8. Errance
- Fais attention Sehun... Dit Suho en prenant la main de son fils dans le jardin immense et paisible, surélevé par des remparts massifs en forme de griffes.
Le petit garçon était alors âgé de 6 ans et portait fièrement les traits de son père malgré sa douce candeur. C'était l'être le plus attendu du royaume, le plus choyé, et dont sa stricte éducation se faisait au sein du palais, à l'abri de l'extérieur jusqu'au collège.
- J'aimerais te présenter ton tuteur...
- C'est quoi un tuteur ? Demandait le petit.
- Ton père ne pourra pas beaucoup s'occuper de toi. Il doit gouverner un royaume alors un monsieur se chargera de t'enseigner ce dont tu as besoin.
- Un monsieur ? Il est gentil ?
- Oui, très gentil. Tu n'as rien à craindre de lui.
Suho continuait de marcher, le visage songeur cerclé de ses fins cheveux noirs jusqu'à un autel sacré au milieu du jardin et s'arrêta, fixant la haute figure qui se tenait en haut de cet autel. Le jeune Sehun se tourna vers l'homme que son père regardait avec insistance. Il descendit les escaliers dans une tunique pourpre, couleur de l'emblème de la famille royale mais ses mains ornées de bagues en argent et pierres bleues, couleur de ses pouvoirs.
Le petit leva la tête pour rencontrer le regard du grand homme à l'aura intimidante, égale à celui de son père.
- C'est lui. Tu le salues ?
Sehun s'exécuta timidement et le tuteur se mit sur un genou pour se mettre à hauteur égale de l'enfant.
- Enchanté, votre Majesté. Je suis honoré d'être votre prescepteur. Désormais vous vous en remettrez qu'à mes enseignements et mes conseils jusqu'à vos 11 ans. Avez-vous bien compris ?
- Oui.
- Très bien. Je suis le Professeur Lay. Tu peux m'appeller Maître à partir d'aujourd'hui.
- Oui, Maître ?
L'homme esquissa un sourire, une lueur rassurante brillant dans la noirceur de ses yeux. Sehun se sentit en confiance avec lui, comme s'il semblait le connaître depuis longtemps. Cependant, le petit fronça les sourcils, confus par le regard vitreux que cet homme lui donnait depuis le début.
Soudainement il aperçut des larmes rouler sur les joues de cette grande personne tandis que celle-ci encadrait son petit visage de ces deux grandes mains.
- Tu as bien grandi depuis.
Le professeur se leva et essuya ses larmes d'un geste vif pour refaire place à un visage neutre et autoritaire.
- Sehun, tu peux nous laisser. Nous devons parler. Dit Suho.
Le petit ne réflechit pas à deux fois et s'éloigna vite des deux hommes pour retourner dans le palais.
Personne n'était libre, ni n'avait l'esprit tranquille dans cet édifice royal. Le destin s'acharnait contre eux, malgré la puissance inestimable de leur lignée. Ils avaient beau avoir tout pour eux. L'un avait peur du passé, et l'autre du futur. Les amants se fixaient, les yeux larmoyants, l'esprit coupable. Leur amour était aussi indescriptible que tragique dans ce monde cruel et obscur.
- Il te ressemble.
- Mais il a hérité de ta sagesse.
- Tu penses ?... Songeait Lay.
- Cela fait longtemps que j'attends ton retour...
- Eh bien... le moment est venu.
- Pourquoi ne m'as-tu envoyé aucun signe de vie depuis toutes ces années ? Certes nous avons conclu un accord sur le fait que tu devais t'éloigner du palais pendant quelques temps après sa naissance mais cela ne voulait pas dire que tu devais partir comme un fugitif.
- ... J'avais à faire...
- Quoi donc ? Qu'est-ce qui était plus important que de t'occuper de ton fils ? Le fils sorti de tes propres entrailles ?
Je suis un meurtrier...
- Tu m'as manqué, je te le promets... J'avais juste besoin de reprendre pied sur ce que je désirais... pour toi et lui...
- Tu resteras toujours un lâche, Zhang Lay.
- Non... C'est bien plus complexe que tu ne le crois... Je t'ai-
Suho ignora ses dires avec une indifférence glaçante, ne voulant pas en entendre plus. Lay hésitait à le suivre, son regard porté sur la cape du roi. Dès qu'il s'agissait de Lay, Suho ne pouvait s'empêcher de perdre ses moyens. Il n'avait pas changé. Il était resté le même de la tête aux pieds. C'était le même homme qui hantait ses rêves. Ce même homme aux yeux sombres mais au regard espiègle et à la démarche fière, Zhang était toujours aussi magnifique à ses yeux. Mais, malgré leurs retrouvailles un peu tumultueuses, leur coeur battait de joie au plus profond d'eux, leur famille enfin réunie.
-
D'accord... Si tel est ton souhait.
...Merci.
Mais pourquoi le protèges-tu ?
Il est...
... Tu l'aimes donc à ce point ?
Comment ça ?
Aller jusqu'à sacrifier ton bonheur pour la vie de ce garçon... C'est décidément plus que de la pitié.
Laisse moi Violet.
Sehun...! Ça aurait dû être moi !
Calme toi ! Sois honorée d'être Reine !
Je n'ai que faire de ce titre, je veux être TON épouse, TA femme !! Celle qui compte à tes yeux !!
Je suis navré. Mais mon coeur n'appartient qu'à lui. Et rien ne pourra y changer.
- ÇA AURAIT DÛ ÊTRE MOI !!
Violet brisa la table d'obsidienne d'un coup de poing fracassant. La lumière des bougies vacilla tandis que les murs paraissaient encore plus sombres. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à une victoire amère et inachevée.
Non, ce n'est pas ça qu'elle voulait. C'était quelque chose de plus fort... Ce n'était pas suffisant.
La situation lui échappait, Oh Sehun lui échappait. Le trouble qui la hantait affaiblissait ses pouvoirs.
Il fallait qu'elle trouve une faille chez ce garçon à la magie blanche. Quelque chose qui pourrait le convaincre de renoncer pour de bon, quitte à briser le cœur du prince.
- Violet ?
La sorcière sursauta et fit face à la silhouette qui fit irruption sur le balcon grand ouvert.
-... Oncle Zhang ? N'êtes-vous pas en prison ? Dit-elle le souffle coupé.
Lay entra à l'intérieur avec son indifférence habituelle, les bras croisés derrière le dos.
Son regard dériva sur les murs de la chambre puis sur la jeune fille dont l'inquiétude commençait à l'envahir.
- Ce n'est pas bien de ne pas prendre soin de son frère, ma chère Vivi... On ne se préoccupe donc jamais du petit deuxième... Je suis profondément vexé. Dit-il.
- Que...?! Imbécile ! Qu'est-ce que tu fais là ?!
- Il y a une forte odeur de rose ici...
L'homme à l'apparence de Lay s'enveloppa d'un nuage vert électrique pour reprendre sa forme originelle. Il était plus mince, plus jeune, mais dont le visage était aussi noble que celui de sa sœur.
- Kai, je n'ai pas besoin de toi !! Rentre à la maison !
- Écrase un peu... Je n'en ai rien à faire de tes objections. J'ai voulu faire profil bas en venant en tant que spectateur et voir comment tu allais galérer. Mais en voyant les images des Jeux, j'ai su que toute cette histoire n'était finalement pas si inintéressante et j'ai voulu prendre part à votre complot. Donc me voilà.
- Va donc te mêler de ce qui te regarde et fiche moi la paix.
- Oh que non sœurette. La partie ne fait que commencer.
Sur ces mots, le blond à la peau bronzée se mit à sourire sinistrement. La lueur de ses yeux gris dont l'œil droit était traversé par une cicatrice annonçait la nouvelle menace qui allait s'abattre sur la suite des événements.
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