La douleur des sentiments
Point de vue extérieur.
Le portail de fumée se referma derrière les trois nouveaux arrivants. Kaminari regarda autour de lui, prenant connaissance des nouveaux lieux. Depuis Kamino, le bar qui leur servait de planque avait été découvert, il avait donc été nécessaire de trouver un nouveau lieu où se réfugier. L’endroit ressemblait à un vieux restaurant, beaucoup de bois et de pierre, et sentait légèrement le renfermé. Le blond plissa le nez, regardant le chef de l’alliance s’asseoir à une table.
« On est ici pour parler, non ? Assieds-toi, Thunderstruck ; Black Mist, va chercher les autres.
- Bien, Shigaraki Tomura. »
L’homme fumée se mit aussitôt à créer des portails afin de permettre à Toga, Dabi, Mister Compress et Twice de les rejoindre rapidement pendant que Denki s’asseyait face à Shigaraki.
Une fois tous réunis autour de la table, après de brèves salutations, Shigaraki reprit la parole, un sourire sadique étirant ses traits et le rendant encore plus effrayant que d’habitude.
« Nous sommes tous là, la réunion peut commencer ! Honneur à notre chère petite taupe, comment se passent les choses à Yuei depuis la chute d’All Might ? »
Tous les regards se tournèrent vers Denki, qui soupira bruyamment. Se faire appeler de cette façon lui rappelait encore une fois qu’il mentait à tout le monde, à des personnes bien qui l’appréciaient. Et ça réveillait la culpabilité qui le rongeait peu à peu. Il détestait ça.
Le blond planta finalement son regard doré dans celui rouge sang du leader de l’alliance et commença ses explications, tentant d’ignorer la douleur lancinante dans sa cage thoracique.
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5 heures du matin et la douce musique ‘Broken Heels’ d’Alexandra Burke résonna dans cette chambre sombre. Une main sortant de sous les draps afin d’éteindre son réveil et un jeune garçon aux cheveux rouges se promettant pour la vingtième fois de mettre une musique plus « virile » sans réussir à s’y résoudre.
Kirishima s’habilla rapidement d’un short de sport, d’un débardeur et de baskets, prit une veste qu’il mit dans son sac avec de l’eau et une serviette, et descendit en silence faire un rapide petit déjeuner avant de sortir, faisant le moins de bruit possible. Une fois dehors, il mit ses écouteurs et fit un footing en direction de la plage où il avait rendez-vous avec Bakugou. Depuis le temps qu’il attendait de pouvoir s’entraîner avec lui, il comptait bien être à l’heure !
Quand Kirishima arriva à la plage, le cendré était là, en tenue de sport, semblant déjà en plein échauffement. Le rouge vérifia l’heure sur son portable : 5h56. Quatre minutes d’avance ! Il stoppa la musique, rangea son téléphone dans son sac et s’approcha de son ami explosif.
« Salut Baku ! Le rouge s’approcha avec son grand sourire habituel.
- T’es enfin là, tête d’orties ! C’est pas trop tôt ! Râla le cendré, se tournant vers lui.
- Hey tu rigoles, j’suis même en avance ! Eijirou prit un air faussement offusqué qui fit apparaître un sourire fugace au blond.
- Allez, bouge-toi, il va vite faire chaud. »
Et c’est ainsi que les deux amis commencèrent leur session d’entraînement de 4 heures, faisant des poses pour boire de temps en temps. Et comme Bakugou l’avait dit, à 10h, la chaleur de ce mois d’août commençait à accabler les jeunes héros. Ils s’étirèrent rapidement, marchant à travers les quelques rues qui séparaient la plage de la maison du cendré. Ils posèrent leurs chaussures à l’entrée et, serviettes sur les épaules, se dirigèrent vers la cuisine afin de se rafraîchir. Le rouge regardait autour de lui, curieux, et remercia son ami pour le verre d’eau qu’il lui tendit. Ils prirent place tous deux autour de la table de la cuisine.
Kirishima repensa à l’entraînement de la veille et au comportement de Denki. Ce n’était certainement rien, mais il ne pouvait s’empêcher de se questionner.
Le voyant perdu dans ses pensées, c’est Katsuki qui prit la parole, entamant une discussion.
« Oh Kirishima, qu’est ce que t’as ? »
Le cendré avait posé son coude sur la table, joue appuyée contre son poing fermé et regardait le rouge. Kirishima sortit de ses pensées à l’entente de son nom et observa son ami. Ses sourcils habituellement froncés étaient relâchés, les traits de son visage tous détendus, Katsuki avait une apparence calme que le garçon n’aurait jamais cru possible.
Le rouge passa une main dans ses cheveux, écartant les mèches qui tombaient devant ses yeux.
« C’est rien Baku, juste la fatigue.
- J’suis pas un crétin, t’es en forme après les entraînements qu’on a à Yuei, alors c’est pas mon entraînement qui va t’achever. En plus t’avais l’air pensif, et ça t’arrives pas souvent.
- Hey c’est pas sympa ça ! Je pense très souvent et ton entraînement est très complet.
Eijirou prit une expression boudeuse et Katsuki leva les yeux au ciel, réprimant un sourire.
- Change pas de sujet... Qu’est ce qui te perturbe, Eijirou ? »
Le rouge regarda son ami, incrédule. C’était la première fois que celui-ci l’appelait par son prénom et il avait l’air de s’inquiéter pour lui. Un sourire sincère et chaleureux fendit le visage du garçon à l’alter de durcissement. Puis son sourire diminua quelque peu en repensant à son ami à l’alter d’électricité. Il soupira. Denki lui avait dit de n’en parler à personne et qu’il lui expliquerait. Mais Baku c’était différent, il était son ami, son frère, et il s’inquiétait pour lui.
« C’est à propos de Denki…
- Tch, ça m’étonne même pas. Qu’est ce qu’il a fait ce crétin ?
- C’est pas très important mais… pourquoi ça t’étonne pas ?
- Bah vous êtes toujours fourrés ensemble et, dès qu’il est pas là, tu t’inquiètes. De plus, tu me saoules chaque jour en me parlant de lui.
- Je-Je parle pas tant que ça de lui… Le rouge était quelque peu gêné par les mots du cendré.
- Oh que si, et tu t’en rends même pas compte. ‘ Et Denki si’, ‘ Et avec Kaminari blabla’, t’as que son nom à la bouche Eijirou. Tu l’aimes beaucoup le pikachu, non ? »
Katsuki fixait Eijirou dans les yeux avec un calme surprenant. Le garçon en face de lui n’en avait pas autant. Rien qu’à écouter les mots de son ami, il avait rougi, se grattant l’arrière de la tête. Toute cette conversation le mettait mal à l’aise et aucun son ne voulait franchir sa bouche.
« Tu le nies pas, c’est que j’ai vu juste alors. Maintenant la question c’est ‘ à quel point tu l’aimes ?’ »
Plus que tout.
Ce sont les 3 mots qui apparurent distinctement dans l’esprit du rouge avant même qu’il ne puisse réfléchir, ce qui le fit rougir davantage. Il tenta un regard vers son ami cendré qui le fixait toujours de ses yeux écarlates semblant lire en lui. Mais il ne perçut aucune trace d’amusement ou de moquerie dans les yeux de Bakugou. Le décoloré se décida à parler. Peut-être que cette discussion l’aiderait à mieux comprendre après tout.
« T’as raison Baku… J’aime beaucoup Denki. J’aime le temps qu’on passe ensemble, les discussions qu’on a, les conneries qu’on fait. J’aime rire avec lui et le voir rire. J’aime quand on traîne ensemble, quand on mange ensemble. Quand je suis avec lui, c’est différent. Genre, avec toi je suis bien, j’aime tout ce qu’on fait ensemble mais… je sais pas… y’a quelque chose d’autre. Quelque chose de plus avec Denki. Dès que je le vois, je souris. Je sais, je souris tout le temps mais… c’est pas le même sourire. Je le sens. Et je… je comprends pas tout ça. J’suis perdu, Baku. »
Katsuki n’en croyait pas ses oreilles. Ce crétin était capable de dire toutes ces choses à voix haute et il ne comprenait vraiment pas ? C’était possible ça ? Il soupira.
« Eiji… T’es la personne la plus idiote que je connaisse… Avec tout ce que t’as dit, t’as pas compris ? Il manquait que les papillons dans l’estomac et le cœur qui bat plus fort quand il te sourit, et on avait la liste complète des clichés de films à l’eau de rose. T’es amoureux, crétin.
- Mais … je-je peux pas être amoureux de Denki ! C’est mon ami, et puis c’est un mec et c’est pas viril d’aimer un mec…
- Arrête tes conneries, tu veux ? Que t’aimes un mec ou une fille on s’en fout. C’qui est pas viril, c’est de fuir ce qu’on ressent. Puis, Kaminari est pas si mal que ça ‘fin, il est con mais assez drôle. Le rouge n’en revenait pas d’entendre Bakugou tenir de tels propos. Il eût même honte d’avoir dit cette dernière phrase.
- Tu dois avoir raison, Baku…
- Cherches pas, j’ai toujours raison. »
Quelques secondes de silence prirent place avant que Katsuki ne reprenne la parole en pouffant légèrement de rire.
« Putain j’aurais jamais pensé avoir ce genre de discussion un jour !
- J’aurais jamais pensé que tu me conseilles sur mes sentiments pour Denki, tu sais !
- En même temps si t’étais moins stupide t’aurais compris tout seul, tête d’orties !
- T’as p’t’être raison.
- J’ai toujours raison. »
Ils se sourirent de leur façon habituelle, un sourire chaleureux de la part du rouge et un quelque peu arrogant de la part du cendré. Mais tous deux garderaient à l’esprit ce moment de complicité qu’ils venaient d’avoir. Kirishima était vraiment heureux d’avoir un ami comme Bakugou à ses cotés.
Le temps avait filé et il était non loin de midi quand le rouge se décida à rentrer chez lui, après avoir remercié Katsuki une dernière fois.
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Du coté des vilains, tous regardaient leur leader, abasourdis. La réunion s’était poursuivie jusqu’à ce que Shigaraki ne mette sur table son futur projet : une nouvelle attaque de Yuei.
Le silence qui suivit cette annonce fût pesant. C’est Dabi qui se chargea de le briser.
« Tomura, la dernière attaque n’a pas vraiment été un succès. Et on a perdu de bons éléments comme Mustard et Muscular.
- Je sais tout ça. On a aussi perdu All for One. Mais toute la société tremble et nombreux sont les vilains qui sortent de l’ombre. On trouvera de nouveaux éléments pour nos rangs. Il faut qu’on frappe d’un autre grand coup les héros et le mieux pour ça, c’est de frapper en plein cœur : Yuei.
- Tu n’as pas écouté mon rapport Shigaraki ? Yuei est intouchable. La sécurité a été drastiquement augmentée. Tous les élèves restent en internat et même les secondes ont passé leur permis provisoire donc ils auront tous le droit de vous tomber dessus s’il y a une menace. »
Kaminari n’avait pût s’empêcher d’intervenir. Il n’aimait pas du tout cette idée. Et vu le regard complètement dérangé de Tomura, il devait avoir raison, ça sentait très mauvais.
« J’ai écouté ce que tu as dit, Thunderstruck. Et justement, ça nous arrange. Les héros viendront pour protéger les gamins. Et on sera suffisamment prêts pour les tuer. Rien ne sera laissé au hasard et tu auras ton rôle à jouer. Ta mission d’infiltration se finira ce jour là. Jusqu’à ce moment, rassemble le maximum d’informations possible.
- Mais les élèves seront en première ligne. Je croyais que l’objectif était de les faire changer d’avis, de leur montrer que les héros ne sont pas la meilleure solution.
- Ces gamins ont choisi de risquer leur vie. Mais ce n’est pas leur mort notre objectif. C’est celle des héros. Tu ne veux pas ta revanche sur ce système qui a laissé mourir tes parents, Denki ? »
Le jeune blond serra la mâchoire, le regard mauvais. Il plaqua les mains à plat sur la table, essayant de se contenir. Shigaraki l’appréciait peu et savait appuyer là où ça faisait le plus mal. Mais c’était réciproque, alors le blond ne comptait pas lui laisser le dernier mot si facilement.
« Même étant infiltré, je n’ai jamais toutes les infos. La première attaque à l’USJ, je vous avais fourni nos horaires mais personne ne m’avait averti de l’attaque. Pour celle du camp d’été, aucun d’entre vous n’a cru bon de me dire que l’objectif était l’enlèvement de Bakugou. Quand j’ai compris que Toga avait infiltré nos examens de permis provisoire, pareil. Qui m’avait averti ? Personne. Et tu me demandes encore une fois de te faire confiance aveuglément quand je sais que je n’aurais pas toutes les infos ?
Mon oncle Giran recrute pour vous et m’a fait vous rejoindre dès le début et tu continues de faire comme si je n’étais pas un membre de la bande. Et ça m’énerve. »
Le regard doré du blond brillait de colère, l’électricité crépitait entre ses doigts, visible sous forme de filaments scintillants.
Shigaraki semblait prêt à tenir tête au blond, et à l’affronter ici même s’il le fallait mais Black Mist calma le jeu, affirmant qu’il tiendrait personnellement Kaminari au courant.
Les tensions étaient partiellement retombées et la discussion avait repris autour du plan encore quelques heures jusque tôt le matin. Black Mist avait ramené les membres chez eux, déposant Denki devant sa maison. Le blond soupira encore une fois. Il préférait largement vivre à l’internat qu’ici. Il s’agissait de la maison de son enfance. À chaque instant, les souvenirs heureux de son ancienne vie l’assaillaient, lui rappelant avec quelle facilité l’amertume et la colère peuvent s’emparer d’un cœur quand celui-ci est brisé.
Il entra, trouvant son oncle à moitié ivre, endormi dans le canapé du salon.
Cet homme avait toujours été un déchet, traînant dans des affaires pas très nettes mais les choses avaient clairement empirées depuis la perte de sa sœur, la mère du jeune blond. Au décès de ses parents, il représentait sa seule famille restante et, puisque rien n’avait été prouvé contre lui, il avait obtenu la garde de son neveu.
Il avait utilisé la colère et la tristesse d’un gamin orphelin à son avantage et lui avait présenté Shigaraki et Black Mist quelques semaines après, lui disant que ce serait un parfait moyen pour venger ses parents de ces héros incompétents. Certainement un moyen pour lui de se venger à travers son neveu.
Le garçon électrique le regarda avec dépit puis partit dans sa chambre. Il se coucha rapidement, exténué, mais regarda son téléphone avant.
Il y vit deux messages de Kyouka, certainement pour lui parler de Momo. La jeune rockeuse lui avait récemment confié aimer les filles, et plus particulièrement la vice déléguée de la Seconde A. Il avait également un message d’Hanta lui proposant une sortie à la salle d’arcade le lendemain après-midi et une demi-douzaine de Mina, racontant pas mal de conneries.
Il répondit rapidement aux messages puis posa son téléphone, décidé à dormir.
Voir ses messages lui avait créé un nœud dans la gorge. La culpabilité venait l’enserrer d’une douloureuse manière. Il avait tissé des liens avec eux, ils lui faisaient confiance et lui allait les trahir. Encore une fois.
Le jeune blond finit par trouver le sommeil. Un sommeil agité, où ses épouvantables songes semblaient moins suffocants que la réalité à laquelle il allait devoir faire face.
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Hey ! Voici le second chapitre de cette histoire avec un peu d'avance !
Les choses se précisent un peu !
J'espère qu'il vous a plu,
-DianaV 🌺
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