7. Ignorance
Professeur Zhang Lay et le Roi de Tenebris Suho.
- Monsieur ! Ce sont les trolls des neiges, c'est ça ?
- Exact Jongdae ! Dit le professeur Zhang Lay, en traçant la dernière lettre à la craie les légendes de son schéma expérimental sur le gigantesque tableau noir, tandis qu'il se tenait sur une échelle à deux mètres du sol, le tout observé par des centaines d'étudiants dans l'amphithéâtre de Cerevius.
- Je vous laisse quatre heures pour terminer votre synthèse sur la capacité de régénération des trolls des neiges. Cette note sera la quatrième de ce semestre et sera de coeff 8.
Les élèves s'empressèrent de griffonner machinalement sur leur copie dont l'année universitaire en dépendait. Le professeur Lay était quelqu'un de carré, de strict, qui ne tolérait le manque d'assiduité mais qui valorisait pourtant l'échec. Les erreurs constituaient pour lui un passage obligatoire vers le succès.
Ce n'est qu'en connaissant ses limites, que l'on peut les surpasser.
- Maître Zhang.
Un soldat noir fit irruption dans l'amphithéâtre, s'attirant tous les regards intrigués des élèves en plein devoir.
- Qu'y-a-t'il ?
- Sa majesté vous convoque.
- Continuez, je n'en ai pas pour longtemps.
Les élèves fixèrent Lay descendre de son échelle puis replongèrent dans leur copie, tous trépinant d'impatience de savoir ce que leur professeur allait faire comme mission pour le Roi cette fois. Tous savaient pertinemment qu'il officiait, en dehors de ses cours à l'université, comme principal valet et puissant stratège au sein de palais royal.
Le professeur referma la porte de cette assemblée d'immatures dans un écho retentissant puis, il traversa le long couloir en retirant ses lunettes qui étouffaient l'arrête de son nez fin et se dirigea sans grande urgence vers l'entrée de l'immense université, en passant par la grande cour extérieure et la gigantesque statue blanche du roi de Tenebris qui pointait fièrement vers le ciel sombre.
Il salua ses collègues au passage et abandonna son statut de professeur aussitôt qu'il franchit le pont-levis de l'université, faisant place au célèbre stratège Zhang en pleine action. Il se recouvrit de sa sinistre cape, avec un masque dissimulant son nez et sa bouche, avant de sauter sur son cheval.
Il galopa à travers la forêt broussailleuse qui se désépaississait en même temps que la silhouette du château de Tenebris se dessinait de plus en plus nettement au travers de la brume.
Il descendit de son destrier noir devant la forteresse et les grandes portes rouges menaçantes s'ouvrirent immédiatement, reconnaissant le sceau magique du serviteur royal.
Les monstres gardiens s'écartèrent de son chemin tandis que les hommes et femmes du palais l'observaient attentivement, ayant très peu l'occasion de le voir de jour.
Plus Zhang s'approchait de la salle du trône, plus les lumières des murs s'affaiblissaient, les flammes des chandeliers devenant rouges au fur et à mesure que l'oxygène se faisait rare.
- Ohh mais ne serait-ce pas Zhang Lay par hasard ?
Deux visages de femmes jumelles incrustées dans la grande porte en bois arboraient un sourire terrible tandis que leurs yeux entièrement voilés de noir semblaient le dévisager de haut sans vraiment regarder dans sa direction.
- Bonjour mesdames.
- Sa Majesté fait appel à son fidèle clébard hein. N'en as-tu jamais assez de faire le sale boulot ?
- Cela ne regarde que moi. Je n'ai guère besoin de votre compassion, je vous en suis gré mais je suis pleinement satisfait... d'être le fidèle clébard de sa Majesté.
Les jumelles ricanèrent puis les deux grandes portes s'ouvrirent sur le Grand Conseil, composé des 9 puissants éléments de la couronne : magistrats et chefs d'armées. La seule place manquante au milieu n'attendait que Zhang, qui s'installa tranquillement devant les regards froids et dédaigneux de ses collègues.
Zhang Lay ne faillissait jamais.
Zhang Lay était aussi puissant que le sang royal de Tenebris.
Zhang Lay représentait un danger pour tous.
Le Roi était le premier à le savoir. Et c'était pour cette raison qu'il était son valet favori.
- Votre Altesse. Saluait le professeur.
Kris le Sanglant se leva de son trône pour l'accueillir, chose qu'il faisait rarement avec quelqu'un d'autre que lui.
- Nous t'attendions.
Zhang se courba par respect et mit ses lunettes. L'homme assis à sa droite le fixait depuis le début, le visage dénué d'expressions.
Cet individu n'était autre que le fils légitime du roi.
Le Prince héritier.
Lay, joueur, répondit à son échange en croisant son regard, secrètement heureux de le revoir.
Le Prince claqua sa langue contre les dents rageusement, mettant un terme à son numéro avant de se focaliser sur son père.
Toujours aussi froid. Pensait Lay.
Le roi porta grande attention sur les dires du jeune professeur. Celui-ci avait le don de l'intriguer, comme s'il le connaissait déjà, depuis longtemps. Lay dégageait une aura étrange, il sentait que quelque chose le liait à lui mais il en ignorait la raison.
Alors que Lay, lui, le savait très bien. Il reconnaissait les traits similaires aux siens sur le visage de son père, qui se tenait en parfaite santé devant lui.
Quand à son autre fils, le Prince aux yeux de merlan, et son demi-frère, il ne lui ressemblait pas du tout, ayant probablement hérité des traits de sa mère.
Lay Zhang avait vécu dans la misère totale à cause de cet homme. Sa mère dut l'élever de ses propres forces, vivant comme une mendiante errante, sans identité. Elle était jadis une puissante sorcière dont le prestige figurait parmi les grands titres de la noblesse, la première élue du roi, qui l'avait ensuite rejetée pour une femme du peuple alors qu'elle était enceinte de lui.
Pendant qu'il vivait le bonheur avec sa nouvelle femme au palais, la première reine délaissée et bannie injustement avait dû gérer sa grossesse, isolée de tous dans un vieux cabanon abandonné.
Le roi avait choisi l'amour au mariage arrangé. Mais il avait négligé volontairement ses responsabilités vis-à-vis de sa mère en punissant ce pauvre bébé innocent.
Si Junmyeon était l'héritier officiel aux yeux de tous, personne ne connaissait la naissance du fils légitime.
Lay était indéniablement le véritable Prince héritier.
Et il entendait bien réclamer justice, en récupérant la place qui lui appartenait et en vengeant par la même occasion sa génitrice.
La réunion se termina au bout d'une heure. Les personnes présentes se levèrent de leur chaise et les tables se rangèrent automatiquement dans le sol qui s'ouvrait pour les dissimuler avant de se refermer, reprenant l'état initial de la salle.
Lay, dernier à partir, fut stoppé par la main froide du Prince dans le couloir.
- Viens dans mes appartement lorsque tu auras fini ta journée.
Le Prince le laissa en plan, agissant comme si de rien ne s'était passé tandis que Lay effleura doucement ses lèvres de sa main droite.
- Qu'a-t'il l'intention de me dire ?
-
Des énormes yeux rouges apparurent au milieu des hauts tombeaux du temple, glaçant le sang du professeur.
- Mon fils...
- Mère...
Sa mère était la seule à l'intimider aussi fortement. Non pas seulement à cause de sa forme spectrale, mais parce qu'elle était la seule à le connaître par coeur et prédire ses moindres faits et gestes. Il était, après tout, la chair de sa chair.
- Je me demandais où en étais-tu...
- J'y suis presque Mère, je n'ai pas oublié notre promesse. Ne vous ai-je pas juré suffisamment fidélité ?
- C'est exact. Pourtant, je trouve que tu prends un peu trop de temps...
- Obtenir leur confiance demande beaucoup de patience... J'en suis navré.
- Qu'attends-tu ? Tu as déjà obtenu leur confiance ! Si tu ne les tues pas rapidement, tu n'accèderas jamais au trône !! Aurais-tu par un quelconque hasard quelque chose que tu n'oserais m'avouer et que j'ignore ?
- Mère. Détrompez-vous. J'y suis presque, ce n'est qu'une question de temps.
- Lay... Je suis emprisonnée entre deux mondes. Mon âme n'a toujours pas trouvé la paix et je revis la sensation de mourir chaque jour qui passe à cause de lui. Libère-moi de cet Enfer ! Je n'en peux plus !! J'ai besoin de toi !!
Des larmes de sang coulèrent abondamment des deux orbites géantes, les cris et pleurs de détresse de sa mère redoublèrent de volume, infligeant une migraine atroce à Lay qui se boucha les oreilles, peinant à supporter sa tête. Le niveau de cette mer écarlate s'éleva, souillant ses habits qui s'imbibaient d'une couleur sombre. L'odeur du sang le rendait fou. Des cadavres en lambeaux et nauséabonds apparurent à la surface, le visage tourné vers Lay avec des yeux accusateurs.
- ARRÊTEZ, LAISSEZ-MOI !! Hurla-t'il.
-
- Junmyeon, l'heure est venue pour toi de te marier. Dit Kris, assis au bout de la longue table.
- ...
- Il fallait bien que ce jour arrive, tu ne crois pas ?
- Oui...
- N'y a -t'il aucune fille que tu connaisses qui puisse être ton épouse ?
- Je...
J'ai déjà quelqu'un...
Mais...
- Tenebris a besoin d'un roi et d'une reine.
- Mais pourquoi maintenant ? Vous êtes toujours en vie et en bonne santé.
- Je dis ça par rapport à ton âge, pas par rapport à moi. Tu deviendras roi le temps venu.
- Ça ne semble pas être pour maintenant. Sur ce, si vous voulez m'excuser.
Le Prince s'en alla de la salle des fêtes, celle qu'ils utilisaient pour souper. Le roi poussa un long soupir face à l'entêtement de son fils.
Pendant ce temps, une figure se dessina dans l'encadrement de la porte.
- Lay ? Que fais-tu là ?
Le roi vit le professeur Zhang arborer un regard vide. Il n'était pas dans son état habituel. Quelque chose d'étrange se produisait au fond de lui.
- J'aimerais... vous rafraîchir la mémoire...
Le professeur s'avança, le visage toujours dénué d'expressions.
- Votre première épouse...
- Pourquoi me parles-tu d'elle ?! L'évocation de son existence est interdite au sein de palais !
- Vous avez tort... Vous avez eu tort de l'abandonner...
- Attention Lay. Je suis à deux doigts de te condamner si tu franchis cette ligne. Qu'est-ce qui te prend tout d'un coup ? Pourquoi es-tu aussi insolent ?! Tu ne sais rien !
- À moins d'être son fils...
- ... Quoi...?
Son corps commença à s'embraser de flammes bleues, en même temps que ces yeux terribles.
- VOTRE FILS.
Des énormes morceaux du mur se détachèrent et foncèrent droit sur le roi, qui les brisa d'un revers de sa main droite.
- C'est impossible... Et pourtant, cela explique tellement de choses désormais... Ton mana anormalement puissant, ton éloquence, ton aura, ta beauté, ton charisme... Que seul un sang royal possède... j'ai toujours eu des soupçons... Je t'avais pourtant tué avant que tu ne deviennes un embryon. Sara t'avait donc ressuscité...
- Vous allez payer. VOUS ALLEZ TOUS PAYER.
- Lay... Tu n'as que sa version des faits. Ta mère était mentalement instable.
- Elle vous aimait à en mourir ! Vous lui avez brisé le coeur !
- Elle ne m'avait pas laissé le choix, Lay. Il y a beaucoup de choses que tu ignores à son sujet. Comme le fait qu'elle avait menacé de détruire le royaume !!
- MENSONGES !
Les murs se fissuraient de plus en plus sous sa colère.
- Vous ne vouliez pas de l'enfant de cette femme que vous haïssiez alors vous aviez voulu le faire disparaître. Vous aviez tenté de détruire l'unique bonheur de femme auquel elle s'accrochait, celui d'être mère. Vous aviez commis un homicide, un crime. Vous n'êtes pas digne d'être roi.
- Une voyante m'avait prédit qu'un jour, mon fils sémerait le chaos dans mon royaume. Je m'opposais à ta naissance mais Sara ne voulait pas m'écouter. Puis elle avait appris pour Mary... elle pensait qu'elle était la raison de ma réticence. Ce qui n'était pas entièrement faux. Mary était la femme de ma vie depuis que nous étions adolescents. Mais étant issue d'un milieu social bien inférieur et moi le régent du royaume, nous ne pouvions vivre côte à côte... J'ai toujours désiré que ce soit elle qui soit la mère de mon enfant...
- Et Junmyeon, mon demi-frère... est né d'une union heureuse et épanouie pendant que ma mère avait accouché dans le sang et les larmes.
- TA MÈRE ÉTAIT UNE FOLLE. TU COMPRENDS ÇA ?
- ELLE VOUS AIMAIT.
- C'EST CE QU'ELLE CROYAIT. JUSQU'AU JOUR OÙ ELLE AVAIT TENTÉ DE ME TUER.
Le professeur Zhang ne voulait rien entendre. La vue de cet homme qui lui servait de géniteur le suffisait à l'emplir de rage.
Son mana créa des crevasses béantes dans le plafond tandis que le personnel du château paniquait à cause du soudain tremblement de terre.
- C'est la colère de ta mère qui te contrôle, Lay. Pas la tienne. Ne vois-tu pas qu'elle se sert de toi ?
- Que ce soit en bien ou en mal... Je ferai tout pour elle.
Le roi demeurait immobile, nullement intimidé par son fils.
D'un coup de pied sur le sol, tout se remit en ordre. Les murs se reconstituèrent et tous les objets reprirent leur place initiale.
- Ça suffit, Lay.
Le jeune sorcier tomba à genoux, exténué d'avoir utilisé toute son énergie. Sa respiration se fit erratique.
- Tu n'es pas encore assez puissant pour te mesurer au roi.
Lay laissa couler les quelques larmes de frustration sur ses doigts brûlés par sa magie qui se refermèrent en poings sur le sol froid. Il en avait marre de cette vie, il voulait en finir, ne sachant plus qui était son ennemi.
- Je ne veux pas te tuer, Lay. Ce serait du gâchis. Pour tous.
Le roi se baissa à sa hauteur.
- Pourquoi ne me tuez-vous pas ?
- Et toi, pourquoi as-tu attendu aussi longtemps après toutes ces années ?
- Laissez-moi...
- J'ai une question Lay...
Aimes-tu mon fils ?
- Q-quoi...
- Même si tout n'est que mensonge... Pour lui, je conserverai votre amitié.
- Comment ça...
- Quelque chose s'est réveillé en lui... Depuis qu'il t'a rencontré, il a changé. Il prend maintenant ses responsabilités, il se préoccupe du peuple, il participe aux missions, il lit les biographies de nos ancêtres. J'ai compris que tu étais sa source d'énergie, son modèle. Tu es le seul à qui il peut se confier, le seul qui partage la même puissance.
- Père !! Que se passe-t'il ?!
Suho déboula en trombe dans la salle, le visage confus par la vue de Lay agenouillé devant Kris, qui se contenta de se relever et sourire au Prince.
- Je l'ai juste un peu réprimandé.
Puis il partit sans dire plus, frôlant le bras de Suho au passage. Lay resta accroupi au milieu de la pièce, prenant un instant de répit.
-
- Que voulais-tu me dire ? Demanda Lay dans la chambre de Suho.
- Je dois me marier. Dit Suho.
- Oui. Et alors ? Répondit Lay en levant un sourcil.
- Espèce d'enfoiré !!
Le Prince hurla soudainement, faisant sursauter le professeur qui ne saisissait pas la situation. Il n'avait pas conscience que sa réponse était trop froide au goût du futur régent.
- C'est tout ce que ça te fait ?! Alors que depuis tout ce temps, tu-...! Tout est de ta faute !!
Moi et lui amis ? Pff, quelle blague. S'offusquait Lay.
- Comment oses-tu ?! Sale...!! Espèce de sombre idiot fini !! Quel imbécile !! Décidément tu ne changeras pas.
Le jeune professeur se demandait réellement ce qu'il avait dit dans ses propos pour l'énerver à ce point.
Il se rapprocha de lui, tentant de calmer ce Prince colérique qu'il connaissait depuis maintenant un bon bout de temps.
Et à sa grande surprise, il sentit des lèvres se poser sur les siennes, le paralysant de tout son être.
Suho s'écarta aussitôt, tandis que Lay sentit le temps se figer.
-Tu t'amuses à enchaîner mon coeur depuis toutes ces années et là... Quel crétin aveugle.
Zhang se demandait sérieusement s'il était en train de rêver ou si le roi lui avait lancé un sortilège.
Les choses avaient pris une tournure différente et ça l'effrayait.
Si tu ne les tues pas rapidement, tu n'accèderas jamais au trône !!
Lay vit la silouhette de sa mère derrière Suho l'espace d'un instant, le remémorant de sa sordide mission. Il n'avait pas sû vaincre le roi. Pas cette fois... Alors il trouva un autre moyen.
Un sourire s'affichait sur son visage, un sourire partagé entre la joie et la moquerie.
Il fut tiraillé entre deux camps. L'un voulant écouter sa mère et l'autre, son coeur.
Lay n'arrivait plus à savoir ce qu'il voulait vraiment.
On ne savait s'il éprouvait de l'amour ou de la pitié pour le Prince.
Que voulait-il ?
-
Chaque jour qui passait, le coeur du jeune professeur battait un peu plus la chamade, sachant au plus profond de lui, qu'il aimait le Prince depuis toujours.
Il l'aimait sincèrement. Il aurait tant aimé rester auprès de lui jusqu'à la fin.
Mais l'esprit de sa mère le hantait sans cesse toutes les nuits, l'empêchant inexorablement de trouver le sommeil.
Le professeur se confessa quelques jours plus tard auprès du Prince. Même s'ils savaient que leur liaison pêcheresse était interdite, ils ne pouvaient pas vivre sans leur moitié à leurs côtés.
Suho ne voulait pas se marier à une femme qu'il n'aimait pas. Il ne supporterait pas le mariage. Or l'avenir du royaume reposait sur lui et il fallait un hériter.
Lay fouilla dans ses manuscrits, recherchant la solution à leur problème.
Solution qu'il trouva après quelques semaines de recherches.
-... Quoi ? Fit Suho les yeux écarquillés.
- C'est une très ancienne magie. Rien ne garantit qu'elle aie vraiment fonctionné... mais il faut que je tente. Dit Lay.
- Mon père se doutera forcément de quelque chose...
- J'ai tout prévu... Tu n'as pas à t'inquiéter...
-
Ses vêtements paraissaient plus amples, comme s'il flottait à l'intérieur. Son corps s'était aminci, prenant de légères courbes au niveau des hanches et de la poitrine, qui avait prit une taille au-dessus.
Son visage s'était arrondi, ses joues plus rebondies. Tous les os soulignant sa masculinité s'étaient rétractés, laissant place à des traits plus doux. Ses cheveux poussèrent de plusieurs centimètres, encadrant le visage de la nouvelle oeuvre d'art jamais créée.
- C'est tout simplement... époustouflant. Répliqua le Prince ébahi.
Lay était méconnaissable. Seuls ses yeux de jais trahissaient sa véritable identité, en dépit de ses nouveaux attributs du sexe opposé.
- Mon épouse est magnifique.
Il voulait offrir, à son bien-aimé, un présent en gage de son amour... ou de sa culpabilité.
C'était le plus puissant des pouvoirs et que seul la femme possédait : celui de donner la vie.
-
- Je vous implore, votre Majesté... Sanglotait l'infirmière royale. Je suis profondément navrée... Le bébé est en vie, il est en parfaite santé mais M-Madame... E-elle...
- Non... NON !! Ce n'est pas possible !!
Le Prince força la porte qui la séparait de son épouse. Les cris et hurlements du nouveau-né emplissaient la pièce et l'ambiance sinistre de la tragédie.
La Reine était morte en donnant naissance à l'héritier. Suho inondait ses joues de ses fausses larmes, se lamentant indéfiniment au chevet de la défunte.
Lay était prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait, quitte à boire une mixture arrêtant temporairement les battements de son coeur.
Même si cela devait passer avant Suho, qui ignorait tout de ses plans.
Kris sentait sa fin approcher depuis que Lay s'était subitement volatilisé, surtout au moment du mariage du Prince. La Reine était morte avant d'avoir pu régner, et cela constituait une étrange coincidence au vu de cette famille maudite.
Il mit un terme à ses pensées, réalisant enfin le moment venu.
- Comment as-tu fait. Dit-il.
La lame du couteau effleurait la trachée du roi, tandis qu'elle sourait victorieusement.
- Lay.
- J'ai attendu... que le temps fasse son travail sur vous. Tout simplement.
- Tu as réussi à manipuler mon fils à ce point ? Mais quelle créature infâme es-tu..
Lay se mit à rire nerveusement de sa voix aigüe. S'il savait à quel point il était lui-même perdu dans ses choix et sa vie... Il était un monstre créé par sa mère. Ou plus exactement, hérité de la folie de sa mère.
- Personne ne peut échapper à la prophétie... Tu as gagné. Mon heure est venue. Et avant que tu ne me tues... je voulais te dire...
...Que je t'aime, mon fils. Et que je suis fier de toi.
- Je ne saisis pas... Vous devriez me détester... puisque vous aviez tenté d'empêcher ma naissance.
- J'ai commis... quelques erreurs. Et tu as souffert par ma faute.
- Il est beaucoup trop tard pour regretter. Désormais, le trône de Tenebris m'appartient.
- Que vas-tu faire de Junmyeon ?
- Je-... je le tuerai. Et il vous rejoindra très vite.
- Navré de te décevoir mais... Après réflexion... Ce n'est peut-être pas toi qui sémera le chaos...
- Pourquoi-
- Je suis désolé Lay... Je me suis trompé depuis le début. Si j'avais su...
- De quoi vous parlez ?!
- ...
C'est la seule façon de me faire pardonner auprès de toi.
Le roi enfonça sa gorge sur sa lame, face à l'hésitation de son fils déchu. Du sang gicla hors de son cou sous ses yeux exorbités.
Il s'était suicidé.
Le professeur se sentit sali, sa mort était censée le rendre heureux, pas le torturer. Plusieurs questions se retrouvèrent sans réponses.
Quelque chose clochait dans cette prophétie. Et ce n'était que le commencement.
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