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Au fur et à mesure que les écailles tombaient, le corps immobile d'Harry rapetissait, comme un ballon se dégonflant, victime d'un trou d'aiguille.

Le cou du Gryffondor devint plus court, sa tête s'arrondit et les cornes devinrent molles et se séparèrent en filaments jusqu'à redevenir de courts cheveux noirs en broussaille. Les bras musclés semblèrent se vider de leur substance et peu à peu, ils reprirent la forme qu'ils avaient quatre mois plus tôt, de même que les jambes. La longue queue musclée se désintégra complètement et disparut dans les reins du Gryffondor qui semblait inconscient. Ses griffes se rétractèrent et les pointes de son dos redevinrent vertèbres dorsales.

— Couvrons-le, dit Rogue en jetant la couverture grise sur le corps incendié de son élève.

Hagrid en fit autant puis, avec ses grandes mains, il étouffa les flammes qui achevaient de détruire le reptile qu'avait été le jeune sorcier depuis le mois de septembre.

Enfin, de la fumée blanche s'éleva des couvertures et Hagrid souleva le garçon dans ses bras. Il l'emmena plus loin et une autre couverture, plus épaisse, ainsi qu'un coup de Ogden's Old Firewhisky, lui permirent de revenir à lui. On lui mit ses lunettes sur le nez après lui avoir passé un linge trempé sur le visage qui acheva de le réveiller.

— Harry ? Tout va bien ? demanda alors une voix au-dessus du Gryffondor.

Harry fronça les sourcils. Il avait dans la bouche un arrière goût acre de gaz et de viande avariée. Sa langue lui semblait dix fois plus grosse que la normale et il avait mal partout, comme si quelqu'un s'était amusé à tirer sur ses muscles pour les allonger.

— Harry ?
— Oui Hagrid... Je vais bien, dit le Gryffondor d'une voix enrouée.

Il leva alors la tête et regarda le demi-géant, penché au-dessus de lui. Il lui fit un sourire puis soudain un bruit sourd leur fit tourner la tête vers le fond de l'enclos.

— Malefoy ! s'exclama Harry en se levant.

Il vacilla et retomba dans les bras de Hagrid qui le remit sur ses pieds sans rien dire.

— Monsieur Malefoy semble agité, dit Rogue. Tenez Potter, ça va vous remettre d'aplomb.

Il tendit une petite fiole de la taille d'un taille-crayon au Gryffondor qui la prit et la but. Aussitôt, il se sentit réchauffé et tout ragaillardi. Il fit alors un pas en avant, assura sa jambe puis se mit en marche vers le dragon Blanc qui ne cessait de rugir à tors et à travers en hurlant contre Dumbledore et McGonagall qui n'arrivaient pas à lui faire entendre raison.

— Mais enfin, monsieur Malefoy, calmez-vous ! s'exclama Dumbledore en évitant de justesse la lourde queue blanche qui s'abattit à un mètre de lui. Nous n'y sommes pour rien dans la mort de votre mère !
— Si ! hurla Dragon-Malefoy en donnant un grand coup de patte dans le sol.

Ses griffes y tracèrent quatre trous parallèles et de grandes flaques de boue se formaient régulièrement. L'immense reptile pleurait toute l'eau de son corps en hurlant que c'était de la faute de Dumbledore si Voldemort avait tué sa mère sous ses yeux.

— Monsieur Malefoy, je vous en prie ! dit McGonagall. Vous ne savez plus ce que vous dites ! Nous ne sommes pour rien dans la mort de votre mère ! Calmez-vous !
— Harry reviens ici ! entendit-on alors.

Les deux adultes se retournèrent et ils virent Harry avancer à grand pas, enroulé dans une épaisse couverture grise. Il était suivit par Hagrid et Rogue qui semblaient vouloir le raisonner.

— Potter, vous n'êtes pas encore remis, vous ne devriez pas marcher ainsi, dit Rogue en le saisissant par les épaules.

En guise de réponse, il prit un regard noir d'Harry qui se dégagea de ses mains et se dirigea vers le Dragon Blanc.

— Viens ici, toi ! s'exclama Harry en saisissant un anneau de la grosse chaîne qui pendait du cou de Dragon-Malefoy. J'ai deux mots à te dire ! Allez, bouge-toi, tas d'écailles !

Le Dragon Blanc regarda le petit humain qui s'éloignait en tirant la chaîne derrière lui. La surprise se peignit sur sa grosse tête puis il suivit docilement Harry en marchant sur ses quatre pattes.

— Ça alors, dit Dumbledore. Je n'en reviens pas... Malefoy s'est instantanément calmé... Hum ! Bref ! reprit-il en se raclant la gorge. Montor, allez avec le professeur Rogue retrouver votre forme humaine.
— Oui, monsieur, dit le Dragon Marron en se tenant le bras droit dans sa main gauche.
— Nous soignerons votre blessure après, dit McGonagall après avoir examiné l'entaille faite par les griffes du Dragon Blanc. Votre cou est moins grave.
— C'est juste un pincement, dit Dragon-Montor. Il m'a pincé la peau entre ses canines, cela ne me fait pas vraiment mal.

McGonagall hocha la tête puis Hagrid entraîna le Dragon marron au centre de l'enclos, suivant Rogue.

Pendant ce temps, un peu loin vers l'abri des reptiles, Dragon-Malefoy se faisait sérieusement rabrouer par Harry qui s'époumonait en battant des bras, debout devant le Dragon couché sur le ventre.

— Putain... grogna soudain l'animal. Arrête de jacasser comme ça, tu me soûles.
— Je m'en fiche pas mal ! répliqua Harry. Tu te prends pour qui, hein ?

Le Dragon Blanc soupira profondément et Harry reprit :

— Malefoy, j'avais pensé que tu avais changé mais je vois qu'il n'en est rien. Tu es toujours aussi arrogant et pourri.
— Pourri ? répéta Dragon-Malefoy en regardant le Gryffondor. C'est donc ce que tu penses de moi ? Qu'il n'y a rien de récupérable ?
— Jusqu'à hier si, mais aujourd'hui, je me demande pourquoi j'ai prit autant de risques pour essayer de te rendre la vie plus simple ! Je pensais que tu avais simplement besoin de quelqu'un qui t'écoute mais je vois que tu as besoin de quelqu'un qui te dresse ! Tu n'as pas assez prit de baffes quand tu étais petit, tu es incapable de respecter qui ou quoi que ce soit ! Tu n'es qu'un gosse de riche pourri gâté !

Le Dragon Blanc enfonça ses griffes dans le sol meuble en détournant la tête. Les paroles du Gryffondor lui avaient fait plus de mal qu'il ne l'avait songé...

— Je suis désolé, dit-il alors en fermant les yeux.
— Hein ? demanda Harry.
— Excuse-moi, dit le Dragon Blanc sans regarder le brun.
— Mais je... Malefoy, tu...
— Laisse tomber, dit alors le Dragon en s'asseyant sur son large séant.

Il se leva ensuite et fit demi-tour. Harry le regarda s'éloigner puis il courut le long du corps souple et se planta devant la grosse tête blanche.

— Malefoy, attend, s'il te plait, dit-il. C'est à moi de m'excuser, mes paroles t'ont blessé...

Le Dragon Blanc détourna la tête et Harry s'avança alors. Il saisit la grosse chaîne dans ses deux mains et tira vers le bas. La grosse tête s'abaissa lentement et Dragon-Malefoy se coucha sur le ventre en interrogeant le Gryffondor de son regard de glace.

— Je suis désolé, Malefoy, dit Harry en posant sa main sur la narine droite du Dragon.

Il la fit ensuite courir jusqu'à l'œil et le Gryffondor dit ensuite à voix basse :

— Tu t'es laissé emporter par ta haine, tout à l'heure. As-tu eut peur pour moi ?
— Pourquoi donc ? demanda le Dragon Blanc.
— Je t'ai entendu crier mon nom... dit Harry.

Le reptile immaculé ferma les yeux et Harry caressa l'arcade sourcilière osseuse.

— Je suis très touché, Malefoy, dit-il doucement.

Il ferma alors les yeux et deux larmes roulèrent sur ses joues.

— Tu pleures ? demanda Dragon-Malefoy.

Harry sourit puis le Dragon Blanc tourna la tête vers lui Harry se laissa tomber sur l'imposant museau en disant :

— Malefoy, que tu sois humain ou Dragon ne change rien pour moi. J'ai toujours envie de t'aider à venger la mort de ta mère. Je me jette peut-être dans la gueule du loup mais je suis un Gryffondor, je suis légèrement stupide sur les bords...

Les babines du Dragon Blanc s'étirèrent et Harry sourit.

— Quand tu seras redevenu un humain, blondinet, on passera encore du temps ensemble, je te le promets. Je ne te laisserais pas tomber, dit-il.

Il déposa alors un baiser sur les écailles immaculées puis il se redressa et passa sa main sur l'arcade sourcilière de l'animal qui ferma son œil.

— Monsieur Malefoy ! appela-t-on alors. Il ne reste plus que vous, vous venez ?

Le Dragon Blanc regarda vers les professeurs qui se tenaient vers la porte de l'enclos puis il tourna sa pupille verticale vers Harry qui dit :

— Je t'accompagne, je commence à me les geler sérieux.
— Grimpe alors, dit Dragon-Malefoy.

Il baissa son museau et Harry s'y assit en tailleur. Le Dragon Blanc se leva ensuite sur ses quatre robustes pattes et gagna l'autre coté de l'enclos. Harry se laisser glisser de son museau devant McGonagall qui lui tendit une tasse de café bien chaud, puis le Gryffondor se retourna pour voir Hagrid emmener le dragon Blanc vers le centre de l'enclos.

— Alors les gars ? demanda ensuite Harry en regardant Montor et Ramons. Contents d'être redevenus des humains ?
— Et comment, dit Montor en souriant, serrant sa couverture grise autour de lui. Mais le whisky va me manquer, ajouta-t-il avec un petit sourire en coin.

Harry leva les yeux au ciel puis, alors qu'ils discutaient un peu de tout, Hagrid revint avec Malefoy dans les bras. Il le déposa sur une bûche et Harry s'approcha de lui.

— Ça va Malefoy ? demanda-t-il.
— Ouais... dit le Serpentard. Mais j'ai mal au crâne... Oh putain...

Harry sourit alors. Il saisit la baguette magique d'Hermione qui s'était approchée et s'habilla d'un geste. Il posa ensuite sa couverture sur le dos du blond et l'aida à se relever. Ils s'éloignèrent tous les deux dans un silence étonné puis Dumbledore ordonna que tout le monde rentre se mettre au chaud.

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Harry regarda le blond blotti contre lui. Celui-ci leva la tête et Harry lui sourit.

—  Malgré nos différences, on va bien réussir à s'entendre, j'en suis certain. Faut juste qu'on y mette tous les deux du nôtre, ok ?
— Je vais essayer, répondit le blond en frissonnant.

Harry resserrant son étreinte en disant :

— T'es du genre avoir tout le temps froid, toi non ?
— Pourquoi dis-tu cela ?
— Parce que même avec deux couvertures sur le dos, tu trembles encore.

Malefoy eut un maigre sourire puis Harry regarda devant lui et monta l'escalier. Les deux garçons pénétrèrent ensuite dans la Grande Salle et Malefoy s'assit sur un des bancs devant la grande cheminée.

— On va se coucher, dit Dumbledore aux élèves qui rentrèrent après lui. Et laissez nos ex Dragons se reposer, ils ont étés très éprouvés ce soir.

Les élèves hochèrent la tête puis les groupes se séparèrent et Dumbledore rejoignit Harry et Malefoy près de la cheminée de la Grande Salle.

— Tout va bien, les garçons ? demanda-t-il.
— Oui, professeur, répondit Harry avec un sourire.
— Tant mieux. Vous semblez vous êtres rapprochés, tous les deux, pendant votre aventure, ajouta-t-il, faisant rougir Malefoy. C'est très bien, continuez. Il n'y a rien de mieux contre un ennemi d'être soudé à quelqu'un en qui on a confiance. Allez, bonne nuit les enfants.
— Bonne nuit, professeur, dit Harry avec un sourire.

Le vieux sorcier s'en alla ensuite et Harry se tourna vers Malefoy qui avait serré ses jambes contre son torse.

— Tu voudrais peut-être t'habiller, non ? demanda-t-il.

Le blond, la moitié du visage dans la couverture enroulée autour de lui, ne répondit rien et Harry observa son visage blanc rendu orange par les flammes de la cheminée. Il leva soudain la main et l'approcha. Il effleura de ses doigts la joue du blond qui ferma les yeux avant de se déplier en disant :

— Potter ?

Harry retira vivement sa main et le blond se tourna vers lui. Ils se regardèrent un instant puis Harry ouvrit ses bras et le Serpentard vint s'y blottir en entourant le Gryffondor de ses bras.

— Merci, Potter... dit le blond, le nez dans les robes d'Harry. C'est la première fois que l'on se montre si patient avec moi... Si j'avais su, je n'aurais pas tout fait pour que tu me haïsses...

Harry posa une main à l'arrière de la tête du Serpentard puis soudain, il le repoussa et l'enleva dans ses bras en disant :

— Si on reste là, tu vas prendre froid et je m'en voudrais.
— Hé mais ? Poses-moi, Potter, je suis trop lourd pour toi, tu vas te faire mal, dit Malefoy.
— À d'autres, dit le brun en sortant de la Grande Salle. T'es un sac d'os.
— Merci, ronchonna le blond dans sa barbe. Ça fait plaisir.
— Et susceptible avec ça, dit Harry en souriant. Malefoy, t'es vraiment unique !
— Heureusement ! répliqua le blond.
—  C'est sûr, dit Harry. Allez, on va aller te trouver des vêtements.
— Tu ne peux pas aller à Serpentard, dit le blond, naïf.
— Des vêtements, il y en a aussi à la lingerie, et le mieux encore, c'est qu'il y en a sûrement à toi, dit Harry en se dirigeant vers un escalier qui semblait plonger dans les ténèbres. Allez, ici, tu marches, ce serait bête qu'on se casse tous les deux la gueule dans l'escalier.

Malefoy hocha la tête et Harry le déposa au sol. Il s'engagea ensuite dans l'escalier et le Serpentard le suivit en tenant sa couverture bien serrée autour de lui.

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