Beloved ones
Ici Pika, pour mon dernier jour sur ce calendrier ! J'ose espérer que vous avez apprécié ce petit séjour accompagnés de ma plume, et je vous souhaite de joyeuses fêtes, puisque c'est le thème ! ~
▪︎°▪︎°▪︎°▪︎
Le soleil était levé depuis une heure trente à peine, et la clarté au dehors se faisait encore hésitante, mais Gin avait décidé que l'horaire était parfait. Emmitouflée dans son manteau sombre, elle portait au-dessous de chauds collants opaques et une robe aux couleurs de l'automne. Ce n'était pas le temps frais qui allait l'effrayer, surtout sur un de ses jours de repos quasiment arrachés au Boss.
Et puis, tôt le matin, il y avait toujours moins de monde dans la galerie marchande. Les frileux et les paresseux venaient plus tard. La jeune femme passa les portes automatiques en acueillant avec un frisson de délice l'air chaud à l'intérieur du hall commerçant. À l'approche de Noël, les galeries se paraient toujours de mille couleurs, entre panneaux lumineux, néons clignotants et statues en plastique mouvantes, chaque échoppe rivalisait d'inventivité pour attirer le client.
Et ça tombait plutôt bien parce que Gin était justement à la recherche de cadeaux.
Elle avait une liste griffonnée à la va-vite en main, et décida de commencer par l'achat pour son frère. Pour une fois qu'il n'était pas près d'elle, elle pouvait tenter de lui faire une surprise, et ça la réjouissait plus que tout. Parce qu'elle les savait peu doués tous les deux pour montrer de l'affection, Noël serait, avec un peu de chance, enfin l'occasion de lui faire passer un message d'amour fraternel. Aussi niais que cela sonnait à ses oreilles, elle avait une véritable volonté de le faire comprendre à Ryuunosuke.
La jeune femme inspira un grand coup dans le hall quasiment vide, se souciant peu des quelques regards intrigués glissant sur elle, et se décida à entrer dans le magasin. Une odeur de parfum capiteux et désagréable lui assaillit directement les narines, et elle plissa les yeux, asphyxiée par la senteur désagréable. Même l'eau de Cologne d'Hirotsu ne sentait pas aussi fort !
Elle détestait les boutiques de cosmétiques.
Tentant de reprendre sa respiration suite à l'assaut violent subit par son odorat, Gin balaya de ses prunelles grises l'endroit où elle venait de mettre les pieds. S'étalant sur une surface plus que déraisonnable, l'échoppe avait un sol recouvert de parquet blanc qui reflétait les leds au plafond et divers meubles d'une sobriété étonnante présentaient maquillage ou flacons. La quantité de produits fit presque tourner la tête de la mafiosa qui ne savait plus où regarder pour trouver ce qu'elle cherchait.
Un homme aux cheveux bruns presque totalement blanchis par l'âge s'approcha d'elle en remarquant la panique sur son visage. Il portait une tenue très formelle, chemise verte et pantalon rouge, sûrement dans l'optique de coller à l'ambiance de Noël, un tablier noir dont la poche ventrale était remplie de testeurs informant Gin sur son statut de vendeur. Il lui demanda aimablement si elle était à la recherche de quelque chose en particulier, et la brune réussit enfin à reprendre contenance.
Une organisation armée jusqu'aux dents la faisait à peine cligner des yeux, mais quand il s'agissait de maquillage elle sentait de grands frissons lui secouer l'échine. Peut être vestige de la fois où, après qu'Higuchi ait appris sa véritable identité, elle s'était vue presque kidnappée par la blonde pour se faire traîner dans un spa. Un véritable traumatisme, rien que l'odeur d'huile de massage suffisait à faire couler une goutte de sueur au creux de son dos désormais.
Heureusement, l'employé de la boutique ne semblait pas vouloir lui faire tester tout un tas de cosmétiques douteux, et lorsqu'elle l'informa de l'objet de sa venue, il fut assez rapide, lui demandant d'attendre pendant qu'il partait chercher dans l'arrière boutique.
Un tube d'eyeliner en main, il la fit passer en caisse, et tout en lui demandant vingt-cinq euros, interrogea :
- Pas de papier cadeau, je suppose ?
Gin leva un sourcil et, tapant le code de sa carte bancaire sur la machine prévue à cet effet, rétorqua avec un sourire de façade qui cachait un amusement presque machiavélique. Elle adorait voir les yeux des gens s'arrondir sous l'effet de la surprise.
- Si, j'aimerais un emballage, s'il vous plaît. C'est un cadeau de Noël pour mon frère, répliqua t-elle avec l'expression la plus angélique qu'elle pouvait se donner.
Et ça ne manqua pas ! Le pauvre homme s'exécuta avec la mine la plus confuse que la mafiosa n'avait jamais contemplée, et elle exulta intérieurement. Le côté « Emo » de Ryuunosuke n'était un secret pour personne, mais elle savait que certains auraient payé cher pour connaître le temps exact qu'il passait chaque matin à parfaire son regard « spécial assassinat ».
Alors qu'elle s'apprêtait à saisir le sac en papier que le vendeur lui tendait, elle sentit son téléphone vibrer dans la poche de son manteau, et s'échappa de la boutique rapidement pour répondre à l'appel, son achat dans les mains. Se posant sur un banc par miracle inoccupé, elle déverrouilla l'écran de son mobile d'une simple pression de son doigt sur la touche menu, priant pour que ce ne soit pas Hirotsu qui lui demande de venir en renfort sur une quelconque mission. Mais le nom affiché sur l'écran était celui de son autre collègue au sein des lézards noirs, et elle sentit son appréhension s'alléger un peu... Sans cependant s'envoler totalement. Décrochant donc avec une pointe d'anxiété, elle lâcha un simple « Allo ? », attendant la suite.
Ses épaules se détendirent dès les premiers mots, quand la voix excessivement grave que prenait Tachihara quand il essayait de draguer atteignit son oreille. Elle retint avec peine un rire, autant parce que ce ton était ridicule dans la bouche du jeune homme que par pur soulagement. Mais avant qu'elle n'ait pu se décider à lui répondre, un peu moqueuse sur les bords, il raccrocha après avoir lancé mystérieusement -enfin, d'une manière qu'il devait espérer mystérieuse :
« - Viens faire un tour du côté du stand de photos avec le Père Noël, j'ai quelque chose à te montrer. »
Ce qui laissa Gin plus que confuse, un peu amusée, un peu agacée, et, il fallait l'avouer... Sacrément intriguée. Il n'était peut être pas si naze que ça dans ses tentatives de laisser planer le suspens, tout compte fait. La brune se demanda ce qu'elle allait faire pendant quelques secondes, et finit par conclure que s'il la faisait se déplacer pour rien, elle irait juste lui dire sa façon de penser. Et puis franchement... Le stand photo du Père Noël ? Il aurait pu faire un effort pour trouver quelque chose de plus glamour.
Mais elle s'y dirigea quand même, guidée par la curiosité.
Quelques secondes à peine furent nécessaires avant qu'elle ne le remarque, de l'autre côté de la file de parents attendant avec leurs enfants. Debout, près d'un banc décoré de guirlandes lumineuses, il avait son éternelle parka à fourrure et semblait geler sur place si on se fiait à son nez rouge et au bonnet à pompon enfoncé jusqu'au dessus de ses sourcils. Tachihara sembla littéralement s'illuminer quand il l'aperçut, et sans qu'elle ne le contrôle vraiment elle se sentit rougir. C'était agréable de se savoir appréciée à ce point là par une personne chère.
Gin traversa la file pour le rejoindre, les mains serrées sur son petit sac, presque nerveuse sans en comprendre la raison. Le faux rouquin avait toujours cet effet sur elle, et il y avait longtemps qu'elle ne cherchait plus à démêler ce curieux sentiment. C'était ainsi, et elle aimait cette sensation de chaleur diffuse qui lui réchauffait la poitrine, tout en sachant qu'elle n'était pas censée la mériter.
Sans que ce ne soit interdit, ni écrit quelque part, tous les mafiosi savaient qu'aimer quelqu'un constituait une faiblesse supplémentaire à exploiter pour l'ennemi. Mais au fond, Gin tenait à tous ses camarades. Higuchi, Hirotsu, Koyo, Chuuya, même le Boss. Son frère et Michizo occupaient peut-être une place encore plus privilégiée dans son cœur, et si cela devait la rendre plus vulnérable, alors elle s'affairerait juste à s'entraîner plus fort pour pallier à cette faiblesse.
- Je suis là, et je ne te demande même pas comment tu savais que j'allais faire mes achats ici, alors... Où est cette chose que tu veux me montrer ? Le taquina t-elle en posant son sac à terre, serrant son manteau contre elle et souriant doucement devant l'expression du mafioso qui avait soudainement changé.
Il paraissait presque penaud, et ses joues avaient rosi d'un coup alors qu'il se passait une main dans la nuque. Puis, finalement, après un moment de silence gênant entrecoupé par les rires des enfants face au « Père Noël » derrière eux, Tachihara lui tendit quelque chose. Un paquet, enrubanné un peu maladroitement et recouvert de papier coloré à l'effigie... de ballons multicolores. Gin leva un sourcil, malgré son visage chauffant soudain, intriguée autant qu'émue et interloquée :
- Hum... Il me restait des chutes de papiers de l'anniversaire d'Elise, expliqua t-il avec un rire nerveux, aussi, si ce n'était plus, empourpré qu'elle.
La brune se saisit du paquet en se mordant la lèvre inférieure. Elle regarda de nouveau le faux rouquin, une lueur perplexe dans ses yeux orageux. Et une fois encore il répondit à sa question muette, un sourire tendre dessinant son chemin sur ses lèvres :
- J'ai eu mon cadeau en avance, alors je me suis dit que je pouvais te donner le tien maintenant. Après tout, peut-être qu'on ne survivra pas jusqu'à Noël et... Je voulais juste vraiment te l'offrir, je ne sais pas patienter, murmura le jeune homme en frottant d'un index engourdi le pansement sur l'arrête de son nez.
Gin sourit doucement, et déchira le papier avec une sorte de révérence silencieuse dans ses gestes. Entre ses mains reposait une longue dague, au manche d'ébène, et elle reconnu un grenat sur la garde de l'arme. Ses yeux commençaient déjà à picoter, mais quand elle vit que sur la base était gravé un simple « M », une véritable larme se forma.
Déposant l'arme dans le sac contenant l'eyeliner de Ryuunosuke, pour éviter tout de même que quelqu'un se rende compte de la présence d'une arme blanche et commence à créer une émeute, la jeune femme qui d'ordinaire n'était pas trop tactile, fit un pas en direction de Tachihara pour combler la distance entre eux, et lui offrit la plus grosse étreinte qu'elle ait jamais donnée de sa vie entière.
Il lui embrassa la joue et répondit au câlin avec autant de force. Elle sentit une larme mouiller son manteau et ne fut pas capable de retenir les siennes. Ils ne connaissaient même pas vraiment la raison de ces pleurs, peut être juste la joie d'aimer et de se savoir aimé.
« Merci Michizo. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top