Chapitre 39
Aujourd'hui, j'avais envie de remercier.
Merci à Didi_writter, ma toute première lectrice et commentatrice sur Wattpad. Celle qui m'a boostée et grâce à qui j'ai continué à poster mes chapitres les premiers jours. Je pense fort à toi pour le bac.
Merci à nora_80, raphaelle_lvbrn, who_is_chloe, nafee17, hmless pour leur lecture régulière, leur fidélité et leur encouragement. Parfois je doute et puis, grâce à vous je crois de nouveau en moi.
Merci à paulemmanuel3, sullenstranger, naolie7, pour leur lecture et leurs mots encouragents!
Merci à elsamusedesmots pour sa bêta-lecture et ses retours précieux.
Merci à quark30 pour son retour précieux et pour sa lecture.
Merci Oxym0ore, même si tu n'en es pas encore là, pour tes encouragements.
Merci à tous ces lecteurs anonymes qui lisent invisiblement. (s'il y en a.) J'espère vraiment que mon histoire vous apporte quelque chose.
Pardon à ceux que j'aurais oublié !
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Comment pouvais-je lui expliquer, sans le choquer, que je n'avais littéralement aucune photo des membres de ma famille sur mon téléphone ?
— J'ai pas de photo, on est pas trop photos, nous.
— Ah bon, pourquoi ?
— Ben, j'ai pas le réflexe de me prendre en photo avec quelqu'un que je vois tous les jours. Mais un jour, je te la présenterai !
— Ah, eh beh, avec plaisir.
— Je te préviens juste qu'elle est bizarre. Parfois elle parle trop, et parfois, au contraire, elle se renferme. Ça dépend de son mood du moment.
Je me gardai bien de lui dire que Maman n'était pas beaucoup plus enjouée et extravertie. C'était bien pour cette raison, enfin, il me semblait, que je préférais de loin me rendre chez les gens plutôt que de les inviter, et Ezra ne faisait pas figure d'exception. Et, encore, s'il venait d'une famille tout aussi cassée que celle de Victor, j'éprouverais moins de réticences à le convier. Mais que penserait-il ? Lui et ses deux parents encore ensemble, ses quatre frères, ses neveux...
— ... t'es pas d'accord ?
— Hein ?
— Je disais que c'était surement le début de l'adolescence, tout ça, tu vois ?
— Ah, oui. Surement.
— Tu veux jouer à la Play ?
— Bien sûr, répondis-je, rassuré que la discussion sur les photos de famille soit close.
Nous jouâmes ainsi une heure, jusqu'à ce que la voix de Suzanne nous appelle.
Sur la table joliment présentée et copieuse, se trouvait des olives, des chips, des crudités exposées çà et là sur une nappe d'un blanc ocre, ainsi que des salades, tout plein de salades multicolores. Ezra me fit signe de m'assoir à côté de lui.
— Il faut attendre avant de manger, m'informa-t-il.
Naturellement, cette consigne ne s'appliqua pas à Natty qui nous rejoignit peu de temps après, un iPad recouvert d'une coque en caoutchouc à la main, et, sitôt attablé, attrapa une olive, la mangea la bouche ouverte en mâchant bruyamment. Ce fut à cet instant précis que je compris que les bruits de mastication étaient source d'agacement exclusivement lorsqu'ils provenaient de ma famille.
Il en prit une autre, puis encore une, il les engloutissait avec une rapidité déconcertante, et moi, je le fixai, comme obnubilé. Son frère et lui étaient à la fois si différents et si ressemblants. À cette réflexion, je me tournai vers Ezra. Il l'observait également, et je décelai, dans ses yeux, une expression presque paternelle.
Suzanne arriva avec un autre saladier dans les mains – qu'Ezra s'empressa de lui prendre afin de le poser sur la table – et s'installa au bout, à ma gauche. Elle s'était changée et avait enfilé une robe noire en velours, le décolleté habillé d'un grand collier de perles accordé à ses boucles d'oreilles. Elle était souriante et semblait de meilleure humeur que lors de mon arrivée. Mon intuition se confirma puisqu'une fois installée, elle engagea instantanément la discussion avec moi.
— Bon, bon, Gabriel, raconte-moi un peu. Tu es dans la classe d'Ezra, c'est ça ?
— Oui, voilà, c'est ça.
— Vous semblez déjà de bons amis. Ça me fait plaisir. Je t'avoue que j'étais un peu inquiète pour lui. Ce n'est pas facile d'arriver dans un nouveau lycée en première.
Je regardai Ezra par réflexe, il décortiquait des graines de tournesol pour Natty et ne semblait pas gêné par l'échange.
— Oh, ben... J'suis pas le seul, il s'est fait plein de potes !
Elle hocha la tête, souriante, puis enchaina :
— À la base, il devait aller dans un lycée privé, mais il y a eu un problème au niveau de l'inscription.
Mon estomac se contracta.
— ... et comme ça se passe bien, je ne vois pas vraiment l'intérêt de changer.
— Ouaip', confirma Ezra avec dynamisme.
— Du coup tu étais dans du privé à Aix ?
— Oui.
— Lui et ses frères ont toujours été dans le privé. Un lycée confessionnel.
— Ah ouais ! J'ai connu que le public, moi, l'informai-je.
Elle haussa les épaules.
— C'est un choix.
— Ce n'est pas forcément un choix, Maman, intervint Ezra.
Il souffla une coque qui atterrit dans sa main et qu'il déposa sur la table. Un petit tas s'était déjà formé aux côtés des graines décortiquées que Natty s'empressait de manger.
— Oui, enfin, ce que je voulais dire c'est que le privé n'est pas une obligation pour avoir une bonne scolarité.
— Je pense que le niveau est plus élevé dans le privé, quand même... osai-je répondre sans trop de certitude.
— Il l'est, fit une voix à ma droite.
Le père d'Ezra nous avait rejoint sans que je ne m'en rende compte et mon regard se posa sur un petit livre qu'il tenait dans sa main.
S'il avait raison, les notes élevées d'Ezra paraissaient désormais évidentes.
—Michel n'a pas trop apprécié qu'il finisse dans le public, et je crois qu'il n'a pas encore digéré, hein, Michou !
Pour toute réponse, son époux émit un léger grognement.
— Et qu'est-ce que tu veux faire plus tard, Gabriel ? s'enquit Suzanne. Très joli prénom au passage.
— Euh... M... Merci. Euh, peut-être la finance, ou le commerce...
Monter mon entreprise en Floride et devenir millionnaire.
— Oh, c'est super, ça !
J'acquiesçai en souriant.
— Bon, bon... Gabriel, commença Michel, dans une intonation qui se voulait sympathique et chaleureuse, il faut que tu saches que nous faisons du mieux que nous pouvons mais que malheureusement, nous ne sommes pas encore au stade d'interrompre l'électricité.
— Ah oui ? demandai-je, sans trop comprendre où voulait-il en venir, vous êtes écolos, c'est ça ?
À en croire son immobilité soudaine et ses lèvres pincées, je devinai sans peine que ma bouche avait laissé échapper une énormité. Cela se confirma lorsque j'aperçus Ezra le visage dans ses mains, les épaules secouées d'un rire nerveux.
— Ezra, enfin ! s'exclama Suzanne, ce n'est pas gentil de se moquer.
Après quelques secondes particulièrement lourdes, ce dernier dégagea enfin son visage et essuya ses yeux gorgés de larmes, contenant avec difficulté son rire.
— Dé...Désolé, balbutia-t-il, c'est ma faute... Je ne lui ai pas précisé que c'était shabbat.
— Ah ! s'étonna son père, bon, bon... ce n'est pas très grave mais je pense que ça aurait été plus correct de le prévenir qu'il s'agissait avant tout d'un moment religieux.
Les palpitations soudaines qui me martelaient les côtes témoignaient de mon état de panique.
— C'est pas non plus un truc de fou, si ? Il est pas obligé de participer aux rites. Il peut attendre tranquillement jusqu'à que ce soit le moment de manger.
— Euh, je veux bien me joindre à vous, déclarai-je.
À la vitesse où il pivota vers moi, je conclus qu'il était surpris. Agréablement. Sa mère aussi, par surcroît, à en constater son sourire.
— Oh, avec plaisir, Gabriel ! On te guidera, de toute façon ! assura-t-elle.
De là, Ezra me fit signe de me lever, tout comme le firent ses parents.
— D'habitude on chante, mais là on va essayer d'être rapide, m'informa Michel.
Ce dernier attrapa une bouteille de jus de raisin, en versa dans une coupe à ras bord et la teint de sa main droite, bien haute.
— C'est le kiddouch, me susurra Ezra.
— Le quoi ?
— La bénédiction sur le vin.
Son père commença à réciter ladite bénédiction. Une fois celle-ci prononcée dans son entièreté, il but plusieurs gorgées et tendit la coupe à Suzanne qui la porta à sa bouche avant de me la tendre. Ne sachant que faire, je restai hébété et statique. Ezra m'exhorta alors de prendre une gorgée et de la lui passer. Ce fut finalement Natty qui clôtura ce rituel, après quoi, mon ami me fit signe de ne pas bouger et ils quittèrent tous trois la table. Une nouvelle fois, je bénissais la présence de Natty, toujours sur son iPad, qui m'épargna la situation incommode de rester planter là, seul.
Après qu'ils furent revenus, Michel prit cette fois-ci les deux brioches déposées devant lui couvertes d'une étoffe. Il fallut qu'il se mette à réciter une nouvelle bénédiction pour que je prenne conscience du silence dans lequel nous étions plongés quelques instants plus tôt. Cette réflexion ne m'empêcha pas d'être subjugué par sa bouche aussi rapide que ses gestes mécaniques et instinctifs qui suivirent, témoignant de sa grande habitude. Il déposa ainsi une des deux brioches et, sans attendre, arracha un morceau de celle qu'il tenait encore, le trempa dans le sel et en mangea un bout. De là, il coupa d'autres morceaux soumis au même rituel que le précédent et nous les fit passer.
Ce fut alors à cet instant que Michel reprit la parole :
— Normalement on boit plutôt du vin, mais Ezra m'a dit que tu ne buvais pas d'alcool.
Je me tournai brusquement vers Ezra tout en sentant mes joues chauffer. Je détestais l'idée que quelqu'un, et de surcroît, les parents d'un ami (avec la circonstance aggravante qu'il s'agissait d'une pratique religieuse), change ses habitudes pour moi. Ce n'était pas faute de le lui avoir dit. Et, à la façon dont il me regardait, une ébauche de rictus au coin des lèvres, tout portait à croire qu'il avait bien saisi mon mécontentement.
— Je lui ai pourtant dit de ne pas changer vos habitudes pour moi, que je m'adapterais, expliquai-je, sans le lâcher des yeux.
Ce fut d'autant plus agaçant que je n'étais pas si réticent à boire de l'alcool. Il m'arrivait souvent de faire exception et ce genre de situation en était une.
— Ce n'est pas grave du tout, on peut tout à fait le faire avec du jus de raisin, ça ne nous dérange pas, assura Suzanne en me souriant. Allez, bon appétit !
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Avez-vous aimé ce chapitre? Trouvez-vous intéressant de découvrir des pratiques d'autres religions ? :)
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