Chapitre 4
L'avantage avec Pinkett, c'est qu'il n'était pas très précautionneux. A première vue, il ne possédait pas de système d'alarme et sa serrure était tout à fait lambda. Stiles l'avait étudiée au préalable. Caché derrière un buisson, il observa le potentiel sorcier verrouiller sa porte sans se presser. Ensuite, l'homme se dirigea vers sa voiture et démarra mais Stiles, conscient du fait qu'il devait faire attention et ne pas risquer de se faire découvrir, attendit qu'il s'écoule vingt bonnes minutes avant de se décider à bouger. Il avait bien étudié les déplacements de sa cible avant d'agir – car cela faisait bien longtemps qu'il avait des doutes le concernant. Au final, l'altercation avec la meute n'était qu'un prétexte qui lui avait offert l'occasion sur un plateau d'argent de donner une autre dimension à sa surveillance.
Maintenant, il allait pouvoir entrer dans le vif du sujet.
Par souci de discrétion, Stiles décida de passer par la porte arrière – quant au pourquoi cet homme en avait une, l'hyperactif ne saurait le dire. Crocheter la serrure, vieille pour celle-ci, fut un véritable jeu d'enfant, si bien qu'il put entrer sans encombre.
Tout de suite, l'atmosphère du lieu l'étouffa. Il se trouvait dans une sorte de buanderie classique dont le fond donnait sur une porte un peu plus moderne que celle qu'il venait de passer. Au cas-où, avant d'avancer, Stiles regarda tout autour de lui, enfila des gants qu'il avait pris avec lui et posa sa main sur la poignée. Quelques instants plus tard, il débarquait dans un couloir sombre mais pas particulièrement étrange. Ne connaissant pas la maison, Stiles entra dans une pièce au hasard et il découvrit la cuisine. Classique elle aussi et un peu vieillotte. Il se mordit la lèvre inférieure en réfléchissant. S'il voulait trouver quelque chose, sans doute devrait-il chercher une chambre, un bureau. Pinkett possédait-il une pièce secrète ? Sans pouvoir réellement l'affirmer, Stiles pensait que oui. Un sorcier, ça cachait souvent ses trucs à l'abri des regards. De toute façon, il allait fouiller la maison de fond en comble – au bout d'un moment, il finirait bien par tomber sur quelque chose d'intéressant. L'échec n'était pas une option, pour lui : il savait qu'il avait raison et rien ne pourrait le convaincre du contraire. Cet homme lui avait fait une trop mauvaise impression pour qu'il ne soit pas autre chose qu'un humain. Puis il y avait cette atmosphère étrange... Si lourde, si oppressante ! Alors même si Stiles était prêt à passer la maison au peigne fin, il essaierait de terminer sa fouille au plus vite – l'air frais du dehors lui manquait déjà. Il frissonna en découvrant le salon. Celui-ci n'avait pourtant rien d'anormal... En apparence. Parce que Stiles pourrait jurer que quelque chose n'allait pas dans ce décor presque totalement lambda. Était-ce la poupée vaudou trônant sur la cheminée qui le dérangeait, ou l'horloge un peu vieillotte ? La chaise à bascule à côté de la cheminée ne lui plaisait pas beaucoup non plus – elle lui faisait penser à cette chaise prétendument maudite qui tuait quiconque s'asseyait dessus.
Stiles secoua la tête. Il était clair qu'il ne se sentait pas bien dans cet endroit, mais il ne devait pas laisser ses ressentis l'influencer. Quoiqu'en réalité, c'était exactement ce qu'il aurait dû faire. Peut-être d'ailleurs qu'à sa place, n'importe quel être surnaturel aurait su quoi faire. Dès l'instant où un loup-garou aurait pénétré dans cet endroit, il aurait senti ce qui n'allait pas... Olfactivement parlant.
Mais l'odeur ne pouvait pas être perçue par un simple humain puisqu'elle était d'essence magique.
Stiles continua donc son expédition en montant à l'étage. Il sentit comme un nœud se resserrer dans sa poitrine et lutta contre son instinct qui se rappelait vainement à lui. Il s'était donné une mission et ne comptait pas partir sans avoir trouvé quelque chose. Et c'était ce qu'il allait faire : il lui paraissait complètement impensable de repartir bredouille alors que cette maison gorgeait de preuves – il le sentait. Parce que cette partie-là de son instinct, il voulait bien l'écouter.
Il débarqua alors dans un couloir étroit qui donnait sur deux portes, une à gauche, une à droite. Quelque peu essoufflé par sa courte montée, Stiles prit quelques secondes pour retrouver un rythme cardiaque normal et pesta contre cette mauvaise habitude qu'il avait de négliger le sport. Parfois, il lui arrivait d'en faire un peu : pas suffisamment toutefois pour lui donner des résultats significatifs – sa forme lui paraissait aussi relative que d'ordinaire. Sauf que Stiles était trop tendu et oppressé pour réfléchir à un détail en apparence anodin mais qui avait son importance. L'escalier n'était pas bien haut et possédait quelques marches de moins que celui qu'il avait chez lui. Et puis les marches en elles-mêmes n'étaient pas raides. Stiles ne se retrouvait d'ailleurs jamais essoufflé lorsqu'il devait monter les escaliers de sa maison.
Le jeune homme, ignorant tout cela et pensant uniquement à la mission qu'il s'était donnée, se dirigea vers la porte de gauche. Mais il hésita avant de poser sa main sur la poignée. Il avait vraiment, vraiment, vraiment un mauvais pressentiment.
- Allez Stiles, ça veut sans doute dire que tu es sur la bonne voie, s'encouragea-t-il.
Il n'avait pas eu d'autre idée que celle-ci pour se donner du courage. Sauf que ses bras pendaient le long de son corps et qu'aucune de ses deux mains ne semblait vouloir se décider à bouger. Au fond de lui, Stiles n'avait peut-être pas tant envie que cela d'aller plus loin et... Il en avait conscience, dans un sens. Mais il avait le sens du devoir et dans la mesure où il s'était donné un objectif aussi précis que l'était le sien, il ne voyait pas l'intérêt de revenir en arrière – d'autant plus qu'il avait fait le plus gros en venant ici.
En somme, il était entré – par effraction, il est vrai – et ne voulait pas que cela soit pour rien. Mais sa respiration commença à se faire laborieuse et il eut l'impression de sentir un regard peser sur lui. Pris d'une panique soudaine, il regarda tout autour de lui avant de se figer et d'écouter le silence. Il ne perçut aucun bruit étrange, rien qui pourrait l'alerter. Stiles secoua la tête – voilà qu'il devenait paranoïaque et il y avait de quoi : malgré sa décoration plus ou moins normale quoiqu'un peu vieillotte, cette maison fichait les jetons. Jamais il ne pourrait habiter dans une habitation pareille. Stiles n'était pas du genre à s'attacher à des énergies, mais pour une fois, il ne put ignorer ce qu'il ressentait. Il avait dû se passer quelque chose dans cet endroit pour qu'il lui donne de tels frissons... Pour que l'air lui paraisse aussi difficilement respirable.
Enfin, il réussit à lever sa main... Mais ne la dirigea pas vers la poignée. Elle s'écrasa durement contre le bois de la porte, en un appui désespéré. Il avait vraiment du mal à respirer, à tel point que sa vision se flouta sans qu'il en ait vraiment conscience. Tout ce sur quoi il put se concentrer se résuma à bien peu de choses... Et même plus précisément à un ordre : reste debout. Mas ses jambes perdirent rapidement leurs forces au point qu'elles lâchèrent prise... Et son corps suivit.
Un ricanement discret suivit sa chute.
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