Zoé se rappelait de son enfance. Elle avait passé les premières années de sa vie dans un petit appartement en centre-ville. Trop petit pour trois enfant et deux adultes. Mais cette époque de sa vie était joyeuse. Elle se souvenait des spectacles qu'ils montaient à trois pour amuser leurs parents ; les duos de chant entre sa mère et sa sœur pendant que son père jouait de la guitare ; l'école maternelle colorée, avec ses murs parsemés de dessins...

Depuis toute petite, Zoé avait un don : elle percevait des choses... elle avait réussi à empêcher un cambriolage dans sa maison en se réveillant en hurlant au milieu de la nuit.

Elle avait aussi évité que leur ancien chien se fasse écraser par une voiture.

Personne ne se doutait de rien, mais elle pouvait aussi deviner les émotions des gens grâce à leur langage corporel. Pas précisément, mais elle y arrivait.

Lors de sa grande section, ses parents avaient décidés de déménager. Sa sœur et son frère avaient essayé de négocier, mais ils étaient quand même partis.

Elle n'avait pas été affectée par ce changement, surtout que leur nouvelle maison était plus grande et qu'elle avait sa propre chambre.

Elle se rappela de ses bêtises, comme la fois où elle avait dessiné sur le mur du salon ; ou encore la fois où elle avait renversé le paquet de farine sur le carrelage de la cuisine...

A cette époque-là, ils recevaient beaucoup la visite de Clovis et Yanis. Ils ignoraient que c'était pour acheter une maison tous ensemble.

A l'école, la jeune fille était plutôt solitaire et traînait dans les pattes de son frères et ses amis. Elle tomba amoureuse de presque tous les amis de son frères, mais leur histoire s'arrêtait là. Elle ne protesta pas quand ses parents décidèrent de les déscolariser son frère, sa sœur et elle, en pleine année de CE2. Son frère était alors en CM1 et sa sœur en 6ème.

Puis, ils achetèrent la maison.

Elle laissa les souvenirs l'emporter au fin fond de sa conscience...

Elle se surprit à divaguer : Elle flottait dans l'air. Le temps et l'espace n'existaient plus. Tout était noir autour d'elle. Elle était en apesanteur. Elle essaya de se rappeler comment elle était arrivée là... sans grand succès

Soudain, elle senti un sol sous ses pieds et une lumière apparut au loin. Elle se rapprocha de cette lumière. A dix mètres d'elle, elle se rendit compte que c'était un humain.

Un humain lumineux ? Elle hallucinait ! Sûrement à cause du manque d'oxygène ! Pourtant elle se rapprocha. C'était Clovis ! Il s'approcha d'elle en riant et lui prit la main. Il était habillé comme dans son souvenir : Le même tee-shirt rouge, le même jogging bleu... Elle remarqua ses cicatrices : des lignes blanches séparaient ses doigts de sa main, ses bras de ses épaules, et son cou... Clovis capta son regard et resserra sa main dans la sienne.

Son contact était frais et léger comme une brise printanière. Il l'entraina toujours plus loin dans la noirceur jusqu'à ce que ses pieds la tiraillent. Il lui sourit, mais ne parla pas. Il n'avait pas encore parlé. Une autre source de lumière plus importante se dessina à l'horizon. Clovis commença à courir.

-On est bientôt arrivé. Dit-il.

Son cousin avait à peine chuchoté, pourtant cela lui fit l'effet d'une décharge d'énergie : Elle l'imita, et il atteignirent la lumière en un temps record.

Éblouie par cette soudaine lueur, elle ne faillit pas reconnaitre les personnes qui se tenaient devant elle : Sa famille.

Il l'entourèrent tous, lui disant qu'elle leur avait manqué, même son père. Elle laissa couler des larmes de joie dans les bras de tout ceux qu'elle aimait.

Ils lui parlèrent à tour de rôle pendant des heures, racontant comment ils étaient morts. Elle les écouta attentivement, en ayant les bonnes réactions au bon moment. Puis vint le tout d'Hector. Elle s'attendait à ce qu'il la prenne dans ses bras, ou lui dise quelque chose de gentil.

Au lieu de ça, il croisa les bras et lui dit d'un ton froid :

-Tu avais promis de rester en vie.

Ces mots lui firent l'effet d'une douche froide, et un une milli seconde, elle réintégra son corps.