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Harry marchait d'un pas décidé le long d'un chemin de terre défoncé et bordé d'arbres, sa baguette magique serrée dans sa main droite. Il semblait furieux.
Au loin, derrière lui, se dressait la silhouette sombre d'un manoir en l'apparence abandonnée, en proie aux courants d'air. De loin, il ressemblait au manoir de Voldemort, à Little Hangleton, mais il n'en était rien, ce n'était qu'une vieille maison abandonnée.
Seulement, Harry s'était laissé piéger. Après avoir plusieurs fois rêvé de cette vieille maison et de la possibilité d'y trouver Voldemort, il s'y était précipité mais s'était trouvé face à une vulgaire illusion.
Voilà pourquoi ce soir-là, Harry était furieux. De plus, il était physiquement et mentalement épuisé. Il avait passé les deux derniers mois à pister Voldemort et les Mangemorts mais tous semblaient jouer à cache-cache avec lui.
C'est donc avec un gros soupir blasé que notre Gryffondor préféré s'effondra dans un fauteuil, chez les Dursley, alors que minuit venait de sonner.
— Harry ?
Le Gryffondor leva des yeux embués de fatigue vers la femme blonde, emmitouflée dans une robe de chambre rose, qui se tenait sur le seuil du salon.
— Tante Pétunia... dit Harry dans un soupir.
— Harry, tu rentres seulement maintenant ? Tu as vu l'heure ?
— Je suis désolé, ma tante, dit le brun en se redressant. Mais j'ai pisté Voldemort toute la journée, et pour arriver où ? Je te le donne en mille, dans un coin paumé d'Angleterre, devant une saloperie d'illusion magique !
— Harry, je t'en prie, dit la tante Pétunia en fronçant les sourcils. Tu es épuisé, monte te coucher... Demain, tu retournes à Poudlard...
— À Poudlard ? Ha ! Oui, c'est vrai...
Le Gryffondor regarda sa baguette magique posée sur ses genoux puis il la prit et se leva en soupirant. Il souhaita une bonne nuit à sa tante puis monta en silence dans sa chambre et s'y enferma.
~
Bien loin de là, cependant, au Terrier des Weasley, Ginny et Hermione discutaient à voix basse dans le noir de la chambre de la rouquine.
— Je n'ai pas eut une seule lettre de Harry depuis le début des vacances, et toi ? demanda Ginny, couchée sur le dos, les mains posées sur le ventre.
— Non, dit Hermione. Pas une seule. J'espère qu'il va bien...
— T'inquiète, dit Ginny. Notre Harry est coriace, il ne se laissera pas avoir si facilement.
Hermione hocha la tête, même si Ginny ne pouvait le voir. La rouquine reprit alors :
— En tous cas, je suis contente de retourner à Poudlard demain. J'ai hâte de faire ma sixième année. Toi, j'imagine que tu dois déjà penser à tes ASPICs, non ?
— Et comment ! répliqua Hermione. J'ai déjà commencé à réviser tous mes cours de Potions depuis la première année. Tu sais, c'est très important ces diplômes.
Ginny sourit au noir. Décidément, Hermione ne changera jamais !
Les deux jeunes filles se souhaitèrent ensuite une bonne nuit puis elles s'endormirent et furent tirées du lit, le lendemain, pas une Molly Weasley énergique.
— Debout les filles ! claironna-t-elle en tirant sur les rideaux de velours rouge ornés de petits lions qui se promenaient sur le tissu. Aller, il est sept heures !
Ginny et Hermione sursautèrent sous leurs couvertures, mais pas autant que Ron qui fut réveillé par ses frères, Fred et Georges, les jumeaux de la famille, qui le mirent à bas de son lit en criant un « Joyeux Noël » tonitruant.
~
Devant le Poudlard Express, Hermione s'extasiait, comme chaque année, sur la locomotive, quand elle vit du coin de l'œil une silhouette voûtée, poussant devant elle un chariot chargé d'une lourde malle surmontée d'une cage où se trouvait une chouette blanche.
— Harry... dit la jeune femme en souriant. Harry !
Le Gryffondor sursauta et regarda autour de lui. Il eut tout juste le temps de reculer d'un pas avant qu'Hermione ne lui saute au cou, suivie par Ginny.
— Du calme, les filles, dit Molly en décrochant les deux jeunes filles du cou de Harry. Laissez-le respirer, allons, reculez.
À peine les filles avaient-elles reculé que Molly prit Harry par le cou et le serra contra son opulente poitrine.
Malgré la fatigue évidente qui se lisait sur le visage, et plus particulièrement sous ses yeux, Harry sourit et appuya sa joue contre Molly. Il y avait bien des mois qu'il n'avait pas reçu d'étreinte aussi maternelle que celle-là, et cela boosta légèrement son moral.
— Harry, mon chéri, dit Molly en le relâchant. Mon Dieu, mais quelle tête tu as, on dirait que tu n'as pas dormi de toutes les vacances...
— C'est un peu le cas, dit Harry avec un maigre sourire.
Molly posa ses mains sur les joues du jeune homme puis elle lui sourit et Harry sentit son moral remonter encore d'un cran. Il sourit plus largement puis Hermione se saisit de son bras et l'entraîna vers le train. Elle l'y fit monter puis le suivit tandis qu'un bagagiste habillé d'une robe de sorcier aux couleurs de Poudlard, à savoir une partie rouge, une partie verte, une partie noire, et une partie bleue, se chargeait de leurs valises et des animaux.
À peine assis, Harry eut une irrésistible envie de dormir et il bâilla largement. Il s'appuya contre la vitre ouverte et regarda Ginny parler à sa mère, accrochée d'une main au montant du wagon et un pied posé sur le marchepied.
— Oui, maman, dit la jeune fille. Ne t'inquiète pas, je veillerai sur eux.
Harry ne put comprendre ce que répondit Molly, mais Ginny hocha la tête, embrassa sa mère sur la joue puis monta dans le train.
Deux secondes après, un sifflet strident résonna et les portes se fermèrent dans un bruit unique avant que le train ne se mette en branle, emmenant des centaines d'élèves vers Poudlard.
— Sur qui dois-tu veiller, Gin ? demanda Hermione quand la rouquine fut assise dans le wagon, en face de son amie.
— Sur Harry et Ron, quelle question, répondit Ginny en sortant un magazine de son sac. Maman trouve de Harry n'est pas comme d'habitude, quant à Ron, il est trop calme.
— Peuh ! dit Ron en croisant les bras.
Ginny sourit puis elle ouvrit son magasine et Harry la regarda. Il bâilla alors puis se laissa glisser sur la droite et posa sa tête sur les genoux d'Hermione qui lui sourit en lui caressant le front.
— Tu as du avoir des vacances d'éprouvantes pour avoir une tête pareille, dit la brunette en suivant du bout de l'index le pli soucieux qui marquait le front de son meilleur ami. Regarde, tu as déjà une ride....
— Ce n'est pas une ride, dit Harry. C'est une cicatrice.
— Encore ? dit Ron en se penchant en avant pour voir ladite cicatrice. Qui est-ce qui t'a fait ça ? Voldemort ?
— Non, un Mangemort, avec un poignard, dit Harry. Je ne le connais pas, ça doit être un nouveau. Encore... Chaque fois qu'on en envoie un en prison, il y en a une douzaine d'autres qui sont recrutés. Comment voulez-vous qu'on s'en sorte ?
Harry ferma alors les yeux et Hermione regarda Ron. L'instant d'après, le brun dormait et Hermione lui étendit sa cape sur le dos en lui caressant le front, lui hérissant encore un peu plus les cheveux.
Un peu plus avant dans le train, dans un compartiment vide, trois élèves portant l'insigne de Serpentard discutaient bruyamment.
— Allez, Drago, fais pas la tête, ce n'est pas la fin du monde, si ? dit Blaise Zabini.
— Pour toi peut-être, siffla Drago Malefoy en fronçant les sourcils. Mais pas pour moi ! Regarde ! J'ai un bras hors d'usage !
— Ça t'apprendra aussi ! répliqua soudain Pansy Parkinson.
— Quoi ? s'étrangla Malefoy. De quel droit ose-tu...
— Tais-toi donc, dit Pansy. C'est uniquement ta faute si ton père est à Azkaban pour la deuxième fois de sa vie. Si tu n'avais pas fait le con, rien ne se serait passé comme ça et le Maître ne t'aurait pas brisé le bras !
— Le con ? J'ai fait le con ? Et quand ? demanda Malefoy, les sourcils froncés, furieux et humilié. J'ai appliqué à la lettre les ordres du Maître, je...
— Il faut croire que non, dit Pansy en croisant les bras. Sinon il ne t'aurait pas brisé le bras et jeté un sort pour que tu ne puisses pas te soigner avec la magie.
— Mais ce sort n'était efficace que pour deux mois, dit Malefoy sur un ton grincheux. Ce soir, je vais demander à Pomfresh de me réparer mon bras...
Pansy regarda Blaise en haussant les sourcils et le châtain détourna les yeux.
— Mais ça ne change rien au fait que j'ai suivi les ordres du Maître, reprit Drago en se levant.
— Mais bien sûr, dit Pansy sur un ton fade. Va donc faire un tour, ça te calmera.
— Quoi ? Mais...
Le blond leva alors le nez en reniflant dédaigneusement, puis il quitta le compartiment et alla s'enfermer dans les toilettes du train.
Au même moment, dans le wagon de nos Gryffondors, Harry se réveilla et regarda autour de lui. Il regarda sa montre, elle indiquait onze heures et quart.
— Déjà ? s'étonna Hermione en baissant les yeux sur son ami qui se redressait. Tu récupères vite, toi...
— Non, ce n'est pas ça, dit Harry en se levant. Faut que j'aille pisser...
— Ha, ok, dit Hermione avec un sourire.
Harry lui sourit en retour puis le Gryffondor quitta le compartiment et entra dans les toilettes les plus proches.
— Dégage, entendit-il dans son dos alors qu'il refermait la porte.
Harry se retourna et vit alors, assise dans un coin de la minuscule pièce, la dernière personne qu'il pensait voir avant d'arriver à Poudlard.
— Malefoy.
— Potter, siffla le Serpentard. Tu es sourd ou quoi ? Je t'ai dit de dégager.
— Ces toilettes sont publiques, fit remarquer le Gryffondor en se dirigeant vers une pissotière.
Il s'y engagea et reprit :
— Et puis, si tu veux être au calme, va dans ton compartiment.
Malefoy fronça les sourcils puis il y eut un bruit de braguette qu'on remonte et Harry se dirigea vers les lavabos. Il se lava les mains en regardant Malefoy par le biais du miroir. Il fronça les sourcils en voyant que le blond avait un bras en écharpe, maintenu contre son corps par un morceau de soie noire.
— Tu t'es fais quoi, au bras ? demanda Harry en secouant ses mains pour les sécher.
— T'occupe, répondit Malefoy sur un ton grinçant.
— Oh ! D'accord, il est de mauvaise humeur, le petit seigneur ?
— La ferme, dit Malefoy.
Harry leva les yeux au ciel en soupirant puis il s'apprêta à quitter les toilettes avant de revenir vers Malefoy et de s'asseoir près de lui. Il jeta un sort sur la porte des toilettes et dit :
— Je ne t'ai jamais vu comme ça, Malefoy, de si triste humeur...
— Je ne suis pas triste, dit le blond en détournant la tête.
— Je vois, orgueil à vingt pour cent, on dirait...
— Même moins, dit Malefoy dans sa barbe.
— Tu disais ?
— Rien.
Harry passa sa langue sur ses lèvres sèches puis il tira sa baguette magique de sa manche et en toucha le bras du blond. Le bandage se défit doucement et Malefoy leva le bras en remuant les doigts.
— Un petit merci ne serait pas de refus, dit Harry en rangeant sa baguette magique.
Malefoy marmonna quelque chose.
— Je m'en contenterais, dit Harry avec un hochement de tête. Alors ? Pourquoi t'es si renfrogné ?
— Je t'ai dit d'aller voir ailleurs, t'es sourd en plus d'être bête ?
— Soit poli, tu veux ? demanda Harry en fronçant les sourcils. Je n'ai aucune envie de me battre avec toi, je suis crevé.
— Eh ben va dans ton compartiment et laisse-moi ruminer tout seul, dit Malefoy en se levant.
Harry le regarda se diriger vers la porte de la cabine, poser une main dessus puis l'ouvrir. Le Gryffondor se leva alors et referma la porte. Il plaqua le blond contre la paroi carrelée et dit :
— Écoute, Malefoy, je sais que ton père est retourné à Azkaban, c'est moi qui l'y ai envoyé, mais ce n'est pas une raison pour faire une telle tronche.
— Ça n'a rien à voir avec mon père, dit Malefoy en détournant la tête.
— Mon œil, dit Harry avec un petit sourire en reculant d'un pas. J'en sais beaucoup sur les Mangemorts, tu sais, Malefoy. Ton père a pas mal parlé devant le Magenmagot...
— Tais-toi, dit Malefoy en fronçant les sourcils douloureusement. Tais-toi, je ne veux pas entendre parler de mon père...
Il ferma les yeux et Harry, qui avait une pique toute prête, l'émoussa.
— Malefoy...
— Laisse-moi, Potter...
Le blond eut alors un hoquet et Harry cligna des yeux. Il leva alors une main et la posa sur l'épaule du blond qui se dégagea un peu brutalement.
— Laisse-moi, bon sang !
Le Serpentard se dirigea vers les lavabos et s'y appuya. Il eut un nouveau hoquet et Harry hésita alors entre partir et aller le consoler, au risque de se faire jeter encore une fois.
Il choisit la première solution et quitta les toilettes.
— Quel con ! jura alors le blond en fermant les yeux encore plus fort.
Il se laissa glisser à genoux sur le carrelage, les bras encore accrochés au lavabo, et il pleura comme jamais il n'avait encore pleuré, pas même quand il avait vu mourir sa mère d'un Avada Kedavra lancé par Voldemort en personne, trois semaines plus tôt, pour le punir...
De retour dans son compartiment, Harry se réinstalla près de la fenêtre et reposa sa tête sur les genoux d'Hermione. Celle-ci l'interrogea du regard mais le Gryffondor ne dit rien et ferma les yeux en se tournant sur le côté, vers les genoux de Ron situés à environ une trentaine de centimètres de son nez.
~
Les heures s'écoulèrent ensuite, lentement pour ceux qui se contentaient de regarder défiler le paysage, plus rapidement pour ceux qui piquaient un somme ou se plongeaient, comme Hermione dans de gros et sûrement très passionnants volumes reliés de cuir.
À treize heures, Harry émergea. Il se redressa en se frottant les yeux puis il passa une main dans ses cheveux pour tenter de les discipliner un peu, en vain.
Regardant autour de lui, il remarqua alors qu'il n'y avait plus qu'Hermione dans le wagon, la jeune fille étant bloquée par Harry se servant de ses genoux comme un coussin.
— Où sont les autres ? demanda le Gryffondor en bâillant.
— Ron est parti voir Dean, Seamus et Neville dans un autre wagon, Ginny voir ses amies, et moi, je suis restée là, à lire.
— Je suis désolé, dit alors Harry. Je t'ai empêchée d'aller voir tes amies...
— Pas grave, dit la brunette en souriant.
Elle posa une main sur un gros grimoire posé à côté d'elle et le tapota en disant :
— J'avais de quoi faire, j'ai lut tout ce livre.
— Tout ?
Harry écarquilla les yeux puis il sourit.
— Surtout, ma Mione, ne change jamais, jamais, jamais.
La jeune fille sourit puis Harry se leva et quitta le compartiment pour se dégourdir un peu les jambes.
En chemin, il fit une halte aux toilettes pour boire un coup puis il remonta vers l'avant du train en saluant des amis ou des connaissances au passage. Il évita cependant soigneusement les Serpentards, même les deux ou trois d'entre eux lui adressant un léger signe de la main sur son passage.
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