La dinde de Noël

Hey, ici Lily au studio~
(Non non ne fuyez pas, promis c'est court cette fois ! Enfin plus que d'habitude parce qu'actuellement c'est le plus long du calendrier mais... Ne fuyez pas quand même X))
Du coup, bon début de semaine et bonne lecture :3

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Son souffle formait une petite brume blanchâtre tandis qu'il avançait, à moitié recroquevillé et les mains dans les poches, dans l'espoir de garder pour lui le peu de chaleur que son corps réussissait à produire. Le chapeau qui lui ornait la tête ne lui était pas d'une très grande utilité, néanmoins il refusait obstinément de le troquer contre un bonnet plus chaud.

La neige crissait sous ses pieds, immaculée. Elle s'égrenait tels les grains de sable d'un sablier, en un peu plus froid et humide évidemment, depuis maintenant une bonne trentaine de minutes, comme pour narguer le mafieux qui était de sortie.

En effet, la mafia, bien que peu croyante, célébrait encore une fois cette année Noël, et la petite fille, pour ne pas dire peste, à l'origine de ce phénomène depuis plusieurs années était toute désignée.

En réalité, c'était elle qui tirait les ficelles de la grande organisation dans les coulisses, pensa amèrement Chuuya, avec néanmoins un petit sourire.

Mais comme cette chère Elise était incapable de se décider sur quelles décorations opter pour les festivités, cela faisait maintenant plus d'une semaine qu'absolument tous les mafieux se démenaient pour en apporter une correcte. Mais rien ne la satisfaisait, chaque nouveau jour qui passait voyait une nouvelle décoration apparaître, si ce n'était un nouveau thème.

Si le jeune capitaine avait réussi à l'éviter les premiers temps grâce, notamment, à sa charge conséquente de travail, il se trouvait qu'il était aujourd'hui, comme le lendemain, en congé. Le parrain, désespérant de voir tous ses hommes occupés par une tâche aussi insignifiante -enfin, c'était l'avis du rouquin, pas de son chef, car lui aimait trop sa protégée pour le penser- qu'il avait fini par y coller l'un de ses meilleurs éléments. Lui.

« Ramène une décoration parfaite et digne d'elle. Je compte sur toi. » avait-il dit alors qu'il était déjà tard et avec le ton grave qu'il emploie d'habitude, les mains croisées sous son menton, lorsqu'il faut éliminer une société concurrente.

Chuuya soupira, augmentant d'autant plus le spectre blanchâtre de son souffle et son contraste avec l'obscurité de la nuit sans étoiles. Evidemment qu'à cette heure, quasiment aucune autre boutique, exceptés peut-être certains bars, ne seraient ouverts.

Pourtant, et malheureusement, il n'avait pas le choix. Il ne pouvait revenir sans l'objet de sa mission, tout comme rentrer chez lui d'ailleurs, car il habitait sur le territoire de la mafia. Il allait donc devoir errer toute la nuit, jusqu'à ce que les petites boutiques ouvrent le matin, et ce dans le froid de l'hiver et assailli par l'humidité de la neige.

Il leva les yeux pour contempler un instant les flocons cascadant tout doucement autour de lui. Pour n'importe qui, ce spectacle était d'une beauté à couper le souffle, la lumière diffuse de la lune, qui venait d'apparaître à la faveur d'un nuage s'étant décalé, illuminait le tout d'une lumière particulière et splendide.

Mais l'énervement du rouquin était trop important pour qu'il pense à en profiter. Cela eut tout de même le mérite d'apaiser un peu toutes ses idées à vif. Il opta alors pour la meilleure solution qui lui venait en tête à l'heure actuelle, à savoir aller flâner dans un bar jusqu'à l'heure donnée.

Au moins, tant qu'il ne buvait pas trop et qu'il gardait un comportement respectueux, il serait au chaud. Même si ces deux conditions, qui allaient de pair, risquaient d'être dures à respecter.

Il entama donc d'un pas un peu pressé le chemin vers l'une de ses destinations préférées, ayant désormais un objectif précis et un endroit où se rendre, les mains toujours dans les poches et soudain le désir de se réchauffer, bien que son corps commençât enfin à s'habituer au climat mordant de l'hiver.

Il commença à s'interroger sur ce qu'il pourrait bien acheter comme décoration qui satisferait la petite Elise, car il ne s'était pas encore réellement interrogé dessus, mais rien ne lui vint. Il dériva donc quasiment immédiatement sur les cadeaux de Noël. Qu'allait-il bien pouvoir offrir à tous ses camarades de la mafia ?

Certes il n'était pas croyant lui non plus, en même temps dur de l'être dans un monde si cruel, mais il savait que certains de ses amis affectionnaient particulièrement cette fête, aussi chaque année faisait-il un effort pour leur offrir un petit quelque chose.

Le plus dur, c'était toujours pour Koyo. Certes elle appréciait le maquillage et ce genre de chose cosmétique, tout comme les armes blanches simples à dissimuler comme des dagues, mais il ne fallait pas se tromper, et le stress des répercussions si cela arrivait était toujours présent.

Chuuya pensa en souriant que le cadeau le plus simple à trouver serait encore pour Dazai. Une corde le ravirait sûrement au-delà de l'imaginable, d'ailleurs c'était le cadeau qu'il lui offrait tous les ans autrefois. Ça ou des cachets. Mais il n'avait jamais pu se débarrasser de lui, malheureusement. Et puis il avait disparu durant quatre ans, avant de refaire surface dans sa vie en tant que traître, alors, encore une fois, Noël se passerait sans lui. Et c'était pour le mieux, non ? Ce serait plus calme, plus agréable. Surtout que le brun semblait encore plus insupportable et immature qu'autrefois.

Le jeune capitaine ne savait pas trop pourquoi, mais il était encore plus sur les nerfs lorsqu'il le voyait avec son éternel sourire idiot collé sur le visage, ce qui était pourtant à l'origine difficilement envisageable. Avant, sourire de cette façon lui arrivait, mais beaucoup moins souvent. Il était plus sombre et plus renfermé, avant d'intégrer l'agence.

Mais en même temps, Chuuya se prenait parfois étrangement à regretter ces Noël plus que loufoques aux côtés du brun, presque à espérer pouvoir faire en sorte que tout redevienne comme avant. Il en gardait de plutôt bons souvenirs, même s'il ne l'admettrait jamais.

Car, Dazai qui se déguisait subitement en dinde de Noël au repas organisé par la Mafia après avoir trop bu, c'était définitivement inoubliable. Seulement la soirée avait mal tourné à cause d'une énorme bataille de nourriture, de gens totalement incapacités par l'alcool, ou encore à cause de la moquette et des murs repeints des couleurs de l'arc-en-ciel avec fleurs multicolores du bureau du parrain. Dazai avait toujours nié, mais après tout il avait également nié s'être déguisé, donc ce n'était pas réellement crédible. Après tous ces malencontreux évènement,  ce repas de Noël fut le premier et le dernier.

Et, toute la mafia portuaire s'étant retrouvée dans l'incapacité de travailler à la suite de cette fête, et ce durant plusieurs jours, Mori décréta qu'il n'y aurait plus et de fêtes, et de congés spéciaux à cette période.

Alors le rouquin savait très bien qu'il travaillerait certainement ce soir-là, mais il offrirait ses cadeaux plus tard, l'attention comptait, quoi qu'il arrive.

Ça y est, son cerveau fonctionnant presque à plein régime à l'évocation de ces souvenirs le fit oublier l'espace de quelques instants le froid mordant. Il sourit même furtivement en repensant à la raison du déguisement de son ancien coéquipier.

Il l'avait découverte en ironisant dessus, mais suite à la réaction du suicidaire, il en avait tout de suite compris que c'était réel. En effet, cet imbécile heureux avait été persuadé, heureusement sous les effets de l'alcool, qu'en période festive et déguisé en dinde, un chasseur allait bien réussir à le tuer.

Cette déclaration était restée dans les anales de la mafia portuaire, bien que plus personne ne l'évoque depuis sa traîtrise, et lui évitait le sujet ou niait. Car le fait qu'il ait pu se déguiser signifiait qu'il possédait tout l'attirail nécessaire avant.

Le mafieux stoppa net, se rendant subitement compte qu'il était suivi. Il se frappa les deux joues pour reprendre contenance, il aurait dû le comprendre bien plus tôt. Il fallait vraiment qu'il arrête de penser, et plus particulièrement au brun suicidaire.

Il le haïssait tout particulièrement, surtout depuis ce qu'il s'était passé à Halloween, et il se haïssait presque autant pour y avoir cru. Il pensait qu'après cette nuit particulière, leur relation avait évolué, mais absolument pas.

Dazai semblait même l'éviter, et cela le mettait dans une hargne pas possible, sans qu'il puisse autant tourner la page. Il effleura ses lèvres du bout de ses doigts gantés, se rappelant encore cette sensation fugace qu'il avait ressenti.

Puis il soupira, la présence le suivant n'ayant pas arrêté d'avancer et se rapprochant toujours plus. Il réglerait bien ses comptes avec le suicidaire plus tard, pour le moment il avait un autre problème à gérer.

Il activa son pouvoir, observant brièvement le reflet rouge écarlate que cela provoquait sur la neige, avant de se retourner tandis que l'autre arrivait à sa hauteur. Il écarquilla les yeux, se rendant compte que l'autre était beaucoup plus proche que ce qu'il pensait, avant de se faire prendre dans une étreinte étouffante d'une personne trop grande pour qu'il puisse voir de qui il s'agissait.

Il voulut activer son pouvoir pour ne pas chuter sur le dos, mais il n'y parvint pas. Il savait au moins de qui il s'agissait désormais, après tout il ne connaissait qu'une seule et unique personne capable de désactiver son pouvoir.

-C'est pas vrai ! pesta Chuuya, son cœur commençant à s'agiter follement tandis qu'il ne savait pas quoi faire et qu'il étouffait désormais sous l'autre, qui l'écrasait complètement de toute sa masse bien qu'il ne soit pas bien épais.

Il fit un geste pour le repousser, ne souhaitant pas finir sa vie de cette manière -bien que l'espace d'une seconde il considéra l'idée- mais il n'en eut pas le temps. L'autre se releva sur les bras et se recula un peu, juste pour se retrouver juste au-dessus du visage du mafieux, à seulement quelques centimètres.

Son expression un peu perdue rencontra les yeux électriques et accusateur de son ancien partenaire, et soudain son visage se fendit d'un doux sourire, provoquant la confusion totale chez le rouquin.

Mais encore une fois cela ne dura pas longtemps, car Dazai enfouit immédiatement son nez gelé dans le cou du jeune capitaine, provoquant un frisson chez ce dernier et encore plus de confusion.

Ils restèrent quelques minutes comme cela sans bouger tandis que la neige continuait sans cesse de tomber gracieusement. Chuuya se sentait impuissant et désarmé alors que le souffle chaud de son ancien partenaire lui réchauffait agréablement le cou.

Il voulait le repousser et l'accabler de tout ce qu'il avait sur le cœur, pourtant il n'y parvint pas, et se maudit pour ça. Il parvint enfin à aligner deux pensées, mais au moment où il se décidait enfin à rompre ce moment de calme, il sentit l'odeur de l'alcool émanant du suicidaire.

« C'est donc pour ça qu'il est dans cet état » pensa le rouquin, avant d'amener doucement sa main dans les cheveux de l'autre et de les caresser tranquillement. « Quoi que je lui dise, il ne s'en souviendra probablement pas de toutes manières » pesta-t-il intérieurement en serrant les dents.

Enfin, il ne pouvait pas rester comme ça toute la soirée, il fallait qu'il bouge. L'humidité commençant à pénétrer dans ses vêtements dû au contact prolongé entre son dos et la neige le lui indiquait.

Il soupira, et repoussa l'autre, qui grogna un peu de mécontentement. Forcément, ce n'était pas lui qui était étalé dans la neige ! Il allait devoir le ramener chez lui alors qu'il était dans cet état déplorable au point d'en oublier sa fierté.

«Belle soirée en perspective, pensa ironiquement le rouquin. Moi qui comptais aller me réchauffer tranquillement en buvant un bon verre de pétrus, il semblerait que ce soit compromis.»

Il hissa le bras du brun difficilement sur son épaule dans l'espoir de le maintenir, mais il était tellement grand que la tâche était loin d'être aisée.

Chuuya observa quelques instants le visage apaisé du suicidaire, songeur, avant de tiquer en voyant qu'il dormait. Il n'en ratait vraiment pas une, lui !

Il regarda la lune, désespéré, avant de reporter son regard sur son insupportable poids mort. Cette soirée était finalement un peu plus intéressante que prévu, en y réfléchissant bien. La commissure de ses lèvres s'étira indépendamment de sa volonté, et il se mit à marcher vers le lieu de résidence du brun, apaisé pour il ne savait quelle raison.

-Joyeux Noël en avance, crétin de suicidaire. Au moins je ne reverrai pas ta face de poisson avant l'année prochaine ! Considère que mon cadeau est de te ramener chez toi!

N'empêche, qu'est-ce que cet imbécile faisait ivre à cette heure-là dans les rues alors que les fêtes approchaient ?!

Dazai, lui, sourit discrètement. Il n'était absolument pas endormi, et encore moins saoul, une cliente au bar lui avait juste vidé son verre de whisky sur la tête avant de sortir précipitamment à la suite de sa proposition de double suicide. 

« On ne se reverra pas avant l'année prochaine ? C'est ce qu'on verra, Chibi ~ » pensa-t-il intérieurement tout en simulant comme il savait si bien le faire. Enfin, peut-être se trahirait-il avant la fin du trajet, juste pour voir l'expression de rage sur le visage de sa limace, ainsi que son expression gênée après ce qu'il venait de dire ? Il avait encore quelques dizaines de minutes pour y réfléchir, et puis, peut-être qu'entre temps, l'autre lui avouerait encore un ou deux mots doux...

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