Aller boire un verre ne veut pas dire être alcoolique
"Alcoolique va !"
Cette phrase est dite en soirée quand quelqu'un boit un peu trop à notre goût, et on le dit de manière bonne enfant, rien de méchant.
On boit de l’alcool pour faire la fête (un anniversaire, un mariage, un baptême, une réussite à l’examen). Beaucoup de gens boivent du vin à table pour accompagner un repas. La consommation modérée d’alcool procure du plaisir, une sensation de bien-être. Certaines personnes consomment de l'alcool parce qu'elles se sentent mal dans leur peau, ont des ennuis et ont envie d’oublier leurs malheurs ou d’apaiser leur souffrance.
Malheureusement, en prenant de l'alcool, comme un médicament, l’habitude s’installe très vite et la personne n’arrive plus à s’en passer, elle devient dépendante et donc malade.
QUE SE PASSE-T-IL QUAND ON BOIT DE L’ALCOOL ?
L’alcool est un produit psychoactif, c’est-à-dire qu’il agit sur le fonctionnement du cerveau : il modifie la conscience et les perceptions, et de ce fait le ressenti et les comportements. Les effets immédiats dépendent surtout de l’alcoolémie. Consommé à faibles doses, l’alcool procure une sensation de détente, d’euphorie, voire d’excitation. Il désinhibe et aide à s’affranchir de sa timidité. Il libère la parole et contribue à lâcher-prise. Les réflexes commencent à diminuer.
Consommé à plus fortes doses, l’alcool provoque l’ivresse. Elle se traduit par une mauvaise coordination des mouvements, une élocution troublée, une diminution des réflexes et de la vigilance, un état de somnolence, etc. La consommation d’alcool peut également entraîner des pertes de mémoire allant jusqu’au trou noir. À très fortes doses, la somnolence peut aller jusqu’au coma éthylique. Il constitue une urgence médicale. Faute de soins, il peut provoquer la mort.
Au delà de ses effets immédiats, consommé fréquemment, l’alcool a des conséquences sur la santé à long terme.
LES RISQUES IMMÉDIATS
LES EFFETS DE L’IVRESSE
L’ivresse altère les facultés et le comportement du buveur. Très rapidement, il n’est plus en état de conduire. S’il continue à boire, son humeur devient instable et il est plus susceptible d’agressivité. Une ivresse importante favorise la prise de risques sans que le buveur n’en mesure réellement la portée. Enfin, une forte alcoolisation induit un état d’apathie et de somnolence, augmentant la vulnérabilité à l’environnement et diminuant les capacités à se défendre ou à réagir en cas de problème.
LA «GUEULE DE BOIS» ET LE TROU NOIR
L’abus d’alcool peut aussi avoir des répercussions le lendemain. Le phénomène le plus connu est celui de la «gueule de bois» : maux de tête, fatigue et déshydratation en sont les principaux symptômes. Un autre phénomène bien connu est celui du «trou noir» : le buveur peut avoir oublié ce qui s’est passé la veille parce qu’il n’était plus en capacité de l’enregistrer et de le mémoriser.
LES RISQUES DE COMA ÉTHYLIQUE
Le coma éthylique est une évolution sévère de l’alcoolisation. Le buveur tombe dans un sommeil profond, ne répond que très difficilement aux stimuli. Sa température corporelle a diminué, il a la peau moite et n’a plus de tonus musculaire. Incapable de se réveiller et de déglutir, il court un risque de s’étouffer dans ses vomissements. À un stade ultime d’anesthésie et de profonde inconscience, la personne en coma éthylique peut cesser de respirer et mourir. Un coma éthylique est une situation d’urgence qui nécessite l’intervention des secours.
LES DANGERS DU «BINGE DRINKING»
Boire beaucoup d’alcool lorsqu’on fait la fête n’est pas nouveau. Par contre, Le «binge drinking» ou «biture expresse» ou encore «beuverie express» est un phénomène relativement récent. Il consiste à chercher à boire le plus possible d’alcool en un minimum de temps. Le but recherché est donc «l’ivresse pour l’ivresse». En un court laps de temps, l’ivresse devient maximale et les pertes de contrôle de soi et de conscience ne sont pas rares.
Cet usage de l’alcool est particulièrement dangereux à court terme pour la santé des jeunes, qui se retrouvent de plus en plus souvent aux urgences. Mais il a aussi un impact à long terme sur le développement de leur cerveau et leurs capacités d’apprentissage. Pour en savoir plus, consulter la vidéo de l'Inserm «Binge drinking : quand le cerveau trinque».
LES DANGERS DE L’ALCOOL AU VOLANT
Même si la personne ne s’en rend pas compte, les effets de l’alcool commencent à apparaître dès le premier verre. L’alcool augmente le temps de réaction. Il diminue les réflexes, la vigilance et la résistance à la fatigue. Il perturbe également la vision, l’estimation des distances et la coordination des mouvements. De plus, son effet désinhibant amène à sous-évaluer le danger et ainsi à prendre des risques : «oubli» de boucler sa ceinture ou de porter un casque, vitesse excessive, etc.
Le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié par 8 en cas de consommation d’alcool. Ce risque augmente très rapidement en fonction du taux d’alcool dans le sang : il est multiplié par 6 pour un taux compris entre 0,5 et 0,8 g/l, et par 40 pour un taux supérieur à 2 g/l. Pour en savoir plus sur ce que dit la loi au sujet de l’alcool au volant.
ALCOOL ET VIOLENCE
De par son action sur le fonctionnement du cerveau, l’alcool peut modifier les réactions face à une situation donnée : la personne va se focaliser sur l’irritation qu’elle ressent au moment présent et elle pensera moins aux conséquences futures de ses actes. Elle aura donc tendance à «perdre son sang-froid» plus rapidement, à réagir de façon plus extrême ou plus agressive, en comparaison de ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas consommé d’alcool.
C’est en partie la raison pour laquelle de nombreuses agressions (injures, coups, agressions sexuelles et homicides) sont commises sous l’effet de l’alcool. De plus, lorsqu’une personne a bu, elle est moins en capacité de se défendre et devient donc plus vulnérable aux agressions.
L’IMPACT DE L’ALCOOL SUR LA SEXUALITÉ
Bien que l’alcool désinhibe et puisse aider à se sentir plus à l’aise, il peut également perturber l’érection chez l’homme et diminuer le plaisir chez la femme. L’alcool affecte le libre-arbitre et la capacité à maîtriser la situation. Le risque est d’avoir une relation sexuelle non souhaitée ou d’oublier d’utiliser un préservatif, exposant à un risque de grossesse non désirée ou de contamination par le virus du sida ou toute autre infection sexuellement transmissible.
DE LA CONSOMMATION PONCTUELLE À LA CONSOMMATION RÉGULIÈRE
La gravité d’un abus d’alcool s’évalue aussi au regard de la fréquence à laquelle il arrive. Il n’a pas le même impact sur la santé et n’a pas le même sens s’il est très occasionnel ou s’il arrive plusieurs fois par mois. Dans ce dernier cas, le passage vers une consommation régulière et excessive est possible et le risque d’alcoolo-dépendance accru.
LES CONSÉQUENCES SUR LA SANTÉ À LONG TERME
L’ALCOOL AUGMENTE LE RISQUE DE CERTAINS CANCERS
La consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de certains cancers et ce à partir d’un verre d’alcool par jour. Ce risque est le même quelle que soit la boisson alcoolisée consommée : vin, bière, apéritif ou alcool fort (spiritueux). C’est la molécule d’alcool (l’éthanol) qui est cancérigène.
Sept cancers ont un lien avéré avec une consommation d’alcool dès un verre par jour :
•de la bouche et la gorge (larynx, pharynx)
•de l’œsophage
•du foie
•du côlon et le rectum
•du sein
La consommation associée d’alcool et de tabac augmente encore plus les risques de cancers comme, par exemple, ceux de la bouche et de la gorge.
L’ALCOOL AUGMENTE LE RISQUE DE MALADIES CARDIOVASCULAIRES
La consommation régulière d’alcool :
•élève la pression artérielle et augmente le risque d’hypertension,
•favorise les risques d’hémorragie cérébrale,
•peut entraîner des troubles du rythme cardiaque.
De plus, une consommation aiguë d’alcool (boire de grandes quantités d’alcool en une seule occasion), peut entraîner des troubles du rythme cardiaque et augmente le risque de mort subite.
LE RISQUE DE CIRRHOSE
L’alcool est la cause principale des cirrhoses du foie, autant pour les personnes alcoolo-dépendantes que pour celles qui ont une consommation régulière et excessive.
La cirrhose du foie est une maladie chronique et irréversible. Il s’agit d’une destruction progressive des cellules qui sont remplacées par un tissu fibreux. Le foie devient dur et bosselé, il peut changer de taille mais surtout il ne fonctionne plus correctement. À plus ou moins long terme, la cirrhose peut se transformer en cancer du foie.
Pour les cirrhoses avancées, le seul traitement envisageable est la transplantation d’un nouveau foie. Dans les cas moins graves, l’arrêt complet de la consommation d’alcool et la prise en charge améliorent les chances de survie.
LES EFFETS À LONG TERME DE L’ALCOOL SUR LE CERVEAU
Une consommation régulière et excessive d’alcool peut être responsable de troubles cognitifs : altération de la mémoire, des capacités de planification, d’attention et de prise de décisions. Ces troubles s’observent notamment chez les personnes souffrant de carences nutritionnelles.
Le syndrome de Korsakoff est une forme sévère de troubles cognitifs : cette maladie du cerveau se caractérise par une détérioration de la mémoire, une tendance à la fabulation pour compenser les pertes de mémoire, des troubles de l’humeur et une désorientation spatio-temporelle. Plus la consommation d’alcool commence à un âge précoce, plus la détérioration du cerveau est importante.
LE LIEN ENTRE LA CONSOMMATION D’ALCOOL ET LA SANTÉ MENTALE
Une consommation excessive d’alcool est souvent associée à des troubles psychiques (anxiété et dépression notamment). Ces derniers sont-ils la cause ou la conséquence de l’alcoolisation ? Une consommation importante d'alcool peut déclencher une dépression. Inversement une personne anxieuse voire déprimée peut chercher dans l’alcool un moyen de lutter contre son anxiété ou sa dépression. Une consommation régulière d’alcool peut alors s’installer et entraîner une dépendance.
De plus, même si la consommation d’alcool semble apporter un mieux-être sur le moment, elle ne solutionne pas les difficultés de la personne. A l’inverse, à long terme, elle peut accroître sa dépression et son anxiété. Par ailleurs, même si l’alcool aide à s’endormir, il nuit à la qualité du sommeil et peut provoquer des insomnies.
QUELS SONT LES EFFETS DE L’ALCOOL SUR LE FŒTUS ?
Une consommation d’alcool ou des ivresses épisodiques tout au long de la gestation nuisent au développement du cerveau de l’enfant. Ces consommations peuvent entraîner un retard de croissance et des atteintes du système nerveux central. Des malformations sont observées lorsqu’elles ont lieu au moment de la formation des organes du bébé (première partie de la grossesse). Les dommages sont irréversibles.
À long terme, les atteintes cérébrales sont à l’origine d’un retard intellectuel (troubles de l’apprentissage, de la mémorisation, de l’attention, etc.) ou de troubles du comportement qui se manifestent au fur et à mesure de la croissance et du développement psychomoteur de l’enfant.
QU’EST-CE QUE LE SYNDROME D’ALCOOLISATION FŒTALE ?
Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) est l’effet le plus grave de la consommation d’alcool pendant la grossesse. Il se manifeste par un retard de croissance, des anomalies faciales, des malformations et des atteintes cérébrales. Le SAF concerne près d’une naissance pour 1000.
Entre des troubles intellectuels ou comportementaux mineurs et les formes les plus graves de SAF, tous les degrés d’atteinte peuvent exister. Les formes plus mineures seraient 10 fois plus fréquentes que le SAF. Le SAF est la première cause de handicap mental non génétique à la naissance.
Les nouveau-nés atteints de SAF complet, facilement diagnostiqués, sont généralement pris en charge dès la naissance. En revanche, les bébés atteints de formes partielles, sans anomalie du visage et malformation, sont plus difficilement repérables et sont souvent pris en charge de façon tardive. Ce retard dans l’accompagnement est nuisible au bon développement de l’enfant et à ses capacités d’insertion.
QUELLE QUANTITÉ D’ALCOOL UNE FEMME ENCEINTE PEUT-ELLE BOIRE SANS RISQUE ?
Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de déterminer un niveau de consommation d’alcool ou une quantité d’alcool qui serait sans risque pour l’enfant à naître. En vertu du principe de précaution, il est recommandé aux femmes enceintes de s’abstenir de toute consommation d’alcool pendant toute la durée de leur grossesse.
LE VIN ET LA BIÈRE SONT-ILS MOINS DANGEREUX POUR LE FŒTUS QUE LES ALCOOLS FORTS ?
Toutes les boissons alcooliques (vin, bière, rhum, vodka, whisky, pastis, etc.) contiennent la même molécule, appelée éthanol, dangereuse pour le fœtus. Elles présentent donc le même danger.
Toute consommation d’alcool pendant la grossesse est susceptible de présenter un risque. Les effets néfastes n’apparaîtront pas systématiquement (de la même façon que tous les fumeurs n’ont pas un cancer du poumon). En effet, des femmes ayant bu de l’alcool pendant leur grossesse peuvent avoir des enfants qui vont bien. Ces cas particuliers ne sont pas significatifs, il faut étudier un grand nombre de personnes pour déterminer les risques : c’est ce que font les scientifiques qui travaillent dans le domaine de la santé publique.
L'ADDICTION À L'ALCOOL
QUAND CELA DEVIENT-IL UN PROBLÈME ?
Boire trop est souvent associé à l’ivresse ou à l’alcoolisme. Pour beaucoup, une consommation sans ivresse et qui n’entraîne pas une alcoolo-dépendance, ne semble pas poser problème. Pourtant, consommer un peu d’alcool tous les jours ou presque comporte des risques pour la santé (pour en savoir plus, consulter l’article Les conséquences sur la santé à long terme).
Des signes peuvent alerter sur une consommation qui devient peut-être un peu trop fréquente :
•un sommeil agité, de mauvaise qualité
•un sentiment de fatigue
•des réveils difficiles
•une mauvaise humeur
COMMENT S’INSTALLE LA DÉPENDANCE ?
La dépendance à l’alcool s’installe souvent de manière insidieuse. Cela peut prendre des années avant que la personne qui boit ou son entourage prenne réellement conscience de son existence.
Dans un premier temps, les effets euphorisants et relaxants de l’alcool sont recherchés par la personne sans qu’elle en soit toujours consciente. Elle y trouve un réconfort qui lui permet de relâcher la pression face à des difficultés, « d’oublier » ses problèmes ou de combler des moments de vide. L’alcool devient ainsi une « solution », difficile à remettre en question.
QUAND L’ALCOOL DEVIENT UN BESOIN
À plus ou moins long terme, l’alcool prend le dessus et la personne devient dépendante. Tout d’abord, elle s’habitue à l’alcool et développe une tolérance. Cela signifie qu’elle doit boire des quantités plus importantes d’alcool pour ressentir les effets qu’elle recherche. Il vient ensuite un moment où elle ne boit plus pour ce que lui procure l’alcool mais parce que cela devient une nécessité. Elle cherche à éviter le manque, qui se manifeste notamment par des suées, des tremblements, des vertiges.
La dépendance se traduit par le ressenti du manque, qui faute d’une nouvelle prise d’alcool, peut induire un syndrome de sevrage. Des symptômes dits de sevrage apparaissent : anxiété, tremblements, sueurs, agitation, tachycardie, fièvre et, dans les cas les plus graves : crise d’épilepsie et delirium tremens qui peuvent être mortels.
L’alcool est devenu l’un des piliers de la vie de la personne dépendante, il lui est difficile d’envisager de vivre sans. Lorsqu’elle arrête, elle est fragilisée par l’absence de cette béquille et elle doit affronter des difficultés que l’alcool permettait d’occulter.
VERS UNE DIMINUTION DE LA CONSOMMATION D'ALCOOL
UNE ÉTAPE TRANSITOIRE OU UN OBJECTIF EN SOI
La gestion de la consommation peut s’envisager comme une étape transitoire avant un arrêt ou comme un objectif à maintenir durablement. En effet, si elle paraît dans un premier temps plus accessible et plus acceptable pour la personne dépendante, elle peut s’avérer difficile à maintenir au long cours. Ainsi, constatant la place prépondérante qu’occupe la nécessité de contrôler leur consommation d’alcool, certains patients choisissent après quelque temps d’arrêter complètement de boire.
L’AIDE À LA RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION D'ALCOOL
Le choix de s’orienter vers une consommation maîtrisée d’alcool s’effectue en concertation avec le professionnel, après une phase d’échange et de bilan tant sur le plan médical que psychologique.
Des traitements médicamenteux peuvent aider le patient dans cette nouvelle modalité de consommation. Actuellement, plusieurs molécules sont à l’étude et ouvrent un nouvel horizon dans le traitement de l’alcoolo-dépendance. Des essais cliniques sont en cours afin d’évaluer l’efficacité de ces nouveaux traitements ainsi que leurs effets secondaires.
Que la personne alcoolo-dépendante choisisse d’essayer de contrôler sa consommation d’alcool ou opte pour l’arrêt complet de celle-ci, un accompagnement pluridisciplinaire (médical, psychologique, socio-éducatif) peut faciliter sa démarche.
LES NOUVEAUX TRAITEMENTS MÉDICAMENTEUX
LE NALMÉFÈNE EST REMBOURSÉ
Depuis février 2013, le nalméfène (Selincro®) dispose d’une autorisation européenne de mise sur le marché pour le traitement de la dépendance à l’alcool. Il est remboursé par la Sécurité sociale depuis septembre 2014. Ce médicament agit sur le système de récompense en diminuant l'envie irrépressible de boire. Il ne vise pas l’abstinence mais une diminution de la consommation. Il doit être pris ponctuellement, chaque fois que le patient anticipe un risque de consommer de l'alcool.
BACLOFÈNE : AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ EN 2018
À l’origine, le baclofène (Liorésal®, Baclofène Zentiva®) est indiqué dans le traitement des contractures musculaires d’origine neurologique. Ces dernières années, plusieurs études ont montré qu’avec des doses supérieures à celles habituellement utilisées (jusqu’à 300 mg/j), le baclofène agit sur la libération de dopamine et diminue le plaisir lié à la consommation d’alcool. Il rendrait indifférent à l’alcool et permettrait d’avoir une consommation contrôlée, voire d’être abstinent. De nombreux patients alcoolo-dépendants ont donc souhaité bénéficier du baclofène, et sa prescription s’est ainsi développée sans autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication.
Afin d’encadrer ces prescriptions et de mettre en place un suivi des patients, l’ANSM a accordé le 14 mars 2014 une Recommandation Temporaire d’Utilisation (RTU), qui fixe les conditions de prescription du baclofène (patients pouvant bénéficier du traitement, posologies, prescripteurs, contre-indications…).
En octobre 2018, la spécialité Baclocur® a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de l’alcoolo-dépendance. La Recommandation Temporaire d’Utilisation (RTU) est prolongée jusqu’à la commercialisation effective de la spécialité Baclocur® (a priori fin 2019).
En juillet 2017, une étude menée par l’ANSM, l’Assurance Maladie et l’INSERM a montré que son utilisation à haute dose (surtout au-dessus de 180mg/j) est associée à un risque accru d’hospitalisations et de décès par rapport aux autres traitements médicamenteux autorisés pour traiter la dépendance à l’alcool. C’est pourquoi l’ANSM a décidé en juillet 2017 d’abaisser la dose maximale du baclofène à 80 mg/j.
OXYBATE DE SODIUM : UN ESSAI CLINIQUE EN COURS
L’oxybate de sodium (Xyrem®) est à l’origine indiqué dans le traitement des troubles chroniques du sommeil. L’oxybate de sodium agit sur la libération de dopamine. Son mécanisme d’action a conduit à penser qu’il pourrait avoir un intérêt potentiel dans le maintien de l’abstinence et la prévention du syndrome de sevrage. À ce jour, les études menées au niveau international ne permettent pas de statuer de manière certaine sur le rapport entre les bénéfices et les risques de cette molécule. Un essai clinique est actuellement en cours en vue d’obtenir une autorisation de mise sur le marché en France pour le traitement de l’alcoolo-dépendance.
Si ces nouveaux médicaments offrent des possibilités de soins innovantes, ils n’ont pas encore tous fait leurs preuves et les effets secondaires ne sont pas tous connus. Quoi qu’il en soit, ils ne seront jamais la solution miracle contre l’alcoolo-dépendance. Une prise en charge psychologique, sociale et médicale individualisée reste fondamentale dans le processus de soins et doit toujours être associée à un traitement médicamenteux pour accompagner la personne dans son rétablissement et la reconstruction de son équilibre.
Idées reçues
"Bien tenir l'alcool, c'est avoir moins de risques d'être alcoolique"
Faux. Au contraire, bien tenir peut être le signe que le cerveau est devenu tolérant au produit, il s'est accoutumé à l'alcool. La tolérance est davantage un indice de la dépendance physiologique. L'autre indice étant le phénomène de sevrage. Les phénomènes de tolérance et de sevrage sont les signes de l'alcoolodépendance: l'organisme se maintient dans un équilibre précaire par la prise régulière et de plus en plus importante d'alcool.
Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'on est capable d'ingérer plus d'alcool sans en ressentir les désagréments que le produit devient inoffensif. Même en absence de sensation d'ivresse, l'abus d’alcool engendre des effets délétères : atteintes de l’appareil digestif, du système nerveux ou cardiovasculaire. Aucun organisme ne « tient » l’alcool.
"Tous les jours, Léa boit un verre en rentrant chez elle, puis un autre au cours du dîner. Elle n’est jamais ivre et ne prend donc pas de risque pour sa santé."
FAUX. Même si la consommation de Léa peut sembler raisonnable, le problème est qu’elle boit tous les jours. Or, il est recommandé de s’abstenir de boire de l’alcool au moins deux jours dans la semaine. Pour réduire les risques pour sa santé, l’alcool c’est maximum 2 verres par jour et pas tous les jours.
"Loïc ne boit jamais en semaine mais il boit 5 ou 6 verres le vendredi et le samedi soir lorsqu’il sort avec ses amis. Loïc a une consommation qui présente des risques."
VRAI. Loïc s’expose à deux types de risques :
•Des risques immédiats, lors de ces soirées, liés à une alcoolémie élevée : accidents de la circulation, agressivité, violence envers les autres ou, au contraire, difficulté à se défendre en cas d’agression, subie ou agie, coma éthylique
•Des risques pour sa santé : s’il poursuit ce type de consommation, il a plus de risques de développer certains cancers (bouche, gorge, colon, rectum, œsophage) et de souffrir de problèmes cardiovasculaires (troubles du rythme cardiaque, élévation de la pression artérielle, augmentation des risques d’hypertension et d’hémorragie cérébrale).
De plus, prendre l’habitude de consommer beaucoup d’alcool augmente les risques de développer une addiction à l’alcool. Pour réduire les risques pour sa santé, l’alcool c’est maximum 2 verres par jour et pas tous les jours et pas plus de 10 verres par semaine.
Personnages célèbres diagnostiqués alcooliques
•Alexandre le Grand : Sans doute le plus bourré de l’histoire. Au moment de sa mort à l’âge de 32 ans, très probablement liée au paludisme exacerbé par une consommation excessive d’alcool, Alexandre le Grand avait conquis la majeure partie du monde connu, assassiné l’un de ses meilleurs amis dans une rage d’ivrogne et était responsable d’une orgie d’alcool qui a entraîné l’incendie d’un palais persan à Persépolis en 330 av. J.-C.
•Socrate : Être le père de la philosophie occidentale n’aurait peut-être pas été possible sans la tradition grecque ancienne de tenir des symposiums. Lors d’un symposium, les hommes dînaient ensemble et buvaient jusqu’au soir pour discuter des grandes idées de l’époque. Socrate était connu pour boire beaucoup, mais n’avait jamais l’air ivre, faisant la cour parmi ses admirateurs, y compris Aristote.
•Benjamin Franklin : L’eau douce à l’époque de Benjamin Franklin était si insalubre qu’il était plus sûr de boire des boissons fermentées et distillées. Le Père Fondateur semble avoir apprécié cela plus que les autres et il est célèbre pour avoir dit : “La bière est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux.”
•Lord Byron : L’un des chefs de file du mouvement romantique et sans doute l’un des poètes anglais les plus influents de tous les temps, Lord Byron était connu pour ses grandes dépenses et ses fêtes. Il buvait ses libations dans une coupe en forme de crâne et est connu pour avoir écrit : “L’homme raisonnable doit se soûler ; le meilleur de la vie n’est que l’ivresse.” Une de ses nombreuses maîtresses, Lady Caroline Lamb, a dit de Byron qu’il était “fou, mauvais et dangereux à connaître”. Lord Byron est également un héros national en Grèce pour son rôle dans la guerre d’indépendance de la Grèce contre l’Empire ottoman.
•Karl Marx : L’homme qui a inspiré les dictateurs du monde entier était célèbre pour son alcoolisme excessif. Avec son partenaire de pensée, Friedrich Engels, les deux hommes ont parcouru l’Europe en buvant de l’alcool et ont changé le cours de l’histoire politique en cours de route. Marx et Engels se sont rencontrés en 1844 et pendant dix jours trempés dans la bière, ils ont formé un partenariat qui a abouti au Manifeste communiste et à Das Kapital.
•Sa Majesté la Reine Elizabeth : la Reine mère
Bastion de l’ancienne réserve anglaise et matriarche bien-aimée de la famille royale, la Reine-Mère était connue pour commencer la journée par un cocktail à midi et terminer par deux verres de Champagne Veuve Clicquot Ponsardin au dîner. Pendant la guerre, après avoir refusé de quitter Londres, la Reine-Mère s’est rendue au palais de Buckingham pour faire une descente dans les caves à vin et s’assurer que tout le monde garde le moral. Portrait de Sa Majesté la Reine Elizabeth, la Reine mère peint par Richard Stone en 1986.
Portrait de Sa Majesté la Reine Elizabeth, la Reine mère peint par Richard Stone en 1986. La Reine-Mère, qui a vécu jusqu’à l’âge de 101 ans, a dit : “Je ne pourrais pas tenir tous mes engagements sans un petit quelque chose.” Et son personnel s’assurait qu’il y avait toujours une bouteille de gin dans sa voiture entre les engagements.
•Winston Churchill : Deux fois premier ministre, prix Nobel de la paix et aquarelliste accompli, Winston Churchill a également servi sur les lignes de front à Cuba, en Inde, au Soudan et en Afrique du Sud, tout en cultivant une habitude de boire comme un mammouth. Il commençait la journée avec un Johnny Walker et de l’eau, une habitude qu’il avait prise en Inde où l’eau était presque désagréable, et finissait la journée avec quelques verres de scotch, du champagne et un highball. Le premier ministre britannique Winston Churchill (à gauche) en compagnie de l’ambassadeur soviétique Ivan Maisky lors d’un déjeuner offert par l’ambassadeur aux représentants de tous les gouvernements alliés, au Winter Garden de l’ambassade soviétique à Londres, en août 1941.
Le premier ministre britannique Winston Churchill (à gauche) en compagnie de l’ambassadeur soviétique Ivan Maisky lors d’un déjeuner offert par l’ambassadeur aux représentants de tous les gouvernements alliés, au Winter Garden de l’ambassade soviétique à Londres, en août 1941. Il y a un certain débat parmi les biographes sur l’ampleur de la consommation d’alcool de Churchill, mais Churchill lui-même a reconnu que l’alcool avait un impact significatif sur sa vie lorsqu’il a dit : “J’ai retiré plus de choses de l’alcool que l’alcool ne m’en a retirées.”
•Ernest Hemingway : L’histoire d’amour d’Hemingway avec l’alcool a commencé alors qu’il était jeune reporter de quinze ans à Kansas City et a été poussé à bout lorsqu’il est allé en Europe pendant la Première Guerre Mondiale. Il a ensuite parcouru le monde en buvant de l’alcool et en écrivant des livres qui ont capturé le chagrin émotionnel d’une génération. Ayant déménagé à Paris pour échapper à la prohibition, il profita pleinement des bars d’Europe et partagea le vin avec le dictateur fasciste Benito Mussolini. Hemingway écrivait de ses escapades bourrées : “J’ai bu depuis que j’ai quinze ans et peu de choses m’ont donné plus de plaisir.” Hemingway publiera de nombreux ouvrages dont For Whom the Bell Tolls et The Sun Also Rises, qui précipitent une nouvelle vague de littérature américaine et reçoit le prix Nobel de littérature en 1954.
Sources :
▪https://www.alcool-info-service.fr/alcool
▪https://www.alcoolassistance.net/la-pyramide-skinner
▪https://www.stop-alcool.ch/une-substance-psychoactive/idees-recues-et-verites
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top