45-La vengeance au bord du gouffre
-7 Novembre 2060-
Un frisson encore plus violent parcourt mon échine. Il est là. Mon sang ne fait qu'un tour et met à l'arrêt mon cœur qui repart crescendo comme une symphonie.
Caleb est mon but, le dernier d'une longue liste inachevée. Je suis partie pour lui, et là, face à moi, je perds tous mes moyens. Le gémissement de Simon me ramène à la surface. Je le soutiens jusqu'à le déposer au pied d'un arbre couvert d'une mousse d'un vert émeraude.
- Tu m'avais promis de revenir en ayant éliminé les seules personnes qui peuvent nous tuer, bougonne Crystal qui encadre de ses bras la tête de son copain.
Les grands esprits se rencontrent. Mais, cela n'empêche que je trépigne rien qu'à l'idée de la voir morte. Sadique, oui, je l'avoue mais vrai.
- Ils n'étaient pas faciles à trouver et à ce que je vois, ils ont préféraient se planquer derrière ce dome.
- Pourtant, elle n'y était pas.
- Là où Thomas ira tu es sûre de la trouver.
Il désigne avec dégout mon camarade qui rejoint la limite.
- June nous a sauvé la vie, s'impose Héliane reconnaissante. Je pense que nous devrions la remercier au lieu de demander à ce que Caleb fasse son sale boulot. Et j'aimerai vous rappeler que seul vous deux étiez d'accord.
- Deux contre deux. Balle au centre. J'ai pris les devant et je compte bien terminé.
Il fait tourner une longue arme entre ses doigts. Le geste est précis et assuré. Caleb ne reculera pour rien au monde, ça tombe bien, moi aussi.
Mon regard se perd de l'autre coté de l'Enceinte, Thomas tente de franchir le mur qui grésille sous ses électrifiées, Lindsey le rejoint en courant les quarts de cercles sous le bras.
- Alix, je pense que nous n'avons pas terminé notre discussion, me rappelle Caleb.
Je m'assure que Simon ne risque rien pour revenir sur le terrain.
- Je suis toute à fait d'accord avec toi.
Je sais, je ne devrais pas rentrer dans son jeu, cependant, comme une enfant je rentre dans son cercle vicieux que lui seul maitrise.
J'enserre mon couteau, dans l'éventualité que Caleb passe à l'action. Mon arc, pendu dans mon dos, ne me sert à rien. Répondant à mon prénom, je me retourne vers mon interlocuteur.
Les disques ouvrent le film invisible. Dix secondes.
- Prenez Simon et Héliane.
La jeune fille part aider Simon à ce mouvoir. Il est hors de question que j'offre une porte de sortie à Crystal. Elle ne le mérite pas.
- 4 secondes.
On m'appelle une nouvelle fois, je ne réponds pas. J'ai pris mon choix. Un bout de métal tranchant m'entaille la surface de la joue : le dernier appel à l'ordre.
Je ne perds pas plus de temps et me jette sur Caleb.
- 1 seconde, crie Lindsey.
Un grésillement retentit puis plus rien. A l'extérieur, un silence pesant s'installe, alors qu'à l'intérieur un ouragan ravage mon conscient.
Les coups s'enchaînent à une vitesse folle. Je ne sais pas ce que je fais. Un coup à droite, je pars à gauche. Un vers l'avant, je tombe au sol, le souffle cours.
Je me traine sur trois bon mètre pour me dépêtrer de son emprise. Manque de pot, il saisit ma jambe et la tire vers lui.
Je suis à sa hauteur. Impuissante. Sans arme depuis le premier coup, comme lui. Mes forces sont bien amoindries par rapport aux siennes. Il semble inépuisable mais surtout inatteignable.
Mes yeux se redresse pour s'assurer qu'ils sont bien à l'intérieur. Il ne reste que Thomas au bord du voile et Lindsey à l'entrée de la porte de la maison. Je ne l'entends pas mais imagine sans mal le cri que pousse le jeune homme, la bouche grande ouverte.
Une fraction de seconde suffit pour que je regrette cette minute d'inattention. A cette seconde, le monde s'arrête et explose tout autour de moi. J'ai la nette impression qu'on me déchire les côtes. Je la sens, cette lame froide transcender ma chair. Je laisse entendre ma douleur, incapable de la retenir.
- Hurle !
Il l'enfonce encore plus profondément et je me sens partir. Non, pas maintenant.
Au bout d'un moment, qui me parait une éternité, la lame est extirpée de mon corps. J'ai encore plus mal. Mon sang coule le long de mes côtes mais je me rends compte, en y passant mes doigt, qu'elle est moins profonde que je ne le croyais.
La rage prend le devant sur la raison et me permet de me relever. J'essaie du mieux que je peux à mettre dans un coin de ma pensée cette douleur qui me tiraille. Je vais y arrivée.
Sans rien comprendre, je tombe de nouveau au sol. Un bruit quasi-silencieux vrille mes tympans et m'empêche d'entendre quoi que ce soit.
De l'autre coté du voile, je vois Lindsey s'affairer à faire bouger Thomas, le regard plein de terreur. Je bouche mes oreilles, l'herbe collée à ma joue. Des véhicules métalliques tout terrain sont à l'arrêt et plusieurs personne en habit renforcés, noir, s'approche de nous armes à la main.
Mon attention repars vers Caleb, qui, en position de fœtus se tient les oreilles. Cet assourdissement n'arrête pas Crystal. Elle se relève et marche difficilement jusqu'à nous avant d'être happée par une balle. Son corps tombe, inerte sur le sol, transpercé en pleine tête. Un frisson me parcours à la vue de son sang inondant l'herbe verdoyante comme celui qui noie mes oreilles.
La faiblesse me gagne au fur et à mesure que mon incapacité auditive s'éternise. Mes mains tombent au sol, impuissantes, pour capter le léger tremblement de la terre dû aux moteurs des 4x4 . Ils ne sont pas les seuls, un tremblement de plus en plus fort se rapproche et j'en déduit des pas humain.
Je suis soulevé avec force du sol et un aiguille s'enfonce dans ma peau. Caleb reçoit lui aussi le même traitement. La douleur qui s'étendait dans tout mon corps disparait, il n'en reste plus que le sensation d'une piqure de moustique.
Thomas a disparut.
Crystal est morte.
Lindsey est partie.
Caleb est un mort encore en vie.
Et moi une incapable.
Je suis paralysée et incapable de faire quoi que se soit. Certes, j'ai demandé à Lindsey de ne rien faire mais une part de moi espère la voir apparaitre. Je me déteste, ou plutôt, je déteste ma façon d'être bornée.
Brusquement, j'atterris dans l'une des voitures. L'ouïe me revint, lentement mais surement. Or, a peine avoir recouvert un sens on m'en enlève un autre. Un sac vient couvrir mes yeux et cette fois-ci mes oreilles prennent le relais.
Ces personnes ne sont pas très bavarde ce qui me fait perdre tout repaire. Le temps. La durée. L'espace. Tout est mélangé. A certains moments, je suis soulevée puis assise, poussée, jetée, je n'ai droit à aucuns ménagements. Je ne sais pas où a été emmené Caleb. Loin, je l'espère. Vivant, encore plus. Il est à moi et personne d'autre ne le touchera.
Ai-je, ne serait-ce qu'une fois, été si rancunière ? Je ne le crois pas pourtant ce sentiment sommeille en moi. Je ressens le besoin constant de me venger. De trouver la petite bête qui pourrait justifier mes pulsions.
Ce besoin de tout justifié à changé. Depuis quand ? Ma naissance ? Mon enfance au sein de cette expérience ? Ou bien plus tard ?
Que m'ont-ils fait ?
Je perçois le grincement d'une porte qu'on ouvre et le sac est retiré. Ma vue met un moment à s'adapter à la lumière d'une lampe.
Cette scène ne m'est que trop familière. Les choses se répètent sauf le décors qui lui est sombre.
- Comme nous nous retrouvons ...
Bonjour,
Je suis désolé pour cette pose c'est imposé. La suite arrivera prochainement.
Qui est-ce ?
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