Plus le cœur grandissait, plus il se ternissait. Ou du moins, c'était son impression. Une raison à ce ressenti ? Le cœur aurait adoré trouver l'amour. Or, jamais il ne l'avait rencontré. Enfant, bien sûr, il avait eu des amourettes mais, c'était, selon la raison cette fois, une simple imagination de son esprit. Pouvait-on ressentir un sentiment aussi profond et complexe que l'amour à six ans à peine ? La raison avait décidé que non alors que le cœur avait campé sur un oui.

Cependant, après toutes ces années sans la rencontre du sentiment le plus beau, la raison avait pris le pas sur le cœur, le ramenant à sa cause. Il n'avait jamais connu l'amour. Pas le moindre frémissement, pas le moindre battement.

Même durant les années où, dit-on, le cœur est plein d'émois, l'organe ne savait plus s'il avait feint une accélération pour être comme ses congénères ou s'il l'avait réellement vécue. La raison, sa comparse de toujours, à force de désillusion, l'avait convaincu qu'il n'avait que rêvé ou s'était forcé.

Malgré toutes ces mésaventures, et cette résignation toujours un peu plus présente, certains jours le cœur retombait dans ses vieux travers. Oui, il avait aimé tout jeune ce petit être. Oui, il avait trouvé belle, plus vieux, cette douce personne. Oui, plus tard, il en rencontrerait une autre encore, une dernière, avec qui il serait en parfaite harmonie. Leurs battements résonneraient alors comme la plus belle des mélodies, jusqu'à ce que l'un ou l'autre ne s'éteigne pour toujours.

Les jours où le cœur pensait ainsi, il avait l'impression de gonfler de ce sentiment si particulier que l'on nomme l'espoir. Il se sentait gonfler, gonfler, gonfler, et n'attendait que de déborder.

Cependant, la raison arrivait toujours. Elle posait des réflexions, s'enfermait dans les méandres de l'esprit et des complications, pour tuer toujours un peu plus l'espoir.

Ainsi, aujourd'hui n'était pas un jour d'espoir. Le cœur était à la résignation.