Chapitre 24 : Rechercher le bonheur
Chapitre 24 : Rechercher le bonheur
Bien loin des luxueux et plaisants quartiers chaleureux, autant géographiquement que par l'écart de richesse et condition de vie, Lía se réchauffait au coin d'un faible petit feu de cheminée crépitant du peu de force qu'il lui restait. Le dos à nu, son débardeur crasseux pleurait d'épaisses larmes boueuses qui causaient de petites mare noirâtres sous le mince fil qui le faisait sécher. Couverte d'une simple couverture, elle ressassait cette discussion avec Thao alors que ses deux compagnons Murai et Uehera arrivaient dans leur repaire.
Le jeune garçon boitait sérieusement, le bout de tissu imbibé de sang enroulé autour de sa cuisse en disant long sur la gravité de sa blessure ainsi que son visage distordu de douleur. Lía se releva immédiatement épaula ses amis.
- Qu'est ce qu'il s'est pas passé ? demanda-t-elle.
- Il s'est prit une flèche dans la jambe, on a réussit à stopper l'hémorragie mais il a perdu pas mal de sang entre temps, y peut être un risque d'anémie...
Les deux femmes allongèrent leur ami sur la paillasse, Lìa renfila rapidement son haut avant de soulever la troisième dalle à droite de la cheminée. Elle sortit une pierre brillante presque translucide ainsi qu'une deuxième plus rougeâtre.
- C'est précaire, mais ça devrait le stabiliser...
- Faudrait aller chercher le doc. dit Uehera
- Ça risque de nous couter cher pour en plus révéler notre planque, mauvaise idée. rétorqua Lía.
- Oui mais là sa vie est en jeu on trouvera bien un autre endroit et on pourra toujours se refaire !
- Elle a raison... articula difficilement Murai entre deux cris de douleur étouffés.
- Alors on fait quoi ? Tu va chercher le doc' pendant que moi je reste là ?
- Ça me semble le mieux ! Je me dépêche ! conclut Uehera en regarda le visage crispé de son camarade.
Aussitôt la décision prise, Lía activa la pierre translucide et l'approcha du visage du blessé. Immédiatement, la pureté de l'air se fit ressentir, te taux d'oxygène grimpait de plus en plus permettant au jeune homme de retrouver une respiration plus régulière. De petites particules blanche virevoltaient autour de lui et s'incrustèrent dans sa plaie. Ses muscles se détendirent alors qu'il desserra son poing.
- L'anti douleur devrait tenir quelques minutes le temps que le doc' arrive. Avec une vraie gemme on aurait pu te soigner instantanément, on ira pas loin avec cette daube...
- C'est déjà mieux que rien, je vais pas faire la fine bouche dans mon état...
- T'es bien positif...
- Je te l'ai toujours dit : si l'un de nous a, pour une raison ou pour une autre, l'occasion de partir vers un meilleur endroit, qu'il le fasse... Et je compte la mort comme un meilleur endroit que ce trou...
- Dis pas ça, je sais qu'il en faut plus pour que tu clamses ! se rassura la jeune femme.
- Ne t'inquiètes pas pour ça, j'suis pas encore près de vous claquer entre les pattes !
- T'as bien intérêt ! Uehera ne s'en remettrai surement jamais !
- Pourquoi elle plus que toi ?
- Laisse tomber, essaye de rester en vie. soupira-t-elle.
Lía fit briller la gemme rougeâtre et la cala sous la paillasse. Une douce chaleur se répandit dans la pièce, faisant cesser les faibles tremblement de Murai. Pendant de longues minutes Lía tourna en rond dans la pièce devenu bien trop silencieuse. Elle prépara un saut d'eau et un linge propre au cas ou le médecin en aurait besoin. Une fois cela fait, elle resta au chevet de son ami, surveillant de près sa respiration et l'écoulement de sang, craignant que la plaie se réouvre soudainement.
Enfin, après cette longue attente, Uehera arriva avec un individu plutôt patibulaire. Il avait une blouse rapiécée de toute part, une grosse cicatrice faisait le tour de son oeil, un peu comme s'il avait été lui tout autant raccommodé. Ses cheveux grisonnant semblaient indiquer un âge assez avancé, mais son visage et sa coupe le rajeunissait à tel point qu'on pouvait vraiment se questionner sur son âge. Il rajusta ces lunette ronde et se gratta la tête nerveusement.
Il s'avança et se mit au travail, réquisitionnant les deux filles en guise d'infirmière de fortune. Il parvint à extraire les échardes résiduelles de la flèche sans aggraver la blessure, puis il désinfecta la plaie brutalement à l'alcool, avec un hurlement de douleur justifié de la part de Murai. Il remit un bandage propre, et en donna d'autre aux deux jeunes femmes.
Il était sauvé mais à quel prix, cela leur avait couté la moitié de leurs magot, puis bien sur dedans il y avait le prix de son silence. Alors qu'il reprenait des forces, les deux amies se mirent à faire chauffer un bouillon de flocon d'avoine.
- On a perdu prêt de six mois de chapardage et de revente... Faut que tu ailles vite plumer ce Geiko...
- Oui je sais, mais il est vraiment bizarre celui là...
- C'est à dire ?
- Je ne sais pas, il était plus bavard que les autres et...
- Et ? demanda Uehera intriguée.
- Il avait l'air bienveillant.
- Bienveillant ? Qu'est que tu me racontes ?
- Habituellement ils ont tous l'air très détachés de ce qu'il se passe, sauf cette grande femme tatouée que j'ai croisé par hasard. Ils ont juste l'air d'être là.
- Juste d'être là ?
- Oui. Je ne sais pas comment expliqué ça, mais la plus part m'ont donné cette impression. D'être juste là, là pour une chose et c'est tout. Pas d'état d'âme...
- Pas d'âme, pas d'état d'âme a ce qu'on raconte....
En guise de réponse, Lía soupira et se reconcentra sur la nourriture qui frémissait.
***
Une semaine plus tard, alors que Thao lisait un roman affreusement épais, un serviteur toqua à sa porte, lui transmettant une demande d'entrevue venant de dame Ishikawa. C'était une chose très rare que d'être convoqué chez la grande patronne. À la fois intrigué et honoré, le jeune garçon se maquilla rapidement pour ne pas la faire attendre.
Du balcon supérieur La grande favorite Gashudakuro Kosui, l'observa rentrer dans le bureau, d'un air inquisiteur. Il frappa contre l'épais bois décoré de pierres scintillantes et la voix de la patronne l'autorisa à rentrer dans ce sain sanctuaire. Elle était en train de griffonner sur des parchemins couleur cuivre avec une plume blanche immaculée. Après avoir gratter davantage, elle l'invita à s'asseoir.
- Bienvenue Thao, sais tu pourquoi je t'ai convoqué ?
- Absolument pas dame Ishikawa, éclairez ma lanterne je vous pris.
- Je serais très brève...
À peine trois petites minutes plus tard, Thao ressortit de la pièce, un peu penaud. Immédiatement Kosui descendit les escalier pour l'intercepter durant sa montée. Une fois l'inévitable arrivé, la favorite toisa du regard le jeune garçon. Son tatouage de crâne l'intimidait toujours autant. De frivoles vapeurs fruitées émanait toujours de sa peau pâle, ce qui rajoutait une touche mystique supplémentaire à la situation.
- Ne bouge pas petit, je ne vais pas te faire de mal. dit-elle calmement.
- Heu... que... d'accord. Balbutia-t-il
D'un geste délicat, elle arracha un simple cheveu de la tête de Thao et grâce à son pouvoir, il se transforma en un petit nuage coloré et parfumé à la vanille. Kosui respira le parfum, mais pas avec un air d'appréciation mais plutôt avec une étrange suspicion.
- Je vois, c'est intéressant. conclut-t-elle en tournant les talons.
- Attendez ! Que voulez vous dire par là ?
- Tu comprendras au moment opportun, pour l'instant il est trop tôt...
Un épais nuage brun et atrocement âcre les sépara, repoussant le jeune garçon par l'odeur pestilentiel.
***
Des mois s'écoulèrent, Thao continuait à donner quelques piécettes à Lía quand celle ci venait le demander. Cependant plus le temps passaient plus le visage du jeune garçon devenait lugubre. Ses yeux auparavant expressif et plein de bonté s'étaient ternis. Sa gestuelle avaient également changé, il semblait effrayé de tout un n'importe quoi, même de son propre corps. Mainte fois il refermait ses vêtements ou modérait ses propres mouvements pour révéler le moins possible de sa peau. Un jour, qui semblait être comme tant d'autre, Lía venait récupérer un peu d'argent mais elle se heurta un homme dévasté. Seul dans sa cage, il bougeait machinalement, les yeux éteints d'une quelconque lueur de vie.
- Qu'est ce qu'il t'arrive ? demanda-t-elle, même si elle le devinait plutôt facilement.
- Je danse...
- Thao ? Qu'est ce qu'il t'arrive ?
- Oh ? Tu m'appelles par mon prénom ?
- Hein ?? s'étonna-t-elle, intrigué car cela faisait un moment qu'elle l'appelait ainsi.
- Oui. Tu m'apprécies maintenant ? C'est pour ça ? fit-il d'un ton plat, fade et insipide.
- THAO ! gronda-t-elle en l'attrapant par la manche ce qui le fit se débattre et crier de terreur.
Sachant qu'elle ne pourrait le calmer vu ce qu'il avait traversé, elle lui caressa la joue tendrement.
- Tu disais que tu étais heureux tant que tu pouvais danser, mais regarde ta misère encore plus grande que la mienne...
Une petite flamme s'alluma dans la pupille du jeune garçon alors que la jeune femme détala avec la garde aux trousses. Heureusement, elle était plus que rodée à ce genre de cavale. Lía rentra donc à sa nouvelle planque dans laquelle se trouvait Murai qui récupérait de sa convalescence devant un petit feu de bois. Elle s'assit à coté de lui et se racla la gorge.
- Dis... Je risque de faire une énorme erreur d'ici quelque temps, il y a des risques qu'on ne se voit plus...
- Drôle de façon de me faire de potentiels adieux. Tu veux partir en voyage de noce avec notre fournisseur ?
- T'es perspicace...
- Ça risque de nous compliquer la tache à Uehera et moi...
- Je sais, désolé...
- Ne t'en fais pas, avec ce qu'on a mit de coté on devrait se débrouiller pendant un petit moment. Sinon, quand es tu tombé amoureuse ?
- Il y a quelque mois, alors que médisait sur lui et sa.. profession il m'a dit: ''C'est drôle, chacun peut voir du bonheur dans le malheur de l'autre''. Moi qui jugeait que ce n'était pas grave ce qu'il vivait alors qu'il était nourri loger et pouvait se divertir comme il le voulait. Et lui qui trouvait une forme de liberté dans notre situation. Je crois même qu'actuellement c'est ce qu'il veut, partir loin de tous ça et oublier ce qu'il est en train de vivre. Et puis sa bienveillance envers moi, je sais pas il dégageait quelque chose de doux et de tendre, une chose qu'on a pas vraiment connu ici.
- Et bien je ne pensais pas si romantique. Que comptes tu faire une déclaration d'amour durant une pièce et filer comme le vent ? Je ne veux pas être pessimiste mais cela a très peu de chance de marcher.
- Je ne me suis pas tourné les pouces pendant ce temps, j'ai une idée. Je vous ferais mais adieux en bonne et du forme plus tard.
- Tu sais qu'en tant que chef je trouve cette idée stupide et insensée. Mais en tant qu'ami, si tu es sure que cela rendra ta vie plus heureuse vas y, après tout on a pas grand chose perdre.
- Je vais demander un coup de main à cette Kosui...
To be continued
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