68-Liés à jamais
-17 Novembre 2060-
Main après main, un vague d'approbation nous submerge.
- Je vous préviens, il est hors de question que ce soit moi, chuchote Thomas en s'apercevant du nombre de bras.
Plus de la moitié de la population vote pour. Vu le nombre de bras, on ne risque pas de ce tromper.
- Ne comptez pas sur moi, non plus, ajoute Simon.
Je suis effarée de voir autant de monde réclamer le sang, alors qu'il y a quelques jours à peine, ces même être n'étaient que des fantômes.
- Votre décision a été entendue !
Lindsey se décale vers lui, les yeux dans les yeux, elle lui annonce le verdict final. Il n'a l'air ni surpris, ni déçu.
- La mort.
Deux mots qui donnent froid dans le dos. D'un signe de tête, elle demande à ce que soit évacué le Gouverneur. Dès que le verdict tombe un brouhaha s'élève dans l'assemblée. Tout le monde partage avec son voisin ce qui a affecté leur choix.
- Elle aura lieu dans deux heures. Nous vous apporterons la preuve que vous avez été entendu.
Qu'est-ce-qui est plus sadique ? Monter aux gens le moment où l'on tire la balle ou montrer cette dernière couverte de sang ? Personnellement, je trouve le choix difficile. Nous nous éclipsons pour nous isoler dans le bâtiment.
Thomas, Héliane et Lindsey n'ont pas l'air ravi d'y retourner. Moi, j'ai pris l'habitude, entre l'enterrement du corps de Caleb et mes différents allez retours pour essayer de faire marcher, en vain, la radio, je commence à connaitre l'endroit par cœur. Nous ne nous engageons pas plus loin que la première salle. Je tire le rideau pour que nous puissions y voir quelque chose.
- Dites moi, vous avez envisagé cette solution ?
Leur silence en dit long, en plus, les cent pas de ma jumelle confirme mes soupçons.
- Je comprends pas comment vous avez pût ne pas envisager à cette possibilité !
- Qui nous aurez dit qu'ils voterait en majorité l'exécution.
Personne.
- Et qui va s'en charger ?
- Très peu pour moi. Mais toi, tu peux le faire, après avoir assassiner Caleb ...
Je fusil du regard Héliane qui ne se déstabilise pas.
- J'en ai plus que marre de verser le sang. Donc ne comptait pas sur moi. C'est mort.
La porte s'ouvre et Sidney rentre.
- Je vais le faire moi.
Au moins, maintenant, les choses sont claires. La tension redescend, le temps pour moi de faire une requête auprès de Simon. Je l'enjoins à grimper les marches jusqu'au dernier étage. Son regard va et vient un peu partout à la recherche de la moindre tâche rouge vive qui s'est transformée en un léger rosé sur ses murs blancs.
- Je me demandais si tu ne serais pas capable de me faire marcher cet engin. J'ai cru comprendre que tu t'y connaissais en mécanique ...
Il s'approche de l'appareil et le tripote dans tout les sens. Il branche et débranche différents câbles, appuie sur plusieurs boutons mais rien ne ce passe. La lumière étant diminuée, je me demande comment il arrive à distinguer tout ces bidules.
- Je regarderai demain.
Il regarde sa montre, dernier souvenir que lui a accordé l'Expansion.
- Il se fait tard. Allons les rejoindre, je regarderai ça demain et ne t'inquiète pas, je te ferais signe si j'arrive à faire quelque chose. Mais vu l'état de l'appareil et qu'il n'est pas de notre création ... J'ai peur de ne pas pouvoir faire grand chose.
J'opine du chef et nous descendons rejoindre les autres de l'autre coté du voile. Assis sur une chaise, l'ex Gouverneur ne flanche pas et garde la tête haute, le regard droit qui se plonge dans celui de Lindsey, puis, le mien et pour finir celui de son bourreau. Sidney a beau se montrer forte, je perçois très bien le tremblement de ses mains. Elle saisit le pistolet dans son dos et le tend à sa meilleure amie.
- Tu as peur. Comment voulez vous diriger Nytron si vous êtes terrifiés à l'idée de faire entendre la justice. Je ne regrette rien de ce que j'ai fait, rien ! Les morts qui ont jonché ce sol nous ont permis de survivre et de nous étendre telle une expansion, souligne ce monstre.
J'enserre, au creux de ma paume, la fiole remplit des cendres d'Aela. "Je te promets, je te ramènerai à la maison". Nous avons réussi sur plusieurs points, le premier étant de survivre, le deuxième : la justice.
- Alors tu feras parti des leurs, un amas d'os et de chair en décomposition.
Je me détourne précipitamment, dans les bras de Thomas, au moment ou la détente est pressée. Un frisson me parcours à cet instant. Une autre pourriture de moins. Une fois que je suis sûr qu'il est mort, je me retourne et observe. Sous l'effet de l'impact, la chaise est tombé tandis que sa poitrine, troué à l'emplacement de son cœur, se vide de son sang. Sidney plaque l'arme contre le corps de sa meilleur amie et part sans un mot. C'est à cette dernière que revient l'honneur de recouvrir le corps.
La mort du Gouverneur, ancien meilleur ami de notre père, ne ressasse aucun plaisir, nous avons bien trop souffert pour éprouver une quelconque sympathie à son égard.
- Viens, on y va.
Je saisis la main que me tend Thomas et quitte le forêt pour rejoindre la ville.
-21 Novembre 2060-
Quatre jours se sont écoulés depuis. La paix est revenue, fragile, certes, mais Lindsey a réussi à l'obtenir. Ces derniers jours ont été chargés, entre la sélection des différents représentants et de l'inscription de nouvelle lois, je n'ai donc pas vu grand monde.
Thomas, qui a choisit de rejoindre Lindsey pour l'assister dans ses fonctions, s'absente souvent. Je me retrouve seule, enfermée, entre quatre murs. Je passe mes journées dans ces vêtements d'un marron que j'exècre, à regarder les journées passer.
Ce n'est que maintenant que je me rends compte de la sincérité des paroles de Sidney, je m'ennuie.
Avant, j'étais toujours en mouvement soit à chercher de la nourriture soit à sortir avec Kevin. Mais ça c'était le bon vieux temps. Depuis, je passe mes journées à choisir les bons mots. Si cette radio vient à marcher, je vais pouvoir lui parler et avoir des réponses à mes questions.
La porte d'entrée s'ouvre et Thomas entre, m'enlevant de ma contemplation. La Cité est tellement sereine et monotone ces derniers temps. Je me redresse du lit sur lequel je suis vissé depuis trente minutes. Notre nouvelle maison se trouve à trois cent mètre de celle de ma jumelle, les murs d'un beige tendre se détachent des meubles en bois massifs. Le lit grince sous mon poids dans cet espace vide. Il n'y a qu'une armoire, ce matelas et une grande fenêtre qui donne sur Nytron.
Ses lèvres s'attardent longuement sur les miennes en souriant.
- J'avais pensé à quelque chose ce soir, dit-il en parcourant mon épaule de ces doigts.
- Ah bon ?
- Tu te souviens quand je t'ai dit qu'on ne devrait plus avoir de secret l'un pour l'autre.
Bien sûr que je m'en souviens. Je reviens à ces lèvres et titille sa marque derrière son cou. Il fait de même et nous alternons entre vague de chaleur et de frisson. Cette sensation me ramène à notre retour des montagnes.
Je retire mon haut et le rejoins dans le lit. Nous nous laissons aller pendant un moment dans cet autre monde. Tout est différent de ce que je vivais avec Kevin. Je découvre autre chose de nouveau que j'adore.
- Prête ?, me souffle-t-il entre deux baisés.
- Oui.
Ce moment où nos doigt touchent mutuellement nos tatouages marque la fin du monde tel que je le connaissais. Je m'envole dans le siens, tandis qu'il plonge dans le mien. A l'extérieur comme à l'intérieur, nous sommes avide de ce bonheur.
Je le découvre comme jamais je ne l'ai découvert. Je suis consumée par un océan de flammes qui me caresse de ces flammes.
Flash, les coups que son beau-père lui donnait chaque soir.
Nos lèvres liées à jamais.
Flash, son entrée à l'école.
Nos pieds qui s'entrelace.
Flash, son enlèvement pour entrer dans l'Expansion ...
Bonjour,
Un chapitre qui se termine en douceur après une issue assez prévisible ...
La Bande Annonce : &t=1s
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