꧁Chapitre III꧂


             𝕻𝖊𝖗𝖘𝖔𝖓𝖓𝖊 𝖓𝖊 𝖘'𝖆𝖕𝖊𝖗𝖈𝖊𝖛𝖆𝖎𝖙 𝖉𝖊 𝖗𝖎𝖊𝖓. Pendant au moins une semaine j'observais. 

   Les expériences sur moi-même étaient nombreuses, et toutes plus ou moins douloureuses. Une fois, ils avaient testé ma peau à l'épreuve de l'eau bouillante, et il s'avérait que j'étais très résistante. Au moins, je me découvrais, même si jamais je n'aurais pensé me mettre sous une douche toute habillée à une eau chauffée à soixante-cinq degrés... 

   La plupart des test étaient passés sous l'œil acéré de la Professeure, sinon, ce n'était que des scientifiques insignifiants, qui se contentaient de travailler pour l'argent, et absolument pas pour la science. Mais c'était ceux-là qui m'intéressaient.

   Vous voyez, je n'allais bien sûr pas rester dans cette déchetterie censée être un laboratoire, non. Je voulais m'évader. Et ces employés avaient les passe-partout qui m'intéressaient : celui de la sortie, celui de ma chambre, celui des vestiaires et celui de la cafétéria. Plus je les observais, plus je retenais leurs temps de pose, leurs habitudes, et j'avais mémorisé certains codes, même.

C'était très simple, puisqu'ils me voyaient comme un vulgaire cobaye plus qu'une personne. Ils ne m'accordaient aucune attention et ne me regardaient même pas, ces naïfs. Derrière mon air "abattu" et "inoffensif", j'avais retenu les têtes de ceux qui me sortaient de ma chambre tous les matins, le chemin pour aller à la cafet' et aperçu les vestiaires non loin d'une salle d'opération. 

   En fait, mon plan était simple : Avant une expérience, quand le gars (un certain "Tony") qui m'accompagne retire sa blouse, j'en profite pour prendre discrètement sa carte. Je la garde jusqu'à ce qu'ils me remettent dans ma chambre. Ensuite, je la fais scanner, la porte de ma chambre s'ouvre et je peux aller jusqu'aux vestiaires, où la presque totalité des passe-partout sont rangés. Je n'ai qu'à prendre celui de la sortie, revêtir une blouse, baisser les yeux et mettre une capuche, puis sortir en toute discrétion. Oui, c'était un peu quitte ou double, mais bon, je n'avais pas d'autre solution.

Ce qui m'aidait beaucoup, c'était qu'il n'y avait aucune caméra. Aucune, dans tout le bâtiment. J'avais mis ça sur le compte de la vieillesse du laboratoire, puisque je n'avais pas le temps d'y penser, et que c'était de toute façon tout bénef pour moi. 

Il ne me restait plus qu'à passer à l'acte.


   8h42. C'était l'heure affichée sur l'horloge numérique du couloir quand mon plan commença. En réalité, j'avais très peur. C'est vrai, mon évasion avait tellement plus de chances de rater que de réussir ! Il ne tenait qu'à de maigres habitudes de gens totalement aléatoires...Je savais que ce n'était pas le moment de se dégonfler, mais je ne pouvait pas m'empêcher de stresser... Heureusement, "Tony" et l'autre scientifique ne me regardaient même pas, sinon ils auraient trouvé louche ma grimace anxieuse. 

Pourtant, tout se passait comme prévu : ils m'amenèrent à la salle d'examen, puis posèrent leurs blouses blanches sur les portes manteaux (et les cartes avec). S'ils enlevaient leurs blouses, c'était pour ne rien pouvoir cacher dans leurs poches, car la sécurité était très restreinte (étrange, alors que je ne voyais aucune caméra). 

Je me tordais les mains tandis qu'ils me laissaient me mettre en "tenue" seule, prise d'une soudaine vague d'angoisse. Je n'avais aucune chance de réussir... Pourtant, sans que je le sente, ma main se tendait vers la blouse, décrochait la carte, puis la fourrait dans l'élastique de ma brassière. Discrétion, perfection, chance, je ne savais pas, mais en tout cas, la phase une avait réussi. 



   L'examen avait été plutôt doux comparé aux autres. Ils m'avaient fait subir des électrochocs de plus en plus puissants, pour voir jusqu'à combien de volts je pouvais tenir avant de tomber dans le coma (heureusement, je ne m'étais même pas évanouie). Aucun d'entre eux ne s'étaient douté de rien, et ils m'avaient raccompagnée à ma cellule le temps que je mange, en même temps qu'eux, un bouillon à l'odeur douteuse et du pain sec (on s'habitue).

En mon fort intérieur, j'étais totalement agitée, même si mon visage ne laissait rien paraître. J'avalais la soupe en un rien de temps, enfouissais le bout de pain dans ma poche pour plus tard, puis sortis les mains tremblantes ma carte volée. Elle ressemblait fort à une carte d'identité, juste anodine, et sa couleur bleutée ressortait grâce à la lumière de la lucarne. 

   La gorge nouée, je m'approchai du scanner puis tendis la carte vers la fente. Je mis une éternité à atteindre l'intersection à cause du vibrement constant de mes mains. Puis, enfin,  je pus passer d'un coup sec la carte dans le scanner, et, après une longue attente (le laboratoire était toujours aussi vieux), un petit bip familier se fit entendre.

Mon cœur s'arrêta un instant de battre. La lourde porte coulissante s'ouvrit lentement, dans un grincement plaintif. Et le couloir gris et froid se dévoila sous mon air ahuri.

C'était donc aussi simple ? 

Le corridor était vide et plongé dans un silence lugubre, toujours si peu éclairé que j'avais du mal à voir. Mes membres s'élançaient après une hésitation sans me prévenir, puis je me mis à courir à droite, en direction des vestiaires. La porte était juste là. Si près...

Je freinai brusquement.

La porte de la chambre. J'avais oublié de la refermer.

Non mais quelle idiote ! Me suis-je exclamée, exaspérée. La phrase résonna dans le couloir miteux. 

Frémissante, je revins sur mes pas, le sang me montait à la tête. Les secondes que je perdais étaient comptées. Et, si jamais les employés me voyaient, j'étais finie. Et si les employés voyaient la porte ouverte, ils déclencheraient l'alarme et j'étais tout aussi finie. Ce n'était qu'une question de temps avant que "Tony" ne se rende compte de la disparition de sa carte.

Mes pieds martelaient le sol froid, et la porte, qui se confondait avec d'autres, était beaucoup trop loin à mon goût. 

Pourtant, ma cellule se rapprochait, tandis que mon t-shirt blanc d'examen me collait à la peau. Je voyais la lumière de la lucarne. J'y étais presque. Mais plus loin, j'entendais des pas dans le corridor : les employés arrivaient. 

Non ! Me suis-je écriée en mon fort intérieur. 

Je les voyais, à quelques mètres de moi, et je pus apercevoir un visage sidéré sur celui à qui j'avais volé la carte quand il me vit devant lui. 

Tout d'un coup, une force inouïe me projeta violemment contre les parois glaçantes du couloir. Un éclair de douleur me foudroya le dos et le crâne, alors que je retombais lourdement sur le sol, le souffle coupé. Quand je pus enfin ouvrir un œil, l'endroit où se trouvait avant les employés était couvert du fumée et eux, n'étaient plus là. Des flammes rongeaient le plafond, le sol et les murs du corridor, qui tombaient en lambeaux par terre. À quelques pas de moi, le parterre de métal se décrochait, ainsi que le toit, et les portes gisaient sur le sol, détruites.

J'essayai de prendre une bouffée d'air, mais au lieu de ça, une odeur étouffante bloqua toute ma respiration et je me mis à suffoquer, étalée par terre. La lourde fumée grise m'asphyxiait et étouffait mes poumons. 

Serrant les dents, je relevai la tête vers l'endroit de l'explosion, et vit une silhouette s'en émerger.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top