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L'aube pointait son nez et les rayons du soleil réchauffaient doucement la clairière quand Harry se réveilla. Mastiquant le vide, il eut une drôle d'impression et la mémoire lui revint.

Il releva alors la tête et son long cou se courba doucement pour lui permettre de voir son nouveau corps, d'un noir luisant. Le brun sentit la moindre de ses vertèbres et de ses muscles bouger sous sa peau.

Relevant ses ailes, Harry sourit intérieurement. Le soleil se voyait par transparence à travers les fines membranes de peau grise qui formaient ses ailes noires.

Le Gryffondor baissa ensuite les yeux et son regard remonta du bout de sa queue, munie d'un éperon caudal plat reposant sur le sol, jusqu'à son échine. Il remarqua alors une petite masse bleue, pelotonnée contre son ventre, et il sourit en reconnaissant Hermione.

S'efforçant de ne pas trop bouger, Dragon-Harry regarda autour de lui. Il vit alors une masse blanche, immaculée, roulée en boule sur l'herbe. Contre son ventre se pelotonnait une grande silhouette pliée en deux : le professeur Rogue, recouvert de sa cape.

Au collier de cuir serti de l'émeraude, Harry sut que c'était Malefoy le dragon blanc, et il reconnut Montor en le dragon rouge, et Ramons en le dragon couleur de chocolat. Ce dernier soupira alors profondément et McGonagall, qui dormait contre son épaule, s'agita et se redressa en ajustant ses lunettes sur son nez.

— Bonjour, Potter, dit-elle d'une voix claire en se levant.

Dragon-Harry pencha la tête sur le côté et McGonagall plia la couverture à carreau qui lui avait tenu chaud cette nuit.

— Vous ne répondez pas ? Ce n'est pas très poli...

Harry haussa les sourcils, enfin ses arcades sourcilières, puis il ouvrit la gueule.

— Bonjour, professeur McGonagall... croassa-t-il. Hé ! Mais je parle ?
— Bien sûr, dit une voix plus proche.

Harry baissa la tête et vit Hermione se redresser en se frottant les yeux.

— Salut, Harry, dit la jeune fille en se levant.

Elle passa ses mains sur sa robe de sorcière puis dans ses cheveux et plia la couverture bleue avant de la faire disparaître.

— Alors ? Comment tu te sens ?

Harry regarda le professeur McGonagall, occupée à réveiller Dumbledore qui semblait n'avoir aucune envie de se lever, puis il baissa la tête et regarda ses bras croisés devant son poitrail, comme le font souvent les chiens de race.

— Ben... C'est bizarre comme sensation... J'ai l'impression d'être rouillé....
— C'est normal, dit Hermione en souriant. Ça ira mieux après, enfin j'imagine, une fois que tes écailles auront trouvé leur place.
— Mes écailles, dit Harry. C'est étrange...

Hermione lui sourit puis elle se tourna ensuite vers Dragon-Malefoy qui grognait sous les secousses de Rogue pour le réveiller.

— Allez, Malefoy, dit Rogue en secouant la tête du dragon blanc par l'une des trois cornes alignées qui ornaient son front. Aller, réveillez-vous, nous n'avons pas que ça à faire.

Dragon-Malefoy grogna à nouveau puis ouvrit ses yeux d'argent et soupira profondément. Cela fit sourire Hermione puis Malefoy releva la tête et regarda vers Harry qui lui fit un signe de tête en guise de bonjour.

— Je déteste le matin, dit Dragon-Malefoy en se soulevant sur ses longs bras munis à chaque extrémité de deux mains garnies de trois larges doigts. Pas mal ces griffes... ajouta-t-il.

Il regarda ensuite une de ses mains en la levant et dit :

— Quelle sensation étrange... J'ai trois doigts mais j'en sens cinq....

Harry sourit intérieurement puis la barrière de l'enclos grinça et tout le monde put voir Hagrid arriver avec un gros sac sur l'épaule.

— Le petit-déj' de ces gros reptiles et servi, dit Hermione avec un sourire.
— Reptile toi-même, Hermione, dit Dragon-Harry en regardant son amie.

Hermione lui sourit puis Hagrid laissa tomber son sac sur le sol et une grande tache de sang se forma aussitôt sur l'herbe. Harry huma l'appétissante odeur.

— J'ignorais que j'aimais la viande crue à ce point... dit-il.

Hermione lui sourit tandis que Dragon-Malefoy se redressait sur ses puissantes pattes arrière et étirait ses ailes immaculées pour s'admirer.

— Professeur, dit-il en baissant la tête vers Rogue. Comment se fait-il que je sois blanc ?
— Et moi noir ? demanda Harry, toujours couché sur le ventre, et n'ayant visiblement, aucune envie de se lever. C'est un mystère ?
— Non, je ne pense pas, dit McGonagall en s'approchant, sa main sur le nez pour ne pas respirer l'odeur de la viande crue. Vous, monsieur Potter, vous avez les cheveux noirs et vous, monsieur Malefoy, vous êtes blond, tout comme monsieur Ramons est légèrement roux et monsieur Montor châtain.
— Je suis auburn, professeur, dit Dragon-Ramons.

McGonagall hocha la tête puis Dumbledore s'approcha et tira sa baguette. Il la pointa sur le steak d'une bonne dizaine de kilos posé sur l'herbe devant Harry et dit :

Amplificatum !

Le steak se mit alors à grossir, grossir, grossir sous le regard envieux de Harry qui ouvrit la gueule et déroula une longue langue rouge dégoulinante de bave.

— Harry, un peu de tenue, dit Hermione sur un ton faussement consterné.

Harry ferma sa gueule hérissée de dents pointues puis Dumbledore baissa sa baguette et Harry le regarda.

— Bon appétit, Harry, dit le vieux professeur en faisant une petite révérence avant de se diriger vers les autres morceaux de viande.

Harry sourit intérieurement puis tendit son long cou musclé et saisit l'énorme morceau de viande, aussi gros qu'un morse mais avec la graisse en moins, dans sa gueule. Il le tira à lui puis en arracha un gros morceau et Hermione se détourna, le teint soudain verdâtre.

— Tu me diras quand tu aurais fini, dit-elle. Beuh... dit-elle ensuite en s'éloignant vers les pattes arrière d'Harry qui, tout à son repas, avala le morceau de viande tout rond avant d'en arracher un autre morceau.

.

Quand les quatre Dragons eurent fini leur petit-déjeuner, les trois professeurs et Hermione entreprirent de leur installer une sorte d'armure composée d'un plastron, de poignets et de chevilles dans le métal représentant le plus leur maison, histoire qu'ils ne soient pas "tout nus".

— Harry ! dit Hermione en trépignant. Bon sang de bois, veux-tu bien te lever, je n'ai pas que ce à faire, tu vas me mettre en retard avec ta mauvaise volonté.
— Allons, Potter, dit Rogue sans tourner la tête vers lui, tout occupé à parer Dragon-Malefoy d'un beau plastron en argent ouvragé.

Harry montra les dents en regardant l'homme en noir puis il se redressa de mauvaise grâce sur ses pattes arrière en prenant appui sur sa longue queue puissante.

— Merci, dit Hermione.

Elle pointa alors sa baguette magique sur les poignets de Dragon-Harry qui se parèrent de beaux bracelets ajustés en or. Les chevilles du Dragon noir se parèrent également de beaux bracelets en or.

Hermione braqua ensuite sa baguette magique sur la base de la gorge d'Harry qui releva la tête. Un plastron en or, ajusté à son puissant torse, se dessina et au centre de ce plastron, un gros rubis se logea et brilla quelques instants.

— Merci, dit ensuite Harry en reposant ses pattes avant sur le sol.
— De rien... marmonna Hermione en rangeant sa baguette magique.

Elle la ressortit aussitôt et la braqua sur la tête d'Harry. Une sorte de casque en or s'y installa, serti également d'un rubis, puis la jeune fille rangea sa baguette et Harry regarda les autres Dragon se faire habiller en silence.

— Merci tout le monde ! dit Dumbledore quand Montor fut paré de ses breloques en tungstène, un métal noir et brillant qui allait bien avec la topaze jaune qui ornait son collier de cuir pour parler. Je ne vous retiens pas, vous pouvez aller prendre votre petit-déjeuner. Hagrid, restez par-là, nous allons passer à la phase « sécurité ».
— Oui, monsieur, dit Hagrid.
— Je n'aime pas ça, dit Harry. Whao ! s'exclama-t-il ensuite en tombant lourdement sur le ventre. Hé mais... Hagrid ! Qu'est-ce que vous faites ?

Le demi-géant était passé derrière Dragon-Harry et l'avait saisit par la queue. Il le traînait à présent derrière lui, et Harry, sur le ventre, se laissa faire sous le regard amusé de Malefoy.

— Toi, si tu ris, tu va voir, dit Dragon-Harry en pointant une griffe sur le Dragon blanc qui détourna la tête avant de pouffer, ses pattes avant posées sur son long museau.

Hagrid traîna Dragon-Harry sur environ quatre mètres avant de le lâcher et d'aller chercher un gros anneau d'argent qu'il fixa autour de la queue du Gryffondor.

L'anneau, muni d'une longue chaîne, était fixée au tronc d'un arbre planté au centre de l'enclos et Harry ne put s'empêcher de rire quand Hagrid traîna Dragon-Malefoy par la queue, de la même façon qu'il l'avait fait pour le Gryffondor avant de lui fixer un anneau relié à une chaîne au bout de la queue.

Quand les quatre Dragon furent enchaînés, Dumbledore dit :

— Bien, à présent, même si vous aviez envie de partir explorer le monde sous votre nouvelle forme, vous ne le pourriez pas, même en y mettant toute votre énergie. Ces chaînes ont la particularité de raccourcir dès que l'on tire un peu trop dessus. Donc, si vous ne voulez pas vous retrouver en train d'étreindre le poteau, tenez-vous tranquilles, n'est-ce pas, monsieur Malefoy ?

Dragon-Malefoy détourna hautainement la tête puis Dumbledore ajouta :

— Pour votre confort, ces chaînes sont ensorcelées de façon à ce qu'elles ne s'emmêlent pas lorsque vous promènerez dans l'enclos. Elles se croisent puis passent au travers l'une de l'autre sans rester coincées. Des questions ?

Dragon-Harry leva la tête puis dit :

— Oui, quand est-ce qu'on mange ?
— Harry... soupira Hagrid. Tu viens de t'enfiler une tonne cinq cent de viande crue et tu as encore faim ? Tu es pire que Ron...
— Je rigolais, Hagrid, dit Dragon-Harry.

Le demi-géant lui fit un sourire puis Dumbledore laissa les quatre Dragons entre eux et retourna au château en compagnie de Hagrid. Avant de quitter l'enclos, il dit :

— Apprenez à découvrir vos facultés, les garçons, vous en aurez besoin pour le prochains cours. Vous pouvez organiser de petits duels entre vous, mais je ne veux pas de blessés, ok ?

Dragon-Harry hocha la tête puis il se tourna vers Dragon-Malefoy et il le regarda s'éloigner du groupe et aller s'installer contre la palissade en soupirant.

— Ça promet, dit Dragon-Montor en s'approchant d'Harry. Ca va être gai s'il boude dans son coin jusqu'à Noël. Tu ne pourrais rien faire, Potter ?
— Et pourquoi moi ? demanda Dragon-Harry, étonné. Tu te souviens qu'entre Malefoy et Potter, c'est la guerre ?
— Entre Malefoy et Potter oui, dit Dragon-Montor. Mais pas entre Dragon-Potter et Dragon-Malefoy... Si ?

Dragon-Harry regarda en direction de Malefoy qui s'était couché sur le flanc et avait posé sa tête sur ses pattes repliées.

— Je ne garantis rien, Montor, dit-il. Mais je peux toujours essayer.

Dragon-Montor hocha la tête puis il se retourna et se dirigea vers Dragon-Ramons qui testait ses ailes en essayant de s'envoler.

— Un petit combat, ça te dit ? demanda Dragon-Montor.

Dragon-Harry soupira ensuite puis regarda vers le soleil qui se levait. Il s'allongea sur le ventre et posa sa tête sur le sol en fermant les yeux. Il avait envie de finir sa nuit trop courte à son goût.

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