Temps (2)
Gabin était un humain et il savait une chose : le temps touchait tout le monde, sans discrimination. Le temps avait un impact sur les animaux, les plantes, les objets ; l'animé comme l'inanimé.
Alors pourquoi seuls les humains en ont conscience ? Une plante ne se rend pas compte que ses fleurs fanent avec le temps.
Parce que Gabin et les autres sont face au temps, face à la vie, face à d'innombrables marques de repères.
Gabin regarda ses mains. Elles étaient moins douces que jadis. De petites rides se dessinaient sur son front et sur le coin de ses yeux. Il vieillissait et il le savait. Et il voyait les autres vieillir. Il voyait les feuilles tomber, il voyait le soleil se coucher et se lever. Tout ceci lui indiquait que le temps passait.
Gabin voulut stopper ce face à face inévitable avec le temps qui lui paraissait horrible. Alors il s'enferma dans une pièce, sans fenêtres, sans miroir, vide. Mais il remarquait que la poussière se déposait sur le sol. Et puis son corps ne le trompait pas. Gabin avait toujours sommeil et il ressentait la faim. Pendant deux jours il savait à peu près à quel moment de la journée il était. Mais il ne savait pas les minutes et les heures. Au final, Gabin se retrouvait obnubilé par le temps qu'il cherchait à fuir en cherchant à savoir quelle heure il était.
Et là, il comprit que les hommes étaient désormais obsédés par le temps, par l'heure, les minutes, les secondes. Tout le monde avait une montre. Toutes les pièces avaient des horloges.
Le temps était partout et l'homme s'en était rendu dépendant. Même Gabin. Pourquoi souhait-il absolument savoir l'heure lorsqu'il était dans cette pièce ?
Parce qu'il avait pris l'habitude de s'appuyer sur ce repère. On se sent perdu sans le temps. Gabin l'avait bien vu.
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