Alone Again

Take off my disguise

I'm living someone else's life

C'est beau.

C'est beau de voir ces lumières danser au milieu de cette inquiétude. Un changement dans ce que j'ai l'habitude d'apercevoir de cette hauteur. On dirait presque que ces filaments lumineux s'étirent pour se rallier à ma cause. Ou du moins, ils semblent espérer me porter avant la chute. Je dirais que ça à quelque chose de brutale de les voir ainsi pour la première et dernière fois. Toutes ces conneries me paraissent soudain comme véritables, trop réalistes ou trop artificielles. Enfin, pourquoi se poser des questions quand on peut finalement découvrir ce qu'est la vraie noirceur... ?

Le noir total. Un dernier frisson avant l'atterrissage. Le rouge dans ce qu'il a de plus écarlate.

Il accompagne ses amis, ses alliés. Il accompagne ceux qui ont pendant longtemps tremblé de peur parce que oui, c'est effrayant d'affronter les ombres seule, sans rien n'y personne pour te dire de ne pas y aller. C'est carrément flippant de se dire que quoi que tu fasses, personne ne viendra te dire de ne pas tester.

Même si la première est gratuite, tu ne devrais pas la déposer si joyeusement sur le bout de ta langue pour espérer en extirper un moindre amusement. Ça ne sert plus à rien, juste, accompagnes moi loin d'ici. Je t'en prie.

J'ai presque envie de me pisser dessus tellement ça me fait triper de comprendre que personne n'a pu me stopper. De comprendre qu'à un moment dans ma vie, j'ai acceptée le fait de ne rien posséder. De tout laisser derrière moi sans regretter.

Putain.

J'en étais fière.

Ouais. The fucking proud little girl.

J'étais cette gamine '' sans rien de rien '' qui avait réussi. La moins que rien qui avait transpercée les ruelles sombres pour atteindre les allées lumineuses. J'avais été celle qui terrifiait rien que par sa présence. Son charisme ! Qu'ils avaient la conne habitude de s'écriait les bouseux des magasines pour mères/pères au foyer qui se faisaient chier. Le symbole d'espoir de la nouvelle génération !

La putain défoncée sans le sou, que je préférais me susurrer face à mon reflet dans le miroir.

J'avais empruntée avec tant de fierté les traits d'une autre. Les fameux traits d'une fille heureuse, fière de ses actions, fière de ses actes pleins d'hypocrisie qu'elle avait sans cesse exploités en se persuadant que tout le monde l'aurait fait. À côté de cette gamine débile que je portais sur le visage, on me souriait avec entrain. On m'envoyer des centaines de lettres pour me dire à quel point j'étais une inspiration immense. Pour me cracher à la gueule à quel point j'étais ce modèle parfait de la réussite, de la gloire, du triomphe et de la confiance en soi.

Certains de ces gens osaient même penser qu'en m'écrivant ainsi, je pourrais leur apporter une réponse à leur vie médiocre et sans fondement. Que je pourrais les aimer, les épauler, leur dire que '' non ce n'est pas grave de n'être rien. Ce n'est pas grave si tu ne restes pas dans les mémoires. Tu sais, on crève tous un jour sans avoir forcément marqué l'histoire, alors arrête un peu de te morfondre sur ton sort et fais comme les autres. Crois à la puissance du mensonge et fais semblant de vivre la vie tel que tu le souhaites ''.

Bordel, ce que ça peut être débile un être humain.

Alone.

Contrairement aux personnes qui m'écrivaient avec passion auparavant, moi, je n'avais jamais su bien jouer. Aujourd'hui, je ne peux même plus oser espérer jouer. Du moins, mon corps me souffle que je suis arrivée au bout de la partie. Mon cerveau me dit qu'il ne me reste plus qu'à tirer sur cette clope aux allures brisées à force de traîner dans une de mes poches de jeans et qu'il faudrait aussi que je me paye le luxe de l'accompagner d'une goulée de boisson âgée.

Planquée dans une bouteille en plastique prête à s'ouvrir, ce liquide me sourit vicieusement. Il sait que je l'aime bien plus que toutes ces lettres, tous ces mots d'amours à en choper la gerbe.

Une fortune. J'ai dépensée une fortune pour pouvoir plonger mes lèvres dans une extase limitée. Ce bon vieux connard qui me l'a vendue m'a donné des conseils pour le déguster. '' Rajouter deux glaçons, tourner une fois dans le sens des aiguilles d'une montre et deux fois dans l'autre. Puis, vous vous jeter à l'eau ! C'est comme baiser pour la première fois, on y prend vite goût ! ''. J'ai pas osé lui dire que j'avais surtout envie de le frapper. M'enfin bon, chacun ses idées et ses propos quand il est question de Whisky.

J'ai donc posé les billets sur le comptoirs sans un mot. Il m'a généreusement lorgné, hésitant peut-être à me filer son numéro en espérant que je l'invite à une de ces fêtes privées qu'organisait souvent mes '' amis ''. Il pensait sincèrement que j'étais capable de lui filer une échappatoire à sa vie de père marié et bloqué dans un quartier qui pouvait vous filer des saignements de la rétine.

Quatre cent balles qui ont terminés leurs chemins dans une bouteille en plastique cachée par un sac marron d'enseignes claquée au sol.

Ce Single Malt Glenfiddich ayant vingt cinq ans d'âge n'a sûrement jamais pensé finir sa vie médiocre comme ça. En compagnie d'une actrice au bord du gouffre qui arrive avec peine à maintenir sa clope dans sa main droite tellement elle tremble comme une fillette de cinq ans face à son premier cauchemar.

Enfin, craquant d'une dernière impatience, dans mon dernier caprice, je bois une gorgée. Une seule et je comprends ce que le vendeur avait souhaité m'expliquer avec ces paroles maladroite de quarantenaire perdu : C'est délicieux. Voilà tout. Comme le reste ou le sexe, c'est éphémère. Le liquide vient vous transporter, il s'infiltre un peu partout, parfois à des endroits dont vous ne connaissiez même pas l'existence, puis, il se pose sur votre coeur pour l'égorger avec un plaisir mal dissimulé. Enfin, il se tarit au gré de vos pulsation est disparaît aussi rapidement qu'il n'est arrivé à vos côté.

Mais parfois, ça reste coincé. Un dépôt, un objet oublié. Il se cache maladroitement dans un creux suintant laissé entrouvert dans une des nombreuses blessures qui alimentent vos battements de chaire. Voilà où une partie de ce whisky allait donc terminer ses jours : dans un coin de mon coeur, protégé par ton ombre d'inquisitrice sans scrupule.

Reposant la bouteille sur le capot abîmé de ma voiture, je me dis qu'il serait peut-être temps que je termine cette dernière clope avant d'entamer mon voyage.

Le goût qu'apporte habituellement la nicotine et ses relents de goudron me semble inquiétant. Elle laisse aujourd'hui un petit pincement de fer près de mes gencives. Recrachant l'encombrante fumée tueuse, je réalise la chute d'une gouttelette sur le bout de cette cigarette blanche.

Je saigne du nez.

Je touche le bas fond de ce que mon être peut encore m'expliquer.

C'est con.

Parce que je ne me rappelle pas depuis combien de temps je saigne ainsi. En observant d'un oeil lourd mes vêtements, je ne vois presque rien. Le rouge rutilant de ce qui me protège contraste avec le noir abattu de ma chemise et de cette cravate volée chez mon voisin. J'ai peut-être saignée partout, qui peut le savoir dans cette pénombre.

Qui ça intéresse de toute manière.

Mais ce n'est pas esthétique le sang... N'est-ce pas ? Je suis certaine que tu détesterais voir tout ce sang éparpillé sur mes vêtements de riche.

Je retire mes gants en espérant y faire disparaître la traîtrise dont ils sont imprégnés. Rien ne fonctionne plus, rien n'est à sa place, rien ne m'a stoppée. Personne n'est venue. Tu n'es pas venue à mon secours. Tu n'as pas posée ta main sur la mienne comme tu l'avais fait la première fois, tu n'as pas décrispé mes doigts pour que le couteau tombe en créant un écho au loin. Tu ne m'as même pas adressé le moindre regard au coin du bar.

Enragée et conquise par un sentiment qui ne m'a jamais été connu, je dépose ma veste contre l'argent dégradé du capot sur lequel j'avais l'habitude de m'appuyer pour faire croire aux autres que je possédais le monde entier. La cravate, que mes mains ennuyées délivre, m'échappe pour se briser sur le sol bétonné. Sans un bruit, ces gestes ont contribué à me libérer d'un péché que j'endosse sans rechigner. Le devoir de l'actrice, la responsabilité de l'actrice, les regards sur l'actrice. Tout ça. Je l'avais rêvé. Ça m'avait prise aux tripes, ça m'avait déshabillé de toute empathie.

L'actrice mise à nue sur le toit d'un parking à étage au bout milieu d'une nuit sans étoile dans la cité des anges déchues. Voilà un beau tableau.

J'étais cette actrice. Je suis cette actrice qui, en tirant une nouvelle taffe de sa cigarette, comprends que tu ne viendras plus à mon secours. Tu ne me porteras plus.

Tu n'es pas ici, à m'essuyer les mains, le visage, le cou, avec délicatesse pour en retirer l'hémoglobine que mon corps ou celui d'un autre a rejetée. Ce soir, je suis seule une dernière fois, souriante à m'en décrocher la mâchoire, pour observer Las Vegas et ses habits scintillants d'espoir éreintés.

La cité du diable a belle allure.

Suppressing who I was inside

So I throw two thousand ones in the sky.

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