2-Remise en place
-15 Mars 2059-
J'émerge d'un long sommeil grâce à l'odeur âcre de l'acétone.
Où suis-je ?
Rien ne ressemble à chez moi. Ni les murs, ni les meubles, ni le lit. Tout est propre et neuf. Comment me suis-je retrouvée dans cet endroit ? Mes yeux s'habituent lentement à la forte luminosité qui émane des spots accrochés au plafond insonorisé.
La blancheur du lieu est ce qui me frappe en premier. J'en ai mal à la tête.
- Ne bougez surtout pas, m'indique-t-on.
Cette phrase, simple en apparence, déclenche l'augmentation de mon rythme cardiaque dû à l'adrénaline. Instinctivement, je cherche à me lever du lit médical dans lequel je suis. Mes pensées sont brouillées, où suis-je ? Je tente de me redresser mais des bracelets accrochés à mon couchage m'en empêche. Je tends les liens, une, deux, trois fois, toujours avec plus de force, mais ils ne font que se resserrer.
Clic ... Clic ...
Une vague de frisson me submerge. Je ne sais pas ce qui a pût causer ce bruit qui m'effraie. Mon regard se décale sur ma droite et j'y découvre une femme. Je n'ai jamais eu à faire à un tel médecin. La charlotte, le masque qui étouffe ses paroles, la combinaison d'un vert clair... Je trouve la situation un peu exagérée. L'environnement, aussi, est rare. Il y a un jour, je me trouvais dans un cabinet banal avec une tapisserie fleurie décrépie et des bacs en plastiques. Alors que là ... Mes yeux observent, ébahis, la richesse de la pièce.
- Qu'est-ce-que c'est ?, demandai-je en apercevant le liquide noir que contient la seringue.
Elle s'avance vers moi et place bien en évidence l'objet vers mon bras. Je me débats un peu plus pour m'en éloigner.
- Ne t'inquiète pas ce n'est rien, répond-elle.
Indifférente, elle continue son avancée en insérant l'aiguille d'un un petit trou. Ouf, il n'est pas pour mon bras. Enfin, presque. Le liquide couleur d'encre se dilue dans une poche de liquide translucide accrochée au-dessus de moi. Je repars dans l'autre sens en voyant la seringue déjà dans le creux de mon bras. Il faut que je l'enlève mais je n'y parviens pas.
- Professeur, doit-on intervenir.
L'attention de l'infirmière se déporte sur un homme, de l'autre coté de la pièce. Ces yeux, d'un noir profond, me calment instantanément. Les sueurs froides s'emparent de moi et me paralysent.
Il la regarde et hoche légèrement la tête. L'infirmière se retourne et se munie d'un tranquillisant qu'elle ne tarde pas à enfoncer violemment dans mon cou.
- Non ! Non. Non ..., criais-je de plus en plus faiblement jusqu'à sombrer.
- Oh ! Alix, rentre ! Nous n'attendions que toi pour commencer, se réjouit Madame Royer.
Comme à chaque fois, la mère de Kevin m'accueille avec un grand sourire. Je me demande toujours comment elle arrive à le garder. Elle respire la joie.
Sa famille habite le 7, à la frontière de mon secteur. Ici, le niveau de vie est légèrement plus inférieur que dans le 6. A chacune de mes visites, je suis surprise de découvrir leur mobil home miteux dans un état impeccable. Tout est posé à une place précisément définie. Bon, j'avoue que la vielle tapisserie motif léopard me donne envie de vomir mais je croise les doigts pour qu'un jour les déchirures qui la parcourent la ravage complètement. Les meubles, d'un bois brut, craquent de temps à autre. Ces petits bruits me surprennent toujours. Chez moi, je n'y suis pas habituée.
Je salue les parents de Kevin et le cherche des yeux.
- Rebonjour, me chuchote mon copain à mon oreille.
Je penche ma tête en arrière en souriant bêtement. Nos lèvres ne se frôlent qu'une fraction de seconde, il sait que je n'aime pas faire étalage de mon amour devant nos parents respectifs.
- Va y, assis toi, je vais chercher le repas.
Je me joins au père de Kevin, qui lui est déjà assit. En général, je n'apprécie pas être inviter à dîner. Pas que je n'aime pas ça, mais, nous sommes réduit au minimum par des rations et je n'aime pas piquer la nourriture de ce que je connais.
Madame Royer pose un plat de taille sur la table et commence à nous servir. Je m'attarde un moment sur son majestueux chignon blond. Elle a le chic pour les réussir à chaque fois alors que moi je suis obligée de m'y reprendre deux à trois fois.
Mes yeux s'écarquillent à la vue du plat. A coté de moi, Kevin est tout aussi surpris de la grandeur anormale du plat. Même la poêlé qu'elle nous sert à des proportions exagérées et une qualité hors norme.
- Maman, pourquoi tant ?
- Tu n'es donc pas allez sur la grande place ?
Elle arque un sourcil et décale son regard vers moi. Je fais l'innocente. Elle s'assit et pris une bouchée.
- Euh ... Non, j'étais avec Alix.
Avec discrétion, je lui donne un coup de pied sous la table. Il reste stoïque.
- Il y en a pas l'un pour rattraper l'autre. Très bon chérie, s'exprime-t-il la bouche pleine en posant rapidement sa main sur celle de sa femme.
La gène colore mes joues de rouge et une bouffée de chaleur me consume de l'intérieur, en temps normal, je passe plus pour la fille réservée. J'ai de la chance de bien m'entendre avec eux et de faire, en quelques sortes, partie de la famille. Sinon, je me demande comment ils auraient réagi. Ont-ils pensé à l'éventualité que je sois une mauvaise fréquentation pour leur fils ?
- De toute façon, je parie qu'il a sorti le même discours que d'habitude.
- Au contraire mon fils. Il prévoit de nous sauver en ...
Un rire jaune s'échappe de mes lèvres. Rouge, je le regrette aussitôt. Je sens la réprimande de monsieur Royer mais il garde le silence.
- Alix a raison. Il a dit quoi encore ? Nous travaillons sur un projet révolutionnaire qui va tous nous sauver ? Je compte détruire le monde pour le reconstruire ? On a découvert une autre planète sur laquelle, miraculeusement, on va partir vivre.
- Kevin, je t'interdis de dire ça. Les scientifiques savent ce qu'ils font.
Un éclair de tristesse traverse les yeux de madame Royer. Sa voix s'est atténuée pour s'évanouir dans un océan de pensée.
Notre repas est coupé par les coups puissants et réguliers qui s'abattent sur la porte.
- J'y vais, nous indique Madame Royer.
Avec une élégance sans nom, elle part ouvrir la porte. Par réflexe, elle prend le temps de regarder à l'œillet. On est jamais trop prudent. Je la détaille sans savoir si elle est heureuse ou non, elle semble plutôt surprise et étonnée. Elle fait tomber le verrou et deux gardes en uniforme entrent dans l'habitacle.
Je me redresse à toute vitesse.
- Qu'est-ce-qu'il font là ?, me souffle Kevin.
Il enlace sa main dans la mienne, tremblante. Monsieur Royer rejoint sa femme en posant une main réconfortante sur son épaule.
Que font-il ici ?
Dans l'entrée, les voix commencent à s'échauffer et un garde tente de briser la muraille que forme les parent de Kevin. L'un d'eux perce, de force, la défense et s'avance d'un pas lourd et décidé vers nous. Il ne laisse entrevoir aucune émotion. Je me détache de Kevin et recule. Les battements de mon cœur sont à leur paroxysme. Il faut que je face quelque chose.
Cependant, le temps me rattrape. Je n'entends que le bruit de verre brisé avant de m'effondrer sur le sol, froid. Ma tête vacille et dessinant des étoiles.
Je me reviens à moi à l'instant même, où, un gouffre d'air frais s'infiltre dans mes poumons. La sensation est douloureuse, j'ai l'impression qu'ils sont tout engourdis. Je me redresse. Je ne suis plus attaché, les liens ont disparus ainsi que le lit. Cette fois-ci, il est couverts de bleue et de blanc. Où suis-je ?
C'est la deuxième fois que je me pose la question néanmoins la réponse reste toujours aussi floue. Il n'y a personne, pourtant, j'entends des fois faibles quelque part.
Il se passe des trucs pas nets. Je me redresse du lit et m'appuie sur le bureau blanc couvert d'une plaque de verre. La table de chevet y est assortie. A voir la propreté de l'endroit, je ne suis pas au 6, ou dans tout autres secteurs extérieur au Mur d'ailleurs. Je suis à l'intérieur.
Je laisse à mes doigts le temps de parcourir, avec la plus grande prudence, chacun des différents meubles.
Je rêve, ce ne peut pas être possible. Trop de choses se sont passées pour que ce soit réel. A l'instant où ma main touche le meuble en question, je recule, impressionnée. Mon imagination ne me joue aucun tour. Je suis belle est bien là, vivante.
Je tâte le jean, le tee-shirt et la paire de chaussure posé sur le bureau. Je les prends avec dégoût. De toute façon, je n'ai rien d'autre pour m'habiller.
Tremblante, j'enfile les différents vêtements et observe mon apparence dans le miroir de la salle de bain, adjacente à la chambre. Face à mon reflet, je me trouve fade et sans vie. Je suis devenue blanche comme un linge, des cernes creusent le dessous de mes yeux rougeoyant et je nage d'une taille dans le haut que l'on m'a donné. Rien qu'à me voir, je me fait peur.
De l'autre coté de la porte, le bruit d'une machine retient mon attention et me rappel les voix. Peut-être ne suis-je pas la seule à être enfermée ?
Cette réflexion pique ma curiosité. Je me dirige vers le devant de ce que je pense être la porte. Elle s'ouvre d'elle même sans que je ne face rien.
Un monde plus qu'étrange s'offre à moi. J'avance un pas de l'autre coté de la chambre. Il faut que je sorte de cette prison, mais pour ça, il en convient que je dois découvrir où je suis ...
Coucou,
Un chapitre un peu plus mouvementé qui laisse place à la suite. ^^
J'aimerai avoir votre avis sur comment est formé le chapitre. Avez vous réussit à situer les faits ? N'avez-vous pas été dérouté par la commencement, au vu de la fin du précédent chapitre ?
Faites moi part de vos avis j'y répondrai avec plaisir. ^^
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