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Après un temps qui parut à tous comme interminable – ils n'avaient en fait parcouru qu'à peine cent mètres –, Hagrid s'arrêta enfin et Harry faillit le heurter. Effectuant une manœuvre d'évitement désespérée, il se déporta sur la droite et bouscula Malefoy qui s'accrocha à son bras pour ne pas tomber et voir son orgueil blessé.

— Nous y sommes, dit Hagrid en s'éloignant.

Tous les élèves et les professeurs purent alors voir un immense enclos, aussi grand que la Grande Salle, entouré de barrières faites avec de gros troncs de chênes reliés entre eux par de grosses cordes sûrement tressées avec plusieurs autres plus fines.

Harry avança quand McGonagall lui fit signe de s'approcher. Malefoy suivait le Gryffondor, et Hagrid fit signe aux autres élèves de s'installer autour des palissades de trois mètres de haut comportant des jours suffisants entre les troncs d'arbres pour ne rien manquer du spectacle.

Harry se plaça face aux quatre professeurs. Chacun d'entre eux tenait une fiole en argent à bouchon d'or et quand Dumbledore s'approcha de lui avec la fiole, Harry comprit qu'il serait le premier à inaugurer l'expérience.

— Aller, Harry, dit le vieil homme en lui mettant la fiole dans les mains. À vous l'honneur.

Dumbledore recula alors.

— Buvez toute la fiole d'un trait, Potter, dit Rogue.

Harry regarda l'homme en noir puis hocha la tête et les trois autres garçons s'écartèrent sur un signe de Dumbledore. Harry resta donc seul au centre d'un cercle d'environ quatre mètres de diamètre, et il déboucha la fiole en fermant les yeux. Il garda les yeux fermés en buvant le contenu de la bouteille et il ne put empêcher une grimace de dégoût de se dessiner sur son visage.

— C'est infect, dit-il en baissant la tête. Ha ! s'exclama-t-il ensuite en portant ses mains à son ventre. La vache...

Il s'accroupit sur l'herbe aplatie en respirant bruyamment puis il déplia ses bras et posa ses mains à plat sur le sol. Il fit le gros dos puis soudain, il se redressa et des pointes noires, luisantes, jaillirent de son dos en déchirant ses vêtements.

La plupart des spectateurs sursauta violemment, professeurs y comprit, et les filles plaquèrent une main sur leurs bouches pour ne pas hurler.

Harry se releva alors, le dos courbé, la tête basse et les jambes légèrement fléchies. Ces mêmes jambes qui, la seconde suivante, se mirent à grossir considérablement. Le pantalon du jeune homme n'y résista pas et se déchira en lambeaux tandis que les muscles des cuisses d'Harry se développaient considérablement. Les muscles de son dos gonflèrent également, déchirant chemise, pull et cape. Ses bras s'allongèrent, ses doigts se rassemblèrent pour n'en former plus que trois et au bout de chacun, une longue griffe noire poussa.

Sous les lambeaux de vêtements, les spectateurs purent voir le torse du Gryffondor s'élargir et grandir vers le haut en même temps que le bas de son corps prenait de plus en plus de place en largeur, rapport à tous les muscles, même les moindres, qui se développaient.

Les chaussures d'Harry craquèrent alors à leur tour et le Gryffondor sembla se dresser sur la pointe des pieds tandis que son talon s'éloignait des orteils pour devenir un jarret tendu de muscles et de nerfs puissants.

Harry rejeta sa tête en arrière en aspirant de l'air bruyamment. Son cou se mit alors à s'allonger et on aurait dit qu'il allait se déchirer. Sa peau encore pâle rougit, les veines se dessinèrent et quand Harry baissa la tête, son visage s'était allongé. Son nez pointait maintenant à une bonne cinquantaine de centimètres en avant, ses yeux s'étaient agrandis et décalés chacun d'un côté du crâne, ses oreilles n'étaient plus que deux petits trous qui furent recouverts par les écailles noires qui se mirent à pousser sur tout son corps en même temps qu'une collerette luisante, noire, se déployait autour de sa tête, dans la continuité de ses cheveux.

Harry écarta ensuite les bras et se redressa sur ses nouvelles jambes extrêmement puissantes. Des ailes noires, nervurées comme de gigantesques feuilles de palmier, se déplièrent de ses épaules et masquèrent la lumière de la lune quelques secondes. Harry leva ensuite la tête vers la lune en tendant le cou et il poussa un rugissement qui fit trembler tout le monde, même Hagrid qui émit un bref bruit en reculant d'un pas. Le Gryffondor baissa ensuite la tête et vacilla. Il ouvrit les yeux, deux orbes verts lumineuses, puis il tomba lourdement sur le côté en faisant tressauter les petits cailloux.

— Professeur... dit Montor, inquiet.
— Il va bien, dit Rogue avec un signe de tête. La transformation est très éprouvante, elle sollicite des muscles et des nerfs que nous humains n'utilisons jamais ou très peu. Il va dormir pendant plusieurs heures.

Le professeur de Potions se tourna ensuite vers Malefoy et lui donna la fiole, faisant clairement comprendre au blond qu'il était le suivant.

Malefoy déglutit puis il s'éloigna de quelques pas en débouchant la bouteille. Il l'enfila ensuite d'un trait et la lâcha sur le sol en se ramassant sur lui-même, les bras autour du ventre et une mine douloureuse plaquée sur le visage.

La même transformation que pour Harry s'opéra, au détail près. Drago ne s'évanoui cependant pas tout de suite après que ses immenses ailes nervurées, blanches comme la neige, comme son corps, se soient déployées. Il eut le temps de regarder toute l'assemblée de ses yeux gris métalliques et de faire un pas en avant, avant de tomber lourdement sur le ventre en mugissant sourdement, faisant frémir le sol.

Montor regarda le dragon blanc allongé à sa droite, puis le noir à sa gauche, et enfin, son regard se posa sur Hagrid qui lui tendait une fiole en argent à bouchon d'or.

— C'est à moi alors... dit le Pouffsouffle en prenant la fiole.

Il la déboucha, approcha le goulot de son nez et fronça les sourcils. Il prit ensuite une grande inspiration et avala le liquide que contenait la bouteille.

Contrairement à Harry et Malefoy, Montor resta debout mais sa transformation n'en fut pas moins spectaculaire. Son corps se couvrit d'écailles d'un marron chocolat, prit bien deux mètres en hauteur et un et demi en largeur, puis il s'effondra sur le côté en soupirant. Ce fut ensuite à Ramons de se transformer, et, juste avant qu'il ne sombre à son tour dans les nimbes du sommeil, son corps se recouvrit d'écailles d'un rouge vif lumineux tandis que longues pointes effilées poussaient autour de sa tête comme une collerette.

— Bien, dit McGonagall en s'avançant, une fois le calme revenu.

Elle ramassa bouteilles et bouchons puis les fit disparaître et tira sa baguette magique.

— Miss Granger ! Vous pouvez venir, s'il vous plait ?

Hermione regarda Ron puis elle passa sous la barrière et s'approcha tandis que Hagrid quittait l'enclos, Crockdur son chien sur les talons et son arbalète à la main.

— Oui, professeur ? demanda Hermione.
— Allez-voir monsieur Montor et mettez-ceci autour de son cou, dit la vieille femme en lui tendant un panier. Cela lui permettra de parler à son réveil.

Hermione prit le panier et hocha la tête. Elle se dirigea vers le Dragon marron allongé de tout son long dans l'herbe et elle posa le panier à sa tête. Elle le regarda ensuite un petit moment puis ouvrit le panier et en sorti deux larges colliers de cuir réunis d'une topaze d'un beau jaune lumineux.

S'approchant du Dragon inconscient, Hermione avança la main et toucha les écailles brillantes du cou. Elle sentit les battements réguliers et rapides d'un cœur visiblement très puissant, puis, se reprenant, la jeune fille plaça les deux anneaux autour du cou du Dragon, juste sous sa tête, qu'elle ferma de deux attaches d'argent. Elle se redressa ensuite, et se retourna vers les autres professeurs. Elle vit Rogue se redresser après avoir attaché les anneaux sur le cou de Malefoy, puis se tourner vers elle. Elle lui fit un signe de tête auquel il répondit légèrement avant de regarder par-dessus Hermione qui se retourna pour voir Dumbledore approcher, avec son panier à la main, aussi nonchalamment que s'il faisait son marché.

— Bien, dit-il. Maintenant, il nous faut attendre leur réveil. Où est Hagrid ?
— Partit leur chercher à manger, dit McGonagall en s'approchant.
— Où donc va-t-il trouver quatre tonnes de viande ? demanda Hermione, surprise.
— Vous ne savez pas de quoi sont capables les cuisines du collège, dit Dumbledore avec un sourire. Et puis quatre steaks suffiront, nous les ferons grossir sur place.
— Ha... dit Hermione. Ok. Je m'en serais doutée.

Elle hocha la tête puis Dumbledore se dirigea vers les élèves massés sur les barrières. Il les envoya se coucher et, quand il revint, il regarda la Gryffondor.

— Vous pouvez rester ici, Hermione, nous avons besoin de quatre magiciens pour placer les parures sur nos Dragons à leur réveil, dit-il.
— Merci, professeur, dit Hermione en hochant la tête, honorée.

Dumbledore lui sourit puis il se dirigea vers Montor et fit apparaître une couverture. Il s'assit le dos contre l'épaule du gros reptile et plaça la couverture sur ses genoux en disant :

— Vous devriez en faire autant, mes amis, la nuit risque d'être longue.

Hermione regarda vers Harry puis elle sentit qu'on la poussait dans le dos et elle regarda McGonagall qui s'éloignait vers Ramons.

Rogue, lui, alla s'installer contre le ventre de Malefoy et Hermione se pelotonna contre celui d'Harry. Elle fit apparaître une couverture en polaire et s'en couvrit.

Elle ne tarda pas à s'endormir, bercée par la lente respiration de Dragon-Harry et les gargouillis incessants de son ventre.

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