Chapitre 16 : « Il faut que je sache. »

Il a longuement hésité, tergiversé, décidé puis changé d'avis, incapable de se mettre complètement d'accord avec lui-même. Alec se mord la lèvre, les yeux rivés sur le dossier fermé qui est posé sur son bureau. En fait, ça fait près de dix minutes qu'il le fixe. Pourquoi est-il allé le chercher dans le bureau de sa mère ? Maintenant que Magnus lui a raconté les sombres épisodes de son passé, il n'y a rien de nouveau qu'il pourrait apprendre de l'enquête de sa mère. Ou peut-être que si, une chose : l'identité de son ex.

Trois jours sont passés, il n'a pas revu Magnus depuis le dimanche. Mais ils échangent des messages. En fait, Alec se surprend à avoir envie d'envoyer des messages à Magnus à tout moment de la journée, ce qui ne lui a jamais ressemblé. Au moins, ça fait rire Izzy et Jace quand ils le voient dégainer son portable dès qu'il sonne, au cas où ce serait son petit-ami. Ils le taquinent un peu, gentiment et discrètement car ils sont conscients que même s'il a fait son coming out à Maryse, Alec n'a pas vraiment envie que tous ses collègues soient au courant de son homosexualité. Si ça se savait au poste, ça ne tarderait pas à monter aux oreilles de son père, et il n'est pas encore prêt pour ça.

Pour le moment, néanmoins, ce n'est pas ça qui le tourmente. Savoir que l'identité d'un homme qui a fait tant de mal à Magnus se trouve presque à portée de son regard est très tentant. Pas qu'il envisage d'aller le confronter, mais il veut savoir.

— Tu es sûr que c'est une bonne idée ? lui a demandé sa mère, une quinzaine de minutes plus tôt, quand il est allé lui demander le dossier.

— Il faut que je sache.

— Non. Ce n'est pas utile, crois-moi.

— Pourquoi as-tu cherché son identité, alors ? Les informations que Luke t'a donné l'autre fois ne te suffisaient pas ?

— Non, ça ne me suffisait pas.

Magnus ne lui a pas dit de qui il s'agit, mais ça ne veut pas dire qu'il ne veut pas qu'Alec sache puisqu'après tout, Alec n'a pas demandé. Peut-être que s'il l'avait fait, Magnus le lui aurait dit. Maintenant que la discussion est close, lui poser la question semble déplacé, il ne veut pas rouvrir la plaie, encore une fois.

La curiosité le tourmente, tout comme son besoin de protéger le médium. Son ex pourrait venir à New York et s'il ne sait pas de qui il s'agit, il ne pourra pas le tenir éloigné de Magnus. Alors il doit savoir. C'est avec cette détermination qu'il est parvenu à convaincre sa mère mais l'hésitation a eu tôt fait de revenir dans la partie, dès qu'il s'est assis devant son bureau. Est-ce que Magnus lui en voudra d'avoir fouillé dans son passé ?

— Toujours pas ouvert ?

Alec sursaute et lève la tête pour voir Jace s'asseoir sur le bord du bureau. Il s'est bien gardé de donner les détails mais, puisqu'il sait ce que Maryse a fait, Alec lui a avoué qu'il voulait jeter un œil. Il soupire et se carre dans sa chaise avant de secouer la tête. Jace, fidèle à lui-même, attrape le dossier pour l'ouvrir et le redépose sous le regard de son ami.

— T'es sérieux, là ? s'exclame Alec, un peu mécontent.

— Tu aurais fini par le faire de toute façon, je t'ai fait gagner au moins une heure ! Regarde le nom de l'ex de Magnus et rends le dossier à ta mère avant qu'un certain connard ne mette la main dessus.

Alec fronce les sourcils. Comment son coéquipier est-il au courant de ce point de détail ? La seule solution est : Izzy. Car Clary ne doit sûrement pas savoir tout ça du passé de Magnus, sinon elle aurait probablement fait le trajet jusqu'à Saint-Louis pour frapper ce... Qui ?

Il baisse enfin les yeux sur le dossier, l'écriture manuscrite de sa mère est parfaite comme toujours. Malheureusement. Une partie de lui aurait voulu qu'elle écrive si mal qu'il ne puisse la déchiffrer, et lire ce nom.

— Aldertree.

— Quoi ? Victor Aldertree ?

Le brun acquiesce et ils échangent un regard confus. Aldertree a été leur instructeur, quatre ans plus tôt, quand ils sont entrés dans la police. Alec s'inquiétait que l'ex de Magnus puisse être un ami de son père vu que, d'après Luke, il semble l'estimer. Il n'avait pas imaginé qu'il l'aurait déjà rencontré, qu'il s'agirait de quelqu'un que, lui, il estime. Quelle ordure.

Voilà pourquoi sa mère était réticente à lui donner le dossier, pour qu'il n'ait pas à perdre l'estime qu'il a pour cet homme qui lui a tant appris, qui leur a tant appris. Il referme le dossier et part vers le bureau de sa mère, Jace sur ses talons.

Dès qu'elle voit les deux jeunes hommes entrer dans la pièce, Maryse comprend. Son fils lui rend le dossier, sans un mot, et elle le range dans un tiroir qu'elle ferme à clé.

— On ne se rend pas toujours compte de qui on côtoie, souffle-t-elle. Mais la bonne nouvelle, dans tout ça, c'est qu'il a été intégré au FBI il y a de ça plusieurs mois. Alors il y a peu de chance qu'on se retrouve à travailler avec lui un jour.

Avec tout ce qu'il a fait, ce mec a réussi à entrer au FBI ? Alec n'en revient pas, il se laisse tomber sur la chaise à côté de lui, sous le regard surpris de Jace.

— Maryse a raison, il est à Washington maintenant, on ne le reverra pas.

— Ouais, ce mec est une brute, un criminel et il est récompensé par un poste prestigieux, quelle chance !

— Un criminel ?

Le brun se mord la bouche. Dans sa mauvaise humeur, il en a trop dit. Et Jace est perspicace, il ne tarde pas à faire le lien entre les différentes informations qu'il a glané de son ami et d'Izzy.

— Attends... C'est lui qui a brutalisé Magnus ? La cicatrice dont tu m'as parlé... C'est lui qui a fait ça ?

Alec se contente de hocher la tête et Jace se laisse tomber sur une chaise, lui aussi.

❖❖❖

Pour la première fois depuis plus d'une semaine, Magnus est sorti de chez lui et même de son immeuble. Le soleil de juin l'oblige parfois à fermer les yeux alors qu'il attend l'arrivée de son ami à la terrasse d'un café. Il a l'impression d'être redevenu lui-même depuis qu'Alec lui a dit qu'il voulait être avec lui. Il s'était pourtant promis de ne plus être à ce point dépendant de quelqu'un, il sait mieux que quiconque où ça peut mener. Mais, avec Alec, c'est différent. Il sait qu'Alec ne cherchera jamais à lui faire du mal.

Il relève les yeux quand la chaise en face de lui grince sur le sol pavé. Ragnor s'assoit en soupirant.

— Tu as l'air éreinté, mon ami, commence Magnus avec un sourire compatissant.

— M'en parles pas. Mes élèves sont des abrutis.

— Ça fait trois ans que tu es prof et ça fait trois ans que tu répètes ça. Pourquoi tu continues à enseigner si tu n'aimes pas tes élèves ?

Ragnor fait la moue et interpelle une serveuse pour se commander un café avant de répondre.

— Oui, ils sont idiots, ça ne veut pas dire que je n'aime pas ce que je fais.

— Tu es un artiste talentueux, je ne comprends pas que tu ne vendes pas tes tableaux plutôt que d'enseigner l'art à des lycéens. Tu détestais déjà les lycéens quand tu étais au lycée !

L'aîné hausse les épaules sans répondre. Il l'a fait, pendant quelques années après le départ de Magnus. En réalité, Ragnor a réussi à se faire connaître un peu mais il a fini par prendre un poste de professeur. Comme il n'est pas pédagogue, ni patient, Magnus aimerait parfois être une petite souris pour assister à l'un de ses cours.

— Être peintre, ce n'est pas... C'est trop aléatoire, finit par répondre Ragnor, d'une voix incertaine. Ce n'était pas aussi facile que je te le faisais croire. Oui, j'ai vendu pas mal d'œuvres mais l'argent ne venait pas aussi régulièrement que ça.

— L'argent ? Depuis quand tu te soucies de l'argent, toi ?

La famille de Ragnor a toujours été riche, vraiment riche. Ragnor n'a jamais eu à se soucier de l'argent, c'est quoi ce mensonge ? Magnus ne comprend pas ce que son meilleur ami essaie de lui cacher.

La serveuse revient avec le café de Ragnor avant que l'un d'eux ne puisse reprendre la parole.

— Oh allez ! Dis-moi la vérité ! On sait tous que si t'avais continué à peindre, tu serais déjà connu partout. Pourquoi t'as arrêté ?

— Parce que ça m'éloignait de vous !

— De nous ? Qu'est-ce que tu racontes ? J'étais même pas à New York, à cette époque !

— D'accord, ça m'éloignait de Cat, t'es content ?

— Oh.

Les joues de Ragnor ont pris une teinte rose – très rose –, alors qu'il détourne les yeux pour échapper au regard de Magnus. Catarina. Bien sûr, Catarina. Comment a-t-il pu ne pas y penser ?

— Catarina adore tes peintures, dit-il affectueusement. Et elle adorait te regarder peindre.

— Peut-être mais je n'avais plus autant de temps à passer avec elle. Et elle a commencé à sortir avec ce gars. Ce prof.

— Ah putain, t'es sérieux ? Ils sont sortis ensemble deux mois !

— Mais ça m'a fait réaliser qu'on ne vivait plus dans le même monde ! Et qu'elle préférait les hommes qui ont les pieds sur terre.

— Tu lui as dit, au moins ?

— Bien sûr que non !

Magnus lève les yeux au ciel. Ah non mais c'est pas vrai ! Catarina et Ragnor se tournent autour depuis des années, Ragnor a carrément changé de vie pour elle et ils n'en ont jamais parlé ?

— Mais justement, c'est pour ça que je voulais te parler aujourd'hui.

— Me dis pas que, pendant toutes ces années, tu attendais ma bénédiction !

L'indonésien se met à rire devant l'air ahuri de Ragnor, puis ce dernier se joint à son rire.

— Non, répond-il après quelques instants. Mais j'ai besoin de toi. J'ai envie de lui dire mais j'ai besoin que tu sois là pour me ramasser à la petite cuillère si elle me rejette.

— Ça n'arrivera pas.

— Comment peux-tu le savoir ?

Et comment Ragnor peut-il ne pas le savoir ? Magnus souffle et prend une gorgée de son café pour ne pas lui répondre.

— Magnus, s'il te plaît. Je n'y arriverai jamais si je suis en tête-à-tête avec elle.

— D'accord, d'accord ! On a qu'à... On a qu'à organiser une sortie. Ce soir, elle est de garde, mais demain je crois qu'elle est libre.

— Tu comptes inviter Alec ?

— Euh oui, bien sûr.

Mais il devra sans doute aussi inviter Izzy et les autres car Alec ne sera pas à l'aise s'il est juste avec Magnus et ses amis. Il ne les connait pas vraiment et, avec Catarina, ça risque d'être encore tendu quelque temps.

— Je te remercie, Magnus.

— Me remercie pas trop vite. Je ne te laisserai pas te dégonfler, vous attendez ça depuis beaucoup trop longtemps.

— Arrête.

— T'as qu'à demander à Raphael. Même lui il s'en est rendu compte.

— De toute façon, il dirait n'importe quoi pour me contredire !

Magnus rit. C'est un peu vrai, mais n'empêche, Ragnor et Catarina n'ont jamais été aussi discrets qu'ils le pensaient, sauf l'un pour l'autre. Chacun à croire qu'il est impossible que l'autre éprouve autre chose de l'amitié.

— Bon, reprend Ragnor pour changer de sujet. Ça a l'air d'aller mieux avec ton Alec.

— Oui. Mais j'imagine que Cat t'a déjà tout raconté.

— Effectivement. Mais je voulais que tu me le dises toi-même. Je te connais, tu ne dis pas toujours tout à Cat. Ni à moi, d'ailleurs.

— Parce que vous êtes des commères !

Cette fois, c'est à Ragnor de se mettre à rire. Magnus se sent un peu mal. Pas qu'il prenne ses amis pour des idiots, mais il espérait qu'ils ne se rendaient pas compte qu'il leur cache des choses.

— Écoutes, tu as le droit d'avoir tes secrets. Tant que tu ne disparais plus comme tu l'as déjà fait.

Ragnor fait allusion à l'époque où Magnus sortait avec Victor. Dès que Catarina a manifesté sa défiance envers le policier, celui-ci a demandé à Magnus de couper les ponts. Pendant des mois, ils sont restés sans nouvelle de lui, jusqu'à ce qu'il appelle Catarina de l'hôpital.

— Tu veux que j'invite Cat ou tu le fais toi-même ?

❖❖❖

— Réunion. D'urgence.

Alec et Jace interrompent leur entraînement et lèvent les yeux pour voir Underhill à l'entrée de la salle. Les trois policiers restent silencieux, les deux plus jeunes attendent plus de détails et Andrew se perd dans la contemplation du corps du brun. Il revient à lui après quelques secondes et se racle la gorge.

— Il y a du nouveau sur les meurtres.

Le grand blond tourne les talons, embarrassé, mais Alec n'a rien remarqué, contrairement à Jace qui retient un rire. Ils font un détour par le vestiaire avant de rejoindre les autres. Tous leurs collègues sont réunis, assis sur des chaises ou les bureaux. L'information a commencé à circuler et ce n'est pas rassurant du tout.

— Un autre corps a été découvert à Philadelphie. D'après l'autopsie, la victime a été tuée il y a environ quatre mois. Ils ont également ressorti un dossier, d'une mort qui semblait accidentelle. Comme les autres victimes, il s'agit d'une jeune femme, la vingtaine, sans famille. C'était il y a quatre mois et demi.

Le silence se fait aussitôt alors que chaque agent essaie de comprendre ce qui est en train de se passer. Quatre femmes potentiellement tuées par la même personne.

— On m'a donc informée, reprend Maryse après quelques instants, que le FBI allait venir se charger de l'enquête. Ici, à New York. En attendant, je veux qu'on revoie les dossiers. Il faut qu'on trouve des indices.

Des questions sont posées. Alec n'écoute pas. Tout ce qu'il retient, c'est que des agents du FBI vont venir ici, alors que quelques heures plus tôt ils étaient persuadés que ça ne pourrait pas arriver.

Tout le monde se disperse, Maryse demande à lui parler, ainsi qu'à Izzy et Jace. Ils se retrouvent dans le bureau et prennent soin de fermer derrière eux.

— Aucune piste, souffle Maryse. On n'a aucune piste. Toutes celles qui ont été explorées n'ont mené à rien.

— Maman, c'est au FBI de se charger de ça, maintenant, dit Izzy. Ils vont le trouver.

— Je préfèrerais quand même qu'ils restent le moins longtemps possible.

— Tu sais qui va venir, Maryse ?

Alec regarde Jace qui lui a ôté la question de la bouche. Est-ce qu'ils ont composé l'équipe qui doit prendre en charge l'enquête ? Déjà ? Maryse soupire.

— Je n'ai pas les détails mais il s'est porté volontaire. Puisqu'il a déjà travaillé ici.

— Qui ? demande Izzy, larguée par les non-dits. Soyez plus clairs !

— Aldertree, répond Alec.

— Votre ancien instructeur ?

Alec donne aussitôt un coup discret dans les côtes de Jace pour qu'il se taise. L'atmosphère est tendue, mais personne ne prononce plus un mot pendant une bonne minute. Alec n'a pas encore eu l'occasion de partager l'information avec sa sœur aujourd'hui et, en réalité, il se demande s'il doit le faire ou non. Magnus serait gêné et peut-être mécontent qu'ils sachent tous alors qu'il avait tant de mal à en parler même à ses amis. Non, cette fois, Izzy doit être tenue à l'écart. Tant que Magnus n'a pas décidé du contraire.

La jeune femme est toujours perdue, se demandant en quoi le retour d'Aldertree est un problème. Aux dernières nouvelles, Alec et Jace l'appréciaient beaucoup, et c'était réciproque malgré l'indiscipline que Jace manifeste parfois.

— Si je vous ai demandé de venir, c'est pour quelque chose de précis, continue Maryse, avant que sa fille n'insiste. Comme je le disais, il n'y a aucune piste. Des objets ont été retrouvés près des corps, ce qui est étrange dans ce genre de cas. Les tueurs ont plutôt tendance à prendre des trophées. Des tas d'analyses ont déjà été faites sur ce qui a été récupéré sur le corps, ici, à New York. Mais il n'y a rien.

— Et alors ? demande Alec. En quoi tu veux que ça nous aide ?

— Oh ! Magnus !

Le brun regarde une nouvelle fois sa petite sœur qui a l'air surprise de ne pas y avoir pensé avant. Alec serre les mâchoires, il a peur de comprendre.

— Comment ça « Magnus » ?

— Ce ne serait pas la première fois qu'il aide la police, répond sa mère. Vous devriez lui demander, il sera libre de refuser s'il ne veut pas le faire.

— Est-ce que tu es sérieuse ? Tu ne le connais même pas ! Comment peux-tu demander une chose pareille ?

La colère qui gagne Alec les surprend tous. Et il a du mal à comprendre pourquoi ça ne leur paraît pas complètement fou. Izzy soupire et pose sa main sur le bras de son frère.

— Ça fatigue beaucoup Magnus d'utiliser son don, dit-elle à sa mère. La dernière fois, il s'est à peine rendu compte qu'Alec était là.

— Izzy...

— On n'est pas idiots, évidemment que tu t'inquiètes pour lui ! Mais il a l'habitude de retrouver des personnes disparues.

— Des personnes disparues, oui !

Le contrecoup est, pour le moment, le moindre des soucis d'Alec. Tout ce à quoi il peut penser, c'est la façon dont Magnus a effleuré son esprit grâce à son don. Deux fois. Il l'a influencé. Il lui a transmis des souvenirs. Il a communiqué avec une petite fille ! Il peut voir dans l'esprit des gens. Lui demander de sonder l'esprit d'un détraqué qui a tué quatre femmes, c'est...

— Je vous interdis de lui en parler ! Ou même à Clary ! crie-t-il à Jace et Izzy. Il est hors de question qu'on lui demande de faire ça, c'est compris ?

Impossible. Impossible ! Magnus ne refusera pas, mais Alec ne peut se résoudre à l'impliquer encore. Après avoir vu sa sœur et son meilleur ami hocher la tête, il sort de la pièce en claquant la porte.

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