Chapitre 21 : « Arrête de prononcer ce nom. »

Alec est tendu. Il a accepté que Jace parle à Magnus de l'idée de sa mère, mais il est toujours inquiet des conséquences que cela pourrait avoir. Pourtant il a envie qu'Aldertree reparte le plus vite possible, le savoir dans la même ville que Magnus, imaginer qu'il puisse s'introduire chez lui par effraction, ça le rend malade. Parce que c'est ce que Magnus a dit, non ? Qu'il le sait capable de faire ça. Ça et certainement d'autres choses. Bordel, imaginer qu'il puisse entrer chez Magnus pendant qu'il dort. Non, non, arrête, tu vas encore enrager.

— À quoi tu penses, Jace ? demande Clary.

— C'est Maryse qui y a pensé, elle nous en a parlé la semaine dernière, quand elle a appris que le FBI devait débarquer ici. On s'est dit que ce n'était pas une bonne solution, mais on pensait pas qu'il viendrait chez toi, dès le premier jour.

Dès que Jace prononce le nom de Maryse, Magnus regarde Alec qui, lui, se contente de fixer ses mains qu'il serre l'une contre l'autre. Alors c'était ça. La conversation qu'il a surprise la veille entre Alec et sa mère. Finalement, il va savoir.

— Le tueur laisse des objets derrière lui, près des corps. Aucun n'appartenait à la victime, alors les enquêteurs se sont dit que c'était peut-être à lui. Il n'y a aucune empreinte dessus, mais... Maryse a pensé que ça pourrait quand même aider.

— Attends, comment elle sait comment ça marche, le don de Magnus ? s'étonne Clary, comprenant directement.

— Elle a fait une enquête sur moi.

— Pardon ?

La rouquine fronce les sourcils, un peu choquée. Jace lui a déjà dit que c'est la mère d'Alec et Izzy qui est à la tête du poste, mais quand même ! Elle fusille Alec du regard, comme s'il était responsable des mauvaises idées de sa mère, mais il ne la voit même pas.

— Donc elle pense que je peux le trouver ? demande cette fois l'indonésien. Comme vous n'avez aucune piste, elle pense que moi, je peux retrouver un tueur ?

— T'as pas l'air vraiment surpris.

— C'est pas la première à se poser la question.

— Aldertree ?

Le médium hoche la tête. Victor lui a déjà demandé, par le passé, de les aider à trouver un braqueur de banque qui avait tué un employé. L'expérience a été difficile bien que courte. Mais c'était seulement un homme désespéré, qui avait fait une erreur en tuant quelqu'un, ce n'était pas prévu. Magnus avait senti sa peur, ses remords, pendant des semaines après ça.

— Pourquoi vous ne m'en avez pas tout de suite parlé ?

— Alec ne voulait pas.

Ça non plus, ça ne surprend pas Magnus. Alec n'aime déjà pas qu'il utilise son don pour retrouver des personnes innocentes, il s'est certainement dit que l'utiliser sur un tueur est risqué. L'intéressé soupire encore une fois et relève finalement le regard vers son coéquipier. Il ouvre la bouche pour parler, mais est interrompu par la sonnerie de son téléphone. Il l'attrape pour voir que c'est sa mère qui l'appelle. Il part dans la pièce d'à côté pour répondre.

— Où est-ce que vous êtes, Jace et toi ? demande-t-elle avant même qu'il parle.

— Euh... On est chez Magnus.

— À cette heure-ci ? Tu te fiches de moi, Alec ?

— Il y a eu un incident. Un indésirable s'est pointé chez lui, alors on est venu s'assurer que tout allait bien.

— Oh c'est pas vrai... Izzy a bien noté qu'il est parti mais on ne savait pas où. Comment il a trouvé son adresse ?

— Je ne suis pas encore sûr, mais je vais trouver.

Une main entre dans son champ de vision, une main fine aux ongles vernis. Il soupire et lui donne son portable, comprenant la demande informulée.

— Maryse, dit-il poliment.

— Magnus !

— Est-ce que vous pourriez venir, ce soir ? On doit parler de certaines choses.

— D'accord, je viendrai.

Magnus rend son téléphone à Alec, Maryse a déjà raccroché. Les trois autres comprennent que le médium compte bien utiliser son don encore une fois. Jace et Clary sont un peu inquiets, mais le brun est à deux doigts de hurler. Ses mâchoires sont serrées, ses poings aussi.

— Je vais retourner au poste, annonce Jace. Je vais essayer de parler à Raj.

— Prends la voiture, répond Alec.

— Non, je vais le conduire. Je pense que Magnus n'a plus besoin de moi, aujourd'hui.

— Hm, tu peux y aller. Merci, Biscuit.

Elle sourit, enlace encore une fois Magnus et lui fait promettre de l'appeler s'il a besoin de quoi que ce soit. Puis le couple s'en va.

Dès qu'ils sont seuls, Alec fond sur Magnus pour l'embrasser. Un baiser désespéré. Il le serre dans ses bras comme si on allait le lui enlever. Il soupire contre la bouche de l'indonésien en sentant ses mains se poser sur sa nuque pour l'attirer encore plus près de lui. Dans sa rage, il lui mord la lèvre, la langue, doucement mais à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'ils soient à bout de souffle tous les deux.

— Je ne veux pas que tu fasses ça.

— Je sais. Mais je dois le faire.

Pour de bonnes et de mauvaises raisons, il doit le faire. Pour faire partir Victor d'ici et arrêter un monstre qui tue des femmes. Pour sa santé mentale et ne pas avoir la sensation qu'il aurait pu éviter des morts supplémentaires.

Il est un peu plus de dix-neuf heures quand Maryse frappe à la porte de l'appartement. Alec va ouvrir et est surpris de voir également sa sœur et Jace dans le couloir. Izzy est, clairement, mécontente. Comme Clary quelques jours plus tôt, elle se sent mise à l'écart et déteste ça. Ils entrent tous les trois, Maryse suit ses enfants et Jace jusqu'au salon où Magnus est déjà installé. Lui aussi hausse les sourcils en voyant arriver plus de personnes que prévu.

— Izzy ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je sais pas ce qui se passe exactement, mais je sais que c'est grave. Vous vous débarrasserez pas de moi.

— C'était pas mon intention, lui assure son frère. C'est juste que ce n'était pas à nous de te dire certaines choses.

— J'ai compris dans les grandes lignes, ça me suffit. Je t'en demanderai pas plus, Magnus. Mais je suis là.

— Merci, Princesse.

Tout le monde s'installe dans le salon, Jace et Izzy se retrouvent par terre, assis sur des coussins. Aucun d'eux n'a envie de s'asseoir aux côtés du couple sur le canapé, arguant qu'ils émettent trop de phéromones quand ils sont ensemble. En réalité, c'est surtout que la mauvaise humeur d'Alec est palpable.

— Magnus, je voudrais que tu saches une chose, commence Maryse. Je sais que c'est mon idée, mais j'ai entendu les craintes d'Alec. Tu n'es obligé à rien. Si c'est trop difficile pour toi, ça ne me pose pas de problème, je comprends.

— C'est gentil, Maryse. Mais je ne peux pas, juste, laisser les choses se passer. Si je peux aider, je dois le faire.

— Est-ce que c'est dangereux ? demande Izzy.

— Non.

La réponse de Magnus est instantanée, donnée d'une voix ferme et sans appel. Jace regarde son coéquipier qui tourne alors la tête pour tenter de cacher une évidence : Magnus ment. Cela ne suffit pas pour empêcher le blond de comprendre, tout comme il comprend la raison de l'éclat de colère d'Alec quand Maryse a suggéré l'idée, quelques jours plus tôt.

— Comment on fait, alors ? questionne le brun.

— Je ne sais pas encore, avoue sa mère. Avec les agents du FBI dans nos locaux, c'est délicat. On peut peut-être faire venir Magnus très tard, et faire en sorte que les personnes présentes soient des personnes de confiance.

— Il faut demander l'aide de Victor.

Les quatre policiers se tournent vers Magnus, ébahis d'avoir entendu ces mots sortir de sa bouche. Mais c'est Alec qui réagit le premier. Depuis le matin, sa colère gronde sans arrêt, plus va, plus elle s'intensifie. Il fait de son mieux pour qu'elle ne s'exprime pas sur Magnus, mais il ne l'aide pas du tout !

— Qu'est-ce que tu viens de dire ? Tu veux qu'on demande l'aide de ton ex ?

— Oui. Aussi étrange que ça puisse vous paraître, il ne refusera pas. Il connaît mon don, tout comme ce Raj, très certainement.

— Raj aussi ?

Alec se prend la tête dans les mains. Ce n'est pas possible, c'est un cauchemar. Cette journée est un véritable désastre. Il faut qu'il se réveille, maintenant. Maryse relativise et hausse les épaules.

— J'imagine qu'avoir un agent du FBI dans la confidence serait un plus.

— Maman, t'es sérieuse ?

— Alec, sois raisonnable. Plus vite on réussit, plus vite il partira.

— Et comment on fait, alors que Magnus ne veut pas qu'il sache qui est son entourage ?

— Raj...

— Arrête de prononcer ce nom, Jace, je le supporte plus.

— Il sait qu'Izzy connaît Magnus. Et comme il t'a vu partir d'ici, l'autre matin...

— Quel autre matin ?

La question de Maryse entraîne un léger silence et Izzy étouffe un rire derrière sa main. Sa mère se racle la gorge en faisant un petit geste désinvolte de la main. Voilà d'où vient la curiosité d'Izzy.

— Désolée, je m'égare. Aldertree sait donc sûrement qu'Izzy et Alec te connaissent, Magnus.

— Toi aussi, explique Jace. Pas personnellement. Mais Raj et Underhill savent que tu as enquêté sur lui.

— C'est pas possible. Dès que cette histoire est terminée, je force tout le monde à faire un séminaire pour arrêter les commérages. C'est intenable.

Magnus lève les yeux au ciel, retenant un léger « bienvenue au club ». Ceci dit, qu'ils sachent qu'il y a eu une enquête ne veut pas dire qu'ils savent ce que contient son dossier, alors inutile d'envisager les choses plus graves qu'elles ne le sont. Pour le moment.

— Donc je suis le seul que ça dérange d'impliquer Aldertree ? insiste Alec.

— Comment veux-tu faire autrement ?

Le ton de Magnus commence à ressembler à celui d'Alec, les amants se jaugent avec la même colère dans le regard. Izzy soupire. Elle se retient de demander qu'on lui explique toute l'histoire, uniquement parce qu'elle a dit qu'elle ne le ferait pas. Mais voir son frère dans cet état est difficile à gérer. Tout comme l'indonésien. Jamais, elle n'aurait imaginé qu'ils puissent un jour se regarder de cette manière. Elle lance un regard à sa mère, la suppliant de dire quelque chose.

— Jace, je t'ai vu parler à Raj tout à l'heure, relève Maryse pour détourner l'attention.

— Ah, oui ! Il est pas aussi idiot que je l'aurais voulu, mais j'ai quand même réussi à glaner quelques informations en évoquant la plainte de Magnus devant lui. Il a tout de suite été... Désagréable dans sa façon de parler.

Pour ne pas dire carrément insultant, mais il ne peut pas dire ça devant Alec. Il continue, en s'adressant à Magnus.

— Il m'a expliqué qu'il avait entendu parler de toi, il y a longtemps, sans me dire ni quand ni où. Que tu avais essayé d'enchaîner des plaintes sans fondement contre un homme qui n'avait rien demandé. Que ça justifiait le comportement qu'il a eu avec toi. Et qu'il t'a à l'œil depuis qu'il sait que tu es à New York.

— Il le surveille ? s'étonne Izzy.

— Il m'a aussi dit qu'il sait que Magnus a aidé à retrouver Abby. Qu'il l'avait déjà fait à l'époque, mais que ça a été caché parce que...

— ... Parce que ?

— Parce que « qui voudrait être impliqué avec un type pareil ? »

La trop grande franchise de Jace agace Alec, mais ses mots, ou plutôt ceux rapportés de Raj, ne semblent pas atteindre Magnus. Il s'appuie contre le dossier du canapé en réfléchissant. La question ne se pose plus, Aldertree a parlé de Magnus à Raj par le passé, et Raj lui a appris qu'il a revu Magnus à New York. Et c'est certainement aussi lui qui lui a donné l'adresse du médium.

— Bon, je vais tuer Raj, s'exclame Izzy en claquant ses mains sur ses genoux.

L'indonésien laisse un sourire glisser sur sa bouche face à la tentative de son amie de détendre un peu l'atmosphère.

Pendant que les jeunes digressent, Maryse observe son fils du coin de l'œil. La veille, elle a déjà vu le regard tendre qu'il porte à Magnus. Cette fois, c'est un farouche besoin de le protéger qu'elle observe. Jamais, elle ne l'a vu comme ça. Jamais, elle ne l'a vu à ce point prêt à désobéir aux règles. Jamais, elle ne l'a vu aussi passionné.

La tension n'est pas redescendue quand, environ deux heures plus tard, le téléphone de Magnus sonne sur la table basse du salon. Son propriétaire se contente de le regarder, sans amorcer le moindre mouvement. Installé sur le fauteuil, une tasse fumante dans les mains, de tristes souvenirs l'exhortent à ne pas répondre. Alec sort de la cuisine. Ils sont à présent seuls dans l'appartement.

— Tu ne réponds pas ?

Magnus fait « non » la tête. Il est pourtant prompt à décrocher d'habitude, même lorsqu'il ne reconnaît pas le numéro, comme maintenant. Et justement, c'est un numéro qu'il ne connaît pas et il n'y a qu'une seule personne, mis à part Alec, capable de l'appeler à presque 22h.

— Mags, dis-moi ce qui se passe.

— Je crois que je ne vais pas avoir besoin que ta mère m'envoie le numéro de Victor.

Le plus jeune grimace. L'idée ne l'enchante pas, mais il a été décidé que Magnus demanderait lui-même à Victor de les aider. Pour cela, il doit lui envoyer un message pour le faire venir à son appartement.

Quelques instants après que la sonnerie a cessé, une notification retentit pour l'avertir qu'il a un nouveau message vocal. Il souffle et attrape enfin son téléphone pour écouter le message. Il ferme les yeux, serre les mâchoires, et Alec l'observe, toujours.

— Bonsoir, trésor. J'aurais aimé entendre ta voix ce soir, mais tant pis. S'il te plaît, rappelle-moi. Tu me manques.

Une boule se forme dans sa gorge mais, dans la foulée, il envoie le texto pour ne pas passer une heure à y penser.

« Est-ce que c'est possible que tu viennes chez moi,demain matin ? J'ai besoin de te parler de quelque chose. »

La réponse ne tarde pas.

« Bien sûr. J'ai hâte. Je serai chez toi vers 7h30,
mais je n'aurai pas beaucoup de temps. »

Ouf. Au moins, il ne s'attardera pas. Magnus se lève, abandonnant téléphone et tasse sur la table basse, et il commence à partir vers sa chambre. Alec le retient et le force à se tourner vers lui. La colère qui l'anime fond doucement face au mal-être évident de son petit-ami.

— Je ne compte pas te laisser seul, demain, dit-il d'une voix douce.

— Alexander, tu sais que ce n'est pas possible. Il ne doit pas te voir chez moi.

— Pourquoi ? Vraiment, je me fiche de ce qu'il pourrait me faire s'il apprend qu'on est ensemble ! Mais il est hors de question que je te laisse seul, avec lui.

Magnus se dégage. Il n'a pas la force de se disputer avec Alec maintenant. Il décide donc de prendre son argument à l'envers pour couper court à la discussion.

— D'accord, tu te fiches de ce qu'il pourrait te faire. Mais et moi, alors ? Il ne s'en prendra peut-être pas à toi, mais à moi. C'est même fort probable qu'à un moment, il se venge parce que je suis passé à autre chose.

— Je ne le laisserai pas faire.

— Tu ne peux pas être avec moi 24h / 24, il trouvera un moment pour m'atteindre s'il le souhaite ! Tu t'en fiches, de ça ? De ce qui pourrait m'arriver, à moi ?

Alec baisse la tête, l'idée qu'Aldertree s'en prenne à Magnus lui tord les entrailles, l'idée qu'il ne puisse pas le protéger le tue. Magnus se rapproche et pose ses mains sur ses joues, voyant l'effet de ses paroles.

— C'est exactement ce que je ressens en imaginant qu'il puisse te faire du mal. Je sais que tu t'inquiètes, mais la situation ne sera que pire s'il trouve quelqu'un chez moi, si tôt le matin. Pourquoi est-ce que tu crois qu'il a choisi de venir à ce moment-là ?

Le brun hoche la tête et Magnus l'embrasse tendrement, ses doigts vont se perdre dans les cheveux bruns. Il faut que cette histoire se termine vite, ou la santé mentale d'Alec n'y survivra pas.

Le lendemain, pile à l'heure prévue, on frappe à la porte de l'appartement. Magnus ravale sa bile et prend de longues inspirations avant d'aller ouvrir. Ça ne va prendre que quelques minutes. Seulement quelques minutes. Comme la veille, Victor n'attend pas que Magnus l'invite à entrer et il se dirige vers le salon. Mais, alors que Magnus croit qu'il va aller s'asseoir, Victor se retourne quand il passe près de lui pour le prendre dans ses bras.

— Tu m'as tellement manqué, trésor.

— Arrête, gronde l'asiatique. Ne m'appelle pas comme ça.

Il le repousse en essayant d'être le moins brusque possible et va s'asseoir sur le fauteuil, il sort son portable de sa poche. Il le pose sur l'accoudoir et prend soin de cacher l'écran pour que Victor ne se rende pas compte qu'ils sont écoutés. Victor s'assoit sur le canapé avec un petit soupir.

— Je vais être clair, reprend Magnus avant qu'il ne parle d'autre chose. J'ai appris que vous aviez des problèmes sur l'affaire pour laquelle tu es ici.

— Oh vraiment ? Et comment sais-tu ça ?

— Isabelle Lightwood m'en a parlé. C'est une amie de mon assistante, que tu as vue hier.

— Ah oui, on m'a dit que tu étais proche des Lightwood.

— C'est Raj qui te l'a dit, je suppose.

Cette fois, Victor est surpris. Il ne sait peut-être pas à quel point Magnus est proche d'Alec et Izzy.

— Elle m'a demandé de vous aider. Mais puisque tu es là, autant voir avec toi.

— C'est vrai. On manque d'informations sur cette affaire et avec un tueur en série en liberté, mieux vaut agir vite. D'accord, je vais essayer de te permettre de venir au poste ce soir. Tard.

— Maryse est aussi au courant de mon don. Explique-lui, elle nous aidera.

L'agent est surpris à nouveau et cela rassure Magnus. Au moins, Victor n'est clairement pas au courant de tout. Le plus âgé se relève et s'approche du fauteuil, il se penche, prend appui de ses mains sur les accoudoirs, et évite de justesse de faire tomber le téléphone. Son visage s'approche de celui de Magnus. Beaucoup. Trop. Le cœur de Magnus cesse presque de battre, il a du mal à respirer parce qu'il sent le souffle de son ex sur sa bouche.

— Puisque c'est toi qui proposes tes services et moi qui accepte de t'aider... C'est peut-être à moi de te faire payer quelque chose, tu ne crois pas ?

— De quoi est-ce que tu parles ? répond Magnus d'une voix faible. Je ne t'ai jamais rien demandé pour l'aide que je t'ai apportée !

— C'est vrai. Mais tu sais que je suis moins gentil que toi.

Il passe une main sur la joue du médium complètement pris au piège sur le fauteuil. Le geste se veut tendre et Magnus se fige, incapable de réagir.

— Qu'est-ce que je pourrais te demander, hm ? continue Aldertree, le ton doucereux. Il y a tellement de choses qui me font envie, là, tout de suite.

— Ne fais pas ça.

Au moment où Victor veut embrasser Magnus, son téléphone sonne. Il jure et se redresse mais garde une main sur l'épaule de Magnus pour l'empêcher de fuir. Il regarde son écran quelques instants et soupire.

— Je dois y aller, le travail m'appelle. On reprendra cette conversation plus tard.

Sans attendre de réponse, Aldertree tourne les talons et quitte l'appartement. Magnus attrape aussitôt son portable pour rassurer Alec, qui attend dans sa voiture à deux rues de l'immeuble, et il entend sa voix.

— C'est ma mère qui vient de lui envoyer un message. J'arrive tout de suite.

Magnus soupire, il se sent idiot d'avoir été si naïf. Alec avait raison, s'il n'avait pas écouté ce qui se passait, ça aurait pu très vite dégénérer. Mais maintenant, ils ne peuvent plus reculer, il va juste falloir faire en sorte que Magnus ne se retrouve plus seul avec Victor.

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