L'homme s'enfonça plus profondément dans la forêt. Ses pieds embourbés dans une mixture inconnue écrasèrent un objet. Des craquements retentirent tandis que son pied glissait sur une surface visqueuse. L'homme s'immobilisa, préférant ne pas savoir ce qu'il avait aplati. Pourtant, s'il avait baissé les yeux, il aurait su que c'était les restes d'un renard en putréfaction, piégés dans la boue.

L'individu frissonna. L'air était glacé sur ce vieux ponton et les environs étaient lugubres. Pourquoi l'homme l'avait-il convoqué devant ce lac ?

L'homme accéléra le pas et slaloma entre les feuilles décomposées et les ordures.

L'individu observa l'eau. Elle était sale. Il commença à faire demi-tour.

Le croassement des corbeaux résonna dans le silence. Un battement d'aile sur sa droite. L'homme paniqua. Sa respiration s'accéléra.

Avant qu'il ne comprenne comment, l'individu était dans l'eau. Sa respiration se bloqua.

L'homme se mit à courir de façon incontrôlée. Son souffle devînt erratique. Il glissa dans la boue.

Son corps s'enfonça lentement tandis que l'individu se débattait pour remonter.

La substance se répandit partout sur sa peau et s'étala à mesure que l'homme tentait de se dépêtrer.

Son crâne plongea. L'eau le submergea.

Son corps se raidit et l'homme s'étouffa, la pâte envahissant sa bouche. Il tenta de cracher mais en vain.

Son cœur s'accéléra. Les yeux grands ouverts, l'individu distingua la vase et les déchets qui le piégeaient. Il serra ses lèvres.

L'homme se redressa en s'accrochant aux arbres, à bout de souffle. Ses mains s'enfoncèrent et il s'éloigna vivement, un mélange innommable incrusté dessus.

L'individu referma les yeux mais trop tard. L'eau infâme s'était déjà infiltrée et ils se mirent à le brûler.

L'homme tituba jusqu'à la lumière. Le souffle coupé, il n'eût même pas la force de repousser les branches. Ce fût sanguinolent et boueux que l'homme échappa aux arbres.

Commençant à faiblir, les lèvres de l'individu se desserrèrent. L'eau s'infiltra. Ses poumons se comprimèrent.

L'homme s'approcha du ponton. Vide. Apeuré, il tenta de le gagner avant de s'effondrer. Couché, il respirait encore moins.

L'individu sentit des frôlements sur son visage. Il se débattit.

L'homme s'étouffa avec sa propre salive, la bouche toujours infestée de brun.

L'individu s'étrangla, au summum de la panique. Il essaya une dernière fois de remonter.

L'homme cracha misérablement, de la bave lui coulant du menton.

L'individu abandonna et s'apaisa finalement. Il comprit.

L'homme rampa vers l'eau pourtant immonde. Il ne voulait pas mourir avant de s'assurer que l'individu ne l'était.

L'individu s'enfonça plus profondément, se laissant partir.

L'homme ne gagna jamais l'eau.

L'individu y resta pour toujours.