Un Étang Prismatique - Chapitre 2
Pdv Clan de l'Ombre
Patte Nocturne, encore éveillée même s'il faisait nuit, entendit un bruit de tranche l'air. Son cœur commença à battre la chamade. Elle n'avait pas peur, mais était prête à intervenir ; après avoir longuement entendu les histoires des anciens sur la maltraitance des chatons, qui, bien que barbantes, lui faisaient prendre conscience de ce qu'il pourrait se passer, elle s'apprêtait à tout voir. Rien ne la terrifiait vraiment. Elle aimait l'adrénaline.
Elle colla son oreille contre la paroi de la pouponnière. Le même son se reproduit. Elle se résigna à sortir dehors. Au clair de lune, elle reconnut le pelage roux de sa mère, Fleur de Laurier.
Mais qu'est ce qu'elle fait dehors ? se demanda la petite chatte, intriguée.
Elle s'approcha de la reine avec appréhension. Face à sa génitrice, elle aperçu Petit Frêne. Il était gravement blessé, une longue estafilade tranchait son visage comme un fleuve. Elle grogna et son pelage s'hérissa quand elle comprit qu'ils étaient en train de se battre. Agissant sous l'impulsion de ses émotions, elle n'eut pas le temps de se dire que c'était dangereux qu'elle s'élançait déjà pour s'interposer entre eux.
« Arrête ! » cria la jeune noiraude, en furie.
Fleur de Laurier recula en reconnaissant sa fille et semblait la regarder de travers. Patte Nocturne s'en fichait, au moins, avec tout le boucan qu'elle avait fait, elle allait réveiller les autres et ça sera bien fait pour elle. Tout de même, elle ne l'aurait jamais cru ; sa propre mère, maltraiter son fils ? C'était impensable. Elle avait toujours été quelqu'un d'exemplaire à ses yeux... Chante Lune et Matin d'Or étaient sortis de leur tanière avec tous les autres chatons, ainsi que Cœur de Jacinthe.
« Que se passe t-il ? demanda cette dernière en toisant l'autre du regard hautainement. Oserais-tu faire du mal à ton propre fils, Fleur de Laurier ? T'es une traître c'est ça ?
— Non, attendez... Je peux tout vous expliquer, assura la rouquine.
— T'a rien à expliquer ! »
La femelle rousse fit le gros dos, indignée. La petite féline noire observait la scène, espérant que sa mère recevrait une bonne leçon. Mais elle voulait aussi des explications, alors elle était attentive.
« Et toi, Cœur de Jacinthe ? reprit Fleur de Laurier, bien déterminée à riposter. Quand cesseras-tu de te jouer de nous ? Toi qui est si superficielle ! Tu caches quelque chose, je le sais ! Tout le monde ici le sait ! Allez, avoue ! Tu maltraites tes chatons ! »
Les spectateurs poussèrent des exclamations scandalisées. Personne n'y comprenait rien. Quant à Patte Nocturne, elle fixait celle qui lui avait donné la vie d'un œil mauvais. Elle essaie de rejeter la faute sur l'autre, la garce.
« Comment oses-tu m'accuser ? s'offensa la chatte brune en haussant la voix. Et puis c'est de toi qu'on parle ! N'essaie pas de t'échapper ! Je vais te dénoncer à Étoile Spirituelle pour qu'elle te bannisse !
— Non ! hurla t-elle alors que les autres approuvaient le choix de Cœur de Jacinthe. Écoutez-moi ! Je ne voulais pas le blesser, je... il... je sais pas ce que... Je voulais juste...
— Tu voulais quoi, maman ? gronda la chatonne ébène.
— Pourquoi tu m'as giflé ? » renchérit son frère.
Déconcertée, la jeune mère fit quelques pas en arrière. Elle adressa un regard emplit de tristesse et de désolation à ses camarades de camp, qui lui répondirent par de la colère. Elle ne savait pas vraiment quoi dire face à cela. Après quelques secondes de silence, elle détala à toute vitesse en criant de désespoir. Elle s'en sortira pas comme ça ! jura Patte Nocturne en se lançant à sa poursuite. Je veux savoir !
« Sœurette qu'est ce que tu fous ?! » s'écria Petit Frêne, mais sa sœur était déjà loin.
Crotte de renard ! pensa le chaton brun-roux avant de se mettre à la suivre.
« Hé revenez ! C'est beaucoup trop dangereux ! tenta de les prévenir Chante Lune, mais ils ne l'écoutèrent pas.
— Qu'est ce qu'on fait ? paniqua Matin d'Or.
— On court ! s'exclama Oiseau d'Origami avec entrain.
— J'approuve ! » miaula la plus jeune des anciens.
Alors que les deux félins étaient déjà partis à leur recherche avec plus ou moins de vitesse, Chante Lune se tournait vers son camarade et lui demanda :
« Qu'est ce qu'il a dit ? J'ai pas entendu...
— Euh... Bonne question... »
Les deux vieux chats restèrent assis sans rien faire, ce qui semblait assez idiot pour les plus petits. C'est alors qu'une petite boule de poils fit une pirouette et atterrit à côté de son frère, il s'agissait de Boule Polaire.
« Oiseau d'Origami ! Raconte-nous une histoire s'il te plaît ! supplia t-elle, impatiente.
— Laquelle ? Celle de mon frère ? Celle de mon autre frère ? Celle de mon demi-frère ? Celle de mon autre demi-frère ? Celle où....
— Celle où tu meurs, » feula Petit Camélia, irritée.
Boule Polaire échangea un regard avec Petite Châtaigne et fixa sa sœur avec étonnement. Oiseau d'Origami cacha sa peine et se força à être amusé.
« Vraiment ? fit le matou brun, embarrassé.
— L'écoute pas, soupira Petite Châtaigne. Des fois elle est comme ça... Sinon tu peux nous raconter l'histoire de ton demi-frère ?
— Lequel ?
— Le quatrième ! »
L'ancien sourit et fit rentrer les deux jeunes chats dans le gîte pour ne pas qu'ils attrapent froid et qu'ils soient bien installés pour écouter son histoire. Puisque sa mère insistait, Petit Camélia fut obligée de faire de même.
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