dix-neuf
J-73
6 octobre 2020, 6h48
Lycée Paris
Lila Grey
Pendant qu'Emma veut commettre un meurtre, j'essaye de comprendre pourquoi je me suis réveillée sur la chaise de mon bureau et pas dans mon lit ? J'ai aucun souvenir.
Emma : Enfin ! Cette salope d'araignée est morte !
Lila : Emma... Pourquoi je me réveille ici, et pas dans mon lit ?
Emma : T'étais éveillée toute la nuit, à bosser sur tes devoirs.
Je me pose pas plus de questions, je file à la salle de bains.
Plus tard, en espagnol, je suis tellement perdue dans mes pensées que j'écoute même pas ce que la prof dit.
Paola me donne un coup de coude. La prof me dit :
Mme Sanchez : Mademoiselle Grey, je vous parle depuis une demi-heure. Je vous repose la question : avec qui allez-vous mettre pour l'exposé ? Hein ?
Lila : Euh...
Paola : Elle va se mettre avec moi.
Mme Sanchez : Merci pour ton intervention très utile, mademoiselle Locatelli. Paola me lance un regard noir.
Je suis perdue, je sais plus comment je suis atterrie ici, je sais même pas sur quel sujet on doit travailler. Que m'arrive-t-il ?
Pendant la récré, je me dépêche de finir la dissertation de Diego. J'ai pas pu finir cette nuit, parce que... Parce que je crois que je me suis endormie.
Paola et Emma me rejoignent.
Paola : Qu'est-ce que tu fais, par terre ?
Lila : Je fois finir la dissertation de Diego.
Emma : Diego ?
Lila : Laissez-moi, juste cinq minutes. J'ai presque fini.
Paola : Attends attends, depuis quand tu fais ses devoirs ?
Lila : Je peux pas t'expliquer maintenant, j'ai pas le temps. Paola arrache la feuille que j'avais dans les mains et fais demi-tour. Je me lève et la suis. Non attends, Paola ! Rends-la moi ! Elle refuse ! Diego et ses potes observent Paola, le sourire aux lèvres. Quelque uns sifflent. Énervée, elle jette la dissertation sur la gueule de Diego.
Paola : Lila n'est pas ton chien, c'est un être humain, une personne ! T'as qu'à les faire, tes devoirs de merde ! Ne t'approche plus de ma copine ou t'auras affaire à moi. Je l'avais jamais vue comme ça. Elle prend mon bras pour nous faire éloigner.
Lila : Non attends, il faut que je la reprenne...
Paola : Non, c'est terminé. Et depuis quand tu fais ses devoirs à sa place ? C'est à lui de les faire, pas à toi !
Lila : Tu peux pas comprendre...
Paola : Je sais pas ce qu'il se passe chez toi, mais depuis ce matin, t'es bizarre.
La sonnerie retentit, Paola me laisse toute seule dans le couloir, avec mon pauvre sac. Pas loin d'ici, un policier fouille un casier d'un élève noir. De l'autre côté, un jeune policier mate le cul d'une terminale. Non mais attendez... Je rêve ou...?
À midi, je mange avec Emma. Je triture les doigts, je me ronge les ongles, mon regard fait des zigzags sur les gens qui passent derrière Emma.
Emma : Détends-toi, meuf. ¿ Qué pasa ?
Lila : Je suis trop stressée, putain.
Emma : Pourquoi ?
Lila : Les cours, les devoirs... Y en a trop. C'est beaucoup trop dur. J'arrive plus à continuer. Je dois aussi m'occuper de mon père dépressif et mon grand-père est dans le coma. Putain, j'en ai marre de ma vie merdique. J'ai envie de tout abandonner. J'ai surtout envie de pleurer.
Emma : Je suis désolée, babe. C'est comme ça, la vie est parfois injuste. J'espère que ça va aller pour ton grand-père, j'espère que tout va s'arranger.
Elle attrape ma main en me souriant.
En réalité, il y a encore une autre raison. Depuis l'acte terroriste, j'ai peur qu'on vienne me trouver pour me faire du mal. Je suis terrorisée. Dès que je ferme les yeux, je fais des cauchemars. Je veux plus dormir. C'est le stress, la panique, la peur, l'anxiété.
Emma : Je sais ce qu'il te faut. Elle sort une petite boîte blanche. Pas d'étiquette, pas d'écriture. Des médicaments anti-stress. Tu en prends deux par jour, t'iras mieux. Fais-moi confiance. Je prends la boîte et la mets dans ma poche.
Le lendemain, le mercredi, je me réveille, cette fois-ci, dans le couloir. C'est Maddie qui m'a retrouvée, elle m'a réveillée brutalement (coup de pied dans les jambes). Je sais plus comment je me suis retrouvée ici, mais je me souviens avoir pris, la veille, des médicaments anti-stress. Et je me souviens également que j'ai terminé mon exposé d'espagnol. Je crois que je n'ai dormi qu'une seule heure. Une petite heure sans cauchemars.
Je me prépare avant d'aller manger au self.
Le soleil est au rendez-vous aujourd'hui. Je reviens dans ma chambre, vers 16h, juste après l'entraînement de natation. Emma lit un journal, ce fameux et célèbre journal. La colère prend le dessus, je l'arrache et déchire les pages.
Emma : Mais qu'est-ce que tu fous ?! Je lisais !
Lila : Ce sont des fake news, des rumeurs à la con ! Cet article ne devrait même pas exister ! Mon regard se porte sur le bureau d'Emma. C'est quoi, ça ? Attendez... Putain, tu prends de la drogue ?!
Emma : Je suis pas la seule.
Lila : Comment ça ? Paola, aussi ? Jesse ?
Emma : Lila chérie... C'est pour ton bien.
Comme je pige rien, alors je sors de la chambre, encore en colère. Au bout du couloir, je bouscule involontairement une personne. Celle-ci m'interpelle, je reconnais immédiatement sa voix de canard.
Kylian : Grey.... Anatomy !
Lila : Fous-moi la paix avec tes vannes de merde. Il prend mon poignet, je me retourne. Son visage... Encore des bleus. C'est le Boss qui t'a fait ça, hein ? Sa main se pose sur ma bouche pour que je me taise. On s'éloigne un peu.
Kylian : La ferme. Parle pas de ça ici.
Lila : Quand va-t-on parler de ça ? Je te rappelle que cette histoire me concerne puisque le « terroriste » connaît mon nom.
Kylian : C'est réglé maintenant.
Lila : Réglé ? Pourquoi mon petit doigt me dit que tu mens ? Pourquoi tu mens comme tu respires ? Je sais pas comment tu fais pour supporter tout ça, mais moi, toutes les secondes, j'arrête pas de me dire que j'ai failli mourir, que j'ai constamment peur, que j'ai cette boule dans la gorge et qu'elle veut pas partir. Que mon cœur bat beaucoup plus vite qu'avant. Et tout ça, c'est à cause de toi, tu m'as mis dans la merde ! Tu NOUS as mis dans la merde, nous étions tous en danger à cause de toi ! Lana est morte à cause de toi.
Je remarque que les personnes de l'internat sont sorties de leurs chambres pour écouter cette conversation super intéressante. Kylian se retourne.
Kylian : Foutez le camp, il n'y a rien à voir ! Allons dans ma chambre.
N'ayant plus la force de continuer à l'engueuler, j'entre dans le couloir des garçons, accompagnée de Kylian. Une fois dans sa chambre, il ferme la porte. On sait tous les deux que j'ai pas le droit d'être ici, c'est strictement interdit. Et c'est là que je me rends compte, en me scrutant dans le miroir, que je suis affreuse. Mon visage est pâle, j'ai des immenses cernes noires, des yeux injectés de sang et mes lèvres tremblantes sont sèches. Kylian m'observe. Ma crise de panique est déjà oubliée.
Kylian : Tu es dans un sale état.
Lila : Merci, j'ai remarqué. Je lève les yeux au ciel. Il prend mon bras, je fais volte-face.
Kylian : Ça fait combien de temps que tu dors plus ?
S'inquiète-t-il pour moi ? Et puis, comment il le sait ? Ça se voit tant que ça ?
La porte s'ouvre et Diego et Presnel apparaissent. Shit.
Diego : Elle fout quoi, ici ? Elle a pas le droit.
Lila : Diego, je suis désolée pour hier matin, je peux re-
Diego : C'est trop tard. Notre deal est rompu.
Kylian : Deal ?
Lila : Non, s'il te plaît, Diego.
Diego : À cause de ta pote, je suis maintenant dans la merde.
Il me prend par les épaules, il me pousse et je me cogne contre la commande. Je pousse un léger cri de douleur. Diego s'apprête à continuer, mais Kylian l'attrape à temps et son coup de poing atterrit sur le nez de son rival. Je choisis ce moment pour m'échapper.
Presnel : Lila !
Diego : Course-poursuite !
Je sais qu'il est derrière moi, il est suivi par Kylian et Presnel. Je cours jusqu'à en perdre haleine, entrant au troisième étage, bousculant au passage Cara et Maddie, mais j'ai pas le temps de m'excuser, un mec dangereux est à ma poursuite ! Affolée, paniquée, je perds mon sens de l'orientation et voilà que je me retrouve dans une salle de physique, remplie de matériel. Je suis piégée, Cara et Maddie sont là. Putain, elles m'ont suivi ?! Derrière elles, Kylian et Presnel, essoufflés. Et pour clore la marche, Diego ferme la porte à clef, regard haineux, sourire malicieux.
Comment je vais sortir de là ?
•••
PSG 🆚 Atalanta !
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