Faith

'cause I lost my faith,

So I cut away the pain,

Got it swimming in my veins.

Je crois que je n'ai jamais vraiment cru en Dieu.

Peu importe lequel.

Je n'y suis jamais parvenu.

Cette pensée que quelqu'un puisse guider vos pas au quotidien, qu'il désigne ce qui doit ou non vous arriver. Ce droit qu'il possède sur l'appel de la mort ; de reprendre ce qu'il a lui-même donné... ça ne m'enchante pas réellement. La stupidité qui m'incombe, je l'ai moi-même ingurgitée. Il ne m'est jamais venu à l'esprit de rejeter mes erreurs sûr autrui. Comment oserais-je me plaindre, m'apitoyer sur un sort que j'ai volontiers accueilli ?

L'état pitoyable dans lequel je traîne ma carcasse suintante, je l'ai initié.

Je l'ai voulu.

Je me suis convaincu que c'est tout ce que je méritais. Parce que, de toute manière, c'est ce que je mérite.

Bien sûr, je ne dénigre en rien ce Dieu. J'exhorte simplement que pour une personne aussi amochée que moi, son existence ne ferait qu'assombrir le tableau. Je souhaite, en vérité, qu'au plus profond de mon esprit, il existe. Qu'il soit présent, à m'observer. Qu'il soit en capacité de réellement compter. Qu'il soit, au moins, là pour une seule de ces âmes tourmentées.

Je crois bien que c'est ce qui parsème l'intérieur de mes narines qui a achevé ma foi.

C'est cette immondice qui, depuis des années, m'a persuadée de ne plus croire en rien. Je suppose que c'est une conséquence logique à toute cette perfidie ingrate que j'ai acceptée de côtoyer. L'horreur subie, je l'ai coupée avec la douleur avant de la propulser dans mes veines. Telle une prière, je m'étais souvent retrouvée les deux genoux cloués au sol, profitant du peu de repris que me proposait l'ignominie.

Bien que tout ce récit paraisse inutile à mon rachat, je tiens tout de même à stipuler que j'ai tenté.

J'ai essayé d'y croire. De m'accrocher à quelque chose de plus grand que toute cette société.

À un moment, j'ai douté. Je me suis laissé suggérer que je pouvais le faire...

... Puis j'ai chuté encore bien plus fort.

Je me suis éclatée salement tête la première contre le bitume d'un trottoir intrusif. Peut-être étaient-ce des signaux divins que j'avais hallucinés, ou, au contraire, les flashes abrutissant de ces satanés insectes. Partout, ils grouillaient. Que ce soit dans mes beaux jours comme dans mes plus éternels mensonges, ils s'attardaient sur chaque parcelle de ma vie d'actrice.

Une dent cassée, une pluie de photographies, et je me suis blâmée d'avoir pensé avoir le droit d'y croire.

Ouvrant à la va-vite la portière de ce cabriolet hors de prix – ignoble dans son ensemble – je me demande bien ce qu'un dieu pourrait penser de notre allure incandescente. Il nous condamnerait sûrement au désordre. Mais ce cachet qui me grattait au fond de ma poche de veste m'amadouait à ne plus y réfléchir. Il me fallait oublier tout ce dont j'avais pour habitude de rejeter.

J'ai perdu ma foi.

Pourtant, tu étais toujours là.

Luminescente.

M'attrapant par la nuque, tu me fis pencher en avant. L'odeur qui planait dans le véhicule me parut mordant. Je ne voyais plus que mes chaussures.

Un rire incongru me saisit en percevant la voix grave de l'un des vigiles du casino. Il paraissait si abasourdi par sa course qu'un éléphant aurait semblé devenir Hermès. On avait – enfin, tu - étais parvenue à les bloquer, les coincer dans un engrenage humiliant. Un cycle qui allait les fatiguer en un instant.

La situation accabla mes pensées.

Le rire complet qui échappa à mon contrôle ne passa pas inaperçu de ton côté.

Alors, sans que je comprenne trop comment, c'est ta main qui vint embarquer tout espoir de fou rire.

Elle sentait le tabac consumé, froid. Bercé d'une douce pointe de framboise.

Mon esprit ricana sauvagement, ne sachant trop comment il était possible que je décèle cela. Peut-être étaient-ce toutes ces monstruosités que j'avais osé avaler sans peine. Peut-être étaient-ce simplement toutes ces idioties auxquelles je m'étais accoutumée. Dans tous les cas, ta main calma les stries d'humeurs que je masquais.

Tu me demandas en chuchotant si c'était okay. Si toute cette maladresse mal assemblée ne me gênait pas. Il est vrai que tu ne m'avais pas demandée mon avis pour venir me camoufler frauduleusement dans cette voiture. Cette illégalité – si jamais elle venait à s'apprendre – me clouerait sur un pilori. Une réputation déjà amochée qui s'éteindrait dans une violente rafale. Sauf que l'odeur qui émanait de ta silhouette me convainquit de me taire en un sourire en forme d'entaille.

Bien sûr que j'étais okay. Comment ne pas l'être ?

Cette vision idyllique contrastait avec tout ce que j'avais déjà pu connaître auparavant : des cheveux fins, sans accrocs ; des yeux entiers et sans once de nauséeuses réflexions ; des pommettes à faire jalouser une bonne parties de ces acteurs / actrices dans la force de l'âge ; une bouche au sourire enquit d'une volonté presque naïve. Tu étais l'incarnation de ce que j'aurai pu haïr mais que je décidais d'apprécier pleinement.

Mon coeur tambourina lorsque rigola.

Je laissais un soupir s'échapper d'entre mes lèvres. Prête à expirer une suggestion.

Les lumières bleues provoquées par les lumières des sorties de secours s'engluèrent en un halo malicieux autour de ton visage ; il me fut immédiatement impensable de prononcer la moindre parole.

Et ce fut seulement en croisant pour la énième fois ton regard que je compris que ce qui me rongeait, te détruisait depuis bien plus longtemps.

Ce vide.

Cette foi non comblait. Cette religion que rien ne parviendrait à conceptualiser. Tout ceci, cette peur, tu la ressentais aussi. Tu visualisais parfaitement l'horreur qu'étais le fait d'avoir perdu foi en tout.

Comment étais-ce possible ?

T'observer c'était plonger son regard dans un miroir et y apercevoir quelqu'un que l'on aimait passionnément, quant bien même ses démons finiront par l'achever.

Les lumières m'encerclaient à nouveau.

Nous n'avions pas grand chose de différent finalement. Ne serait-ce qu'une beauté éphémère. Nous n'étions rien d'autre que des âmes en perdition qui s'accrochaient au moindre être fissuré.

« On devrait y retourner maintenant qu'ils sont partis, tu ne crois pas ? »

Je ne croyais en rien.

Tout comme toi, n'est ce pas ?

Je pensais vraiment pouvoir être une meilleure personne, pour moi et pour tout le monde. Mais j'en étais incapable. J'en serais toujours incapable. Faire semblant ne servais à rien si ce n'est me persuader que je valait encore quelque chose.

Je perdais ma religion tout les jours.

J'eu soudain envie que tu me tiennes lorsque je souriais. Que tu me prennes dans tes bras pendant que je succombais à l'horreur de la mort.

Je voulais que tu me maintiennes contre toi jusqu'à la fin.

Le petit cacher planqué dans ma poche ricana froidement.

C'était putain de stupide.

Je préférais qu'on me lacère le cou plutôt que de quitter ce véhicule empreint d'orgueil.

J'avais perdu tout espoir en une foi incongrue,

Mais là, en cet instant, j'avais l'envie d'y reprend goût.

« On devrait rester encore un peu » m'entendis-je vaciller.

Tu acquiesça dans une douceur pleine de chaleur.

Le temps n'avait jamais loupé l'occasion de me foutre à terre alors, pour une fois, je priais pour qu'il s'arrête éternellement.

Dans un réflexe que je détestais, ma main farfouilla dans ma poche pour en sortir l'indice du vice. Il brillait ; ses lumières se réfléchissant sur mon visage.

Je le coupa en deux minuscule pièces blanches.

Je te voulais, à mes côtés. C'était tout.

« Tu en veux ? » proposais-je fébrilement.

Je savais que tu faisais partie de cette part de la population qui n'avais pas eu le choix que de succomber au désarroi le plus immonde. Je le voyais dans l'embouchure de tes lèvres qui se plissèrent imperceptiblement.

Un lourd silence sillonna la distance entre nos deux corps.

C'était... impossible. Impossible. Impossible. Impossible. Impossible.

C'était impossible, Chaeyoung.

J'étais stupide d'y croire. D'enfin penser que quelque chose veillait sur moi.

Détournant le regard tel un enfant pris sur le vif d'une bêtise, je me décidais ; de toute manière, tout finissait toujours de la même fichue manière.

Alors que ma main approchait mon visage pour m'aider à engloutir une dose de démence, la tienne attrapa vigoureusement mon poignet.

J'eu a peine le temps de t'apercevoir que t'es lèvres fondaient déjà sur les miennes dans une incompréhension brillante.

L'une de tes mains d'ébène remonta agilement le long de mon bras. La vigueur par laquelle tu m'avais attrapé le poignet se mouva en une tendresse que je n'avais jamais côtoyée.

Mon cœur explosait.

Je ressentais tout.

De mon corps à mon âme.

Je pensais que tu étais cette bonne personne qui changerait tout. Mais en sentant le désespoir, je compris que tu étais cette terrible personne qui endormirait mon désespoir.

Les pulsations de mon coeur frappèrent avec frénésie la peau de mon cou.

Tu n'étais pas assez proche de moi.

L'avidité était un péché. Mais en habillant mon corps de tes mains, je m'accordais l'honneur de perdre à tout jamais ma foi.

Tu combattit l'idée d'une erreur en mordant par instant ma lèvre inférieure, me laissant grogner d'une impatience que je ne me connaissais pas.

Puis, parant à un manque d'air soudain, tu t'écartais de quelques minuscules et pourtant douloureux centimètres. Ouvrant fébrile, mes paupières, je plongeais dans ce qui ressemblait à un océan de peine et de hargne. Tout étais en ébullition.

Peut-être que toi aussi tu en avais marre de lutter à contre courant pour juste maintenir la tête hors de l'eau. Peut-être que toi aussi, tu souhaitais juste sombrer. Te noyer dans des abysses froids et sans espoirs. Un endroit où le temps ne semblerait plus qu'anecdotique.

Il me sembla que tu accepta cette idée lorsque tu m'incitât à m'allonger en arrière.

Quelques mèches de tes cheveux glissèrent sur mon visage. Tes mains s'appuyèrent autour de mon visage pour m'enterrer dans ta perte de foi.

La sauvagerie de notre premier échange parut s'estomper dans un coin de ton regard. Plus rien ne comptait que le temps qui s'égrenait malgré les plaintes.

Les brins de cette couleur bleue extérieur adoucir la peine qui te clouais à l'horreur. J'avais l'impression que cette ange d'apparence n'était plus qu'une âme brisée par les malheurs de la vie.

Je ne voulais que toi.

Pas des autres.

Je te voulais.

Je te désirais comme je n'avais jamais désiré quelque chose de ma vie.

Le cachet que j'avais douloureusement maintenu dans la paume de ma main s'éclata en silence contre le sol.

Dans ce cabriolet merdique. Dans cette ville qu'était Vegas - mon pont vers le paradis -, je te voulais toi.

Tu me rendis cette pensée en saisissant un pan de ma veste à t'en faire pâlir la main. Tu me le démontra en m'embrassant avec une tendresse que même un ange n'aurait eu l'idée d'assumer.

Je tremblais de tout mon être.

Je sentis frémissante l'une de tes mains se faufiler sous une couche de vêtement que je compris trop encombrante. Tes lèvres découvrant les hauteurs de mon cou bloquèrent ma respiration déjà bien trop saccadée.

Il n'y avait plus que nous deux ; deux silhouettes allouées dans la perdition la plus délicieuse possible.

Je me tentais à te retourner la faveur en rapprochant mes mains frémissantes d'espoirs vers ta poitrine. Une plaie s'ouvrît sur mon flanc gauche, propageant une onde délicate.

Nos cages thoraciques, dans un enchaînement d'actions, grimpèrent et descendèrent avec précipitation ; déséquilibre. Quelque chose se lia autour de nos silhouettes. Il nous était impossible de fuir, de prendre nos jambes à nos cou et d'emporter notre détresse dans d'autres échappatoires.

C'était peut-être la dernière fois que je me sentirais aussi apaisée ; j'étais bien décidée à renoncer à tout pour pouvoir en profiter.

On était dans une attente particulière.

Celle qui n'avait jamais été assouvie et qui, par dépit, s'était jetée dans les premiers péchés venus.

Mais en cet instant, je ressentais tout.

J'avais perdu ma foi, je perdais un peu plus tous les jours ma religion, mais en croisant ton regard, je vis enfin quelqu'un que j'aimais.

Sous une lumière qui tentait de t'égaler dans ton aura, je me pliait corps et âme à cet abandon impétueux.

I ended up in the back of a flashing car,

With the city shining on my face,

The lights are blinding me again.

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