♣ Douleur Éternelle ♣ - ♣ Prologue ♣
♣ Une boule de poils grise ardoise aux nuances brunes claires se reposait sur une couverture douce comme du coton. Elle leva la tête et bâilla ouvertement, ses petits crocs à découvert. C'était une petit féline qui n'avait rien que quatre lunes. À son sourire, on percevait sa joie constante dans son doux foyer. Elle s'ébroua et laissa une légère brise du crépuscule qui s'échappait de la fenêtre la rafraîchir.
Soudain, elle entendit un bruit à l'entrée et la fixa un moment. C'était l'heure où ses maisonniers allaient rentrer ! Les yeux étincelants de bonheur, elle attendit le moment où la porte serait poussé et où deux vieux Bipèdes apparaîtraient. Mais ne fut pas sa stupeur quand elle les vit avec trois chats dont deux dans leurs bras. Ils étaient un peu plus âgés qu'elle.
"_ Dolorès ! appela un des Bipèdes. Viens ! On va te présenter tes nouveaux amis ! "
La nommée se leva et lorsqu'ils posèrent les félins au sol, elle approcha sa truffe d'eux pour les sentir. L'un d'eux, une femelle miel, renifla avec dégoût. Elle se redressa sur ses deux pattes et lui frappa le crâne d'un coup de patte. Dolorès fit un pas en arrière, surprise, les oreilles couchées en arrière et riposta avec frénésie.
"_ Pousse-toi, chat domestique de seconde classe ! gronda la nouvelle en faisant claquer sa queue avec mépris.
_ Dolorès, soit un peu plus accueillante avec Mina !" la rabrouèrent ses maisonniers.
La chatte gris-brun serra les dents et eut un frisson. Si ces chats allaient vivre avec eux, ça allait être un véritable enfer ! Elle regarda ses Bipèdes s'éloigner en bâillant, ils devaient être fatigués et allaient dormir. Elle foudroya les autres chats du regard, elle sentait qu'ils n'allaient pas bien s'entendre tous les quatre ! En effet, ils vinrent l'encercler lorsque leurs nouveaux maîtres furent couchés.
"_ Va t'en, c'est notre maison ici ! grogna le chat brun moucheté en la giflant.
_ On veut pas de toi ! renchérit la femelle grise foncée en la tirant en arrière.
_ Mais j'étais ici la première ! affirma Dolorès en griffant son agresseur au visage.
_ On s'en fout ! Maintenant c'est toi la nouvelle et t'a rien à faire ici !" cracha Mina en lui bondissant dessus.
La petite femelle aux nuances brunes, du haut de ses quatre lunes, était impuissante face à des chats trois fois plus âgés qu'elle. Elle reçu une claque aller-retour aux joues, puis se sentit projetée en l'air. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était sous une pluie torrentielle et glaciale, et elle se sentait faible. Elle pouvait entendre les éclats de rire des autres chats. Elle tenta de remonter chez elle mais lorsqu'elle vit Mina se dresser sur le rebord de la fenêtre, elle fut obligée de fuir.
Elle courut à toute vitesse, elle avait l'impression que Mina comptait la tuer ! Elle ne sentait pas que les gouttes de pluie perler sur son pelage, mais aussi du sang ! C'était la première fois qu'elle avait cette sensation de faiblesse et surtout de... douleur. Elle s'écrasa dans l'herbe et éclata en sanglots. Comment tout a t-il pu basculer... comme ça ? se demanda t-elle. Pourquoi ces chats m'ont jeté de chez moi ? Mes Bipèdes ne voulaient-ils plus d'une chatonne comme moi ? Est-ce que j'étais... trop moi ? Pourquoi... ?
Les larmes qui trempaient ses joues étaient brûlantes et sa gorge était nouée, elle tenta de crier son désarroi mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle s'évanouit, elle n'en pouvait plus. C'était de trop pour la chatonne de quatre lunes qu'elle était et qui n'avait jamais su ce que c'était d'avoir mal jusqu'à présent. La pluie s'était calmée puis s'était arrêtée comme si elle refusait que la jeune femelle meurt de froid. Seul quelques brises courraient autour d'elle.
Au cours des jours qui suivirent, Dolorès va errer dans les bois. Elle trouvera comme seule source nourriture deux oiseaux morts, et encore, elle connu la famine trois jours de suite. Il lui était difficile de dormir. Lorsqu'une nuit, elle fut obligée de fuir le terrier d'un blaireau, elle courut, assez loin pour ne pas que la bête ne réussit pas à l'atteindre, mais elle perdit connaissance à cause de sa lourde faim.
Quand elle reprit connaissance, des félins plus âgés qu'elle se trouvaient autour d'elle et lui tendaient un lapin en guise de proie. Elle attrapa le lapin et s'enfuit avec, elle avait peur que ces chats lui veuillent du mal comme les autres qu'elle avait connu.
Elle pût satisfaire son estomac durant deux jours où elle tentait d'apprendre à chasser. Ce ne fut qu'au bout de quatre jours qu'elle réussit à attraper sa première proie, un campagnol.
Les lunes qui suivirent se passèrent de la même façon répétitive, forgeant pour elle un nouveau caractère : périodes de bonne chasse, périodes de famine, pertes de connaissance, réveil, repas fait d'escargots et d'autres animaux peu comestibles, puis cette boucle reprenait. Elle ne connut pas d'autres chats durant son errance.
Au bout de six lunes, après une énième perte de connaissance puis un réveil au milieu de nul part, elle était face à un marais. Elle l'observa pendant plusieurs heures et constata sa fourrure négligée, la lueur d'antan de ses jolis yeux verts disparue, les couleurs de son pelage déteintes et salies et sa maigreur à en avoir la peau sur les os. Elle était dans un état composé de douleur, de chagrin, de solitude et de regret. Un état dépressif. Elle écoutait les croassements de grenouilles qui ne l'amusaient plus mais l'enfonçait un peu plus dans sa dépression. Cette douleur n'allait jamais s'effacer. Elle était apparue et elle était là, à la ronger de l'intérieur. Éternelle. ♣
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