J'éclatai de rire tandis que Julie peinait à tenir sur ses jambes. Le sol boueux du quai était bien trop glissant pour le taux d'alcool contenu dans ses veines. Elle manqua de chuter et je l'aidai à se stabiliser. Un fois mission accomplie, je pris le temps d'observer le paysage, laissant mon amie tenter de repérer sa colocataire qui nous avait donné rendez-vous.

De jolies flaques vermeille commençaient à parer le ciel matinal, se reflétant dans l'eau. Le pont si célèbre sortait doucement de l'ombre à mesure que le temps s'écoulait.

Un hoquet me sortit brusquement de ma contemplation. La main paniquée de Julie s'agrippa à mon bras tandis que l'autre me pointait en tremblant une bosse disgracieuse.

Au bout de plusieurs interminables secondes, j'identifiai enfin la forme.

Ma cousine.

Pendue.

Au pont.

La stupeur de Julie céda la place à une panique emplie de pleurs. Je la vis du coin de l'œil se détourner de la scène et saisir son téléphone pour appeler la police d'une voix tremblante.

Quant à moi, je ne pouvais détacher mon regard du corps. Je fixai la vis profondément enfoncée dans le crâne de ma cousine. Des perles de sang s'en détachaient. Je suivis du regard leur course. Une phrase d'Apollinaire me vint brusquement à l'esprit alors que le rouge se mélangeait à l'eau du Rhône.

« Sous le pont Mirabeau coule la Seine. »

Sous le pont d'Avignon coule le sang.

***

Bonjour, bonsoir,

J'espère que votre long week-end se passe bien ! 

Petit texte issu d'un devoir en groupe, n'hésitez pas à me dire s'il vous a plu !