9. La déesse qui régnait sur l'île des jeux

Noé ne rata Euphériz et son escorte que d'une minute.

Une simple minute de retard qui suffit pour que la seule chose qu'il découvre soit la porte de son appartement grande ouverte.

À l'intérieur, Noé inspecta les traces de lutte, confirmant que l'absence de Fey et Odessa n'avait rien d'ordinaire. Quelqu'un les avait enlevées.

« Bon sang ! Si je n'avais pas perdu autant de temps chez Abigaël... » se maudit-il en frappant le sol du poing.

Sentant la colère se propager en lui, il expira un grand coup. Plus que jamais, il lui fallait garder son sang-froid. Heureusement, la teinte blanche de son énergie spirituelle qui inhibait ses capacités émotionnelles constituait un avantage dans ce genre de cas.

− OK, que leur est-il arrivé ? murmura-t-il.

Avant de démarrer son enquête, Noé tira sur les manches bien trop courtes de la veste noire qu'il avait empruntée à sa coéquipière pour remplacer la sienne.

« Encore heureux qu'Abi préfère les vêtements longs et amples... »

Dix minutes plus tard, sa mallette contenant ses accessoires d'exorcistes en main, Noé rejoignit Sun qui l'avait attendu au volant de sa petite Citroën.

− La déesse n'est pas avec toi ? s'étonna-t-elle en le voyant descendre seul et monter dans la voiture côté passager.

− Odessa et Asalfé ont été enlevées par Ananda

− Quoi ?!

À la manière dont le jeune homme avait annoncé la nouvelle, aussi calmement que si elles étaient parties en balade, Sun crut avoir mal compris.

− Mais... qu'est-ce qui s'est passé ?! Et comment sais-tu que c'est cette pétasse qui a fait ça ?!

Éprouvant une légitime rancune envers la femme qui avait envoûté son frère, Sun se refusait désormais à l'appeler autrement.

− Quand j'ai voulu interroger mes voisins pour savoir s'ils avaient vu ou entendu quelque chose, ils se sont tous contentés de me regarder avec le même air béat qu'avait ton frère sur la vidéo. On a dû les rater de très peu. Mais au moins, on sait où ils v —

La vitesse à laquelle Sun avait démarré la voiture coupa la parole et le souffle de Noé. Se découvrant une aptitude à la conduite sportive, la jeune fille s'imposa aux autres véhicules pour se frayer un chemin dans la circulation dense de ce samedi soir à Saint Martial.

Si Sun n'avait pas eu besoin d'autres raisons pour vouloir retrouver la « pétasse », apprendre qu'elle avait également kidnappé Odessa constituait une motivation suffisante pour risquer son permis de conduire et, au passage, la vie de Noé et la sienne. Il fallut cinq longues minutes pendant lesquelles son passager appuya plusieurs fois sur une pédale de frein imaginaire pour que Sun accepte enfin de se calmer.

À l'occasion d'un feu rouge qui lui parut interminable et tandis qu'elle serrait nerveusement son volant à s'en faire blanchir les articulations, Sun prit une profonde inspiration avant d'oser demander à Noé :

− Tu... tu penses qu'on pourra les sauver ? Odessa, Fey... et Yoon.

− Je ne sais pas.

Cette réponse d'une maladroite sincérité fut suivie par de longues secondes de silence.

Le feu passa au vert.

− Je suis amoureuse d'Odessa, expira Sun en appuyant sur l'accélérateur.

Noé écarquilla les yeux avant de les rouler pour observer le ciel étoilé par la vitre de la portière. Il avait été surpris par la soudaineté de cette déclaration. Pas par son contenu.

« Sans blague »

La jeune fille attendit avec une certaine angoisse une réaction de Noé, se crispant sur son pauvre volant.

Mais le garçon ne semblait pas décidé à se manifester. Sans se démonter, elle poursuivit :

− Je voulais t'en parler, car... je suis au courant pour vous deux. Elle m'en avait parlé pendant notre première année. Enfin, pour être précise, elle a mentionné une fois qu'elle avait un copain et j'ai deviné que c'était toi en vous regardant l'autre jour.

S'il avait pu encaisser la confirmation qu'Odessa avait dans son entourage une prétendante aussi séduisante que Sun, Noé digéra plus difficilement d'avoir été juste « mentionné » à une époque où il était encore son petit ami. Il déglutit et la questionna :

− Pourquoi tu me parles de ça ? Je veux dire... pourquoi maintenant ?

− Et pourquoi pas ce moment plutôt qu'un autre ? rétorqua-t-elle. On est juste tous les deux. Et après tout ce que tu as fait pour moi... ...... Et puis, je t'aime bien, Noé ! Je me disais même que, si tu es d'accord, on pourrait être amis quand les choses se seront arrangées ?

L'exorciste, qui angoissait à l'approche de cette nouvelle confrontation contre une divinité, sans doute accompagnée du redoutable démon Pantagri, appréciait en tout cas son optimisme.

− Alors, par respect pour notre amitié, je te demande l'autorisation de... tenter ma chance avec elle.

− Odessa est libre. Elle l'a toujours été, soupira-t-il. Mais si tu as besoin des encouragements d'un ami, alors vas-y. Je crois... que vous vous méritez toutes les deux.

− Merci, sourit-elle en gardant toutefois ses yeux sur la route. C'était important pour moi.

Malgré un pincement au cœur, Noé était heureux pour elles.

Sincèrement.

Car tout comme il avait deviné qu'une fille ne s'apprête pas autant un dimanche après-midi juste pour accueillir sa meilleure amie, il connaissait assez Odessa pour savoir qu'un premier pas de Sun suffirait à ce que leur couple se forme.

Le baiser qu'ils avaient échangé l'autre jour durant sa convalescence ne signifiait rien.

Il le lui avait volé. Odessa ne l'aimait pas.

L'avait-elle jamais aimé ? Noé n'en savait rien. Mais après tout, peu importait.

Pour avancer, il devait faire le deuil de leur relation. Laisser partir Odessa avec celle qui ne s'était pas contentée de la protéger, mais avait fait d'une fille timide et peu sûre d'elle une femme de caractère, capable de tenir tête à une déesse.

La perspective de ce bonheur futur ne fit qu'attiser sa détermination. Quoi qu'il lui en coûte, ce soir, il sauverait Odessa.

Pour lui. Pour Sun.

C'est alors que la voiture s'arrêta.

− On est arrivés, annonça Sun en expirant pour calmer sa nervosité.

La jeune fille désigna l'ombre rectangulaire d'un immense bâtiment à trois cents mètres de leur position.

Noé se rappelait avoir reçu un tract publicitaire un an auparavant qui annonçait l'ouverture d'un complexe de loisirs de la franchise « Games Island ». Il vantait sa minipiste de karting indoor, sa salle d'arcades, son immense aire de jeux pour enfants, mais surtout « la plus grande zone de laser-game de France ».

À une époque, Charlie et lui avaient songé de s'y rendre. Mais, à force d'imprévus, les deux anciens colocataires n'avaient cessé de reporter leur projet sans parvenir à le concrétiser.

Jamais Noé n'aurait imaginé que ce serait finalement son second travail qui l'y amènerait.

En sortant de la voiture, l'exorciste ouvrit sa mallette pour y récupérer quelques flacons d'eau sacrée et maudite ainsi que des fumigènes. Il les rangea ensuite dans sa ceinture de poches que Noé enfila en repensant au sac banane du démon Pantagri.

− Reste là, ordonna-t-il à Sun en enfilant la capuche noire de sa veste d'exorciste.

− OK.

Bien qu'étonné par l'obéissance de son amie, Noé lui faussa compagnie et s'approcha discrètement de l'endroit où vivait la mystérieuse Ananda. Officiellement, les lieux étaient en travaux. Pourtant, quand Noé entrouvrit la porte d'entrée, il entendit résonner de la musique pop enjouée et distingua une femme au comptoir d'entrée. Peu attentive et jouant sur son portable, elle ressemblait plus à une hôtesse d'accueil qu'à un garde. Noé préféra toutefois passer par l'entrée de derrière.

Il contourna le bâtiment et crocheta la serrure de la porte de service. Il se retrouva dans une salle remplie de caisses contenant matériels, nourritures et boissons filmées et entassées sur des palettes. Et personne ne surveillait les lieux.

« Ils ne s'attendent pas à des intrus, pensa-t-il. Ou ils ne les craignent pas en tout cas ».

Toujours avec autant de prudence, Noé s'approcha de l'accès d'où provenait la musique. Il s'apprêtait à tourner la poignée quand quelqu'un, de l'autre côté, le prit de vitesse. Noé se retrouva d'un seul coup nez à nez avec un homme d'une trentaine d'années venu piocher dans les réserves de barres chocolatées.

Par chance, ses réflexes aiguisés par des années d'entraînement à l'assassinat lui offrirent l'initiative. Noé tira l'individu de corpulence moyenne à l'intérieur et le plaqua contre le mur tout en refermant la porte derrière. Profitant du fait que son adversaire soit sonné par l'impact, il lui bloqua la nuque et, après une strangulation maîtrisée, cacha l'homme inconscient derrière une rangée de cartons. Il reprit ensuite son infiltration.

Il atteignit la salle d'arcades où des adolescents et adultes s'adonnaient à la pratique de différents jeux vidéo. Dissimulé derrière une borne « Time Crisis », il inspecta les environs.

Il aperçut Yoon qui se déchaînait sur « Dance Dance Revolution ». Par contre, aucune trace d'Odessa, de Fey, ni même de cette Ananda ou de Pantagri. Noé passa sans encombre, profitant des nombreuses zones d'ombres et du manque d'attention des joueurs à leur environnement.

Il atteignit ainsi la zone centrale du « Games Island ». Une vingtaine de personnes y étaient attroupées. Mais d'où il se trouvait, il était impossible pour Noé de distinguer autour de quoi.

L'exorciste sentit toutefois une étrange sensation de bien-être l'envahir. Le stress quittait tous les muscles de son corps qui se détendirent. Noé eut presque envie de sourire malgré la situation. Heureusement, son énergie spirituelle élevée et sa volonté inébranlable lui permirent de résister à ce qu'il savait être un charme surnaturel.

Se dissimulant derrière un distributeur de friandises, Noé observa avec attention ce petit monde jusqu'à distinguer une éclatante chevelure dorée.

« Fey  ? »

La foule se décompacta, confirmant la présence de la déesse des plaisirs féminins, étroitement surveillée par un homme et une femme à forte carrure. Légèrement en retrait, le démon-enfant Pantagri inventoriait ses cartes de collection en arborant fièrement la veste blanche de Noé qu'il portait en cape. Et au centre, assise sur un banc molletonné, la femme au visage angélique de la vidéosurveillance

« Ananda »

... qui tenait compagnie à...

− Odessa ! murmura une voix qui manqua de peu de faire sursauter Noé.

Sun venait tout juste de se faufiler derrière lui.

− J'aurais dû m'en douter. Dans les films, ils n'écoutent jamais quand on leur dit de rester en arrière, maugréa l'exorciste. Sun, on avait convenu que tu me laisserais faire !

− Et, comme dans TOUS les films, j'ai menti, admit la jeune fille avec malice. Ne t'inquiète pas, j'ai été prudente.

Résigné, Noé reporta son attention sur les prisonnières. Malgré la situation inconfortable, Fey semblait bien se porter.

Quant à Odessa, lovée tout contre la fameuse Ananda qui jouait avec ses mèches châtaines, elle apparaissait plus heureuse et apaisée que jamais. Elle redressa la tête, plongeant presque amoureusement ses yeux dans ceux de l'ange à ses côtés qui, en retour, la gratifia d'un baiser sur le front.

Sun trépignait dans son coin en les observant. Par chance, elle était assez réfléchie pour ne pas commettre d'imprudence.

« Une déesse », conclut Noé après s'être suffisamment concentré sur l'énergie dégagée par Ananda. Celle-ci demanda alors la parole. Le silence se fit en instant. Puis elle dit d'une voix forte :

− Il semble que nous ayons un intrus.

Les esclaves se dispersèrent et observèrent les alentours. Noé interrompit sa surveillance pour se ranger dans sa cachette. Il adressa alors des yeux noirs à Sun : s'il n'avait pas été repéré, par élimination, cela ne pouvait être qu'elle. La jeune fille hocha les épaules, confuse, car tout aussi persuadée d'être restée invisible.

Je suis connectée à tout moment à mes fidèles, pour veiller à leur bien-être. L'un d'eux a été assommé dans la remise. Et je parie que c'était toi, Monsieur l'exorciste.

Noé ne sut pas ce qui l'agaça le plus. Le regard désolé de Sun qui se vengeait ainsi d'avoir été injustement accusée ou que cette déesse soit au courant pour sa nature d'exorciste. Cette mission de sauvetage virait au désastre.

« Sous son emprise, Odessa a dû lui révéler tout ce qu'elle savait. À moins que Fey... »

Malgré la désagréable pensée d'avoir été probablement trahie par une personne chère, Noé conserva son sang-froid. Ananda venait d'envoyer tous ses esclaves à sa recherche. Vu leur nombre et l'espace à couvrir, il ne leur restait qu'une petite dizaine de secondes avant qu'ils ne les découvrent, Sun et lui.

Un groupe approchant dangereusement leur position, Noé prit sa décision.

− Quoi qu'il arrive, ne t'approche surtout pas d'Ananda ou bien tu finiras comme eux, conseilla-t-il à voix basse à sa partenaire.

Sun hocha la tête. Espérant que cette fois-ci elle ne lui mentait pas, Noé sortit de sa cachette et fit face à la déesse, son visage dissimulé par le sortilège de sa capuche d'exorciste.

− Oh, te voilà ! constata Ananda qui lui réserva son regard le plus froid. Tu es venu pour m'assassiner, n'est-ce pas ?

L'accusation provoqua du remous chez les fidèles d'« Ananda ». Une réaction calculée par la déesse. Noé sentit la salle passer en un instant de la surprise à l'hostilité à son égard. Seul Pantagri demeurait hermétique à la tension ambiante :

− Ouah ! Super ta nouvelle veste ! Il y a d'autres couleurs ? Je sens que je vais commencer une nouvelle collection !

Noé jeta un bref coup d'œil du côté de Fey qui l'observait également. Si elle l'avait trahi en révélant à Ananda sa nature d'exorciste, elle jouait très bien l'inquiétude. Rassuré par l'idée qu'il avait peut-être eu tort de douter d'elle, il put aborder la suite des événements l'esprit plus serein.

− Tu peux avancer, je ne mords pas. Je m'appelle Ananda.

− En réalité, c'est Euphériz, déesse du bonheur, murmura Fey avant de se voir jeter un regard noir par sa sœur.

Noé refusa bien entendu l'invitation d'Ananda/Euphériz. En croisant son doux regard, il sentit cependant son influence divine s'insinuer en lui. Elle essayait d'endormir sa vigilance avec son doux parfum pour qu'il la laisse entrer dans son esprit.

C'était sous-estimé les exorcistes.

− Je... je n'arrive pas à lire en toi, s'étonna la déesse, perturbée par cet échec. Ce serait dû... à ce fameux sceau de protection ?

« Elle sait pour le sceau ?! Pourtant, même Fey et Odessa ne sont pas au courant ?! »

Au moins étaient-elles disculpées de tous soupçons. Mais si l'ennemi en savait autant sur les exorcistes, alors c'était toute leur caste qui était en péril.

Tandis que Noé et Euphériz se trouvaient tous deux dans la tourmente, les esclaves de la déesse en profitèrent pour se rapprocher, obéissant à l'ordre implicite de leur bienfaitrice de capturer le jeune homme. Ce dernier se ressaisit à temps pour dégainer une fiole d'une des poches de sa ceinture.

Pantagri la reconnut, ayant été témoin de son effet, mais n'eut pas le temps d'avertir les soldats d'Euphériz. Sitôt le verre éclaté sur sol, un nuage de fumée les aveugla. Le démon se saisit alors de sa gigantesque épée et frappa l'air d'un coup sec pour dissiper la brume artificielle.

Trop tard : l'exorciste avait disparu, laissant derrière lui l'un de ses assaillants inconscient.

− Le labyrinthe du laser game ! désigna Ananda. Il vient tout juste d'y assommer Aline. Capturez cet assassin avant qu'il ne tue l'un d'entre nous !

Mus par le désir de protéger à tout prix la déesse qui les plongeait dans un bonheur sans pareil, la trentaine d'hommes et de femmes présents au « Games Island » ce soir-là se lancèrent à la poursuite de Noé. La plupart se dotèrent d'armes blanches improvisées, tandis que deux d'entre eux, des policiers, dégainèrent leur pistolet de service. Seul un petit groupe resta en protection auprès d'Euphériz.

− Et moi ? Je fais quoi ? l'interrogea Pantagri.

− Tu as vraiment envie de récupérer sa veste, hein ? devina la déesse.

Le démon acquiesça, ne pouvant dissimuler sa joie et son impatience.

− OK, tu peux y aller, accepta-t-elle en soupirant. Mais, je t'en prie, Pantagri, sois prudent.

− T'en fais pas, Euphie ! Mais tu m'promets de m'en dire plus sur ces exorcistes quand je reviens, hein ?

− C'est promis !

La bénédiction de son employeur obtenue, Pantagri s'enfonça à son tour dans l'immense section laser-game du complexe. Son employeur l'observa s'en aller, emplie d'une sincère inquiétude qui ne passa pas inaperçue aux yeux de sa sœur.

« Attends ! Elle ne serait quand même pas amoureuse de ce démon ?! »

Euphériz expira un grand coup pour rependre sa consistance avant de considérer Odessa :

− Cet homme. C'est lui qui te rend malheureuse, n'est-ce pas ?

La jeune fille hocha la tête.

− Alors, tu peux y aller toi aussi. Si tu le souhaites, bien entendu.

Acceptant la proposition, Odessa se leva et, avant de partir à son tour en chasse, murmura :

− Je cherche le bonheur.

− Et tu le trouveras.

La déesse la contemplait avec fierté, ravie d'avoir de nouveau sauvé l'un de ces humains égarés. Elle espérait désormais parvenir à ramener sa petite sœur dans le droit chemin.

− Odessa est une fille géniale, lui confia Euphériz. Elle mérite de trouver le-

Euphériz se figea en découvrant Asalfé se défaire de son escorte par quelques projections. Quand la déesse des plaisirs féminins en eut terminé avec eux, elle se mit en garde, invitant sa sœur à s'approcher pour combattre.

− Allez quoi, t'as peur de moi, Euphie ? la provoqua-t-elle.

− Très bien, tu l'auras voulu. Écartez-vous vous autres, je ne veux pas que vous soyez blessés !

Ses esclaves obtempérèrent, s'éloignant de quelques pas.

− Quant à toi, Asalfé, je —

− Désolée !

Profitant que la voie ait été dégagée grâce à l'ordre d'Euphériz, Fey déborda la déesse trop confiante pour s'échapper à son tour vers le laser-game. Au passage, elle s'octroya néanmoins un dernier petit plaisir en provoquant sa rivale, bouche bée, par une grimace.

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