Un monde d'une beauté éternelle

Cette étoile naine était haute dans le ciel azuré et peu de nuages le parcouraient. La réverbération de ses rayons sur ce sable infiniment doux au toucher, irritait parfois les yeux des passants, qui détournaient le regard le temps que leurs pupilles s'y habituent. L'eau était de couleur turquoise, les vagues formaient des écumes blanches et les oiseaux planaient dans le ciel, guettant le moindre poisson à pêcher. L'odeur du sel marin flottait dans la légère brise qui soulevait les mèches blanches dun jeune homme. Assis sur une serviette noire contrastant avec le sable blanc, il observait l'horizon de ses beaux yeux tanzanites. On aurait dit qu'il attendait quelqu'un ou quelques choses. Mais qui, ou quoi, pouvait bien venir de L'océan ?

Deux demoiselles qui possédaient tout ce quil fallait là où il le faut, passèrent devant lui, dune démarche sensuelle en pouffant de temps à autres. Cela se voyait bien quelles l'attiraient mais le jeune homme les ignora tout bonnement et continua son étrange manège, regardant toujours au loin, attendant patiemment. Le choc dun ballon pris en pleine tête le fit pourtant détourner la tête un instant, il n'eût pas l'air d'avoir apprécié. Le jeune homme renvoya de sa main droite la balle à son propriétaire, qui émit un merci craintif et sen alla sans demander son reste.

Notre jeune homme resta planté sur sa serviette durant deux bonnes heures environ jusqu'à ce que le ciel devienne précipitamment noir au loin. Des éclairs le parcouraient et une puissance sinistre s'en dégageait. Sentant le danger, les oiseaux quittèrent les lieux avant même que les humais ne se rendirent pas compte de ce qui arriver sur eux. Le vent se leva, arrachant les parasols plantaient dans le sable, la mer devint de plus en plus agiter et les pleurs des enfants plus pesants. Les parents de ces derniers poussées par un instinct primitif –après un moment d'incompréhension- fuyaient la plage voulant dans un premier temps, protéger leur progéniture. Seul restait sur ce bord de mer, le jeune homme. Un sourire illuminait son visage angélique lorsqu'une masse apparut à l'horizon. Il n'avait pas rêvé ce jour-là, il existait réellement. Il allait lui faire payer ce quil avait fait. Il agrippa la chaine autour de son coup et regarda une dernière fois le pendentif qui y pendait, une dent de requin encerclée par une sorte de reptile. Comment aurait-il pu deviner sans laide d'Éléonore que c'était ce médaillon qui était la clé pour l'attirer. Sa mère le lui avait donnée peu de temps avant quelle ne meurt mais jamais elle ne lui avait parlé du mystère quil renfermait. Franchement il s'en foutait de tout cela, tout ce qui compter était sa vengeance. Dun bond il se leva et s'approcha du rivage déterminé à éliminer cet être légendaire qui le hantait depuis son enfance, peu lui importait les trésors et la gloire. Il porta le pouce de sa main gauche à sa bouche et y mordit dedans sans la moindre hésitation. Un filet vermeille coula de ce dernier, un goût de fer si caractéristique inonda sa bouche, un goût for agréable en bouche. Quelques gouttes tombèrent au sol faisant apparaitre un pentagramme à cinq branches, animé par une lumière améthyste.

« Toi dont le sang est relié au mien par le pacte de Paimon, transgresse l'espace qui nous sépare et répond à l'appel de ton maitre ! »

Une faille lugubre s'ouvrit devant lui. Une première patte écailleuse terminées par des serres sortit dans un premier temps, suivi d'une seconde. Puis, une énorme tête aux pelages noirs fit son apparition. Des crocs pour certains recourbés vers l'arrière dépassaient de la gueule de la bête, deux cornes ressemblant à celle dune antilope oryx ornaient son crâne et deux yeux bleu en amande commun à ceux des félins regardaient le jeune homme. Le corps de la bête finit par sortir entièrement, musclé et souple, un pelage aussi noir que le charbon et une paire d'aile puissante et sublime qu'il déploya dans un glatissement bestiale. La bête se nommait Azarias, un griffon des marais de la désolation.

La créature plia ses pattes antérieures à la manière des chameaux pour permettre au jeune homme de monter sur son dos. Elle se redressa ensuite et dun simple battement d'aile se propulsa dans le ciel orageux. Malgré la puissance du vent, la créature parvenait sans trop de difficultés à se mouvoir dans cette tempête. Le jeune homme lui, n'était nullement déranger par la violence de ce déferlement météorologique, il scrutait l'ombre au loin se préparent mentalement au combat qui l'attendait. La créature allait vouloir récupérer ce qu'on lui avait pris.

Ses yeux s'agrandirent à la vue de la créature légendaire, il ne la pensait pas aussi titanesque. Son sang se mit à bouillir dans ses veines et ses muscles fin se contractèrent sous sa peau claire. Un sourire naquit sur son visage enfantin, « Enfin » se disait-il. Ressentant l'excitation de son maitre, Azarias accéléra davantage, frôlant de près les deux cents kilomètres heures. A cette vitesse ils ne mirent qu'une fraction de secondes pour parcourir l'espace qui les séparé de la créature mythique. Cette dernière ne remarqua pas tout de suite la présence de l'aviaire et du garçon qui détaillait la créature. Un corps à l'allure humanoïde à l'exception de dix tentacules qui remplaçaient la partie inférieurs dun corps humain « normal » ainsi que deux yeux supplémentaire. De couleur verdâtre, le corps paraissait musclé et recouvert dune espèce de carapace protégeant les points vitaux du monstre. La seule partie non protégée était une toute partie de son cou. Le jeune homme n'hésita pas une seule seconde, se laissant tomber du dos de sa monture. Il ramena ses bras auprès de son corps pour améliorer son coefficient de pénétration dans lair, et aérodynamiser ce dernier. A seulement vingt mètre de la bête, il déploya ses bras pour ralentir sa chute créant l'illusion d'optique qu'il remontait. Au même moment une épée blanche au contour noir ressemblant aux claymores utilisées par les Highlanders était apparu dans sa main gauche. Il la leva au-dessus de sa tête et planta celle-ci dans la chair tendre du monstre. Avec la vitesse qu'il avait acquise lors de sa chute, la lame continua de descendre jusqu'au manubrium, une quantité importante d'un liquide bleu cobalt suintait de la plaie qui malheureusement n'était pas assez profonde pour toucher la veine jugulaire. Surprise la créature légendaire émit un cri strident permettant de découvrir plusieurs rangées de dents à l'instar de celle des requins. Un tentacule munit de ventouses vint s'abattre sur le cou du monstre. In extremis le jeune homme avait retiré sa lame de la chair et de ses pieds s'étaient propulsés en arrière atterrissant sur un autre tentacule, qu'il gravit à une vitesse ahurissante. D'un il aguerrit, il recherchait la moindre faille dans cette carapace, il souffla, seul le cou était à découvert. Son épée ne pourrait aucunement transpercer cette enveloppe qui l'entourait. Ce combat devenait de plus en plus intéressant.

Arrivé au bout du tentacule, il s'élança dans les airs se retrouvant un peu au-dessus de la tête de la créature, débitant d'une voix ferme une incantation :

« Noirceur des cieux, esprits tonnerre, prête-moi ton rugissement. Foudroie mon ennemi de ta puissance céleste ! Achéron ! »

A l'annonce du dernier mot, le ciel s'éclaira d'une lumière bleutée. Un oiseau gigantesque au plumage noir était apparu dans l'empyrée auparavant obscure. Il déployait ses ailes de jais, serres dressés, attirant à lui une multitude d'éclairs. Une aura d'un bleu roi l'enveloppa et en une fraction de secondes, il fondit sur la créature légendaire à une vitesse fulgurante. Le choc fut violant. Azarias avait tout juste eu le temps de rattraper son maitre avant de faire de nombreux tonneaux dans le ciel. La déflagration avait engendré une vague déferlante autour de la bête, s'ensuivit dun brouillard d'évaporation qui recouvra la zone d'impact. Le temps parut s'éterniser, encore et encore.

Le brouillard était vraiment épais, il n'y voyait rien à plus de dix mètres. Lavait-il eu ? Non pas avec une attaque aussi faible. Alors où était passé la créature ? Il obligea ses yeux à s'habituer peu à peu à l'épais nuage mais ne vis que le danger au dernier moment. L'être légendaire s'était placé sous lui dans L'océan et avait surgit de l'eau bien trop vite pour qu'Azarias fasse quoi que ce soit. Le cou de la créature s'élança vers eux, gueule grande ouverte et referma ses dents crénelées sur eux sans plus de cérémonie.

Le jeune homme flottait dans le liquide gastrique du monstre. L'odeur nauséabonde qui s'en dégageait le fit hoquetait à plusieurs reprise. Une forme noire flottait auprès de lui, il ne parvint pas à l'identifier dans l'immédiat. Il toussa bruyamment, ses poumons étaient à vif. Il manquait cruellement d'air dans cette espace confiné. Il essaya tant bien que mal de se redresser, battant des pieds pour ne pas couler, mais une douleur vive le prit de court lorsqu'il tenta de bouger son bras gauche. La douleur l'irradiait totalement. Il tenta de le soulever, sans succès. Il avait dû se le briser, encore heureux quil ne soit pas tombé sur l'une des rangées de dents du monstre. Il se fabriqua comme il le pouvait une attelle de fortune avec un morceau de son tee-shirt. Il avait à plusieurs reprise faillit boire la tasse, tachant de bien maintenir en place son membre.

Son bras soutenu par le tissu, il se mit à chercher un moyen de sortir d'ici. Après une analyse minutieuse, deux solutions s'offrait à lui, soit par l'oesophage – laide d'Azarias ne serait pas de trop – soit par les intestins, même si l'idée le répugné, il ne voyait pas vraiment d'autre solution. Dans un premier temps, il fallait qu'il retrouve son volatile. Il cria son nom à plusieurs reprises mais aucune réponse ne parvint à ses oreilles. Il n'avait quand même pas été Il redoubla d'effort pour le retrouver, oubliant totalement la douleur qui irradiait son bras meurtrie. Les recherches ne durèrent qu'un instant, ses yeux s'arrondirent sur une forme au loin. Son coeur battait beaucoup trop fort dans sa poitrine, il aurait presque cru quil allait sortir de sa cage thoracique. Il s'approcha pour en être sûr. C'était bien lui, enfin ce quil en restait. La tête de l'animal flottant à une dizaine de mètre de lui, les vertèbres cervicales misent à vifs. Il injuria tous les dieux de toutes les civilisations quils connaissaient, mais au plus profond de lui, il sen voulait. Il sen voulait terriblement de lavoir mêlé à sa quête de vengeance. Il sera son poing droit de toutes ses forces, il culpabilisait. Pourquoi cela s'était-il passé ainsi. Pourquoi ?

De nombreuses heures avaient dû s'écouler depuis qu'il avait découvert les restes de l'aviaire. Combien de temps ? Il n'en savait rien. Tout ce qu'il s'avait c'était que son corps subissait les propriétés chimiques de l'acide gastrique. Il ne sentait plus ses jambes depuis un moment, le haut de son corps commençait quant à lui à s'engourdir. La douleur ? Il ne la ressentait plus également. Ses nerfs ne devaient plus fonctionner correctement. Il servait tout simplement de déjeuner à un monstre mythologique. « Pas très classe comme façon de mourir » se disait-il. Plus aucune combativité n'émanait du garçon, juste l'envie d'en finir. Il souffla pour la énième fois. Il n'avait pas pu en finir avec ce monstre, même avec laide de la magie. Il se saisit délicatement du pendentif autour de son cou. Lui était en parfaite état. Il n'avait jamais su ce quil renfermait. Il avait simplement de vague souvenir de sa mère l'utilisant. Mais que faisait-elle avec ? Et que pouvait-il bien ouvrir ? Il grogna, pourquoi n'arrivait-il pas à ce souvenir ? Il voyait parfaitement limage de sa mère le brandir sur ce bateau et et parler. Elle parlait ou plutôt récitait quelques choses.

-Souviens-toi, souviens-toi ! cria-t-il à plein poumon.

Les images de la mort de ses parents lui revinrent en pleine face. La pluie capricieuse et la mer déchainée. Le bateau qui tanguait dangereusement. Les pleurs de sa petite soeur restaient dans la cabine. Son père criant à tout rompre des ordres à l'équipage du bateau et sa mère face au monstre qu'il avait affronté plus tôt, le pendentif en main. Tout lui revient peu à peu. Ce pendentif renfermait une magie très ancienne. Une magie que peu de personnes pouvaient magner. Le pendentif beaucoup trop puissant pour elle, l'avait tuée. Sa mère n'avait pas eu la force de réaliser l'incantation, elle était morte vidée de son énergie. Mais lui pouvait-il le faire ? Avait-il la force ? Il ne le serait qu'en essayant. A l'instar de sa mère il y a 15 ans, il brandit le pendentif avec les dernières forces qui lui restait, récitant les mêmes paroles.

-Gèle-les dans un silence plus froid que la mort. Même le plus riche meurt dans ce monde cruel. Les actes de ta vie passée permettront le jugement de Dieu. Telle l'eau coulant le long de son lit, emportant toute vie. Montre-moi un monde où le temps lui-même est gelé. Montre-moi une beauté éternelle indestructible, inattaquable. Je rejette la compréhension, je cherche uniquement la perfection. Méprisable ! La vie se rassemble, vibrante, puante, montrant les horreurs de la procréation. Je ne l'accepterai pas, je ne le comprendrai pas. Je veux un paysage dun blanc pure. Je veux un monde de mort magnifique. Je veux un monde où toute chose est enterrée. Je veux que tout s'arrête !

Le pendentif s'anima dune lumière dun blanc immaculé, aveuglant au passage son propriétaire. Le garçon ne parvint à distinguer et comprendre qu'une partie des événements. Un reptile apode - d'une longueur assez impressionnante - venait de faire son apparition dans l'estomac de l'être Légendaire. Son corps recouvert d'écaille blanche dégageait un froid glacial. Il siffla, dévoilant deux crochés venimeux, avant de fondre dans l'acide gastrique et de réduire ce dernier à l'état de glace comme tout ce qu'il l'entourait. Le garçon ferma les yeux, son corps prit dans la glace, un sourire aux lèvres. Il venait enfin de lui faire payer.

Au dehors la créature, ne sentit rien, elle gela instantanément comme l'eau autour d'elle jusqu'à la côte. Le monde d'une éternelle beauté venait d'apparaitre pour le plus grand bonheur du garçon.

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