꧁Chapitre I꧂

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   𝕵𝖊 𝖈𝖔𝖓𝖙𝖊𝖒𝖕𝖑𝖆𝖎𝖘 𝖑𝖊 𝖕𝖆𝖞𝖘𝖆𝖌𝖊 𝖘𝖊𝖒𝖇𝖑𝖆𝖇𝖑𝖊 à celui du Texas. La chaleur était accablante, aussi étouffante que le sentiment d'être une proie traquée par un prédateur invisible. La brise qui faisait onduler mes cheveux était presque suffocante, beaucoup trop chaude, même pour un mois d'Août. Pas un signe de vie dans les parages. Pas une cigale ne chantait, pas un grillon n'osait se faire entendre. La poussière jaune pâle se soulevait et effleurait d'une manière lente les routes, comme si elle s'attardait à les sentir. Les brins de blé du champ se balançaient en rythme et faisaient comme une multitude d'éclats dorés dans la campagne. Le ciel, lui, n'avait plus aucune trace de bleu, éclipsé par le Soleil flamboyant qui aveuglait les cieux comme au crépuscule...mais à midi.

Je plissais mes yeux verts. Regarder ne serait-ce qu'une fois le Soleil m'arracherais la vue. Soudain, je vis au loin une silhouette qui accourait vers moi.

Aury, me suis-je exclamée, en lui faisant signe de la main.

   Depuis la rentrée du CP, on avait bien grandi, Aurora et moi. Nous étions maintenant des troisièmes qui s'apprêtaient à passer au lycée. Aurora (ou Aury, comme j'aimais bien l'appeler) était de plus en plus belle, et très populaire au collège. Moi... Déjà, j'avais coupé mes cheveux, et apparemment ça m'allait très bien. Je veux bien le croire, franchement. J'avais arrêté de cacher mes cornes comme une lâche, mais je ne les assumait pas... à cause d'elles, le village entier était hostile avec moi, et violent. Mais bon, je m'y étais habituée, et les habitants aussi. Certains m'appréciaient même ! Malgré tout, Aurora ne m'avait jamais quitté, même si ça lui aurait évité beaucoup d'ennuis. Mais je pense qu'on était soudées, toutes les deux.

Aujourd'hui, elle et moi étions les seules du village à être dehors. 

Soulagée de voir enfin mon amie arriver, je descendais de mon muret d'un saut et attrapais au vol la bouteille d'Ice Tea qu'elle me lança de loin. Elle me rejoignit, et me gratifia d'un regard désapprobateur, alors qu'elle était essoufflée.

Je t'avais dit de t'habiller léger, marmonna-t-elle en me reluquant. Il fait trop chaud pour mettre un cargo !

Je levais les yeux au ciel, un demi sourire aux lèvres. Parfois, j'avais plutôt l'impression que c'était elle, ma mère, mais ça renforçait mon affection pour elle. Et puis je faisais pareil !

Dixit celle portes des shorts toute l'année, même en hiver, ai-je répliqué.

Puis, tout d'un coup, elle détourna les regard, refusant de croiser le mien. Son air grave me fit déglutir, et la lueur qui brillait dans ses yeux m'inquiétait un peu. D'une voix rauque, Aury annonça :

Ava, tu ne sais pas ce qu'il se passe ! Dans le village...

Je plissais les yeux, inquiète. Elle était rarement comme ça. Si il s'était passé quelque chose de grave, c'était forcément à cause de-...

Il y a la police, s'écria-t-elle.

Incrédule, je la dévisageais, en me demandant si elle avait consommé quelque chose. Franchement, faire une crise pour la police ?

...Et alors, ai-je fais, sceptique.

Tu ne comprends pas, fit-elle.

Son regard se glaça, tandis qu'elle me prenait les mains dans les siennes, l'air grave. Non, effectivement, je ne comprenais pas, mais plus elle tardait à le dire, plus j'étais anxieuse de savoir. Comment avait-on pu passer du fou rire à ça ? Et puis je me faisais sûrement un scénario... La police au village, c'était pas si incroyable. Même si je faillis lâcher ses mains d'un coup.

Ils cherchent une fille. 

Aurora détourna le regard. Pourquoi est-ce qu'elle refusait de m'affronter face à face ? Mon esprit bouillonnait, et pas spécialement à cause de la chaleur.

Une fille qui n'a pas été annoncée a l'état, continua-t-elle. Une fille à l'apparence spéciale...Ils te cherchent, Ava.

Soudain, le paysage se mit à tourner autour de moi. La police...me cherchait ? Moi, une fille qui vivait dans un bled paumé même pas identifié sur certaines cartes ? Moi, alors que j'étais si insignifiante ?

Non, justement.

J'étais tout sauf insignifiante. J'étais un démon ! Même pas déclarée à l'état d'après Aury ! 

Mon cœur se mit à battre la chamade, et je voyais flou. Comment ma mère avait pu-...

Grouille ! S'exclama Aurora, me tirant de mes pensées.

Sans que je m'en rende compte, elle se mit à me tirer à travers les ruelles sombres du village, piquant un sprint à chaque fois qu'elle entendant du bruit.

Moi, j'étais toujours perturbée. Comment ma journée aussi simple avait-elle pu prendre une tournure aussi désastreuse en même pas une seconde ? Comment Aurora avait-elle entendu ce que les policiers cherchaient ?

C'est pas le moment de réfléchir, me cria-t-elle, cours ! 

Je repris mes esprits et me mis à courir le plus vite possible. Je ne savais pas où était la police, mais s'ils me trouvaient...Puis, vive comme l'éclair, mon regard capta un objet scintillant qui fonçait droit sur nous.

BAISSE-TOI, j'ai hurlé.

Je me jetais violemment sur le sol en entraînant Aury avec moi. Ma tête heurta brutalement le sol et une horrible acouphène m'empêchait d'entendre les sons. J'arrivais à peine à vérifier si mon amie allait bien.

C'était une balle de flingue...grogna-t-elle.

Moi, je n'arrivais plus à l'écouter. Mes oreilles sifflaient comment jamais, et j'eus du mal à tourner la tête vers l'endroit que la balle avait percuté (marqué par un gros trou dans la pierre). Heureusement, elle avait heurté une maison abandonnée, mais avec le bruit, j'étais étonnée que personne ne sorte de chez soi. 

Puis, je sentis une main m'empoigner brutalement et me tirer vers le haut. Les "policiers" me secouèrent sans scrupule, et j'étais trop mortifiée pour réagir. Avec leurs visières, je ne distinguait pas leurs visages. J'aurais aimée me débattre furieusement, sauf que j'étais comme paralysée. 

Puis j'entendis Aurora hurler. Et quand j'eus enfin la force de lever la tête vers elle, je vis qu'ils essayaient de l'attraper, alors qu'elle donnait des coups un peu partout autour d'elle.

 À ce moment, je semblais me réveiller. Mais trop tard.

Un des flics sortit un petit objet de sa poche, le brandit vers elle, et un éclair bleu traversa son corps. Et mon amie s'écroula en haletant sur le sol.

Et à ce moment, je cria plus fort que quiconque, une flamme brûlante fit étinceler mes yeux sous la rage. Une sorte de pentacle noir grandit peu à peu autour de moi, sur la roche de ces ruelles si calmes auparavant, et du feu plus noir que les ténèbres aux reflets plus rouges que le sang s'étendirent aux extrémités du cercle.

Je ne voyais quasiment plus rien, ma vue troublée par les flammes, mes ailes apparues sous la colère (ou la peur?), et les policiers qui me tenaient il y a quelques secondes hurlaient à l'agonie en s'écartant de moi. Mes cornes me brûlaient.

Tout d'un coup, un éclair me transperça la colonne vertébrale, mon esprit sembla se secouer puis comme tomber en panne. Les flammes cessèrent immédiatement, et j'eus à peine le temps de voir la tête ahurie du policier qui avait électrisé Aurora, son objet tendu sur mon ventre, comme s'il n'avait pas réalisé ce qu'il venait de faire.

Puis plus rien.

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