Chapitre 20: Désir et prière

Chapitre 20: Désir et prière

Le soleil s'était déjà levé depuis plusieurs heures, de doux rayons de soleil percèrent à travers les volets de la chambre de Lía. Un faisceau de lumière finit fatalement par se projeter sur les yeux de la belle endormie. Elle poussa un petit couinement de désagrément en plaquant sa main contre son visage. Immédiatement elle regarda si son petit ami était toujours à ses cotés mais sans trop de surprise, il était déjà parti à l'auberge.

Un peu déçue de ne pas pouvoir contempler son visage, elle se retoucha la joue, là où il l'avait caressé la veille. Lía reconnu son parfum habituel, un mélange de pomme et de cannelle. La guerrière se glissa sur la partie où il avait dormi et planta son visage dans son oreiller. Elle respira à plein poumon ce parfum d'un sourire béat avant de serrer l'objet contre sa poitrine.

- Son odeur...

Pendant ce temps, Thao était déjà en train de servir les clients, vêtu de son habituel yukata fleuri et sa paire de getas. Il posa un plateau de saké et se dépêcha de retourner en cuisine en se recoiffant à chaque aller retour.

- T'as vraiment l'air de bonne humeur ! dit la cliente qu'il était en train de servir.

- Oh ? Tu trouves ? répondit-il de sa douce voix.

- Ah oui ! Depuis que je suis arrivée, tu n'as pas arrêter de sourire ! Avant tu avais toujours un air neutre, la tu as l'air bien plus enjoué.

- C'est vrai que me sens très bien depuis ce matin. ajouta-t-il en serrant de nouveau son plateau vide contre lui.

Cette habitude qu'il avait à chaque fois qu'il était sur la défensive le trahissait totalement. Bien que personne, hormis Xía, ne savait ce qu'ils avaient vécus, la jeune femme devinait aisément que s'était une histoire de sentiment.

- Nǐ juédé tāmen shuì zài yīqǐle ma ? demanda la cliente à ses amis.

- Shéi zhīdào ? répondit l'un d'eux en haussant les épaules.

- Et bien tant mieux pour notre serveur préféré ! Allez on te retient pas plus longtemps, tu dois avoir mieux à faire que de taper la discute avec nous !

Un peu surpris de leurs réactions et ne parlant pas l'ancien dialecte de Míng chú, il préféra lâcher prise et retourner au travail. Un peu plus tard, Lucy finit par arriver à la taverne, toute couverte de sueur après un entrainement matinal avec Taurus. Elle avait déjà commencer à perdre un petit peu de poitrine ainsi qu'avoir une très légère ceinture d'abdominaux qui se profilait. On pouvait aussi remarquer l'apparition de petits muscles sur ses bras et ses cuisses.

Elle parcouru la salle du regard, puis se dirigea vers Thao. Ce dernier eu un léger sursaut en la voyant, il prit une grande inspiration en l'attendant derrière le comptoir.

- Bonjour Lucy ! dit-il en premier en lavant une chope.

- Oh ! Bonjour Thao ! fit-elle surprise, peu habituée à le voir engager la conversation.

- Tu cherches Lía je présume, elle n'est pas là. Elle doit probablement dormir comme une marmotte, tu peux l'attendre ici si tu veux...

- Je vais aller la chercher t'en fais pas pour ça !

- Non mais vraiment te dérange pas ! insista-t-il.

- Ça me dérange pas, vraiment !

- Bon... d'accord. fit-il alors que ses joues prirent une teinte plus rouge.

Lucy arqua un sourcil devant cette réaction mais n'y prêta guère attention. Elle se dirigea donc vers la maison où habitait le couple. Sachant que les portes ne se verrouillaient pas ici, Lucy fit la coulisser et entra. À mi voix, elle appela son amie mais il n'y eu aucune réponse.

- Elle doit vraiment pioncer à poings fermés dis donc.

Alors que la constellationniste arrivait au niveau de la chambre, elle entendu des bruits de respiration haletante ainsi qu'une voix tremblotante.

- Hum ? Elle est malade ? pensa-t-elle alors qu'une autre idée lui vint à l'esprit, mais qu'elle chassa immédiatement.

Lucy resta un peu bloquée devant la fine porte coulissante de la chambre, timidement elle tira dessus et jeta un coup d'oeil furtif dans l'interstice. Immédiatement après avoir prit l'information elle se plaqua contre le mur, devenant totalement écarlate.

Du peu quelle avait vu, Lía se trouvait toujours au lit mais ne dormait pas du tout. La guerrière était allongée sur le ventre, mais le bassin bien relevé. La blonde avait entr'aperçu son visage très révélateur de son état. Elle avait pu voir également une de ses main dirigée entre ses jambes pendant que la deuxième s'accrochait fermement aux draps.

- Je crois que je vais la laisser tranquille....

Entendant davantage de gémissement et de phrase incitant une certaine personne à y aller plus fort, Lucy tourna les talons.

***

- Je t'avais dit de ne pas y aller... soupira Thao en voyant Lucy le visage planté dans la table.

Interloquée, la blonde releva la tête.

- Parce que tu le savais ???

- Disons plus que je m'en doutais... Je la connais. Cette nuit a dû beaucoup la stimuler, même si l'on a fait que dormir cote à cote... J'espère qu'elle ne m'en voudra pas d'avoir été un peu égoïste d'avoir désiré ça....

- Ça restera l'un des moments les plus gênant de ma vie avant longtemps...

- De quoi tu parles ? répondit Lía surgissant de nul part.

La constellationniste sursauta, et se mit à la fuir du regard.

- Heu de rien du tout ! balbutia Lucy.

Lía regarda son amant qui lui répondit par un sourire légèrement gêné ce qui lui fait instantanément comprendre. Une légère gêne apparut sur le visage de la guerrière mais elle était loin d'être morte de honte.

- Ah, bon ça va Lucy ! Entre fille on se comprend n'est ce pas ? Toi aussi tu t'es forcément touchée en pensant à l'être aimé, non ?

- HEEEEEEEIN ? cria-t-elle alors qu'une explosion nucléaire de vapeur s'échappa de son crâne.

- Mon coeur, tu ne devrais pas être aussi crue quand Lucy est avec nous. Je ne suis pas gêné car je te connais mais sois plus compréhensive...

- Désolé Lucy, j'avais oublié que tu étais plus réservée...

Sachant qu'elle ne pourrait jamais s'adapter à cette culture, Lucy soupira. Elle lança un petit regard vers Thao qui resserrait de nouveau son yukata, peut être qu'il n'était plus aussi insensible qu'il ne le supposait.

- Bref, laisse tomber... J'ai bien envie d'aller nager pour me décontracter un peu !

- Bonne idée oui ! dit Lía. T'as bien meilleure mine qu'à ton arrivée ! dit-elle en lui collant une petite frappe dans le ventre

Lucy cracha tout l'air de ses poumons mais elle resta sur ses jambes.

- T'as vu ? Y a pas si longtemps tu te serais effondrée pour moins que ça !

Lucy serra les poings d'un air fier en regardant sa compagne.

- L'entrainement commence à payer oui ! Je me sens prête à déplacer des montagnes !

- Et bien c'est parfait pour nous ! On se retrouve au lac des Sylvains pour se baigner !

- Ouais ! Je bois un petit jus de fruit et j'arrive ! Tu peux m'en servir un Thao ??

- Oui bien sur avec plaisir, je m'y mets tout de suite ! ajouta-t-il d'un doux sourire rappelant une certaine barmaid à Lucy.

Thao retourna a son comptoir pendant de la guerrière sortit de la taverne et que Lucy s'installait sur son siège. Le tenancier se mit à faire un petit mélange citron vert, goyave, papaye et orange. Ajoutant des glaçon et une paille, il le posa d'un geste précieux devant sa cliente. La constellationniste remarqua ses ongles vernis d'un très léger rose ainsi qu'un fond de maquillage sur le dos de ses mains, camouflant ses veines et rendant son teint plus pale.

La blonde but sa commande plutôt avidement dans un premier tant avant de calmer sa descente pour plu profiter du gout. Elle se compara intérieurement à Cana avant de pouffer de rire en repensant aux nombreuses cuites de son alcoolique préférée. Elle posa son verre vide d'un sourire heureux.

- Dis Thao, pourquoi es tu si... raffiné ? Tu n'es pas obligé de me répondre. dit-elle après un petit temps de réflexion pour choisir son mot.

- Je ne sais pas Lucy, et sans te mentir je ne veux pas vraiment le savoir. Je me plait ainsi et c'est le principal à mes yeux.

- Pourquoi ? On t'as forcé à être ainsi ?

- Je ne pourrais nier cela, mais comment renier la seule vie que nous pouvons connaitre ? Certes je n'ai pas décidé de mon corps ni de mon habillage et encore moins de mon éducation, mais je les acceptés, durement mais j'ai à présent fait la paix avec ceci.

- Tu veux bien m'en parler davantage ?

Un petit frisson d'angoisse traversa le jeune homme.

- A... Après la cérémonie de cet après midi si tu le veux...

- Quelle cérémonie ? demanda Lucy, intriguée et curieuse.

- Nous devons refaire notre stock de viande, nous sommes bientôt à cours de ration séchée.

- Il faut une cérémonie pour ça ?

- Et bien oui. Tu as du remarqué que nous ne mangeons que très peu de viande. Premièrement car les plantes de notre village sont bien plus efficaces que la viande pour les apports nutritif et que notre respect envers la faune et la flore nous interdit moralement de faire de l'élevage intensif.

- C'est vrai que j'ai toujours vu les vaches et les boeufs profiter de larges espaces pour un nombre plutôt restreint.

- Notre viande est probablement la meilleure du monde grâce à leurs conditions de vie, elle est donc vendue à prix d'or notamment à Capital ainsi qu'au bourgeois de la fédération. Nous ne dépassons guère la dizaine de vie par mois, ce qui rend le produit encore plus rarissime.

- J'en connais un qui devrais être plus reconnaissant de manger de la viande, pouffa Lucy en pesant à une certaine allumette aux cheveux roses.

- C'est vrai que je trouve cela irritant de voir certaine personne ne pas respecter la nourriture en préférant tout engloutir plutôt que simplement se sustenter...

- Il y a de ces choses qui resterons inchangées je crois...

- C'est bien fort possible hélas...

***

- Aujourd'hui, Ô Boeuf nous venons de nouveau te prendre tes os et ta chaire. Sans douleur et sans haine nous te allons te faire retourner à la Terre nourricière !

Xía, dans une tenue grimée de plumes, de fourrures en tout genre et de graines récitait des prières face à un boeuf assommé devant elle. Grâce à son pouvoir, de robustes racines enlaçaient ses jambes pour lui permettre de tenir debout. De son bâton finement ouvragée, elle fit apparaître un nuage de spore autour de la bête. En à peine une poignée de seconde, les particules s'infiltrèrent dans son organisme et ressortirent quasiment immédiatement.

Sa cage thoracique cessa tout mouvement puis les spores s'envolèrent féériquement vers le ciel, comme s'ils étaient mus par l'âme du boeuf.

Des lianes sortirent à leur tour du spectre, serpentant vers le corps, elles pénétrèrent l'épais cuir animal au niveau de son torse. Xía tendit sa main libre pour recueillir le coeur du boeuf qui en plana vers sa direction, enrobé de lianes. D'un geste noble, madame le maire changea la verdure en un vase de bois. Un bouchon en forme de tête de bovin vint s'emboiter et sceller son contenue.

La jeune fille marcha très lentement grâce à ses racines qui la soutenait vers un autel de pierre, tenant l'offrande contre elle.

- Ô Boeuf, nous déposons ton coeur au sein de la plaine qui t'as vu naitre et mourir. Nous te remercions de ce que tu as offert et nous espérons que tu renaisses en ses lieux peu importe la forme de ta résurrection. Nous te prierons pour ne pas attirer ton courroux éternel et pour que ta nouvelle vie soit emplie de bonheur... Yǒngyuǎn xièxiè nǐ !

- Yǒngyuǎn xièxiè nǐ ! Dirent les villageois en posant un genoux au sol et déposant une fleur au sol.

Xía baissa humblement la tête alors que Lucy se pliait également à la coutume. Après une minute de silence, le peuple se releva et partit vaquer de nouveau à ses occupations. À l'exception d'un homme qui s'approcha de la bête et la déposa à mains nues sur une planche de pierre blanche. Se souvenant de la promesses fait à Thao, Lucy retourna à la taverne. En chemin elle se demandait ce que penserait Taurus de tout cela. Ne préférant pas oser une telle question, elle décida de s'abstenir de le lui demander.

Une fois arrivée à destination, elle vit le couple l'attendre dans l'arrière boutique. Main dans la main, ils l'attendaient. Lucy s'installa devant eux et n'osa pas prononcer le moindre mot. Thao se mit de nouveau à transpirer et à trembler. Mais ce contact de la main avec sa bien aimée ainsi qu'un échange de regard parvinrent à l'apaiser temporairement.

- Je ne suis pas très doué pour raconter les histoires, mais je vais faire de mon mieux et commencer par le commencement... Alors voila...

- Vas y doucement Thao, c'est pas peut être encore un peu tôt... dit Lía.

- J'ai... été vendu par mes parents quand j'avais 4 ans... articula-t-il en déglutissant.

To be continued

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