Chapitre 32 : « J'ai froid. »

Alec ne cesse d'observer Magnus. Sur le trajet qui les ramène à San Francisco, puis quand ils arrivent et s'installent à l'hôtel. Parfois, l'indonésien semble différent mais le détective n'arrive pas à mettre des mots sur ce qu'il voit. Il a l'impression que son amant bouge différemment par moment. Dans sa façon de passer sa main dans ses cheveux, ou de triturer ses doigts, peut-être ? Ce ne sont que de brèves secondes, parfois même moins que ça, avant que ça ne disparaisse. Si bien qu'Alec commence à vraiment se demander s'il n'est pas paranoïaque.

Malheureusement, la route et les heures passées à l'hôtel lui laissent trop de temps pour réfléchir. Le jour suivant, après le rendez-vous qui le libère enfin des sutures métalliques, il arrive à convaincre Micah d'aller se promener dans San Francisco, à défaut de se rendre à l'appartement de Camille ou au poste de police.

— S'il refuse toujours d'y aller demain, j'irai seul pour récupérer ses affaires et les papiers que nous demandera Branwell, dit Magnus à voix basse alors que Micah part vers sa chambre.

— Tu es sûr que ça ira ?

— Je ferai vite, en espérant qu'elle ait été plus organisée ces dernières années que quand je l'ai connue. Sinon, ça risque de me prendre une éternité.

Alec échappe un rire et resserre son étreinte autour de son fiancé. Aujourd'hui, il n'a rien remarqué d'anormal. Il essaie de ne pas penser que ça pourrait être parce qu'il s'est occupé l'esprit, justement pour ne rien remarquer. Il a encore hésité, plus tôt, à recontacter Clary mais il la connaît. Elle lui aurait au moins envoyé un message si elle avait découvert quelque chose d'inquiétant.

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Il hausse les sourcils et tourne la tête vers l'asiatique qui le regarde, plutôt que la télévision. Il ne pensait pas que son inquiétude se lisait sur son visage.

— Tu crois que je ne te connais pas ? continue le médium. Je vois bien que quelque chose te tracasse, Alexander.

— Ce n'est rien, t'inquiète.

— Donc il y a bien quelque chose.

Magnus esquisse un petit sourire, il espère qu'Alec se confiera à lui. Mais Micah l'appelle et il entend presque le soupir du brun quand il se lève, repoussant leur conversation. Il va dans la chambre voisine où son fils est en train de se mettre au lit. La journée a été riche en émotions pour lui, revoir cette ville sans sa mère et pour la dernière fois avant longtemps, c'est difficile. Alors retourner chez eux...

— C'est grave si j'ai pas envie d'y aller ? murmure-t-il en baissant les yeux.

Il faut quelques secondes à l'indonésien pour comprendre de quoi parle Micah puis il sourit en s'asseyant sur le lit. Il caresse doucement ses cheveux.

— Non, ce n'est pas grave. En plus, j'ai appelé Madame Rouse tout à l'heure et elle a proposé de te garder quelques heures, le temps qu'on se charge de récupérer tes affaires. C'est toi qui décides.

Le petit garçon hoche la tête avant de s'allonger dans le lit. Il ne sourit plus beaucoup depuis qu'ils sont arrivés à San Francisco, alors Magnus fait de son mieux pour rendre les choses un peu plus aisées. Après une courte hésitation, il se penche sur son fils pour déposer un baiser sur son front et Micah l'enlace brusquement.

— Bonne nuit, papa.

— Fais de beaux rêves, Micah.

Magnus a droit à un tout petit sourire avant que l'enfant ne le lâche et ferme les yeux. Il quitte aussitôt la chambre en éteignant la lumière.

Comme il se fait tard, le couple se met également au lit. À peine Magnus a-t-il posé la tête sur le torse de son compagnon qu'il sent une agréable torpeur l'envahir. Il n'arrive pas à savoir si ça le rassure ou si ça l'embête. Après avoir dû prendre des cachets pour dormir pendant presque une semaine, c'est inespéré de retrouver le sommeil aussi facilement. Mais, en même temps, il ne peut s'empêcher de lutter un peu, parce qu'il a envie de câliner son fiancé.

— C'est le fait de conduire qui te fatigue autant ? le taquine Alec.

— Peut-être, je n'ai pas l'habitude de faire de si longs trajets.

— On pourra se partager le chemin du retour.

— Non, le médecin a dit que tu dois éviter de conduire.

— C'est uniquement à cause des antidouleurs et je ne dois en prendre que si j'ai mal. Ce qui n'est pas le cas.

— S'il te plaît, je peux très bien nous ramener à New York...

— Je sais que tu le peux, bébé. Mais tu t'es bien assez épuisé ces derniers temps.

Même si cela fait plus d'une semaine qu'il n'a pas utilisé son don, son corps ne s'est visiblement pas encore remis de ses efforts. Alec passe une main sur le visage de son compagnon puis dans ses cheveux et accueille le soupir bienheureux avec un sourire.

— Je vais bien, marmonne Magnus, déjà en train de s'endormir. Je t'assure.

— Je t'aime, Mags.

— Moi aussi...

Le brun étend le bras pour éteindre la lumière de chevet puis repose sa main sur la taille de son amant. Il le caresse, un peu frustré de le voir sombrer aussi vite. Mais ce n'est pas comme si ce ne serait pas gênant de faire des cochonneries alors que Micah est dans la chambre d'à côté.

Magnus a beau s'endormir facilement, son sommeil est peuplé de songes étranges qui le laissent à ne plus savoir s'il dort ou s'il est éveillé. Il sent une vague de froid le saisir. C'est d'abord le bout de ses doigts. Puis la sensation remonte le long de ses bras et rampe sur son corps. C'est un froid dérangeant et contre-nature qui l'enveloppe et lui donne envie de se débattre. Mais il n'y arrive pas. Et, chaque nuit, le froid gagne un peu plus de terrain.

C'est un rêve bizarre qu'il fait toutes les nuits depuis une semaine et qu'il oublie presque totalement à son réveil. Il ne lui reste jamais plus que le souvenir de quelques frissons glacés. Mais cette fois, quand il se réveille, c'est différent. La sensation est encore présente et il est encore incapable de se débattre. Allongé sur le dos dans le lit, ses doigts à seulement quelques millimètres de la main d'Alec, il n'arrive pas à bouger. Il essaie de se lever, de tirer sur la couverture qui le recouvre pourtant déjà, dans l'espoir de se réchauffer, de faire disparaître ce froid qui le transperce.

Est-il en train de dormir ? Il ouvre les yeux pour fixer le plafond de la chambre d'hôtel. Il veut tourner la tête, se hisser sur ses coudes, mais l'engourdissement l'empêche de sentir son propre corps. Ou bien est-ce son corps qui refuse de lui obéir ? Non, ça n'aurait pas de sens. Il essaie de retrouver son calme, de reprendre une respiration mesurée mais il est le seul à s'affoler, son corps est calme. Ses poumons se remplissent et se vident lentement, comme si son corps était toujours endormi. Cette dissonance ne fait que renforcer l'angoisse.

La vague se répand. Pour la première fois, il la sent couler sur sa gorge, s'emparer de son visage, et c'est là qu'il se sent véritablement réagir. Rapidement, la douleur dans son crâne devient insoutenable et il se met à crier sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Ce cri muet lui semble durer une éternité jusqu'à ce qu'il parvienne enfin à se redresser sur le lit, dans un mouvement brusque comme s'il avait tiré de toutes ses forces sur une corde qui venait de lâcher. Sa respiration s'affole tout aussi vite. Sa tête lui tourne. Et une douleur indicible étreint ses tempes.

Chancelant, le médium se lève du lit et se rend dans la salle d'eau. La porte claque quand il la referme derrière lui puis il entre dans la douche, sa main glissant le long du mur. Dans le noir. Il tremble et son corps entier est toujours en proie à cette douleur qui lui est inconnue. Jamais il n'a ressenti une chose pareille. Rien d'aussi brutal et dérangeant, mais il n'arrive pas à s'en dégager.

Alec ouvre les yeux en entendant la porte, mais c'est le bruit de la douche qui le fait se lever. Il rejoint Magnus pour s'assurer que tout va bien et, quand il allume la lumière, il le découvre assis dans la douche, toujours vêtu de son t-shirt et de son boxer, et les mains sur les tempes. Entouré d'une épaisse vapeur. Le brun entre à son tour pour éteindre l'eau dont les quelques gouttes qui touchent sa peau le brûlent aussitôt. Il se dépêche donc et, perdu, se penche sur son compagnon.

— Qu'est-ce qui te prend de t'ébouillanter ?

— J'ai froid.

Magnus n'a pas senti la brûlure, quand bien même sa peau a déjà commencé à rougir là où l'eau l'a touchée. Les mains d'Alec se posent sur ses épaules et il relève lentement la tête. Leurs regards se croisent et le brun tressaille, mais ça ne dure qu'une seconde. Une seconde durant laquelle il pourrait jurer avoir vu le voile blanc sur les yeux du médium. Pourtant ça n'a pas de sens, parce que quand il est en transe, Magnus est coupé de tout et ils ne se parlent jamais. Il serait encore moins capable de se lever pour changer de pièce.

— Est-ce que tu as utilisé ton don ? ne peut-il s'empêcher de demander, pour en avoir le cœur net.

— Non, je... Je dormais. Et quand je me suis réveillé, j'étais incapable de bouger. Je ne sentais plus mon corps, il refusait de bouger et j'avais froid. Et j'ai mal à la tête, tellement mal...

La respiration de l'indonésien s'accélère, ses paumes appuient plus fort sur ses tempes dans l'espoir vain de faire disparaître la douleur. Mais elle persiste, plus intense alors qu'il lui semble que le froid grandit encore. D'un geste fatigué, il finit par repousser Alec pour se relever et tend le bras pour allumer l'eau. Il faut qu'il se réchauffe, il a peur de ce qui risque d'arriver s'il n'arrive pas à se réchauffer. Mais son compagnon n'est pas de son avis et l'en empêche, l'attrapant vivement par les poignets pour le plaquer contre le mur.

C'est là qu'Alec comprend. Contrairement à ce qu'il pensait, Magnus n'a pas de fièvre. Sa peau est froide. Glacée comme s'il avait passé la nuit dans la neige. Il voit enfin les tremblements qui le secouent. Ses doigts se desserrent un peu puis il lâche une de ses mains pour mettre lui-même l'eau en marche. Tiède pour qu'il ne se brûle pas encore. Il l'attire alors sous le jet d'eau, Magnus se crispe aussitôt et tente de s'échapper, mais Alec le retient.

— C'est trop froid, se lamente l'indonésien.

— Bébé, s'il te plaît. Reste là, ça va passer.

Le médium secoue la tête. Non, ça ne va pas passer, il sent que la sensation de froid prend toujours plus possession de lui malgré la douce chaleur qui irradie de ses poignets, où Alec l'a touché. Mais la douce chaleur ne reste pas, elle se fait vite dévorer par le froid quand le brun repose ses mains sur son torse, sur son t-shirt, pour le tenir contre le mur. Et plus le froid grandit, plus la douleur grandit avec lui.

Plus fort, il se met à se débattre pour parvenir à réchauffer l'eau, ou peut-être simplement pour calmer les lames gelées qui semblent lui tomber dessus. Alec résiste, inquiet, et sans comprendre ce qui se passe. Comment le pourrait-il alors que Magnus est proprement incapable de lui expliquer ? Tout ce qu'il parvient à faire, à travers ses mâchoires crispées par le froid, c'est répéter qu'il a mal et froid.

— Hé Mags, calme-toi, lui demande Alec en essayant de le contenir. Je sais que tu ne te sens pas bien, mais je ne peux pas te laisser te faire du mal.

Le brun parvient à reprendre les poignets de son amant et il le plaque à nouveau au mur. Il tente de l'apaiser, de le rassurer mais c'est à peine si Magnus semble l'entendre. Il en est à se demander s'il ne ferait pas mieux d'appeler une ambulance quand du sang coule soudain de son nez. Surpris, il lâche l'indonésien et recule d'un pas.

Pendant quelques secondes, il regarde le visage de Magnus se couvrir de sang et les doigts vernis venir vaguement essayer de le chasser.

— Tu as dit que tu n'avais pas utilisé ton don, souffle-t-il, un grondement dans la voix.

— C'est le cas...

— Alors pourquoi tu saignes ?

Il regrette son ton trop brusque à l'instant où il voit Magnus se mordre la lèvre et secouer la tête, encore plus perdu que lui. Comment peut-il saigner s'il n'a pas utilisé son don ? Est-ce que c'est le contrecoup de toutes ses transes des dernières semaines ?

Des larmes viennent finalement se mêler au sang. Des larmes d'épuisement, de résignation. Le médium aurait pu espérer qu'avec le sang, la douleur partirait comme elle le fait toujours, mais ce n'est pas le cas. Il tremble toujours et maintenant il saigne, écrasé par le froid et la douleur.

C'est la première fois qu'Alec le voit dans cet état, Magnus est habitué aux conséquences de son don, il ne l'avait jamais vu à ce point dépassé. Depuis la première fois qu'il l'a vu saigner, Magnus a toujours géré avec calme. Mais alors qu'est-ce qui se passe, cette fois ? Il attrape à nouveau les mains de son amant et il l'attire encore une fois sous le jet d'eau. Magnus ne proteste plus même s'il le voit réagir à l'eau qu'il trouve encore trop froide. Il baisse la tête pour protéger son visage, rentre la tête dans les épaules dans l'espoir de ne pas perdre le peu de chaleur corporelle qu'il lui reste.

Alec attrape le t-shirt maculé de sang et gorgé d'eau de Magnus et le lui enlève pour ensuite essuyer son visage, avec la plus grande douceur.

— Excuse-moi, je ne voulais pas m'énerver, je n'aurais pas dû, dit-il juste assez fort pour être entendu par-dessus le bruit de l'eau.

La vision du médium commence à devenir floue et il se sent envahi par une étrange torpeur. Étrange et aussi dérangeante que le froid, au point de le pousser à lutter pour ne pas s'endormir. Il lève les yeux vers Alec qui fronce un peu les sourcils en constatant que le sang continue toujours de couler.

— Comment tu te sens, bébé ?

Au moment où Magnus s'apprête à répondre, la main d'Alec se pose sur sa joue et, encore une fois, il sent sa chaleur l'atteindre. Il appuie sa joue contre la paume tiède avec un léger soupir, il lui semble que le froid se retire, que la douleur s'apaise.

— Ça va, articule-t-il, après quelques secondes.

Grâce à son compagnon, il se sent mieux. Alec décide d'essuyer à nouveau le visage du médium et, ainsi, retire sa main. Aussitôt, Magnus a l'impression de sentir le chaos s'abattre sur lui. Le froid et la douleur reviennent, plus forts, plus intenses. Il vacille un peu alors qu'il échappe un gémissement de douleur et son dos retrouve le mur de la douche. C'est tout ce qui l'empêche de s'effondrer par terre.

— Mags ! Dis-moi ce qui ne va pas, dis-moi ce que je peux faire...

Le brun est perdu et il se sent simplement impuissant devant la détresse de son fiancé. Il pose à nouveau le t-shirt trempé sur Magnus pour enlever le sang qui n'est plus emporté par l'eau.

— Ta main, souffle l'indonésien.

Alec cesse son mouvement mais les doigts vernis viennent s'enrouler autour de son poignet pour le retenir.

— Ta main, répète-t-il. Touche-moi...

Maladroitement, il attrape l'autre main du brun pour la diriger vers son cou. Ses larmes redoublent devant l'hésitation d'Alec qui ne comprend pas son changement d'attitude. La douleur martèle toujours son crâne et le froid le fait trembler de plus en plus.

— S'il te plaît, réchauffe-moi.

Le plus jeune lâche finalement le tissu et vient reposer ses mains sur la peau caramel. Une sur le cou du médium, l'autre sur sa joue maculée. Après quelques instants, le saignement cesse et Alec essuie délicatement la bouche de son compagnon avant d'y poser la sienne.

Magnus répond au baiser qui le fait frissonner, il sent la chaleur de son amant sur ses lèvres et la douleur se calme un peu, trop peu. Ce n'est pas assez. Ses mains vont chercher le corps d'Alec mais le t-shirt qu'il porte encore l'empêche d'atteindre sa peau. Il grogne contre la bouche du brun et tire sur le tissu pour lui faire comprendre. En réponse, Alec hoche la tête et s'écarte pour enlever son t-shirt.

Les trois secondes qui lui sont nécessaires sont suffisantes pour mettre à nouveau Magnus à l'agonie. Le médium monte ses mains gelées sur ses tempes et se mord violemment la lèvre pour s'empêcher de geindre. Il a fermé les yeux pour contrôler ses larmes, alors il sursaute un peu en sentant la langue brûlante d'Alec venir caresser la plaie qu'il vient de se faire. Il entrouvre la bouche pour happer les lèvres de son amant et les laisser le réchauffer. Les mains du brun attrapent doucement ses bras pour les faire passer autour de son cou, puis parcourent son corps, caressant sa peau avec tendresse. Son torse, sa taille, le creux de ses reins alors qu'il se plaque contre lui.

L'indonésien glisse ses doigts dans les mèches noires quand la bouche du brun descend sur sa gorge. C'est d'abord la douleur qui disparaît et il se sent comme si son corps rendait les armes contre le froid malsain, laissant la chaleur qui émane de son fiancé le chasser pour de bon. Les sensations se répandent sur sa peau, sous sa peau. Le froid attise la panique et la chaleur... l'attise, lui. Comme pour empêcher le froid de revenir de plus belle, il se presse davantage contre le corps d'Alec alors que des gémissements plaintifs s'échappent de ses lèvres.

— Encore. Encore...

— Eh, du calme, souffle Alec.

Il tente de s'écarter, même si son propre corps n'en a pas vraiment envie et que Magnus resserre sa prise sur sa nuque avant de venir capturer ses lèvres. Il n'aime pas ce froid qui met son compagnon dans cet état et il veut l'aider autant qu'il le peut. Mais si Magnus continue de se frotter à lui comme ça...

Il sait qu'il ne devrait sans doute pas être excité dans cette situation, cela dit il n'a jamais pu se raisonner quand il s'agit de son fiancé. La bouche quémandeuse de Magnus ne cesse pas de caresser la sienne, tendrement, de plus en plus sensuellement.

— Mon ange, je t'en prie, grogne la voix de velours, tremblante. J'ai besoin de toi, j'ai besoin que tu me réchauffes...

⚠️🔞⚠️🔞⚠️

Les yeux chocolat de Magnus se plantent dans ceux d'Alec et font bien vite oublier au brun ses craintes de profiter de la situation en se laissant aller. Il sent l'excitation de l'indonésien et l'érection qu'il presse contre son bassin. Sans répondre, il glisse une main entre leur corps tandis que l'autre agrippe la taille de son amant. D'un geste vif, il baisse leurs boxers pour empoigner leurs verges et entamer un va-et-vient mesuré. Les doigts froids se crispent sur sa nuque alors que Magnus renverse sa tête en arrière contre le mur.

Couverts par le bruit de l'eau, ils ne retiennent pas leurs gémissements. Alec couvre de baisers la gorge de son amant et aspire longuement sa peau par endroit, incapable de se retenir de le marquer après ces jours entiers à ne pas avoir pu le toucher.

— Je t'aime, lui susurre-t-il à l'oreille.

— Je t'aime aussi, Alexander. Je t'aime tellement.

Leurs lèvres se retrouvent pour échanger un baiser passionné, ils se pincent, se mordent, laissent leurs langues se caresser inlassablement à mesure qu'ils sentent le plaisir des caresses du brun envahir leur corps. Pourtant, après quelques instants, Alec s'écarte. Il prend soin de remonter sa main de la taille de Magnus jusqu'à sa joue contre laquelle l'indonésien se frotte allègrement. Sa main libre va couper l'eau avant qu'il ne tire son fiancé jusqu'à lui. Il lui fait signe de se déshabiller alors qu'il enlève son propre boxer. Dès que les deux vêtements trempés atterrissent dans un coin de la salle d'eau, les deux amoureux ont repris leurs baisers, allongés ensemble sur le sol.

Magnus s'agrippe à son amant et le laisse se glisser entre ses jambes. Il échappe un léger gémissement de douleur mêlée de plaisir en le sentant entrer en lui. Le sentiment d'urgence qui le tiraillait s'apaise enfin, tout comme le froid qui lui semble avoir disparu, vaincu par tout ce qu'arrive à lui faire ressentir Alec. Après avoir laissé quelques instants à la douleur pour s'atténuer, leurs corps se remettent à bouger. Leurs bouches reprennent leurs baisers pour ne pas risquer d'être entendus à l'extérieur de cette pièce. Les mains d'Alec viennent attraper les hanches de Magnus pour accélérer la cadence. Ils étouffent leur jouissance dans un dernier baiser.

⚠️🔞⚠️🔞⚠️

Ils restent un moment, simplement allongés là, l'un contre l'autre. Alec retient les nombreuses questions qui lui viennent et Magnus se concentre sur ce que son corps a ressenti cette dernière heure. Il n'y a pas une seule fois – parmi toutes les fois où ils ont fait l'amour – où il ne s'est pas senti entièrement et désespérément excité, emporté par son amour et son désir pour Alec, et il n'imagine pas que ça puisse un jour en être autrement. Mais là, ce qui s'est emparé de lui était différent. C'était comme si une espèce d'instinct de survie l'avait poussé dans les bras de son fiancé, comme s'il était le seul à pouvoir le guérir de ce froid pernicieux.

— Ça va mieux ?

La voix d'Alec le ramène sur terre et il tourne la tête pour le regarder.

— Oui, ça va, répond-il avec un sourire.

Lentement, le brun s'écarte de lui, s'attendant à le voir à nouveau grimacer de douleur sans le contact salutaire de leurs peaux. Le sourire de l'indonésien s'accentue et il se redresse à son tour.

— C'est passé, je t'assure.

— Tu saurais me dire ce qui s'est passé ?

— Non, je... C'était bizarre.

Il essaie de trouver les mots pour décrire ce qui s'est emparé de lui mais à part le froid et la douleur, que pourrait-il dire ?

Ils se lèvent finalement pour prendre une douche avant de retourner se coucher. Alec reprend Magnus dans ses bras, décidé à attendre que son fiancé s'endorme pour s'autoriser à faire de même.

— Merci, murmure Magnus après quelques minutes.

— Pourquoi est-ce que tu me remercies, bébé ?

— D'être là. D'être... toi.

Le cœur d'Alec s'affole et les lèvres de Magnus viennent se poser sur les siennes.

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