9. Arrogance

Violet toisait son frère avec l'expression la plus méprisante qui soit. Le garçon prénommé Kai continuait à admirer les somptueux décors du palais qu'il n'avait jamais vu auparavant.

- Et que veux-tu dire par prendre part ? Tu es pour ou contre moi ? Rétorqua-t'elle connaissant son cadet sur le bout des doigts.

Kai la regarda quelques secondes avant de reprendre sa petite inspection.

- Je ne suis du côté de personne, je ne fonctionne qu'en solo. C'est uniquement pour tuer le temps. Lui répondit-il d'un ton faussement désintéressé avant de lui sourire sournoisement.

- Si tu comptes me mettre des bâtons dans les roues, ne compte pas sur Père pour venir te sauver.

- Quel dommage. En tout cas cette "Anomalie" a le don de susciter ma curiosité. Quel sacré caractère. Constatait-il.

- Hmpf. Quelle plaie surtout. Dit-elle en s'asseyant, les pieds sur la table.

- Ça n'a vraiment pas l'air d'aller de ton côté. Qu'est-ce qui se passe, dis moi tout.

-...

- Non sérieusement, ce Sehun... Pourquoi résiste-t'il ? Ce n'est pas comme si vous étiez de parfaits étrangers.

- Laisse tomber. Soupira-t'elle.

- Ah, il a déjà quelqu'un c'est ça ?

Elle renversa sa chaise qui vint se fracasser violemment sur le sol.

- Kai, c'est mon dernier avertissement avant que tu ne t'aventures sur ce terrain...

Le dit jeune homme se mit à rire doucement.

- Gagné ? Qui est-ce ?

-... En te regardant, je suppose que tu connais déjà la réponse.

- Mmh... Mais je n'en suis pas certain à 100% cela dit.

- Dis toujours.

- C'est l'Anomalie ?

-...

Kai fronça les sourcils, analysant lentement la situation.

- Non... Si ? C'est vrai ?!

-Mon silence n'en dit-il pas assez ?! Tss.

- Oh la vache.

Kai gloussa d'étonnement devant la tête dépitée de sa soeur. Il était loin de s'imaginer dans quoi il allait s'embarquer. Il en avait le souffle coupé.

- Alors... Ça veut dire que leurs sentiments...

- S'il te plaît, ferme la. Coupa-t'elle sèchement.

-... Sont réciproques.

Violet sortit de la salle, ne supportant plus la persistance entêtée de son frère qui ne faisait qu'envenimer son anxiété. Après tout ce qu'elle a traversé dans cette histoire, il ne manquait plus que lui pour ruiner sa journée.

- Oh la vache... Ohohoho. Mon intuition me dit que Tenebris ne va pas tarder à sombrer dans le chaos... Murmurait le sorcier à la peau bronzée.

-

Un lac noir au creux d'un volcan reflétait le ciel sombre qui se dressait au-dessus de la tête des 8 survivantes restantes, autrement dit les 8 plus puissantes du royaume.

Le cœur de Luhan triplait de vitesse. Toutes ces femmes avaient soif de sang et étaient animées par leur désir de gagner, et ce par tous les moyens.

Il fallait encore éliminer 7 personnes, seulement 7 personnes avant d'accéder au trône.

Toutes se fixèrent sans rien faire transparaître, telles des Amazones prêtes à bondir à la seconde fatidique.

Excepté qu'Emy n'avait que 14 ans, et qu'elle se trouvait à l'opposé de Luhan, seule et vulnérable.

Il deglutit, inquiet par ses chances de survie et de la sienne. Il réfléchit à plusieurs scénarios possibles pour tenter de l'atteindre et disparaître aussitôt avant que les autres ne les retrouvent.

- Bien. L'heure de la dernière épreuve à sonné. Il n'y a que deux règles : rester en vie, et une seule vainqueure.

Chanyeol forma un petit phoenix de ses flammes dans sa main gauche qu'il éleva vers le ciel. Les nuages noires se mirent à tournoyer en son centre, au-dessus de l'oiseau de feu.

- Les ancêtres de Tenebris nous regardent. Déclarait-il. Lorsque le Phoenix se dispersera en boules de feu. L'ultime épreuve commencera. Et nous connaîtrons enfin la future reine de Tenebris.

Luhan observait le Phoenix de feu planer au-dessus de leurs têtes. Les ancêtres de Tenebris étaient revenus de l'au-delà pour observer les derniers concurrents.

Des milliers de visages effroyables se formèrent dans le tourbillon de nuages et l'un d'eux se tourna en direction de Luhan, les yeux emplis d'une lumière bleue spectrale.

Luhan entendit soudain des murmures inaudibles en observant ce visage qui ne bougeait pas d'un cil. On ne savait si cet ancêtre était une femme ou un homme. Celui-ci ne parlait pas mais il semblait communiquer avec lui.

Au moment où le Phoenix s'apprêtait à se dissoudre, Luhan entendit clairement ces mots.

MEG NUG SPIJAC

Le feu se dispersa aussitôt dans toutes les directions. Tout le monde sauta à l'eau, et le néant les accueillit pour les téléporter dans un endroit inconnu.

Luhan ouvrit les yeux et se trouva sur une plage. Ou plus précisément une petite île ravagée par cette tempête.

Le ciel était rouge, la mer pourpre.

Il apercevait le rivage du continent non loin de là. À seulement 2 km de là où il était.

Il n'avait pas d'autre choix que de nager. Mais les vagues étaient violentes et hautes de 3 mètres.

- Luhan !

Il aperçut Emy l'appeler depuis le bord, et semblait indiquer une direction. Il aperçut un radeau accroché au bord qui se heurtait aux récifs à cause des courants.
Le tonnerre grondait et la pluie commençait à tomber, brouillant un peu plus le champs de vision dans cette atmosphère macâbre.

Luhan s'accrocha au radeau et manquait de glisser à cause du bois trempé. Le support était instable et la panique commençait à l'envahir, ses mains tremblant, au dessus de l'eau agitée.

Il enleva la corde qui était reliée à un palmier et le bateau de fortune fut instantanément emporté par la mer tumultueuse.

À peine eut-il fait 10 mètres qu'une énorme vague s'abattut sur lui et le radeau se retourna sur lui même, faisant tomber Luhan, qui rejoignit le fond des océans.

.

.

.

Lay lisait quelques pages de son grimoire sur le balcon de sa chambre. Il était 7:20 du matin. Le palais royal de Tenebris se réveillait petit à petit, le personnel en pleine activité.

- Il est l'heure de travailler. Se dit-il.

Il fixa le portrait du petit Sehun accroché fièrement en face de son lit, et un petit sourire se dessina, néanmoins assez grand pour créer ses fossettes habituelles.

- L'heure de travailler avec Papa.

Suho se dirigeait vers la chambre de ̶s̶o̶n̶ ̶c̶o̶m̶p̶a̶g̶n̶o̶n̶ du professeur les nerfs un peu agités, tenant à la main son fils de 6 ans.

Une fois devant la porte, il put ressentir la chaleur de l'être qui occupait la pièce derrière cette porte. Il reconnaissait le parfum de Lay Zhang tandis qu'il y avait longtemps que cette odeur n'avait pas occupé le palais royal jadis vide.

Sans qu'il ait eu besoin de frapper à la porte, Lay avait deviné leur présence et la porte s'ouvrit d'elle-même sur les arrivants.

Il s'inclina gracieusement devant eux, se retenant de sourire bêtement.

- Bonjour, votre Majesté.

- Bonjour. Fit Suho en détournant la tête.

Le jeune Sehun s'approcha de Lay, incrédule et fit une révérence un peu maladroite, faisant rire son tuteur.

- Je vois qu'il y a déjà quelque chose à travailler. D'ici quelques années tu seras l'expert en salutation.

Suho les observait dans un coin de la salle, le regard un peu plus adouci. Il n'y avait pas à dire, son fils ressemblait beaucoup à son deuxième père.

- Je reviendrai à midi. Dit le roi sans émotion apparente.

- Bien, votre Majesté. Répondit Lay d'une rapide courbure avant de se reconcentrer sur Sehun.

Suho détestait qu'il l'appelait ainsi.

Peut-être le faisait-il exprès pour le narguer et détendre l'atmosphère. Mais au contraire cela contribuait à éloigner la distance qui les séparait après de longues années de solitude.

Comment et quand allaient ils se reparler comme avant ? Comme si rien ne s'était passé ? Était il possible de revenir en arrière ? De revenir à l'époque où leur amour et amitié ne faisaient qu'un pour résister à toutes les dures épreuves ?

Sehun est le fruit de leur acharnement, de leur long combat contre le monde.

C'était à eux de forger la destinée de leur enfant pour que leurs sacrifices ne soient pas vains. Qu'allaient-ils lui offrir dans ce monde impitoyable ?

Ils étaient tous deux conscients de leur responsabilité.

Et il fallait qu'ils se retrouvent de nouveau, pour le bien de leur fils et du pays.

.
.
.

- Non non votre Majesté. Ce n'est pas comme ça que...

Les livres de Lay rangés dans la commode tombèrent les uns après les autres sur le sol.

- Oups. Disait le jeune Sehun, les mains cachés derrière le dos.

- Vous manquez de contrôle sur votre force. Veuillez vous concentrer un petit peu plus sur celui que je vous ai indiqué. Dit Lay en remettant les livres à leur place d'un claquement de doigt.

Le petit prince inspira profondément, et cette fois-ci seul un livre rouge se sépara du reste qui restait immobile. Il continua à flotter jusqu'à lui puis vint se poser délicatement dans ses mains.

- Bravo ! S'exclama Lay. Voyez qu'il est inutile de se presser.

- J'ai réussi ! Cria le jeune Sehun à travers la chambre, le livre dans les mains.

Suho fit irruption dans l'entrée et vit le jeune prince sautiller de joie dans toute la pièce.

- Ahem.

Sehun s'arrêta net et fit une révérence à son roi de père.

- Alors ? Comment était-ce, ce premier cours ? Demanda-t-il à son fils.

- C'était trop bien ! Maître Lay m'a appris beaucoup de choses ! Regardez, je sais déplacer des objets !

- Bien. Tu peux aller prendre ton déjeuner.

- Ouais !! Dit-il en sortant de la chambre à toute vitesse.

- Quel impoli celui-là. Soupirait Suho en fermant la porte.

Lay sourit à sa remarque et s'assit sur son lit, les yeux rivés sur le livre rouge qu'il tenait entre ses mains.

- Mais... Ce livre c'est...

- Théories sur nos origines. Termina Lay. Cela te rappelle-t'il des souvenirs ?

- C'était il y a 15 ans, au lycée. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

- Oui... C'est exact.

Les deux hommes se turent. Un silence gênant s'installa, tandis qu'ils essayaient de trouver une conversation. Les bougies vacillaient à chacun de leur souffle, jusqu'à que Suho fut le premier à briser la glace.

- Lay-

Mais eut-il tenté de prononcer un mot que le dit Lay se leva et se jeta sur lui pour lui dérober un baiser affamé.
Suho y répondit immédiatement et encercla celui-ci de ses longs bras, en aggrippant les plis de son dos de ses poings.

Cela faisait longtemps que son amant ne l'avait pas appelé par son prénom. Et c'était tout ce qu'il réclamait au fond de son cœur.

Ils se renversèrent tous les deux sur le lit plongés dans leur propre univers et emportés par leur passion ravivée, à l'abri du monde extérieur.

Ils s'étaient enfin retrouvés.

.

.

.

- Maître ?

- Oui, votre majesté ?

- Est-ce qu'il vous arrive d'être perdu pour aucune raison ? Comme si vous erriez dans un labyrinthe sans issue ?

- Dites moi ce qui vous tracasse, jeune prince.

- Je ne saurais comment l'expliquer... Dans quelques jours j'aurais fini ma formation élémentaire, après 5 ans passés avec vous. Mais, pourquoi suis-je si inquiet ?

- À 11 ans il est normal de se préparer à l'âge adulte. Vous entrez dans la période la plus cruciale de votre éducation car vous intégrerez un collège parmi les citoyens. Cette inquiétude est normale.

- Que faisiez-vous maître, à 11 ans ?

- Eh bien...

Lay se remémora tant bien que mal son enfance mouvementée.
Des coups, des blessures, des larmes... C'est tout ce dont il se souvient de sa jeunesse. Il n'a pu intégrer le collège qu'à 13 ans, suite à la mort de sa mère avant de régner en leader au lycée.

Tu dois les anéantir.

Tu dois les éliminer jusqu'au dernier.

Tu dois reprendre la place qui t'appartient.

- Oui, Mère. Murmurait-il le regard perdu dans le vide.

- Plaît-il ? Demanda Sehun.

- Oh, ce n'est rien. Répondit Lay, réveillé de ses songes.

Ce n'est rien...

Lorsque Sehun quitta la salle d'étude, Lay s'observa dans la glace qui se trouvait au milieu de la pièce.

- Il est temps d'en finir. Une bonne fois pour toutes.

Il serra le collier de rubis de sa mère dans sa main droite.

Puis d'un geste vif, il l'arracha de son cou. Une expression de douleur se forma sur son visage comme s'il se libérait de ronces.

- QUE FAIS-TU ?! Criait la voix qui résonnait du rubis.

- Navré Mère... C'est fini. Ma rancœur s'est déjà estompée depuis la naissance de mon fils. Pendant cette période d'inactivité où j'étais loin du royaume, j'ai médité sur moi-même. J'ai réalisé à quel point, je ne pouvais rien contre les sentiments que j'éprouvais envers Suho, mon demi-frère. J'ai réalisé à quel point j'étais amoureux de lui depuis la première fois où j'ai posé les yeux sur lui, malgré nos différences. J'ai réalisé à quel point j'étais incapable de le tuer. Parce que nous avons partagé nos joies et nos peines, malgré tout ! MALGRÉ TOUT ! Malgré tout, nous avons eu un fils né de notre amour. J'ai réalisé à quel point il me manquait... J'ai décidé de vivre une vie heureuse, car j'ai trouvé des êtres que j'aime et qui m'aiment en retour.

- Aurais-tu oublié l'état dans lequel je me trouve à cause de ce que nous avons subi ?! Tu ne pourras pas te défaire de moi à cause de ce lien maudit qui nous lie. Je t'ai mis au monde avec un objectif : nous venger.

- Il n'y a pas de "nous", c'est vous qui voulez réclamer vengeance. Maintenant laissez-moi.

- Ne comprends-tu tu pas que tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant c'était d'offrir à mon fils une destinée de puissance et de règne ? Tu es l'unique, le légitime héritier du trône de Tenebris. Il est temps de se venger sur ce royaume qui nous a longtemps méprisés toi et moi.

- Le roi Kris est mort, comme vous l'aviez voulu. Ne vouliez-vous pas vous venger de votre défunt mari avant tout ?

- Ça ne suffit pas ! Son fils aussi doit périr. Retrouve moi ce couteau et qu'on en finisse.

- Je refuse.

- Dès lors que mon objectif ne sera pas atteint, mon âme ne te laissera pas en paix, m'entends-tu ?

- Adieu Mère.

- LAY !! Ça ne se passera pas comme ça !

Et d'une force inouïe, il écrasa le collier de sa main droite, fissurant le rubis en mille morceaux.

Tu as eu tort de me briser, Lay.

Il ne se doutait pas non plus que derrière lui se trouvait un mystérieux témoin qui avait assisté à la scène depuis le début. Un témoin qui était connu pour ne pas laisser sa langue dans sa poche.

- Je vois.

Tao observait Lay depuis l'embrasure de la porte. Un sourire mesquin se dessinait sur ses fines lèvres de renard.

Je tiens quelque chose d'intéressant. Pensait-il en reprenant sa route.

.

.

.

Suho se baladait dans la bibliothèque du château, à la recherche de quelques manuscrits.

Les étagères mesuraient au moins 15 mètres de haut et touchaient le plafond. Tout le savoir de Tenebris était conservé dans cette bibliothèque, y compris tous les ouvrages et travaux réalisés par Lay, d'ailleurs précieusement conservés dans une chambre à part et dont l'accès était uniquement réservé au roi.

- Votre Majesté. Pardonnez moi de vous importuner. Puis-je vous parler un instant ?

Tao apparut au milieu de la salle, le visage sombre mais dont les yeux diaboliques luisaient dans l'obscurité.

- C'est à propos du maître Zhang Lay.

.

La lumière de la surface semblait à des années-lumières de lui. Ses paupières mi-clos, il discernait les bulles s'échapper de ses lèvres pour rejoindre cette lumière.

Il n'entendait rien à part l'eau qui balayait ses cheveux. Il était seul sur le sol sableux dépourvu de traces de vie et qui s'étendait à perte de vue sous la mer. Il n'y avait pas de monstres à l'horizon. C'était un paysage linéaire, vide mais silencieux. C'était paisible.

Cependant, l'oxygène commençait à manquer et les bras de la Mort étaient prêts à l'accueillir sous l'eau.

Pas maintenant.

Lorsqu'il émergea de l'eau, la respiration haletante, il fut surpris de découvrir la mer aussi calme tandis qu'une violente tempête l'avait failli le noyer plus tôt.

- Combien de temps s'était il écoulé depuis ?

Il se souvint du visage d'Emy et pourtant il remarqua aucune trace de la fillette sur la plage.

Étrange.

Luhan nagea jusqu'à atteindre le rivage et rampa sur le sable brûlant.

- Allons bon. Tu fais peine à voir.

Il se figea. Cette voix. Il la connaissait que trop bien.

- Comptez-vous me torturer une fois de plus à l'approche de la fin ?

Sehun se trouvait assis entre les branches d'un arbre, le visage posé dans sa main droite. Il observait son visage perdu, ses vêtements trempés et couverts de sable.

Il sauta de l'arbre et s'approcha de Luhan, qui recula instinctivement.

- Wow. Donc c'est vrai. Tu l'aimes vraiment à ce point. Dit-il.

Luhan ne comprit pas.

- Si tu voyais ton visage... Tu es vraiment rouge, on dirait que tu vas exploser.

Quelque chose cloche. Ce n'est pas le comportement de Sehun.

- Attendez. Qui êtes-vous ?

L'individu à l'apparence de Sehun lui sourit en réponse.

- C'est pas important, si ?

- Vous faites partie de l'épreuve ? C'est ça ? Dit Luhan sur la défensive.

- Ah non non, promis. Je ne suis que spectateur. Je n'ai l'intention de rien faire. Juste m'amuser.

- Montrez-vous.

- Non, je suis tellement hideux. Ce ne serait pas drôle.

- Dites moi, qui êtes-vous.

- Roh, mais je ne suis qu'un pauvre mage égaré qui a le don de prendre l'apparence de n'importe qui. C'est tout.

Le faux Prince s'avança, réduisant la distance entre lui et Luhan pour provoquer celui-ci.

- Fais comme si j'étais Sehun.

Il n'y avait pratiquement aucune différence qui trahirait la supercherie. Luhan l'avait beau observé. Tout était identique. Sa voix, son odeur, les détails de sa peau... étaient tels quels.

C'était comme un rêve.

- Je sais à quel point tu souffres. Si tu veux, je peux faire comme si j'acceptais tes sentiments.

- C'est cruel.

Luhan partit se rasseoir, les pieds dans l'eau. Les larmes se déverserent silencieusement, le désespoir le rongeant petit à petit.

- Je voulais juste t'aider un peu. Dit l'imposteur.

- Tu n'es pas lui.

- Au moins, cela permettra de te réconforter un peu.

Luhan était perdu. Il avait envie d'être soutenu, d'être aimé, d'être désiré. Ses forces étaient à bout, seul sur cette île perdue. Seul, loin de Yixing. Avait-il encore quelque chose à perdre ?

- Bon, rien qu'un petit peu. Finit-il par dire.

- Que veux-tu ?

- Peux-tu me dire que tu m'aimes ? Comme si tu étais sincère.

Le faux Sehun s'assit à côté de lui et plongea son regard dans le sien.

- Je t'aime.

Luhan s'en voulait d'être faible mais il voulait y croire ne serait-ce qu'une seconde.

Il s'abandonna dans ses bras et le serra comme si sa vie en dépendait.

L'imposteur ne broncha pas. Il ne sut quoi répondre en le voyant aussi désespéré.
Sans prendre gare, Luhan prit le visage étonné de celui-ci entre ses deux mains. En admirant les traits de Sehun, un sourire trouva son chemin sur ses lèvres malgré les larmes.

Puis il lui donna un léger baiser mais lourd en émotions, à la grande surprise de l'imposteur.

- Merci.

Le cœur de Kai battait à toute allure.

Jamais il n'avait connu un tel sentiment. Voir Luhan de si près le troublait. Il devait admettre qu'il l'avait jusqu'à maintenant vu de loin mais que jamais il n'aurait pensé que l'Anomalie du royaume serait une belle Anomalie.

Qu'est-ce qui me prend ? Pensait-il. C'est parce que je suis sous la forme de Sehun qu'il agit ainsi. Je dois supprimer ces pensées bizarres.

Il en avait presque oublié son identité.

- Bon. J'ai une épreuve à gagner, si tu veux bien m'excuser. Dit Luhan, désormais en meilleur état.

- Attends ! Tu ne peux pas comme ça... Enfin... Inutile de se presser ?

- Je dois aider une petite fille.

- Une petite fille ? Demanda-t-il confus.

- Si tu veux vraiment m'aider, suis moi.

Kai soupira d'ennui, paresseux comme il est. Malgré tout, il s'exécuta, à court d'idées.

- Raah... Pourquoi je fais ça...

Il le suivit la mine boudeuse, ne sachant pas pourquoi il l'écoutait alors qu'il était juste venu pour se moquer de lui.

- Oh, une dernière chose.

- Quoi ?

- Peux-tu reprendre ta véritable forme ? Sinon ça... me perturbe...

La personnalité malicieuse de Kai reprit le dessus.

- Non. Répondit-il avec un sourire qui voulait tout dire.

- Et si quelqu'un te voit ? Pesta Luhan. Arrête ça.

- Luhan !! Tu es vivant ! S'exclama Emy en sortant de nulle part.

Sa joie fut de courte durée lorsqu'elle aperçut Sehun derrière lui.

- Votre Majesté ?

Ou du moins son sosie.

- Ahem.

- Que faites-vous ici ? Demanda-t-elle, sceptique.

- Je garde un œil sur toi. Répondit le faux prince.

Emy tressaillit à sa remarque et fit mine de discuter joyeusement avec Luhan.

Garder un œil sur moi ? Qu'a-t-il en tête ? Pourquoi est-il avec Luhan ? Pensait-elle. Je croyais qu'on s'était mis d'accord avec nos pères, je ne comprends pas ce qu'il fait.

Kai se retenait de rire en voyant la réaction de celle-ci. Il voulait juste lui faire un peu peur mais l'expression de cette fille était... Bizarre ? Elle ne semblait pas avoir peur, mais comme dérangée ?

Il vit alors le tatouage sur son bras.

300 001.

La révélation frappa Kai de plein fouet.

VIOLET !! S'écria-t'il.

.

.

.

- Suho !

Lay entra dans la chambre royale, le visage lumineux.

- Tu voulais me voir ?

Le roi se retourna, lui aussi souriant, mais le regard inquiétant.

- Oui.

- Tout va bien ? Demanda Lay incertain.

- Oui oui, tout va très bien. Répondit le roi.

- Bon...

Lay s'approcha de lui et l'embrassa, avant de l'entraîner sur le lit.

- J'ai envie de toi.

Suho ne résista pas. Il continuait de faire comme si de rien n'était.

Il devait savoir.

La vérité.

De lui-même.

Pourtant, ses touchers, ses caresses semblaient sincères.

Il voulait encore croire en lui.

Lay n'était pas comme ça.

Lay n'est pas un monstre.

- Lay.

- Oui ?

- Donne moi ta main.

Il lui tendit la main droite, puis Suho examina de ses mains les doigts de ce dernier.

- Qu'est-ce qu'elle a ma main ? Demandait Lay.

Suho massa encore longuement les phalanges de ses longs doigts avant de lui rendre sa main. Son visage s'assombrit et se décomposa. Il était au bord des larmes.

- Qu'y a-t'il ? S'inquiétait Lay.

- Tu m'aimes ? Questionnait-il au professeur.

- Oui ! Plus que tout au monde. Je donnerais ma vie pour toi !

- Tu sais que, je peux reconnaître les empreintes en touchant les doigts des personnes ?

- Oui mais... Que veux-tu dire ?

- Dis moi la vérité Lay.

- Mais... Que se passe-t'il ?

La voix de Lay commençait à se craquer, redoutant la pire chose qui pouvait arriver.

- Mon père. Il s'est suicidé. Du moins, c'est ce que l'on croyait.

Suho observait la réaction de Lay et comptait l'entendre de sa propre voix.

- Il avait laissé une longue lettre de suicide. C'était bien son écriture, et son expression. Les informations qui y figuraient étaient exactes car à part lui, je suis le seul à confirmer ces informations en tant que membre de la famille royale. Cette lettre était tellement bien écrite, tellement réaliste, que nous y avons cru et que n'avions pas pensé à examiner l'arme du crime.

- "L'arme du crime ?"

- J'ai toujours pensé... Que personne ne pouvait être au courant de toute l'histoire de notre famille. Mais au final, je me suis rendu à l'évidence que tout cela a pu être orchestré par quelqu'un. Car il y a effectivement bien quelqu'un de suffisamment intelligent et de suffisamment proche de la famille royale pour avoir réussi à duper tout le royaume. Y compris moi.

- Ne me dis pas que... Tu m'accuses ? Bredouilla Lay, le cœur battant.

- Il n'y a que toi, qui possède ce génie.
Mon cher frère ?

Lay hoqueta de surprise qu'il en tomba du lit. La boule au ventre, il sentait qu'il se trouvait dans une impasse. Il voyait Suho partagé entre la colère et la tristesse et ça le déchirait.

Jamais, Ô grand jamais Suho devait être au courant du lien royal qui les unissait. Lay pensait enterrer sa véritable identité dans sa tombe pour le bien de ceux qu'il aimait. Car son être était impur, malfaisant, souillé depuis longtemps par la rancune familiale et il en avait très honte. Si Suho advenait à apprendre toute l'origine de leur rapprochement alors...

Il s'agenouilla aussitôt, la tête livide.

- Su- Non, Junmyeon. Laisse moi t'expliquer.

Un couteau sortit de lui-même d'un tiroir. Lay se râcla la gorge. C'était le couteau de sa mère, celui qui avait servi pour tuer Kris. Le sang séché était resté tel quel sur la lame comme pour remémorer son sombre passé.

- Ce sont tes empreintes Lay. Uniquement les tiennes.

- Laisse moi t'expliquer ! Je ne peux pas effacer mon passé, mais je me suis enfin libéré de ma mère. C'est elle qui m'a aveuglé, qui m'a manipulé ! Je ne pouvais rien contre elle mais maintenant c'est différent parce que-

- Tu es le fils de la première épouse Sara, fille des Hasbourgs qui avait été chassée suite à une tentative d'assassinat et de trahison envers la couronne. Tu es mon aîné. Tu es donc le véritable héritier du trône.

- Jun-

- Pour arriver à tes fins, tu t'es rapproché de moi, tu t'es servi de moi corps et âme, tu as même mis au monde mon enfant pour que tu puisses tuer mon père et que tu puisses m'achever encore plus facilement lorsque j'aurais le dos tourné sans que personne ne puisse te soupçonner ?! TU AS DÛ BIEN RIRE DIS-MOI ?!

- N-non. Je n'ai pas tué ton père, il a décidé de se suicider en enfonçant sa gorge sur le couteau. Il faut me croire !

- Tu crois me faire avaler un truc pareil ?!

- Tout le monde allait croire à un meurtre alors j'ai écrit une lettre !

- Tu me dégoûtes Zhang Lay. Tu es le plus infecte, le plus mesquin, le plus manipulateur, le plus répugnant de tous les rats du royaume.

- Junmyeon. Ça c'était avant... avant que je ne découvre que je ne peux désobéir à mes réels sentiments. Oui, je devais prendre le trône en éliminant la famille royale. Oui, je t'avais approché au début pour obtenir ta confiance. Mais le destin en a décidé autrement. Je suis vraiment amoureux de toi et je ne peux rien y faire ! J'étais perdu, je ne savais pas quoi faire. Une chose est sûre c'est que je suis incapable de te tuer et que je n'en avais jamais eu le courage ! Tu es celui qui a changé ma vie !

- Tu savais tout de moi depuis le début. Alors que moi non. Au final, je ne te connais pas.

Suho se rhabilla et sortit de la chambre sans plus tarder.

Lay courut et s'accrocha à son pied, le suppliant de le pardonner. Mais le roi ne voulut rien entendre. Il avait déjà pris sa décision.

- Je t'aimais Lay. Tu ne pouvais pas imaginer.

- Junmyeon... Ecoute moi...

Les yeux de Suho prirent une lueur pourpre terrifiante.

- DISPARAIS, TU ENTENDS ?! DISPARAIS !! LOIN DE CE CHÂTEAU, LOIN DE MOI, LOIN DE NOUS !!

- Attends, je peux tout t'expliquer, je-

- GARDES !! ARRÊTEZ CET HOMME !!

La voix du roi résonna dans tout le château, au point de le faire trembler.

Sehun se réveilla en panique, alerté par ce rugissement. Quelque chose de terrible se produisait plus haut.
Il courut à toute vitesse, dépassant les servants eux aussi en panique. Une odeur de brûlé se faisait sentir dans le couloir de la chambre royale. Des flammes pourpres et bleues étaient en train de prendre d'assaut la tapisserie et les longs rideaux. Une foule s'était amassée devant, empêchant Sehun de voir ce qui se passait.

Il se faufila et découvrit avec horreur la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Il vit son père furieux comme il ne l'avait jamais vu auparavant. C'était la première fois qu'il le voyait sous sa forme où son mana noir était à son maximum.

Un immense dragon.

Le plafond et les murs latéraux étaient partiellement détruits à cause de sa taille.

Lay se défendait tant bien que mal, un bouclier bleu au-dessus de lui  empêchait le dragon de l'écraser. Le roi continuait à le piétiner de ces gigantesques pattes.

- Père..! Qu'est-ce que vous lui faites ?!

- SEHUN, RETOURNE DANS TA CHAMBRE !!

- Mais...!! Et Maître Lay !!

- RETOURNE DANS TA CHAMBRE !!

Lay se tourna vers le jeune prince, les yeux larmoyants.

- Sehun... Obéis à ton père... Ne regarde pas...

- Maître !! NON !!

Sehun se jeta dans les braises pour secourir Lay de la colère de son père.

- VA-T'EN ! Cria ce dernier.

Un grand morceau du plafond se détacha sans que Sehun ne s'en aperçoive. À peine eut-il le temps de relever la tête, qu'il fut protégé par le corps de Lay.

Le jeune prince ouvrit les yeux et découvrit le visage ensanglanté de son professeur.

- Maître ! Pleurait-il.

- Tu vas bien ? C'est le principal. Murmurait-il souriant.

Suho reprit sa forme humaine et s'empara de Lay, affaibli. Il ne pouvait à peine bouger. Même son mana aussi puissant soit-il avait ses limites lorsque le corps était sévèrement touché. Il flottait tel un cadavre, résolu à accepter son sort en dépit de ses efforts acharnés. Le roi était sous l'emprise de la colère.

- Zhang Lay. Tu es condamné à errer en dehors des limites de Tenebris jusqu'à la fin des temps. Je te retire ton titre, ton rang, ainsi que tes pouvoirs qui te définissent en tant que sorcier de la magie noire. Tu reproduiras la destinée de ta mère pécheresse, banni pour haute trahison envers la couronne et ta descendance restera maudite pour l'éternité. Désormais tu ne seras plus, ton nom sera effacé des archives de l'Histoire du royaume. Tu n'existeras plus.

Lay sentit son mana noir se vider de son corps meurtri comme le sang s'écoule sans fin d'une hémorragie critique. La douleur se faisait plus intense au fur et à mesure qu'il ne pouvait plus se régénérer par la magie. Un cri de détresse terrible envahit le palais jusqu'à en déchirer les tympans. C'était comme s'il mourrait.

Il ne possédait plus aucun pouvoir.

Dans ce monde régné par la magie, tout espoir de vivre était anéanti.

C'était un châtiment pire que la mort.

- Qu'il serve d'exemple à tout ceux qui oseraient me désobéir. Finit par dire le roi.


Sehun était tenu par deux gardes dans sa chambre, les joues mouillées. Il redoutait ce que son père allait lui faire subir.

- Je vais effacer Zhang Lay de ta mémoire et reécrire tes souvenirs.

Le jeune prince se débattait. Il ne voulait pas oublier son professeur, son mentor, son seul ami qui l'avait tant appris, tant aidé pendant son enfance. C'était enlever une partie de lui. Il était comme son deuxième père qui substituait à sa mère dont il n'avait jamais pu voir le visage.

- Pitié, tout mais pas ça. Supplia le petit.

- C'est pour ton bien que je fais ça. Répondit le roi.

- NON !!

Lay pouvait entendre ces hurlements lointains depuis la calèche qui l'emmenait vers l'enfer. Des larmes se déversèrent abondamment sur son visage meutri tandis que le palais disparaissait à l'horizon.

- Adieu Sehun.

.

.

.

2 ans plus tard.

Des bruits étranges se faisaient entendre près d'une petite maison. L'homme, son chapeau de paille à la tête, sortit précipitamment de sa demeure pour découvrir l'origine du bruit. Jamais il n'aurait pensé que des animaux ou je ne sais quel genre de  monstres habiteraient dans cet endroit. Après 2 ans de solitude, il se demandait même s'il ne délirait pas.

Son fusil de chasse était chargé. À l'affût, il chercha aux alentours. Le silence était complet.

Déçu il allait retourner chez lui quand le même bruit se fit à nouveau entendre.

Il marcha encore et tomba sur une tête blonde qui flottait dans son champs de blé.

Il se cacha aussitôt dans les hautes céréales un peu déboussolé par cette apparition. Un animal peut-être ? Il tendit l'oreille.

- Maman... Papa...

C'était des pleurs d'enfant.

Un enfant ? Dans cette zone ?

Il ne comprenait pas ce qu'il se passait mais ce dont il était sûr c'est qu'il voulait le câliner.

- Tu cherches tes parents ? Dit-il en sortant de sa cachette.

Le petit garçon semblait avoir 6 ans. Il ne put s'empêcher de penser à...

- J'ai peur. Dit ce dernier.

- Toi aussi tu as perdu ta famille... Je suis navré.

Un détail le surprenait, ce petit était aussi lumineux qu'un joyau. Il était impensable qu'il appartienne à Tenebris.

De la magie blanche ? Ici ? Incroyable. Je n'en avais jamais vu.

L'homme lui tendit la main.

- Tu peux m'appeler Yixing. Je peux être ton papa si tu veux.




(N/A : CE CHAPITRE EST 5 FOIS PLUS LONG QUE D'HABITUDE. Bon les gars, je pense que le prochain chap sera l'avant-dernier ! Que va-t'il se passer du côté de Luhan ?! ;)  )

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top