Early celebrations

Me revoici, me revoila, c'est de nouveau Pika ~

Pour une fois, ce qui s'avérait rare ces derniers temps, la Mafia Portuaire n'avait personne à exécuter. Et qui disait pas de meurtre ou de démonstration musclée, disait aussi chômage pour les Lézards Noirs.

Si Hirotsu avait mis son temps libre à profit et que Gin en avait profité pour rentrer dormir, se reposant d'un sommeil bien mérité après toutes ces heures de travail enchaînées en l'espace de quelques semaines, Tachihara lui... Disons qu'il n'avait pas de famille vers qui retourner, et pas vraiment non plus de plans.

Alors il était resté à traîner dans le QG de la Mafia. Il avait squatté la machine à café, et vidé au moins trois de ces immondes jus de chaussettes servis dans un gobelet en carton qui s'amollissait sous les doigts. Puis il s'était pas mal ennuyé aussi, en l'espace de quelques heures.

Alors il avait fini par tomber sur un coin pas trop encombré, près des bureaux des exécutifs, où quelques fauteuils en mousse avaient été déposés, juste devant les immenses baies vitrées qui donnaient sur Yokohama toute entière.

Tachihara regardait donc pensivement la ville parée de lumières festives d'un œil pensif. Il avait oublié, mais ils étaient effectivement en plein mois de Décembre, à quelques semaines de Noël... Et l'ambiance s'en ressentait partout.

Jusque dans les murs de la Mafia Portuaire, avec Elise qui insistait pour qu'on pose des décorations et des pièges sous la forme de branches de gui. On s'était donc retrouvés avec des paires surprenantes, mais c'était amusant.

Le plus agréable dans Noël restait tout de même la soudaine bonne humeur de certains membres de la Mafia, que la perspective de croiser des types en costumes rouges et blancs aux quatre coins de rue paraissait grandement exciter. Étrange phénomène, il fallait l'avouer, mais les effets n'étaient que positifs, alors pourquoi s'interroger plus que ça ?

Tachihara caressa le pansement couvrant l'arrête de son nez d'un doigt songeur. Comme tous les mafiosi, il n'avait pas de vacances en période de fêtes et ses jours de repos tombaient plutôt quand il n'en avait que faire comme aujourd'hui mais... Pris d'une envie soudaine peut-être causée par son ennui profond, il se demandait ce que ça ferait si, pour une fois, il se prenait au jeu des sapins et des guirlandes multicolores. S'il tentait de célébrer Noël comme une personne à peu près normale, avec la dinde, la buche, les cadeaux et tout le tintouin.

Après tout, ça ne pouvait pas lui faire beaucoup de mal ? Et puis il avait déjà quelques solides idées de cadeaux pour ses collègues. Pour Hirotsu, ce ne serait pas bien compliqué : un nœud papillon et c'était réglé. Nakahara et son amour incommensurable du vin étaient loin de poser problème. Motojiro apprécierait probablement un kit du petit chimiste ou un truc du genre. Koyo... Il était moins serein quant à l'idée de lui offrir quelque chose parce qu'elle le terrifiait franchement, mais du thé devrait lui éviter de se faire découper en tranches. Gin serait ravie de recevoir quelque chose de dangereux et léthal, il opterait donc sûrement pour une dague, ou du moins une arme.

C'était un euphémisme que de dire que Tachihara appréciait sa partenaire. Elle avait un don certain pour l'agacer, semblait prendre un malin plaisir à le torturer à coup de mots dès qu'il dérapait et avait faillit le rendre fou à force de questionnements sans fin sur son orientation sexuelle, mais il était bien obligé de reconnaître qu'il avait éventuellement un tempérament un peu masochiste.

Parce malgré tout ça, bon sang, il était raide dingue d'elle. C'était quand même sacrément ironique, parce que tout ce qu'il savait faire pour montrer son affection était la provoquer pour qu'elle finisse par lui presser un couteau sous la gorge.

Mais ses fantasmes douteux ne regardaient que lui, après tout.

Et puis ça semblait plutôt bien fonctionner. La vie de mafioso était dangereuse, et très peu adaptée à une relation amoureuse, mais ça impliquait aussi que lorsque les sentiments naissaient ils n'en étaient que renforcés par cette menace silencieuse de voir mourir son aimé(e) pesant sur leurs têtes à tout instant.

La dernière fois que Tachihara avait reçu une blessure potentiellement mortelle, Gin l'avait embrassé. Il se disait donc que malgré ses techniques de dragues absolument hors-catégories, son métier couvrait ses arrières quand il s'agissait d'amour. Car quoi de mieux que la peur de la mort pour faire éclater les non-dits ?

Le faux rouquin décida de s'occuper les mains plutôt que l'esprit, et tout naturellement entreprit de nettoyer son Glock 17 en chantant « Vive le Vent d'Hiver ».

Il en était à traquer le moindre grain de poussière sur le canon avec un chiffon doux quand son téléphone se mit à vibrer soudainement dans sa poche arrière. Ce qui faillit lui faire lâcher son arme, qu'il rattrapa après avoir précairement jonglé avec quelques secondes.

Son cœur cognait frénétiquement dans sa poitrine, et il tourna vivement la tête à droite et à gauche pour vérifier que personne ne l'avait vu se ridiculiser. Heureusement, le karma semblait clément avec lui aujourd'hui, et pas un chat à l'hori... Ou juste un chat, justement, au pelage blanc tacheté de brun et noir. Tachihara aurait juré que les yeux du félin se plissaient, comme dans un rire, et il voulu lui lancer quelque chose mais le chenapan avait déjà filé.

Le jeune homme tira donc son portable de sa poche arrière pour voir qu'un message lui avait été envoyé, par... Gin Akutagawa évidemment. Qui lui demandait de passer chez elle. Il sentit son cœur s'emballer encore plus, et cette fois ci ça n'avait aucun rapport avec la peur ou la honte.

Sa paranoïa le poussa à observer une fois encore les alentours, parce que si quelqu'un l'avait vu rosir, il pouvait dire adieu à sa réputation. Où à sa place dans la Mafia Portuaire, parce qu'il allait regrettablement être obligé de tuer cette pauvre personne. Voire même à sa vie si ce fameux quelqu'un s'avérait être Nakahara-san, Koyo, ou le Boss.

Mais heureusement pour lui, il n'y avait personne pour contempler ses sautes d'humeur. Aussi s'empressa t-il de taper un rapide « Je suis là dans quelques minutes » avant de littéralement sprinter au dehors pour se précipiter dans un tramway.

Par chance, Gin habitait sur le territoire de la Mafia, comme plus de la moitié d'entre eux. Aux côtés, malheureusement, de l'homme le plus terrifiant au monde, Tachihara avait nommé : Ryuunosuke Akutagawa.

Le frère de la jeune femme résidait dans un appartement non loin du sien. Et pas un jour ne passait sans que le faux rouquin ne maudisse cette triste vérité.

Il arriva dans le couloir avec une extrême précaution, épiant presque la porte de Ryuunosuke, craignant qu'il ne surgisse d'un instant à l'autre, Rashômon crépitant derrière lui, pour mettre fin à sa vie. Mais heureusement, personne n'arriva, même quand il pressa la sonnette de chez Gin d'un doigt un peu tremblant.

L'ancien disciple de Dazai ne devait pas être là. Ou il était chez sa sœur, et Tachihara venait de signer son arrêt de mort.

Le faux rouquin attendit donc sur le perron à deux doigts de l'arrêt cardiaque. Et quand Gin lui ouvrit, un sourire chaleureux étirant ses lèvres, il se figea, s'empêchant de justesse de se pincer parce qu'au cas où il ne rêvait pas il allait passer pour un fou.

Il était mort c'était la seule explication.

Parce que Gin en vêtements de civile lui tenant la porte, c'était beaucoup trop beau pour être vrai.

Tachihara ne pensa même pas à l'impolitesse de son comportement quand il resta à la fixer de haut en bas, détaillant ses chaussons à tête de lapin, son pantalon blanc et son pull noir, en se battant pour garder la bouche fermée.

- Euh... Je... Bonjour ? balbutia t-il, un peu stupidement, quand un de ses neurones recommença à fonctionner correctement.

Elle éclata d'un rire clairement moqueur, mais qui sonnait mélodieusement à ses oreilles. Si mélodieusement que quand elle le tira à l'intérieur en constatant qu'il ne bougeait pas, comme figé par la stupeur, Tachihara ne réussit qu'à sourire de manière un peu nigaude.

Ce que l'amour rendait niais !

Mais il se reprit quand Gin le poussa contre la porte, accrochant ses doigts à son col pour le tirer vers le bas, assez pour que leurs quelques centimètres de différence ne soient plus. Assez pour unir leur lèvres dans un baiser qui avait le goût de fièvre... Et de bergamote aussi.

« Joyeux Noël en avance, idiot. »

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