🐦 Inspirations pour le tome 1 de Conte de faits
[WARNING - spoiler et décryptage des derniers chapitres de Mon oiseau blessé]
Publié originellement en 2021, ce bonus a été modifié à l'été 2022, après la fin de publication de la version réécrite du roman, afin de donner des informations mises à jour.
Thématiques
Le thème principal de Mon oiseau blessé est le masque sociétal, celui qu'on doit porter dans certaines situations, et celui qui devient, pour certaines personnes de l'entourage plus ou moins proche, l'unique perception qu'elles ont de notre être profond. Parfois, avec l'habitude, avec l'éducation, avec le milieu dans lequel on doit survivre, on en arrive même à oublier notre moi, à penser que le masque est notre vraie personnalité. C'est une thématique récurrente dans mes histoires. Le métier de Maewon est une bonne excuse pour aborder ce thème. Comme il était déjà qualifié de diplomatique dans sa première apparition dans La prunelle de vos yeux, je ne voyais pas d'autres professions pour lui.
Il y a aussi mes autres thèmes favoris (ou plutôt qui s'imposent à moi sans demander mon avis) : les conséquences des choix de vie, la solitude, le poids des responsabilités, les chaînes des traditions, le clivage des classes, et le combat contre les préjugés.
Vous avez avalé un roman sur des sujets psychologiques et sociaux hyper prise de tête, en pensant consommer de la comédie romantique MxM, avec de la baston cool, dans un univers fantasy sympa. Poursuivez l'amusement avec le deuxième tome.
Symboliques
1) La rencontre improbable de l’océan avec le sommet de la falaise
Dans le chapitre intitulé « Sauvetage », le continent des fées est décrit comme un pays « haut et plat, inaccessible et inintéressant. » Le continent où il habite est le symbole de Tom, tel qu'il se perçoit : inaccessible et inintéressant. C'est un prince, mais on ne le laisse pas s'exprimer, il obéit à son frère aîné, il ne voit pas sa mère, et il vit entouré de domestiques. Il ne se sent donc pas digne d'intérêt puisque toute sa vie, on lui en a montré si peu. Cette image est reprise dans le chapitre intitulé « Le prince sans son diplomate ». Tom résoudra ce point dans le tome 2.
Maewon, quant à lui, est régulièrement comparé, ou lié, à la mer ou l’océan.
Pour rendre possible l'improbable rencontre du haut de la falaise et de la mer, il y aura beaucoup de chemin à parcourir encore, développé dans le tome 2.
2) L’amour comme un miracle palpable
[Attention : ce qui suit est très spoiler si vous n'avez pas lu le chapitre intitulé « Savoir »]
Tom n'a jamais menti à Maewon de façon active, uniquement par omission. Lorsqu’il explique le fonctionnement des ailes des fées, il dit la vérité. Maewon croit Tom car, même s'il ne l’a pas encore admis ou compris, il aime déjà Tom. Il ne peut y avoir amour sans confiance. Seule une fée avec ses ailes pouvait sauver Maewon de lui-même : pour le semi-elfe qui a toujours été dans le doute et les incertitudes sur ses sentiments autant que sur ceux des autres à son égard, il existe soudain face à lui un moyen fabuleux et palpable de connaître ceux de Tom, de toucher la preuve de son amour indéfectible.
Les ailes de la fée sont le témoignage inconscient de son amour, et le fait qu'elle vive sans danger, avec toute sa magie, auprès de la personne aimée est la preuve des sentiments de cette dernière envers sa fée. Cependant, l’Histoire des fées utopiennes démontre qu'au lieu de résoudre les problèmes de couple, conserver ses ailes est une véritable épreuve pour la fée amoureuse. C’est un indice pour les événements à venir dans le tome 2.
3) La quête de la liberté
Il y a beaucoup d'oiseaux, réels ou métaphoriques, ou de noms (Merle et Maewon) qui suivent cette thématique dans l'histoire. Ils symbolisent la recherche de la liberté effectuée par Tom. Et me permettent de faire des jeux de mots pourris, ainsi que de rentabiliser mes recherches de synonymes pour le terme "oiseau".
Sources d'inspiration
Les fées : toute la littérature médiévale et les contes traditionnels sur le petit peuple m'ont inspiré des caractéristiques pour mes fées. Cette race est évoquée dans le tome 1 de la saga La prunelle de vos yeux. On y disait qu'il n'y avait plus de fées ni de nains depuis très longtemps et qu'on n'en connaissait pas la raison : guerre, exil, génocide...? La raison est expliquée au fur et à mesure dans la saga spin-off. On pourrait croire que les traditions orales chez les autres races auraient préservé des traces de la façon dont les fées ont disparu. Il ne faut pas oublier qu'il y avait de fortes tensions à l'époque, dues aux nombreux homicides de fées, qui ont puni les coupables sans autre forme de procès. Dans un camp comme dans l'autre, on parle généralement peu des ennemis morts. Une certaine culpabilité collective peut aussi expliquer le fait que les autres ethnies aient préféré cacher à leurs descendants tous les événements ayant conduit à l'apparente mort de toutes les fées.
La société matriarcale des fées : le fait que le mot "fée" soit au féminin en français, et la représentation traditionnelle typique de la fée en tant que femme, m'ont permis d'introduire la notion de sexisme dans mon histoire. C'est une forme de discrimination, et les discriminations sont l'un des thèmes majeurs de mes histoires.
Quand une langue se permet de considérer que le genre grammatical de tout un groupe de personnes est décidé par le sexe d'une seule personne de ce groupe, il y a forcément une mentalité sexiste ambiante. Que cette ambiance soit problématique ou non est liée à notre propre perception, ainsi que le traitement du groupe "faible" par le groupe "fort" – qui doit se battre de son côté contre les préjugés liés à sa soi-disant force – mais l'ambiance discriminatoire est bien là.
En résumé, une pensée est abstraite. La rendre compréhensible, pour nous-mêmes ou pour les autres, passe par l'utilisation d'une langue, d'une autre, voire d'un mélange de plusieurs. Je ne sais pas s'il est nécessaire de changer un langage pour changer les mentalités. En revanche, je sais, par expérience personnelle, qu'une pensée est influencée par une langue, tout comme un langage est aussi influencé par les mentalités.
Les jeux de mots et calembours sont également très compliqués à transmettre dans une autre langue. Il y a des termes intraduisibles d'une langue à une autre. Il arrive aussi, même après explication, qu'un concept de société soit incompréhensible par un étranger même s'il maîtrise la langue du pays qui possède ce concept. Une langue est une vision du monde. Et notre place, ou la place qu'on souhaite obtenir, dans le monde, détermine, consciemment ou inconsciemment, notre façon de nous exprimer, notre choix, plus ou moins déterminé, d'utiliser un mot plutôt qu'un autre, dans une langue plutôt qu'une autre.
Les ailes des fées : je me suis basé sur l'ancienne croyance qu'une fée mourait à chaque fois qu'un enfant déclarait qu'il n'y croyait plus. Dans mon histoire, l'apparition des ailes étant liée à l'amour, le partenaire qui ne croit pas à la pureté de ce sentiment, qui ne le ressent pas, qui préfère d'autres satisfactions plus matérielles que l'amour, a l'opportunité de voler la magie de la fée qui l'aime. Par cet acte, elle est trahie et violentée, elle perd une partie d'elle-même et elle perd sa magie. Symboliquement, nous assistons à la fin de la magie de l'amour. Et la fée peut éventuellement en mourir. C'est ma symbolique pour l'amour trompé. Vivez avec.
Le netun et l'auallach : dans mon histoire, le netun est un dialecte des farfadets. La langue parlée instinctivement par Merle dans le chapitre « Rencontre nocturne », sa langue maternelle, ressemble en sonorités au netun. Dans ma première version du roman, la révélation que les farfadets sont des cousins éloignés des fées ne vient que vers la fin, en information brute. Dans la version réécrite de Mon oiseau blessé, cette surprise n'a pas lieu, puisque dès le prologue je donne l’information. La surprise est remplacée par une plus grande connivence avec mon lectorat.
Le mot "netun" est un terme de vieux français, certainement dérivé de Neptune, le Dieu marin. Le terme désignait toutes les petites créatures mythiques malicieuses et nuisibles, et au fil du temps, a donné le mot "lutin". Je l'ai trouvé en cherchant un terme pour désigner dans mon histoire la langue cousine de celle des fées. Le nom de la langue des fées est déjà mentionné dans certaines fiches personnages du tome 1, sans jamais apparaître dans le texte de l’histoire, car il sera donné en information brute au tome 2.
« Auallach » est un mot gallois lié aux légendes Arthuriennes. J'ai conçu la langue de mes fées comme un mélange hasardeux de langues nordiques à base germanique. Les noms des familles royales du Nord et du Sud sont en danois. J'ai pris des mots islandais, suédois et finlandais pour certains noms de personnages fées. Et grammaticalement, ma langue fée est bourrée de déclinaisons comme en allemand. Il y aura quelques phrases dans cette langue dans le tome 2, mais très peu. Parce que la sonorité est moche à l’oreille, et l’orthographe inconnue me fait perdre du temps avec le correcteur de mon téléphone qui persiste à changer les mots que j’écris dans cette langue. De plus, je n'ai pas les capacités de Tolkien pour en travailler suffisamment la grammaire.
Autres sources d'inspiration :
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser en commentaires. Je n'ai pas fait une liste de mes recherches et inspirations, alors je ne me souviens plus quels aspects de mon histoire proviennent d’autre chose que mon imagination et beaucoup de travail. Je peux expliquer en détails quand on me pose des questions à peu près ciblées, mais de but en blanc, de mémoire, je ne saurais pour l'instant pas vous citer les autres sources d'influence pour la saga féerique.
Merci pour votre lecture. J’espère que les personnes qui auront bien voulu relire cette version-là du chapitre, par rapport au brouillon présenté en juin 2021 dans mon rantbook, trouveront que mes phrases sont mieux tournées et que la suppression de mes blagues ineptes a rendu l’analyse encore plus intéressante ! (On y croit.)
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