- 10 -
Octobre arriva et avec lui, un froid piquant venant du nord.
Nos quatre Dragons en herbe se faisaient à la vie reptilienne et, constatant qu'ils n'avaient guère d'énergie quand ils se trouvaient dans leur enclos au milieu des immenses arbres de la Forêt Interdite, Dumbledore décida de les sortir la journée pendant les cours de Soins aux Créatures Magiques des septièmes années.
Ainsi, les quatre Dragons se prélassaient-ils au soleil dans le parc du château et étaient plus vigoureux pour affronter les diverses attaques de leurs amis, attaques parfois bien médiocres.
Ce jour-là, il pleuvait des cordes mais Dragon-Harry faisait face à Seamus Finnigan qui réfléchissait avant de l'attaquer, protégé de l'eau du ciel par un immense ciré vert fluo. Finalement, il lança un simple sort de Désarmement et Harry se protégea en repliant une aile devant lui.
— Ce n'est pas juste ! trépigna Seamus. Tu te protèges toujours !
— Ce n'est pas juste mais c'est comma ça, dit Maryanne Molver, le nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Allez, monsieur Longdubas, à vous face à... Dragon-Montor. Allez, on y va !
Neville sortit sa baguette magique et s'approcha de Dragon-Montor tandis que Dragon-Harry retournait près de la maison de Hagrid en traînant sa chaîne derrière lui.
Le dragon s'appuya sur sa queue et croisa les bras en regardant Neville faire un bon de côté pour éviter les griffes de Dragon-Montor.
— Allez, Longdubas ! dit Dragon-Montor. Face aux Dragons de Voldemort, tu n'auras pas le temps de réfléchir, je t'assure !
Neville hurla un sort qui égratigna les écailles du cou de Dragon-Montor mais celui-ci ne se laissa pas abattre et, au contraire, abattit sa lourde queue sur Neville qui fit un vol-plané de plusieurs mètres avant de s'aplatir dans l'herbe trempée et de repartir à l'attaque.
— Stop, stop ! dit alors Molver en levant les bras. C'est très bien, Longdubas, très bien ! J'espère que vous avez regardé vous autres ! dit-elle ensuite. Demain, les Dragons auront la consigne de ne pas vous épargner. Les véritables choses commencent.
Les élèves regardèrent leur professeur puis la cloche sonna et Molver les libéra. Elle se tourna ensuite vers les quatre Dragons à qui elle donna une récompense sous forme d'un gros steak.
— Demain, vous savez ce que vous aurez à faire, dit-elle. Potter, il est hors de question que je vous voie vous soucier de vos amis, ok ?
— Oui, professeur, dit Harry en frottant une main contre ses babines rougies de sang. Je ferais en sorte qu'ils pensent avoir à faire à un vrai Dragon.
— Mais vous êtes un vrai Dragon ! dit Molver. Comportez-vous en tant que tel, face à vos camarades, c'est un cours de Défense pour apprendre à réagir face à un Dragon qui n'a pas l'esprit d'un humain, comportez-vous donc comme si vous étiez des bêtes, nom d'un chien ! Enfin. Allez, vous pouvez souffler un peu, le prochain cours est dans une heure.
Les quatre Dragons inclinèrent la tête puis allèrent se réfugier sous le couvert des arbres et Dragon-Harry s'installa contre l'un des gros fûts de bois en soupirant.
— Quel temps de cochon, dit-il en regardant le ciel. J'ai l'impression d'être coincé de partout...
— Tu n'es pas le seul, Potter, dit Dragon-Ramons en s'allongeant lourdement sur le flanc. J'ai les écailles qui grincent quand je bouge... Dumbledore devrait nous installer un microclimat chaud sur l'enclos, vous ne pensez pas ?
— Ce serait une idée, admit Dragon-Montor en grattant vigoureusement les écailles de son ventre avec la pointe de son museau en corne. Moi je suis frigorifié.... T'en penses quoi, Malefoy ?
Le Dragon blanc leva les yeux sur le brun puis détourna la tête. Dragon-Montor soupira puis il s'assit sur sa queue et croisa les bras sous ses ailes repliées comme une cape sur son torse puissant.
Dragon-Harry regarda alors le Dragon blanc couché sur le ventre, dos à ses camarades, puis il soupira et s'approcha.
— Potter, il va encore y avoir un drame, dit Dragon-Montor sans ouvrir les yeux.
— Laisse-le, dit Dragon-Ramons en se couchant sur le ventre, le dos appuyé contre la cuisse de son camarade. Il n'y a que lui qui peu décoincer Malefoy alors laisse-le faire.
Dragon-Ramons regarda ensuite Harry qui hocha la tête puis se dirigea vers Malefoy.
— Ça va ? demanda le Gryffondor en se couchant contre le Dragon blanc qui grogna de mécontentement. Malefoy, ça va ?
— Fiche-moi la paix, tu veux ? demanda Dragon-Malefoy en posant sa tête de l'autre côté de son corps, tout contre son ventre.
— Malefoy...
Harry lui poussa l'épaule de son museau et Dragon-Malefoy grogna.
— Laisse-moi, je t'ai dit, je n'ai aucune envie de parler aujourd'hui.
— Aujourd'hui et depuis un mois, dit Dragon-Harry en soupirant. Tu n'as pas eu de vraie conversation avec qui que ce soit depuis le premier septembre. Tu ne t'ennuie pas trop ?
— Au cas où tu l'aurais oublié, Potty-Potter, je suis en deuil, dit Malefoy entre ses dents. Ma mère est morte, je te rappelle.
— Oh ! Je ne risque pas de l'oublier, dit Harry en détournant la tête vers la lisière de la Forêt que rendait la pluie opaque. Mais ce n'est pas la peine de te replier comme ça sur toi-même. Je sais bien que je prends des risques en te parlant, j'ai encore un amer souvenir de ton attaque de la dernière fois, mais je n'aime pas te voir dans cet état, Malefoy... Ta mère a été enterrée il y a deux mois, tu ne crois pas que tu devrais passer à autre chose ?
— Autre chose ? La femme qui m'a donné la vie est morte, comment voudrais-tu que je passe à autre chose ? demanda Dragon-Malefoy en tournant brusquement la tête vers Dragon-Harry, les babines retroussées.
Harry recula légèrement sa tête puis il s'approcha et passa sa grosse langue sur le museau du blond.
— Tu as besoin d'aide, Malefoy, tu es malheureux, ça se voit comme le nez au milieu de la figure... dit-il doucement.
Dragon-Malefoy détourna la tête pour éviter un second coup de langue, geste par lequel les Dragons se témoignaient leur sympathie, puis il soupira.
Dragon-Harry regarda le Dragon blanc puis il approcha sa tête et appuya son front contre le cou de Dragon-Malefoy qui leva la tête.
— Malefoy, je t'en prie, dit Dragon-Harry. Laisse-moi t'aider...
— Pourquoi faire ? demanda Dragon-Malefoy en se levant. Toi et moi on se déteste, on ne s'entendra jamais.
— Mais pourquoi tu dis ça ? demanda Dragon-Harry en le suivant du regard. Malefoy, attend !
Dragon-Harry se leva et le suivit. Il se planta devant lui, posé sur ses quatre pattes et il répéta sa question.
— Pourquoi ? demanda Dragon-Malefoy. Mais parce que je suis un Serpentard et que tu es un Gryffondor, voilà pourquoi.
— Et c'est tout ? demanda Dragon-Harry, surpris. Tu refuses mon aide parce qu'on est dans des maisons différentes ? Tu es bien plus compliqué que je ne le pensais, tu sais ?
— Je le prends comme un compliment, dit Dragon-Malefoy en se détournant.
Harry regarda la longue queue blanche s'éloigner en suivant son maître puis soudain, il abattit sa main dessus et remonta le long du corps blanc d'où montait un grondement sourd comme celui d'un volcan qui va exploser.
Dragon-Malefoy se retourna soudain en rugissant et il plaqua Harry sur le dos. Il lui enfonça ses griffes dans les épaules et essaya de lui mordre le museau et la gorge mais Harry le griffa à la gorge et réussit à se libérer.
— Ils se battent, et voilà, dit Dragon Ramons en soupirant. Allons les séparer, tu veux ?
— Non, dit Dragon-Montor. Laissons-les se défouler, Malefoy en a besoin.
— Tu crois ? Mais regarde, ils se blessent...
— Et alors, le professeur Hagrid sait soigner nos blessures, non ? Allez, laisse-moi faire une sieste, tu veux ?
Dragon-Ramons regarda son ami Pouffsouffle puis soupira et reposa sa tête sur ses pattes en essayant de ne pas entendre les rugissements et feulements des deux Dragons qui se battaient plus loin.
— Malefoy ! Arrête ! s'exclama Dragon-Harry en attaquant à nouveau.
Il saisit le blond par le dos et le Dragon blanc poussa un cri de douleur et se retourna brusquement. Ses dents tranchantes déchirèrent le cuir de Dragon-Harry au niveau de la cuisse et celui-ci lâcha prise et recula.
Dragon-Malefoy se rua à nouveau sur Dragon-Harry qui l'évita et réussit à lui plaquer la tête au sol en lui abattant sa lourde queue sur la nuque.
— Ça suffit, maintenant, calme-toi, Malefoy, dit-il. Ça ne sert à rien de t'énerver comme ça, tout ce que tu vas gagner c'est des blessures douloureuses. Je veux juste t'aider, t'apporter mon soutien, je ne veux pas me mesurer à toi, de toute façon, je perdrais à coup sûr.
Dragon-Malefoy grogna en tortillant son cou et Dragon-Harry le libéra lentement en reculant d'un pas.
Le Dragon blanc resta allongé sur le sol, sur le ventre, puis soudain, il ferma les yeux en soupirant et Dragon-Harry s'approcha. Il se pencha vers le blond et de sa grosse langue, lécha une vilaine plaie qui striait l'épaule du Dragon blanc.
Celui-ci frémit et Harry continua de nettoyer les plaies qui se refermèrent aussitôt sans même laisser une cicatrice dans le cuir immaculé.
— Qu'est-ce que je te disais, dit Dragon-Montor en regardant les deux Dragons plus loin derrière eux. Avec eux, il ne faut pas s'en faire, ils se disputent et après, tout rentre dans l'ordre.
— Si tu le dis, dit Dragon-Ramons. J'espère seulement que ce sera la dernière fois parce qu'ils ne font pas semblant, regarde les blessures de Potter...
— La dernière fois ? Tu rigoles, j'espère ? demanda Dragon-Montor. En un mois, ils se sont battu au moins une dizaine de fois, alors en quatre mois, imagine... Enfin, avec un peu de chance, quand on sera redevenu des humains, ils seront plus amis.
— C'est pas dit, dit Dragon-Ramons.
Dragon-Montor hocha la tête puis il croisa les bras sous ses ailes repliées devant lui et ferma les yeux. Avec ce froid, il n'avait guère d'énergie...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top