, et les nuages couvraient tout le ciel.
La pluie tambourinait aux fenêtres.
Il regarda sa montre. 20h00.
Il mis sa veste, pris un parapluie et claqua la porte en sortant.
Il descendit en courant les étages par le vieil escalier.
Il sortit de l'immeuble, essoufflé. Il marcha jusqu'au milieu de la route. Sous la pluie. Le parapluie, pas ouvert, à la main.
Il n'y avait jamais aucune voiture. C'était sans risque.
Il s'asseya sur le bitume mouillé. Bascula la tête en arrière. Inspira une grande bouffée d'air humide. La pluie avait une odeur particulière. Il ferma les yeux.
Les rouvrit après de longues minutes.
C'était une des rares journées où il sortait, et où il faisait tout et n'importe quoi.
À présent, cela faisait un peu plus de deux mois qu'ils vivaient ensemble.
Et il veillait presque toujours sur elle.
Pas ce soir.
Il se releva, chancelant. Chaque une de ses mèches de cheveux était imprégnée d'eau et sa veste aussi.
Il jeta le parapluie sur le pavé. Passa une main dans ses cheveux. Fit un grand sourire. Recula. Prit un peu d'élan.
Et se mit à courir.
D'abord doucement. Puis de plus en plus vite.
Il courait à en perdre haleine.
Il courait comme si sa vie dépendait.
Il courait.
Mais il dû s'arrêter.
À bout de souffle, plié en deux, les mains sur les genoux, il s'arrêta enfin.
Il pleuvait encore, de plus en plus fort.
Il repris son souffle lentement, regarda autour de lui. Il n'y avait personne.
Il vit un parc juste devant.
Il franchit les grilles, s'assit sur un banc en bois glissant.
Il frissonna, mit ses mains dans ses poches. Il aurait dû prendre un manteau. Sa veste était trempée.
Il essuya ses yeux du revers de sa main. De l'eau coulait sur son visage, on aurait dit qu'il avait pleuré. Il trouva cette idée absurde. Il était heureux. Il se sentait si bien.
Le parc n'avait rien de particulier, d'admirable ou d'agréable.
L'herbe et les parterres de fleurs étaient mélangés à la boue et les massifs de roses et de vivaces étaient aplatis.
Les bancs inconfortables étaient placés le long de l'allée de gravier.
Il y avait un tout petit étang entouré de pierres mal polies.
Il s'arracha à la contemplation du parc.
La faim tiraillait son ventre. Il se leva et sortit. Il vit un restaurant italien au coin de la rue et s'y rendit.
Le restaurant était étrangement vide.
Le serveur était très gentil. Il le conseilla sur les plats et ils discutèrent un peu. Il décida de prendre un plat de pâtes et une boisson au citron. Rien d'original. Lorsque le repas arriva, il en prit une bouchée. Qu'il trouva délicieuse. Ignorant la sauce tomate brûlante, il finit son plat en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Il choisit un dessert au hasard. Tiramisu aux fruits rouges.
Il paya, se leva, remercia le serveur (vraiment très gentil) et sortit. En oubliant son porte feuille sur la table.
Il était dehors. Déjà 22h30. Il songea un court instant à rentrer puis se ravisa. Cette nuit serait la sienne. Il pourrai laisser libre court à ses délires les plus fous. Faire tout ce qui lui passait par la tête.
Mais il était fatigué. Il voulait s'allonger au sol et fermer les yeux. S'endormir. Il le voulait tellement.
Il vit son reflet sur la vitre des magasins abandonnés de la rue. Il avait une moustache de crème et du rouge aux coins des lèvres. Très glamour. Il essuya sa bouche.
Cela faisait moins enfant de 8ans à présent.
Et elle, au fait? Qu'en aurait-elle pensé? Trouverait-elle cela puéril? Minable? Amusant?
Mais enfin, pourquoi pensait-il toujours à elle? Pourquoi tout le ramenait-il à elle? Pourquoi ne pouvait-il rien faire sans penser à elle?
Seul. Toujours seul. Infiniment seul.
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