33-Appartenance commune
-16 Avril 2059-
Me suis-je trompée ? Ai-je fait un choix que je vais regretter ? Mais ne le regrettai-je pas déjà ? Je suis tellement bornée que j'ai préféré jouer au plus fort. Je me suis condamnée moi même à une fin brutale. A leur yeux, je ne suis qu'un problème qu'il faut éliminer malgré sa valeur. S'ils décident de me tuer, il perdront une nouvelle fois du temps.
Sur les murs les images défilent du hangar à ce qu'il reste de chez moi. Rien n'a changé pas même les fissures qui menace l'habitacle. Depuis, déjà, de bonnes minutes, j'attends de voir ma mère sortir ou rentrer, il faut que je m'assure qu'elle est bien en vie avant que la suite des évènements ne s'enchaîne. Me considère-t-elle comme morte ?
La porte s'ouvre et je vois ma mère, la peur me quitte à moitié. Couverte d'une capuche qui lui cache le visage, je ne perçois que le bout de ces mèches rousse, blanchies par le temps. La caméras est positionnée à bonne distance pour que je puisse la voire boiter sur deux mètres avant qu'elle ne sort du champs du petit œil. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. Si j'avais été là au lieu de retrouver Connor, peut-être aurai-je pût éviter cette blessure.
Tout est tombé. Que ça soit dans le passé, dans le présent ou dans le futur ... La fin est proche. L'Implosion est tombée, je vais tomber et la planète elle aussi tomber. Mon amour pour Kevin est mort, je me sens si stupide d'avoir cru qu'une histoire, qu'un lien, puisse se créer dans notre réalité.
Comme avant tout explosion, il faut dégoupiller la bombe. Nous l'avons fait pour l'environnement, pour notre pays et plus particulièrement, je l'ai fait avec Kevin ...
Mon cœur se presse et des larmes ondulent le long de ma chair. Je suis faible, une simple illusion qu'on brise morceaux par morceaux.
Je m'avance sur la table et couche l'avant de mon corps dans mes mains. J'ai envie de crier, de laisser s'évader ma souffrance pour que jamais elle ne me retrouve.
Je me remémore les paroles, souvent entendu, d'un vieux du 6 : "Le changement est aux portes de la mort et la mort est au bout du tunnel". En fin de compte, il a peut être raison.
Mon esprit s'embrouille, s'emmêle et se connecte. Il y a tant de choses que j'aimerai faire, tant qu'il me reste encore à découvrir. Dix-sept ans, c'est trop jeune, beaucoup trop ... Je ne veux pas mourir en martyr, je veux le faire pour rejoindre un monde meilleur, plus beau, plus fleuri.
Le mouvement, soudain plus actif de l'écran, attire mon attention. Je renifle et essuie mes larmes. Des véhicules blindés entre dans le champ de vision de la caméras. Je voudrai me lever mais mes menottes m'en empêche. Mes poignets sont trop endoloris pour subir de nouvelles attaques. L'afflux de mon sang redouble irrigant aux maximum mon corps. Des hommes lourdement armés en sortent. La rue est vide. L'un d'eux charge son arme et les autres le suivent. Une vitre explose. S'ensuit une autre. Le mur se pigmente d'empreinte de balle. Il tire dans le vide mais dans quel but ?
Cinq minutes après ce qui me parait une éternité, les soldats rejoignent leur véhicule. Le dernier d'entre eux s'attarde un peu trop longtemps à proximité de ma maison et y lance un objet.
- Non, hurlai-je toute seule la voix encore enroué par les larmes.
La grenade explose et la structure s'effondre. L'immeuble de deux étages et toute la vie qui s'y trouve sombre dans une poussière aveuglante. Toute ma vie se trouvait à l'intérieur de cette maison. Je me rassure en me disant que ce n'étaient que des objets et que ma mère n'est pas touchée, pourtant, j'ai l'impression d'avoir reçu un couteau dans le cœur. Une boule serre ma gorge en m'étouffant.
La porte s'ouvre et Leferts rentre et s'assoit dans le fauteuil en face.
- Tu ne souhaite toujours pas changer d'avis ?
Il prit mon silence pour un "oui".
- C'est triste.
Il se lève et se déplace dans mon dos pour me prendre les épaules. Avec tous ces événement, je n'ai même pas remarqué que je n'avais plus ma veste et que mon bandage coloré de noir est exposé à la vue de tout le monde. Je sens ses doigts l'enlever.
- Tu étais pourtant un élément essentiel du programme. L'une de nos plus belles créations encore en vie. Un tel gâchis comme ton père.
- Laissez-le en dehors de tout ça, meurtrier.
Son doigt s'enfonce de plus en plus dans la blessure qui n'est plus protégé. Les points qui ont cédés lors de ma course lui offre une porte ouverte. Mon gémissement se transforme en hurlement de détresse.
- Ne t'inquiète pas, je ne t'en parlerai pas plus.
La porte laisse de nouveau entrer des hommes qui me détache et me soulève en suivant le signe de tête le l'homme d'affaire qui essuie ses mains dans un mouchoir blanc.
Mes jambes sont incapables de me porter. Mon bras me fait trop souffrir pour que je ne le bouche. Je ne suis plus qu'une poupée de chiffon que l'on trimbale jusqu'à une cellule sombre et chaude.
Mes genoux butent contre le sol qui écorche mon pantalon militaire. Je regarde une dernière fois la lumière qui s'estompe tel une éclipse derrière la porte. Il n'y a rien, pas un lit, un meuble, une écriture. Je me traine jusqu'à la porte et tape en criant à plaine poumon pour que quelqu'un m'entende. Je sais qu'ils m'entendent, qu'ils me comprennent mais je garde l'espoir que Nick soit encore là, sauf, et qu'il entende mon appel. Si rien n'était arrivé à Nick peut-être pourrait-il m'entendre et venir de nouveau à mon secours.
-X Avril 2059-
Au fur et à mesure que le temps passe, j'en perds la notion. Combien de temps s'est-il écoulé ? Des minutes, des heures, des jours ... Je regrette la bouillie immonde qu'ils nous servaient au Bunker. Ce simple morceaux de pain et cette bouteille d'eau ne me rassasie pas totalement.
Quand compte-t-il en finir ? Il est probable qu'un garde se trouve derrière cette porte et attende que je cède en le suppliant de me ramener dans le programme. Il en est hors de question. J'ai toujours suivit mes premières idées et je le ferais jusqu'à la fin, quitte à ce que ce soit la mauvaise solution.
- Monsieur, que faisons-nous pour la 6 ?
- Elle ne dit toujours rien ?
- Non, une semaine et demi de silence.
- Très bien, je veux qu'après les dernières simulations le 1 lui rende visite. Nous ne pouvons nous permettre de la perdre bêtement.
-28 Avril 2059-
Habitué à ce qu'il n'y ai aucun bruit, le cliquetis de la serrure me fit l'effet d'un électrochoc. Enfin, l'heure est venue. Je tente de me relever mais la lumière me déstabilise. Je place une main devant mon visage pour me protéger. La lumière, criarde, brûle ma rétine au point que je suis contrainte de me blottir dans un coin, dans l'obscurité.
- Je ne pensais jamais te revoir, lui dis-je quand la vue me revient.
Mon ton est sec et cela n'est pas dû à mon manque d'hydratation.
- Moi aussi.
Il prend place à coté de moi, dos au mur, comme si nous étions des amis proche s'apprêtant à parler du bon temps. J'étends mes jambes devant moi. Ce n'est qu'une fois la porte ouverte que je remarque l'odeur que la pièce dégage, un mélange de transpiration et de renfermé.
- Pourquoi es tu là ?
Ma voix est roque du fait de ne pas avoir servit depuis des jours.
- J'ai beaucoup réfléchit et je me suis rendu compte que je ne t'ai pas tout dit.
- Va y, pour l'instant j'ai tout le temps devant moi.
Je laisse transparaître ma déception. Mon jour n'est pas arrivé.
Je cale ma tête contre le mur. Sa chaleur me fait encore plus transpirer.
- Tu te souviens quand tu m'as demandé ce qui était arrivé à Colombe ?, s'exclame-t-il avant de reprendre après une courte pose. Si je me souviens bien, elle a intégré le programme deux, trois mois après moi. Elle était comme toi, en plus parfaite et moins têtu.
J'imagine un sourire étirer ses lèvres.
- Colombe cherchait par tout les moyens de partir, jusqu'au jour ou elle a décidé de ne plus rien manger. Un jour, je l'ai retrouver étalé dans sa chambre, affamé. J'ai bataillé pour la faire mangé mais elle a suivit mes conseils. Il s'est écoulé un mois sans que rien d'autre n'arrive. Colombe s'est habituée à cette vie et aux points positifs qu'il pouvait y avoir. On s'est accroché l'un à l'autre et nous étions inséparable jusqu'au jour ou il est apparue. Il m'a demandé expressément de l'oublier et de reprendre l'Expansion comme il le demandait. Je ne voulais plus être la taupe alors j'ai refusé et j'en ai payé le prix fort. Deux jours après, nous l'avons retrouvé morte sur le sol de la salle principale. Ses lèvres étaient noircies tout comme ces yeux et sa peau bleuté.
- De quoi est-elle morte ?
- Du poison, ils l'ont noyé dans le liquide noir qui nous permet d'entrer dans leur simulation. Le même qu'il y avait dans ton bain. Son cœur n'a pas résister à la dose.
Il ne pleure pas. Sa voix est calme et je me demande si tout cela n'est pas un mensonge. Mentit-il sur ses sentiments ? L'aimait-il vraiment comme il le prêtant.
- Pourquoi me le dire ?
Il inspire fortement.
- Elle était comme nous. Dans son cou, il y avait le même symbole.
- Thomas, une étincelle s'allume dans ses yeux fixant le mur d'en face, ce n'est plus mon problème. Je ne veux plus me battre à chercher le pourquoi du comment.
Sa main se pose sur ma cuisse pendant une fraction de seconde pour y déposer un papier : la lettre de mon père.
- Garde la.
Un grand bruit ébranle la porte.
- Il faut que j'y aille.
Il se lève et ouvre la sortie.
- Désolé.
Le jeune homme fixe le garde en hochant négativement de la tête. Ce dernier me lance une pile de vêtements.
- Cinq minutes et on embarque.
Ma peau se couvre de chair de poule. Il est temps, le moment est venu ...
Salut,
Voici un chapitre un peu calme mais le prochain promet un grand final avec quelques rebondissement pour la suite. La fin de la première partie commence à ce faire sentir et arrive dans je pense une ou deux parties.
Que va-t-il se passer ? Thomas mentait-il ? Que pensez-vous de l'histoire de Colombe ? Que pourrait-il arriver à Nick ?
J'espère que ma fiction vous plait ^^
Merci pour les 400 vues qui ne sont pas si lointaine que ça ! Je vous dit à Samedi ^^
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