Chapitre 29 : « Fais-nous confiance. »
L'ambiance dans la voiture est un peu plus morose que ce qui était prévu et Andrew ne comprend pas pourquoi. Cela fait environ une heure qu'ils sont partis de New York et Clary et Izzy n'ont presque pas prononcé un mot. Lui qui s'attendait à avoir des explications sur leur voyage, eh bien il les attend toujours.
— J'aimerais bien savoir ce qui se passe ! s'exclame-t-il au bout d'un moment. Pourquoi est-ce que vous êtes aussi silencieuses ?
Il aperçoit le regard que les deux jeunes femmes s'échangent et il comprend que quelque chose de grave s'est passé. Ses doigts se resserrent sur le volant, il hésite à insister, torture sa lèvre à coups de dents pendant quelques secondes avant de soupirer.
— Je suis pas doué pour jouer les boute-en-train, ni pour tirer les vers du nez à quelqu'un. Et ça m'a plutôt pas mal desservi par le passé. Alors, s'il vous plaît, est-ce que vous voulez bien m'expliquer pour quelle raison on va voir un médium de Boston et pourquoi vous n'avez rien dit depuis près d'une heure ?
C'est Clary qui réagit la première, assise à l'arrière, cheveux aux vents dans le cabriolet décapotable du policier. Elle croise enfin son regard à lui dans le rétroviseur.
— En fait, on attend des nouvelles et c'est... Angoissant.
— Des nouvelles de qui ? Magnus ?
Elle se contente de hocher la tête et Underhill comprend qu'elle retient ses sanglots. Eh merde. Il aurait peut-être mieux fait de la fermer, cette fois. Izzy se redresse un peu sur son siège et relève ses lunettes de soleil pour le regarder à son tour. Aïe. Il n'avait pas remarqué qu'Izzy avait déjà perdu la partie. Les larmes coulent sur ses joues.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? Jace m'a dit que son état était stable depuis un mois.
— Et comment il peut savoir ça ? s'agace Clary.
— Parce qu'Izzy le tient au courant ?
La jolie rousse lance un regard perdu à son amie et Andrew se retient de se frapper le front. Il va continuer longtemps à marcher là où il ne faut pas ? Il craint qu'elle s'énerve, mais elle soupire en secouant la tête. Au fond, ça ne l'étonne pas de Jace, ni d'Izzy. Elle aurait seulement apprécié qu'Izzy le lui dise.
— Son état a empiré dans la nuit, répond enfin la brune. Il s'est mis à saigner du nez, il a eu des convulsions. Alec et Simon sont restés toute la nuit à attendre des nouvelles. Ce matin, ça allait, mais son médecin veut lui faire passer des examens aujourd'hui pour comprendre.
— Mais c'est pas... C'est pas ce que lui fait son don ? Genre grand martyr des temps modernes ?
Les filles esquissent un sourire. Ouf, il a réussi à détendre un peu l'atmosphère.
— Comment ça se fait que, soudain, il..?
— Dans sa main, il avait une photo qu'Alec lui a donné hier, le coupe Clary. C'est Simon qui nous a prévenu, pas Alec, évidemment.
— Pourquoi il ne vous a rien dit ?
— Il ne croit plus que Magnus soit dans cet état à cause de ça. Il pense qu'il est juste dans le coma et qu'on ne peut rien faire.
— Ah, ouais, c'est compréhensible.
Encore une fois, les deux femmes échangent un regard, les sourcils froncés cette fois. Il les remarque à nouveau. Apparemment, elles ne sont pas d'accord avec la façon de penser d'Alec. Enfin, si elles l'étaient, ils ne seraient sûrement pas en route pour Boston, maintenant. Il décide d'expliquer son point de vue.
— Je comprends qu'il préfère penser qu'il est impuissant face à l'état de Magnus, depuis un mois. Parce que si c'est pas le cas. S'il y a quelque chose que vous pouvez faire, qu'il peut faire, et qu'il n'a pas tout tenté pour trouver ce moyen de ramener à lui l'homme qu'il aime... Vous pensez qu'il va bien le vivre ? Qu'il ne va pas se dire qu'il l'a abandonné ?
Le silence s'installe et il se reconcentre sur la route devant lui. Mais il entend leurs soupirs à mesure qu'elles comprennent et que tout prend un sens. Évidemment qu'Alec est capable de s'être mis ça en tête. Izzy s'en veut de ne pas avoir compris avant, elle aurait dû le faire, et rassurer son frère.
Ils continuent leur route vers Boston et les filles s'expliquent enfin sur les raisons de rendre visite à ce Lorenzo Rey. Ce qui s'est passé la veille les conforte dans leur idée, qu'importe ce qu'en pensent Alec ou Jace. Ils ne peuvent pas continuer comme ça, aucun d'eux. Alec n'arrive plus à vivre et passe son temps au chevet de Magnus. Izzy s'inquiète pour lui, pour eux. Simon est inquiet pour Izzy, qui a recommencé à faire des crises d'angoisse alors qu'elle n'en avait pas fait depuis des années. Clary et Jace se sont séparés parce que leurs façons de gérer leur douleur et leur chagrin n'étaient pas compatibles, et ils se manquent l'un à l'autre parce qu'ils s'aiment. Et par-dessus tout, leur innocence – détruite par ce qu'Aldertree a osé faire – leur manque. L'innocence de croire qu'ils pouvaient changer les choses et faire en sorte que les prédateurs comme lui soient punis.
Underhill traîne un peu des pieds à la suite des filles qui se dirigent vers la boutique ésotérique. Même s'il sait que le surnaturel existe, ça ne veut pas dire qu'il n'a pas conscience que beaucoup de médiums sont seulement les menteurs. Il espère que Clary ne se sera pas trompée, mais il se prépare quand même à retenir la tornade rousse si l'entrevue ne se passe pas bien.
Les trois jeunes gens écarquillent les yeux en découvrant la décoration à l'intérieur de la boutique. Des tentures, des tapis, de l'encens, des couleurs voyantes et brillantes...
— J'aurais jamais cru dire ça un jour mais la décoration de Magnus est plutôt soft, finalement, souffle Andrew à voix basse.
— Plus jamais je lui dirai qu'il en fait trop, continue Clary sur le même ton.
— Oh, des nouvelles têtes !
Ils se tournent pour apercevoir un homme qui est arrivé sans qu'ils l'entendent... Mais en même temps, avec tous ces tapis. L'homme est grand, terriblement fin, ce qui le rend encore plus grand, ses cheveux noirs sont attachés en catogan et il affiche un sourire accueillant. Il s'approche vers eux et, en voyant le regard déjà agacé de Clary, il comprend que ce ne sont pas des clients ordinaires.
— Est-ce qu'on se connaît, mademoiselle ?
— Je suis Clarissa Fairchild et je vous ai envoyé un mail, il y a un peu environ trois semaines.
— Je reçois beaucoup de mails.
Son ton arrogant énerve encore un peu plus Clary et Izzy s'apprête à prendre le relai quand elle entend Underhill le faire à sa place.
— Nous sommes venus vous demander de l'aide, concernant un ami.
— La divination marche mieux quand la personne est...
— Non, le coupe Andrew. Leur ami est dans le coma et... Les circonstances qui l'y ont menées sont peu ordinaires.
Lorenzo fronce les sourcils et, après quelques secondes, il se souvient du mail de Clary. Il soupire et secoue la tête, il voudrait se montrer compatissant mais ça n'est pas son fort.
— Je me souviens. Malheureusement, je ne pense pas pouvoir vous aider. Beaucoup de gens disent et pensent qu'ils possèdent des dons mais ce ne sont souvent que des coïncidences.
— Vous ne comprenez pas, reprend Clary. Magnus a un don, vraiment. Il a aidé beaucoup de monde grâce à ça. Et dernièrement, ça lui a presque coûté la vie.
L'agacement de Lorenzo s'apaise un peu et il s'approche de la porte de sa boutique pour la fermer à clé. Il repart ensuite en direction d'une porte, à l'arrière.
— Venez, racontez-moi tout ça.
Clary soupire de soulagement et ils suivent tous les trois Lorenzo vers une pièce plutôt cosy. Deux canapés sont installés autour d'une table basse et ils s'y assoient. Clary et Izzy se mettent alors à expliquer au médium ce qu'il s'est passé puis le fonctionnement du don de Magnus, pour ce qu'elles en savent. Quand elles évoquent la malheureuse expérience de Magnus suite au décès de sa mère, le regard de Lorenzo s'assombrit.
— Quoi ? demande Andrew, qui a remarqué sa réaction.
— Je... Il est possible qu'une partie de lui se soit accrochée à sa mère quand il l'a recherchée. Et quand il entre en transe depuis, cette part essaie peut-être de le retenir. Aujourd'hui, il pourrait être encore lié à l'homme qui s'est fait tuer, à cause de cette partie de lui qui l'a rendu vulnérable.
— Même... Même s'il ne tient plus le pendule ?
— Peut-être. Mais ce ne sont que des hypothèses, mademoiselle Fairchild. Je n'ai jamais fait face à ce cas de figure.
Un silence s'installe, tendu, alors qu'ils se mettent à réfléchir. Après quelques instants, le téléphone d'Izzy sonne, ce qui la fait sursauter. Elle s'excuse et sort.
— Alec, dit-elle en refermant la porte derrière elle. Tu vas bien ?
— Non, hm... Pas vraiment.
— Du nouveau ?
— Les médecins n'ont rien trouvé. Ils ne savent pas ce qui a causé cette réaction. Mais... Ils pensent que son cœur est en train de lâcher.
Horrifiée, Izzy se laisse tomber à genoux alors qu'elle entend son frère pleurer à l'autre bout du téléphone.
— C'est ma faute, Izzy... Il va mourir, et c'est ma faute.
— Non, Alec ! Il ne va pas mourir !
— Je n'ai même pas pu lui dire que je...
Un sanglot interrompt Alec et Izzy s'en veut d'être si loin. Si loin, pourquoi ? Pour un médium qui n'est pas capable de leur dire plus que ce qu'ils avaient déjà deviné ? La porte se rouvre derrière la brune, elle lève la tête pour voir Clary et son regard déterminé, renforcé par les mots qu'elle vient d'échanger avec Lorenzo.
— Il faut un autre lien, explique la jolie rousse.
— Comment ça ? souffle Izzy.
— Il faut essayer de faire en sorte que Magnus se lie à quelqu'un d'autre.
— Mais la photo n'a pas fonctionné.
— Izzy, de quoi tu parles ? demande Alec.
— Attends, grand frère.
— La photo ne convenait peut-être pas. Peut-être qu'il faut quelque chose de plus direct.
— Alec ?
— Quoi ? grogne celui-ci, perdu.
— Il lui tient la main tous les jours, si c'était ça, ça aurait déjà fonctionné !
— J'en sais rien...
— Izzy...
— Mais il faut essayer, dit Clary.
— Non... NON ! s'écrie Alec qui vient de comprendre.
Clary fronce les sourcils, elle aussi a entendu Alec. Elle attrape le téléphone d'Izzy, bien décidée à lui faire entendre raison.
— Alec, s'il te plaît, essaie ! Il faut que tu essaies !
— Non, arrête, Clary ! Je ne vais pas le faire. C'est ridicule.
— Pourquoi ? Qu'est-ce que ça te coûte ?
— Mais ça me tue, bordel ! hurle-t-il dans le téléphone. Arrête de me faire espérer l'insensé !
— Ce n'est pas insensé ! Il a déjà un lien avec toi ! Il a utilisé son don sur toi, deux fois !
— Clary, arrête !
Elle soupire et échange un regard triste avec Izzy. Alec est à bout. La brune reprend son téléphone en repensant aux paroles d'Andrew.
— Eh Alec...
— Izzy, ne t'y mets pas toi aussi, je t'en prie.
— Je sais que tu as peur que ça fonctionne et de t'en vouloir pour ne pas l'avoir fait plus tôt. Je sais que tu as peur de croire qu'on peut y faire quelque chose mais qu'on ne trouve jamais.
— Tais-toi, gronde-t-il, et elle comprend qu'Underhill a vu juste.
— S'il te plaît, Alec. Fais-nous confiance. Une ultime fois. On n'essaiera plus, si ça ne fonctionne pas. Je te le promets.
Les larmes se mettent à rouler sur les joues d'Izzy, elle aussi, elle espère et elle sait que ça fait mal. Il raccroche. Sans rien ajouter de plus. Son téléphone glisse de sa main et elle se blottit contre Clary.
❖❖❖
Alec est assis dans sa voiture, les mains serrées sur le volant. Peu après qu'il a raccroché, Catarina l'a trouvé assis sur une chaise dans le couloir, à ruminer contre Izzy et Clary. Elle a bien essayé d'en savoir plus sur leur dispute, mais il s'est contenté de dire qu'il reviendrait plus tard. Ils n'ont pas osé lui confier leurs hypothèses sur le coma de Magnus, même si elle connaît son don depuis plus longtemps qu'eux. C'est une infirmière, elle aurait trouvé des quantités d'arguments pour leur prouver qu'ils ont tort. Ça aurait voulu dire faire face, ils auraient sûrement dû, mais ils n'ont jamais osé.
Il n'aime pas se dire qu'il n'est pas auprès de Magnus mais il n'a pas le courage de retourner dans la chambre maintenant. Non seulement il a peur qu'à tout moment ce cœur qui l'aime lâche mais il ne cesse de penser aux paroles d'Izzy et Clary. Là, tout de suite, il les déteste. Il a peur. Non, en fait, il crève de trouille. Il angoisse à la simple idée de se remettre à espérer, comme la veille. D'accord, il y a eu un changement après qu'il lui ait donné la photo. Magnus a failli mourir ! Alec a failli le tuer et maintenant... Maintenant les médecins lui disent que son coeur n'est peut-être pas assez fort pour le garder en vie ? Il a essayé quelque chose et ça n'a fait qu'empirer.
Il frappe sur son volant, fou de rage. Le klaxon retentit et fait sursauter un couple qui passait à côté. Le brun enfouit son visage dans ses mains en soupirant. Il reste comme ça longtemps, à réfléchir, sans savoir quoi faire. Il fait de son mieux pour étouffer la moindre étincelle d'espoir dès que l'une d'elle apparaît. Izzy l'a dit, si son contact suffisait, cela fait longtemps que Magnus serait réveillé, parce qu'il lui tient la main, toujours. Et puis, la première fois que Magnus a utilisé son pouvoir sur lui, c'était grâce à un papier bien moins important que la photo. C'est inutile de tergiverser.
Il ferme plus fort les yeux pour se concentrer sur cette dernière pensée. Mais quelque chose l'en empêche. Le bruit de la pluie sur le toit de la voiture, une pluie battante. Le bruit emplit l'habitacle et ses pensées repartent vers cette fameuse nuit, ces deux heures passées dans la voiture à attendre que la pluie s'arrête. Il revoit le sourire de Magnus, il l'entend murmurer « mon ange » pour la première fois, tout contre sa bouche. Son cœur se met à battre plus fort face à ces souvenirs qui lui reviennent de plein fouet et il commence à céder. Pourquoi essaie-t-il de se persuader du contraire ? Il ferait tout pour revoir le sourire de Magnus, ne serait-ce qu'une petite fois.
Il retourne dans l'hôpital sans attendre mais ses pas sont lents et quand il rentre dans le bâtiment, il est trempé. Il passe une main dans ses cheveux en se dirigeant vers la chambre. La pièce est plongée dans la pénombre, il faut dire qu'il y a moins de trente minutes, il y avait un soleil incroyable, alors les lumières de la chambre étaient éteintes. Maintenant les nuages obstruent complètement le ciel. Il retire sa veste et va s'asseoir sur le bord du lit.
— Pardon d'être parti, souffle-t-il en allant caresser tendrement sa joue. J'avais besoin de réfléchir, Izzy et Clary ont... Je sais pas ce qu'elles ont dans la tête, mais apparemment c'est contagieux.
Son regard se pose sur le masque qu'il a toujours sur le bas de son visage. D'une main tremblante, il l'attrape et le lui enlève. Il reste vigilant quelques secondes. Magnus continue à respirer seul, il n'a jamais cessé. Alec pose le masque sur le lit, à portée de main, au cas où. Pour la première fois depuis un mois, il peut voir le visage de Magnus.
— On dirait presque que tu dors, Mags. Qu'à tout moment, tu vas ouvrir les yeux pour me regarder.
Quelques secondes s'écoulent encore. Alec attend. Il espère.
— Tu te fais désirer, bébé, dit-il sur le ton de la plaisanterie alors que les larmes menacent de se remettre à rouler sur ses joues. Ok, j'adore relever les défis. Tu m'as appelé ton prince, une fois, alors peut-être que c'est vraiment à moi de te sortir de ton profond sommeil.
Il attrape l'une de ses mains pour la monter sur sa joue, la recouvre de la sienne pour qu'elle touche complètement son visage.
— Je suis pas certain de ce que je fais, Magnus. J'ai peur de te faire plus de mal, mais... Clary a raison, je ne peux pas ne pas essayer. Je ne peux plus avoir peur.
Il prend ensuite son autre main, avec précaution à cause des aiguilles fichées dans ses veines. Il doit se pencher un peu pour la poser sur son visage. Il ferme les yeux, attendant chaque seconde que les mains se mettent à bouger. Ses larmes lui échappent.
— S'il te plaît, Magnus. Allez... Fais-le pour moi. Si tu m'aimes, tu dois revenir. T'as pas le droit de m'abandonner. J'ai besoin de toi... J'ai tellement besoin de toi.
Il rouvre les yeux pour regarder le visage de Magnus et croise les siens, voilés. L'information n'a pas le temps de faire son chemin que des pensées s'immiscent brusquement parmi les siennes. Comme la première fois, il n'en comprend aucune et, quand il revient à lui, le sang coule déjà. Plus abondant que jamais. Mais les yeux de Magnus sont entrouverts.
Alec lâche les mains qui restent sur son visage une seconde avant de retomber. Il se jette sur le bouton d'urgence avant de planter son regard dans celui de Magnus, qui a du mal à garder les yeux ouverts.
— Ne referme pas les yeux ! Je t'interdis de refermer les yeux, Magnus !
— Ale... -xander...
— Ouais, je suis là, bébé. Ça va aller.
Il le redresse pour que le sang ne parte pas vers ses poumons mais Magnus referme déjà les yeux, accablé par la douleur de sa tête. Les machines s'affolent. Au même instant, des infirmiers arrivent et repoussent Alec en dehors de la chambre. Il va se laisser tomber sur une chaise, les yeux rivés sur ses mains et ses bras, maculés du sang de Magnus.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? s'écrie Catarina.
En voyant Alec comme ça, elle craint le pire mais Alec se reprend pour la rassurer et il attrape sa main pour attirer son attention.
— Il s'est réveillé.
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