Prologue
- 26 Septembre 2048-
Enroulée dans ma veste pour me protéger de la climatisation, j'observe attentivement la salle et plus particulièrement ce qui me sépare d'eux. Elle n'est pas plus différente que les autres, blanche avec quelques nuances de bleues, comme toutes celles qui se trouvent dans ce bâtiment. Les murs sont séparés à l'horizontale de deux couleurs peu distinctes. Le haut et blanc et le bas gris souris. A droite, plusieurs appareils bip en même temps. Ce sont de grosses machines qui soutiennent divers dossiers, instruments en métal, gans en latex, reliées à des câbles de grosseurs variable. Certains d'ustensiles sont posés, en évidence sur un plateau, ils sont aussi effrayants qu'horribles. Mes yeux se plisse à cause de la forte luminosité qui émane d'un spot au plafond. Je trouve qu'il brille trop fort.
Les six ans, passés ici, enfermée entre quatre murs, ne m'empêche pas d'appréhender ce moment. Une fois chaque mois, tous les six ans. Comptez bien, vous arriverez à soixante douze interventions. Je frissonne rien qu'à penser aux effets secondaires. Après chaque injections, je subis les vomissements, nausées, pertes de vue et de sensations. Il y en a tellement eu que je ne les compte même plus.
Hier, papa est venu me voir pour me prévenir qu'ils allaient procéder à une grosse intervention. Une ne leur a pas suffit. La semaine dernière, j'avais eu droit à l'implantation d'un dispositif étrange dans le cou. Je pose ma main à l'endroit précis de l'intervention. Les points de suture accrochent légèrement mes doigts, provoquant de petits picotements le long de ma colonne vertébrale.
Papa entre dans la pièce suivit d'un autre médecin. Je ne sais pas très bien si je l'ai déjà vu ou non. Difficile à dire à cause du masque qui cache la moitié de son visage.
- Papa, je ... J'ai peur, dis-je la voix tremblante. Je veux pas le faire.
Je tente de descendre du lit mais je suis retenue pas ces mains qui me maintiennent les épaules bien en place. Je parviens à lire dans son regard, la panique qui l'anime. Elle s'embrasse à chaque minutes qui nous rapproche du moment fatidique. Un faible sourire essaie d'animer ces lèvres, cachées derrière sa barbe, et ses yeux marrons. Je dois tenir cette couleur de lui, enfin, je pense.
- Non, non, le supplié-je.
Je me débats plus fort sans pour autant y mettre toute ma force. Je ne veux pas lui faire mal. Attendez, je vous vois déjà en train de rigoler en vous disant : "A six ans, elle pense faire mal à un adulte". J'ai de la force vous savez.
- Chut ... Reste tranquille, plus tu seras détendue, moins tu auras mal.
Facile à dire pour eux. Concentré sur son travail, l'homme, derrière papa, continu à manipuler plusieurs objets que j'ai du mal à voir. Or, je perçois parfaitement la grosse seringue qu'il enlève de son emballage stérile, pour la planter dans une fiole plus imposante que d'habitude.
- Enlève ton haut.
La voix de papa à beau se vouloir calme et réconfortante cela n'empêche mon cœur de tambouriner dans ma poitrine. Il est la seule personne de ma famille que je connaisse. Je ne veux pas qu'il me déçoive. Il porte toute ma confiance sur ces épaules. Et dans le cas contraire, je ne sais pas ce que je ferai.
- Non.
Mon ton devient plus ferme et je maintiens ma veste en place. Il est hors de question que cette aiguille s'enfonce n'importe ou dans mon corps.
- Alix, s'il te plait.
Je ne bronche pas.
- Fred, c'est prêt, l'avertit son collègue.
Ce dernier fait le tour du lit pour se mettre face au médecin.
- C'est la dernière, après ce sera fini. Plus de seringues, plus d'injections.
- Promis ?
- Promis.
Il hoche de la tête pour donner plus de poids à ses mots. Je saisis donc la carotte.
J'enlève ma veste beige, trop grande pour moi, et relève mon tee-shirt jusqu'au-dessus de mes épaules. J'obéis à tous ces ordres et m'allonge sur le coté de façon à ce que mon dos leur soit offert. Mon corps tremble comme une feuille, accompagné à ça, la morsure du froid qui fait claquer mes dents.
Mes yeux s'humidifient, je suis morte de peur.
- Tu es une grande fille, me rassure-t-il en prenant mes mains dans les siennes, forte et courageuse.
Non. Je suis loin de tous ces qualificatifs.
Je frisonne à la caresse du coton qui brunit ma peau.
- Papa, j'ai peur.
Ces mots, simples en apparence, ouvrent les vannes de mes larmes qui coulent le long de mes joues. Ma respiration s'accélèrent jusqu'à me faire mal. Ma poitrine se serre et refuse de s'ouvrir. Mon cœur bat à un rythme effréné. Que m'arrive-t-il ?
Les yeux de mon père lâchent les miens une seconde. C'est le temps qu'il suffit pour que l'aiguille s'enfonce dans la chair. Un long et puissant cri de douleur s'échappe de mes lèvres. Il m'est impossible de le retenir en moi. Je grimasse et serre les dents pour étouffer au mieux ma souffrance.
- Chut, c'est bientôt fini.
Mes plaintes se transforment en gémissements. Je fixe un point imaginaire tout en me répétant que c'est la fin. Ça se trouve, je n'apercevrai plus la lumière. Je ne pourrai jamais voir ce qui se cache derrière ces murs. Pourtant, je ne demande rien d'extraordinaire ! Juste qu'on me laisse tranquille pour que je puisse, un jour, découvrir le monde avec papa.
Le liquide se dissipe dans mon organisme et me ramène au moment présent. Mais, dès la première injection, mes yeux se ferment. Je me sens faible. Mes gémissements, mes gesticulations s'amenuisent pour s'éteindre avec moi ...
***
Quand mes yeux s'ouvrent, je ne réalise pas encore ce qu'il vient de se passer. Je suis toujours dans la même pièce, dans le même lit et dans la même position. Encore étourdie, je parviens à me redresser et à me faire tenir sur mes pieds. Deux pas suffisent pour que je me retrouve au sol dans un bruit sourd.
Je ne suis plus vêtue que d'une robe d'hôpital en tissu léger et peu robuste. Ma chute la ravagée une longue déchirure à l'horizontale. Mon genou, non plus, n'a pas été épargné d'une égratignure. Mon sang, rouge, se met à perler, sans couler, le long de ma blessure.
Je me redresse encore plus difficilement. Le choc de l'impact s'est diffusé en plusieurs ondes le long de mon dos. La douleur présente simplement en bas de mes reins, à mon réveil, s'est étendue de mes jambes à mon cou.
Un pas après l'autre, tel un zombi, j'ouvre la porte qui, heureusement, n'est pas fermé. Elle s'ouvre sans grincer. Je débouche sur un couloir remplit d'entrées comme la mienne. Où est papa ? Il m'avait promis que tout serait fini. M'a-t-il menti ? Impossible. Pourtant, même si c'était le cas, je sais que je ne lui en voudrai pas, car, rien ne peux briser l'amour qu'éprouve un enfant à l'égard de son parent. Il est tout ce qu'il me reste.
Face à moi, une porte vitrée, cachée par un fil, permet le reflet de mon corps. J'observe mes cheveux roux qui sont sales, abîmés et emmêlés. Ma peau est couverte de gouttes de sueurs mais je suis plus intriguée par mon regard. Mes yeux, qui avant, s'illuminaient d'une couleur marron, le sont toujours, or, quelque chose à changé. A présent, une lumière d'un jaune doux s'en dégage. J'aime cette teinte. Inconsciemment, je m'approche de la vitre pour mieux voir. Elle enflamme tout le centre de mon iris.
- Mais qu'est-ce-que tu fais là toi ?
Mince. Une femme a fait irruption dans le couloir et elle s'approche vers moi d'un pas décidé. La douleur qui me lacère le dos m'empêche de partir en courant. Elle me saisit fermement le bras pour m'emmener de force dans la pièce que je viens de quitter.
Mes yeux s'arrondissent. C'est impossible ! Caché derrière sa robe, je parvins à voir un petit garçon, brun tenant un lapin en peluche. Il doit avoir un an de plus que moi. Je tire un peu sur sa prise pour détailler un peu plus ce nouvel inconnu, malgré le déchirement de mon dos qui me rappel l'instant présent.
Je pensais être la seule ...
Bonjour,
Bienvenus sur l'Expansion. Un chapitre sera posté (pour l'instant) chaque après midi !
La Bande Annonce est disponible sur ma bio, le résumé et sur chaque début de chapitre.
J'espère que mon histoire vous plaira. N'hésitez pas à me laisser vos avis ou commentaire/correction en commentaire ! J'y répondrai avec plaisir !
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